Chapitre 2

Pourquoi sa tête lui faisait-elle si mal ? La douleur battait un rythme vigoureux dans son crâne pour qu'Isis ne puisse pas oublier sa présence. Ses traits pâles se contractaient à intervalles irréguliers et il lui fallut s'armer de courage pour trouver la force d'ouvrir les yeux. La surprise se révéla moins désagréable qu'elle ne l'avait cru : ses appartements, d'ordinaire si lumineux, ne l'étaient plus tant que ça. Un gémissement lui échappa alors qu'elle tâtait son crâne. La bosse que ses cheveux poissés de sang dissimulaient expliquait ses maux de tête.

Il lui fallut quelques minutes pour recouvrer le fil de ses souvenirs.

Kaï.

Ses menaces.

Elle se redressa brusquement, manquant de s'évanouir. Non, elle ne se trouvait plus dans sa chambre, mais dans une pièce minuscule aux murs d'un gris froid. Une ouverture insignifiante entravée par des barreaux de fer laissait filtrer un rayon de soleil blafard. Sur le sol, couvert d'eau croupie et de sang séché, quelques rats se délectaient goulûment d'un reste de nourriture abandonné.

Isis inspira profondément pour calmer la panique qui menaçait de la submerger. Erreur. L'odeur âcre et métallique qui lui emplit les narines lui souleva l'estomac. Elle eut juste le temps de se pencher sur le côté avant de vomir un mélange douteux de figues et de bile. Elle essuya sa bouche d'une main et se décala un peu le cœur au bord de la syncope. Elle tenta de s'apaiser : après tout, ça ne pouvait pas être pire !

Elle se trompait lourdement.

Un hurlement déchira le silence, la poussant à se reculer jusqu'à ce que son dos heurte le mur. Les chaînes rouillées qui y pendaient tintèrent pour signaler le dérangement. Étouffée par un malaise grandissant, Isis ferma les yeux et plaqua les mains sur ses oreilles. Par les dieux, qu'elle aurait souhaité être loin de ces geôles ! Une sueur froide glissa le long de son échine lorsque le cri cessa aussi brusquement qu'il était apparu. Jamais de sa vie elle n'avait ressenti une peur si glaçante. Son corps entier était pris de tremblements.

Isis attendit plusieurs minutes avant de se forcer à abaisser les mains. Elle n'entendait que quelques bruits de pas et des ordres étouffés par la distance. Des ordres dont elle aurait reconnu l'émetteur même avec les tympans percés. Comme pour confirmer ce qu'elle savait déjà, Kaï apparut devant sa porte faite de barreaux. L'air assuré, il paraissait détendu malgré l'acte ignoble dont il était l'auteur.

Que Seth en soit témoin, elle le haïssait de tout son être, de sa tenue fastueuse aux couronnes qu'il exhibait avec fierté.

— Tu es enfin réveillée, constata-t-il.

Donc son inconscience avait duré davantage que quelques heures. Elle craignait qu'un jour, dans un accès de violence, il ne scelle son destin et l'entraîne au royaume d'Osiris. Mais cette peur, elle ne lui donnerait jamais la satisfaction de la percevoir. Les traits impassibles, elle prit appui sur le sol pour se relever.

— « Enfin » ? Aurais-tu craint d'avoir frappé trop fort ?

— Tu ne me laisses plus le choix, Isis, se justifia-t-il face à son ton accusateur. Je suis contraint de prendre des mesures. Même enfermée dans des appartements, tu joues les intrigantes. Je ne peux pas te faire confiance.

Ainsi, il savait qu'elle missionnait certaines de ses anciennes suivantes quand elles venaient lui rendre visite. Ce n'était, de toute façon, qu'une question de temps avant qu'il ne l'apprenne. Les murs du palais pouvaient se révéler plus fins qu'un morceau de lin.

— Sans preuve, tu ne pourras pas garder la fille de Ptolémée III dans ces geôles indéfiniment. Quelqu'un le découvrira et finira par agir. Et ce jour-là, tu perdras le peu de confiance que tu as pu gagner.

