chapitre 12
Quelle eau répugnante. Pouvait-on seulement la qualifier d'eau ? Ce vieux liquide épais, plus proche d'un jus caillé que d'une source fraîche, reflétait la véritable nature de cette ville. Une ville qui se vantait d'être propre, lumineuse et accueillante, mais qui, sous son vernis trompeur, suintait d'horreurs indicibles. Chaque recoin semblait dissimuler des choses si atroces qu'elles n'auraient dû exister qu'en cauchemar. Cette idée, pourtant, électrisait furieusement le shérif.
Lui, avec son goût prononcé pour le macabre, savourait l'idée d'être lié à cet endroit jusqu'à la fin des temps. Un frisson d'euphorie traversa son corps tandis qu'il se délectait de cette pensée. Son sourire se tordit, et ses pas résonnèrent doucement sur le sol humide, comme un murmure dans la nuit.
Il s'approcha d'un banc, mais plutôt que de s'y asseoir, il se laissa glisser à genoux sur la terre. Lentement, presque avec une révérence malsaine, il approcha son visage du sol. Ses narines frémirent tandis qu'il reniflait l'odeur âcre du terreau, attiré par quelque chose d'indéfinissable. L'instinct, ou peut-être une force obscure, le guidait.
Il posa sa joue contre la terre froide, ses yeux clignotant dans une étrange transe. Cligner. Ouvrir. Cligner. Ouvrir. Puis, rampant comme une bête, il se traîna sur ses mains et genoux vers un arbre noueux, ses ongles raclant légèrement le sol. Là, il aperçut une mèche brune, flottant doucement au vent, prise dans une écorce rugueuse.
Il l'enroula autour de son doigt, comme s'il caressait une relique sacrée. Ses lèvres tremblèrent, et il ferma les yeux, espérant capter une vision, une histoire, un secret, dans ce simple cheveu. Mais rien. Juste un vide lourd et oppressant.
Ses yeux glissèrent vers la base de l'arbre, où un amas étrange attira son attention : d'autres mèches brunes, disposées de manière troublante, accompagnées de petits morceaux d'ongles rouges. Quelqu'un avait été ici, et ce n'était pas par accident.
Le shérif posa ses mains sur la terre meuble. Avec une douceur presque amoureuse, il caressa le sol, puis commença à creuser. Ses doigts s'enfonçaient, tiraient, déterraient... jusqu'à ce qu'il tombe sur quelque chose de froid. Quelque chose de charnu.
Son cœur accéléra, martelant sa poitrine. Ses yeux s'agrandirent démesurément, presque globuleux, tandis qu'une goutte de sang s'échappa d'un de ses vaisseaux éclatés. Son cou craqua lorsqu'il baissa lentement la tête pour mieux voir.
Là, sous ses mains tremblantes, reposait la tête ensanglantée de Marianne, ses iris blanchis par la mort.
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