Les yeux de Kaï se couvrirent d'un voile noir. L'amphore allait bientôt déborder, elle le savait.

— Je suis Pharaon, descendant des dieux et chef incontesté des armées et des opérations militaires. Tes misérables espoirs ne sont rien ! Mes soldats ne sont pas assez inconscients pour se rebeller.

— Nous avons de la famille, fit remarquer Isis avec conviction, ils n'accepteront pas mon sort sans rien dire.

Il renifla avec amusement.

— La famille dont tu parles m'obéit aveuglément. Amôn et Patmosis ont reconnu mon pouvoir. Ils ne peuvent pas aller à l'encontre de mes ordres. Ce serait de la haute trahison et ils mériteraient la mort pour ça. Tu es seule, Isis. Il n'y a qu'en te soumettant que tu seras libre. Personne ne te viendra en aide. N'attends pas quelque chose qui n'arrivera pas.

— C'est un conseil que je te retourne, siffla-t-elle avec mépris.

Ils se jaugèrent un long moment avant que Kaï ne se saisisse de ses clefs. L'une d'elles fit grincer la serrure avec un tintement métallique jusqu'à déverrouiller la porte.

Il s'approcha d'Isis avec détermination et lui attrapa l'avant-bras. Par instinct, elle tenta immédiatement de se dégager.

— Tu vas me suivre, la prévint-il d'une voix morne, j'ai une surprise pour toi.

— Qu'est-ce ? demanda-t-elle en se figeant, glacée par la satisfaction qui illuminait son regard.

— Je t'ai dit que c'était une surprise, Isis.

Ce mot dans sa bouche n'augurait rien d'agréable.

— Comment puis-je être sûre que ce n'est pas encore un de tes pièges tordus ?

— Tu ne peux pas en être certaine, répliqua-t-il, mais malgré tout, tu vas me suivre. Tu es curieuse et puis... tu n'as pas envie que mes gardes s'en chargent.

Isis se convainquit d'abdiquer. Le jeu n'en valait pas la peine. Son corps céda à sa demande et, bien qu'elle sentît le guet-apens se refermer sur elle, elle n'avait pas le choix. Il lui fallait se montrer docile pour pouvoir le berner et s'enfuir. Isis se laissa entraîner dans le labyrinthe de couloirs étroits, jusqu'à ce que Kaï s'arrête devant l'une des cellules. Il l'ouvrit en trépignant d'impatience.

— Entre.

Puisqu'Isis ne bougeait pas, il la poussa à l'intérieur sans ménagement. Elle s'écroula sur le sol humide et froid, une main et les genoux à terre. Après avoir jeté un regard noir à son jumeau, elle détailla la pièce avec appréhension. Il ne lui fallut pas longtemps pour remarquer la silhouette qui gisait, inconsciente, dans un coin. Isis eut un peu de mal à la reconnaître tant son corps était décharné et son visage crasseux. Depuis combien de temps était-elle enfermée ici ?

— À en croire ton regard, lança-t-il, tu as dû reconnaître Licinia.

La voix de son frère ne suffit pas à lui faire détourner les yeux. Licinia était la fille d'un commerçant sicilien choisie par l'ancien pharaon pour sympathiser avec la princesse.

— Relâche-la !

Il lui était impossible de se détacher de son amie, ne serait-ce qu'une seconde. Après deux années sans se voir, pourquoi fallait-il que cela se fasse dans ces conditions ? Surtout avec la querelle ridicule qui avait mené à leur séparation...

— Je n'ai pas d'ordre à recevoir de ta part, ma chère sœur. Cependant... reprit-il après une courte pause, il y a peut-être un moyen pour toi de la libérer.

Le piège se refermait sur elle. Isis observa son frère avec attention, tentant de comprendre ce qu'il avait en tête.

— Si tu veux que je reconnaisse ta légitimité, ce n'est pas comme ça que tu y arriveras. Je ne réponds pas au chantage.

Pharaon sourit. La ténacité de sa sœur frôlait l'égoïsme.

— Je n'aurais pas besoin de te faire chanter pour cela, ce n'est qu'une question de temps. Non, ce que je veux est beaucoup plus simple.

D'un geste calculé, il saisit le poignard qui pendait à sa ceinture et le lui tendit.

— Prends-le, ordonna-t-il.

Voyant qu'Isis ne réagissait pas, il posa de force l'arme dans ses mains. Il ajouta, pour répondre à son interrogation silencieuse :

— Tue-moi.

Isis regarda la lame, l'esprit en ébullition. Ce qu'il lui demandait n'avait aucun sens ! Qu'avait-il en tête ? Si elle le poignardait, là, entourée de gardes et sans échappatoire, elle serait condamnée pour haute trahison. Pensait-il vraiment qu'elle se jetterait dans le piège ? À moins qu'il ne décide de punir aussi son inaction. Il n'y avait aucun choix logique lorsqu'il s'agissait de Kaï. Alors plutôt agir que de rester passive. Elle referma les doigts sur le pommeau en cuir et frappa en direction de ce torse qu'elle haïssait.

Avant qu'elle n'ait une chance de le toucher, une main enserra son poignet avec fermeté et le tordit, jusqu'à ce qu'elle laisse la lame sur le sol de pierre.

— Donc tu n'hésiterais pas davantage ? Je suis très déçu...

— Pourquoi tu fais ça ? le questionna-t-elle en essayant de se dégager.

Kaï se rapprocha, si près qu'elle sentit la pointe de ses cheveux caresser sa tempe.

— Je te montre ton impuissance. Même quand tu crois avoir le choix, tu ne l'as pas. Ce n'est qu'une façon pour moi de te pousser à voir ce que je veux que tu voies. L'empire m'appartient et tu en fais partie. Si je te dis de ramper, tu le feras. Si je te suggère de sauter, tu sauteras. N'est-ce pas assez clair ? Si tu es toujours considérée comme une princesse royale, c'est parce que je l'autorise.

Un éclair de rage fendit les prunelles d'Isis.

— Je suis la fille de Ptolémée III, son premier-né, soit dit en passant. À moins que tu ne me tues, tu ne pourras jamais changer cela. Je serai toujours plus légitime que toi au trône.

Il éclata d'un rire tonitruant.

— Je ne peux pas t'interdire de rêver. Qui accepterait qu'une femme nous gouverne ? Ça ne se produit que lorsqu'il n'y a pas d'alternative. Cela étant, je crois que tu n'as pas bien intégré ce que je cherche à te faire comprendre. Gardes ! interpella-t-il ses soldats après une courte pause.

Trois hommes accoururent et ce fut le plus petit des trois qui prit la parole.

— Votre Majesté ?

— Vous deux, maintenez-la. Toi, tue la prisonnière.

L'homme acquiesça et marcha jusqu'à Licinia, toujours inconsciente. Trop affaiblie par le manque d'eau et de nourriture, elle eut la chance de ne pas souffrir, de ne sentir ni la lame qui lui trancha la gorge, ni son sang ruisseler sur le sol. Elle n'entendit pas non plus les hurlements d'Isis que l'impuissance rendait folle. Des larmes de rage coulaient sur ses joues, seule marque de faiblesse qu'elle s'autorisa en cessant de se débattre.

— Tu manques encore de docilité, commenta Kaï. Je crois que la leçon n'est pas encore claire dans ton esprit. Tu m'appartiens, Isis, et je compte bien te le faire comprendre.

D'un signe de tête, Pharaon indiqua à ses gardes de se saisir d'elle et de le suivre. Isis voulut se débattre, mais son corps ne parvenait plus à rien. Les images de la scène à laquelle elle venait d'assister tournaient en boucle dans son esprit. Même ses paupières closes ne lui permettaient pas d'échapper à ces horreurs.

La tristesse ne mit pas longtemps à se mêler à la douleur.

Une douleur déchirante.

Une douleur si insoutenable qu'Isis succomba auxténèbres.


À son réveil, elle était de nouveau dans sa cellule. Ses lèvres avaient un goût salé et elle ne sentait presque plus son bras gauche tant la brûlure du métal chauffé au rouge l'avait anesthésiée. Son cœur débordait de haine et de colère. Kaï voulait lui prouver sa supériorité ? Eh bien, elle ne pourrait plus l'oublier. Il l'avait reléguée au rang d'esclave, elle, une princesse royale ! Et le bracelet qui ornait à présent son biceps gauche ne cesserait jamais de lui rappeler cette immonde journée.

Elle fut tirée de ses pensées par le bruit caractéristique d'un trousseau de clefs. Dans un sursaut craintif, Isis releva péniblement la tête. Et si c'était Kaï ? Elle écarquilla les yeux en découvrant son cousin. Alors qu'elle ouvrait la bouche pour le supplier de lui venir en aide, il l'arrêta.

— Nous n'avons pas le temps de discuter, je dois te sortir de là. Suis-moi.

Se remettre debout fut encore plus difficile qu'elle ne le pensait. Elle prit appui sur ses jambes vacillantes et fit quelques pas laborieux vers lui. Il la rattrapa avant qu'elle ne s'écroule sur le sol.

— C'est pire que je ne l'aurais pensé, grimaça-t-il. Prends cette cape.

Isis la prit et l'enfila, cachant son visage et sa robe sous le vêtement noir utilisé par certaines ribaudes. Un bras autour de sa taille, il la soutint pour sortir des geôles. Patmosis avait assommé les gardes pour pouvoir la libérer. Si Kaï l'apprenait, Pat risquait sa vie. Il la conduisit à travers les couloirs glacials. Ils n'étaient plus qu'à quelques bifurcations de l'aile des esclaves lorsqu'il pila.

— Quelqu'un arrive, souffla-t-il.

Isis ne mit pas longtemps à trouver une idée et pria pour que son cousin comprenne où elle voulait en venir. Elle le saisit par la nuque et le plaqua contre le mur pour l'embrasser. L'instant de surprise passé, il joua le jeu. Dès qu'il le put, il coula un regard discret en direction de l'intrus. Patmosis retint un juron et glissa son visage dans la capuche d'Isis pour murmurer :

— Les dieux nous ont abandonnés. C'est ton frère. Il nous observe, il faut qu...

La voix railleuse de Kaï l'empêcha d'ajouter le moindre mot.

— Tiens, tiens, tiens, aurais-tu finalement décidé de suivre mes conseils, cousin ?

Pat ne parut pas gêné outre mesure par cette remarque et se détacha d'Isis.

— Oui, répondit Patmosis, je me suis laissé tenter devant tant... d'atouts.

Son interlocuteur éclata de rire.

— Tu as bien raison ! Ne la fais pas trop attendre.

Il ponctua son conseil d'un clin d'œil et tourna les talons. Le cœur encore affolé par leur rencontre, Isis plongea son regard dans celui de son cousin. Ils n'avaient plus une minute à perdre. Sa main serrée dans la sienne, Patmosis reprit sa route. Il avait agi aussi vite que possible, il ne restait plus qu'à espérer que ce n'était pas trop tard. Neiya devait déjà avoir préparé le nécessaire comme il le lui avait ordonné.

Isis devait partir, elle n'avait plus le choix.

En arrivant au point d'embarquement, deux hommes les attendaient, l'un aux rames, l'autre aux cordages. La barque était grande, dotée de voiles et de haubans, avec une cabine centrale décorée de carreaux colorés. À la proue ainsi qu'à la poupe se trouvaient deux dais aux motifs égyptiens. À côté d'une caisse contenant les effets de la princesse se tenaient deux rames-avirons servant de gouvernail.

Isis se sentait lasse, comme si l'horreur de ces dernières heures l'assommait d'un seul coup. Elle enlaça son cousin par automatisme sans réellement faire attention aux recommandations qu'il glissait à son oreille. Il venait de mettre sa loyauté et sa vie en péril pour la sauver. Rien ne suffirait jamais à éponger cette dette. D'un baiser sur le sommet de la tête, il la sortit de sa torpeur. Il était trop tard pour faire marche arrière. Elle se tourna vers Neiya pour la saluer et se figea en remarquant les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux ridés. Isis prit ses mains dans les siennes et les embrassa en signe de reconnaissance. Elle la remercia chaudement pour son aide, sans laquelle rien n'aurait pu prendre forme, et monta à bord.

La princesse fut incapable de quitter sonAlexandrie du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse à l'horizon. Éreintée, elles'empressa de rejoindre le minuscule habitacle pour se reposer un peu. Elleétait si fatiguée qu'elle s'endormit à peine allongée sur la paillasse.


Le matin du cinquième jour, les flots se déchainèrent, entraînant le bateau dans leur colère. Il tanguait déjà dangereusement quand Isis interrogea l'un des deux hommes.

— Que se passe-t-il ?

— Le ciel est noir et le vent se lève, expliqua-t-il en désignant les nuages. Une tempête se prépare, vaudrait mieux que vous rentriez dans la cabine pour prier.

Avant qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit, une importante secousse manqua de la faire basculer par-dessus bord. Elle se rattrapa in extremis au rebord de l'embarcation et regarda le royaume des dieux se teinter de pourpre. Un frisson lui parcourut l'échine. Les dieux manifestaient-ils leur colère de la voir abandonner son peuple ? Allaient-ils l'empêcher de poursuivre sa route ?

Isis ferma les yeux brièvement, les doigts crispés contre le bois. Elle respira profondément pour calmer le début de panique qui l'envahissait. Elle ne savait pas nager. Si la barque se renversait, elle coulerait probablement avec sa malle de vêtements. La déesse Isis était sa protectrice depuis toujours, elle devait avoir foi en elle. Peut-être n'était-ce qu'une mise à l'épreuve ?

— Attention ! l'interpella l'homme aux cordages. Le pire arrive.

Il avait vu juste.

La colère des cieux redoubla, vrillant le ciel d'éclairs tonitruants. Les vagues grandissaient et percutaient avec plus de force la coque du navire. Une nouvelle nausée souleva le cœur d'Isis. Elle n'avait plus rien à vomir que de la bile et le peu de liquide qu'elle avait ingurgitée. Ses jambes se mirent à faiblir sous l'amplification de sa peur. À chaque éclat de l'eau sur la coque, le bois s'en trouvait un peu plus fragilisé, jusqu'à ce que, d'une poussée, il se brise. Le craquement se mêla au cri de rage du dieu Seth qui illumina le ciel.

Le froid de la mer lui mordit la peau dès qu'elle se retrouva immergée sous les flots. La princesse se débattit tant l'oxygène commençait à lui manquer et elle cherchait farouchement à regagner la surface. Elle parvint à prendre une grande bouffée d'air et à se raccrocher à l'un des morceaux de bois qui flottait près d'elle. Elle toussa l'eau qui subsistait encore dans ses poumons pour les en libérer et respirer de nouveau. Elle jeta un regard désespéré autour d'elle. Où étaient les autres ? Avaient-ils sombré ?

Son cœur pulsait contre ses tempes au rythme de son angoisse grandissante. Si son embarcation de fortune cédait, elle se retrouverait elle aussi engloutie par la mer, sans possibilité de rejoindre la surface. Pourtant, elle erra au gré de l'orage pendant quelques heures, rejetant par moments les goulées d'eau qu'elle avalait. Vaincue par toutes ces épreuves, Isis sentit ses forces l'abandonner et elle plongea petit à petit dans l'inconscience.

Après s'être tant battue pour quitter l'enceinte du palais, mourir maintenant, en pleine mer, lui semblait être une fin bien pathétique.

Peut-être les dieux étaient-ils du côté de Kaïfinalement...

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