Épilogue

Le feu dansait devant eux, donnant l'illusion qu'il vivait. L'odeur s'en dégageant effleurait les narines des deux hommes. Stiles soupira, la tête lourde. Depuis combien de temps étaient-ils assis là ? Deux minutes, une heure ? Il n'en savait rien et ça n'avait que peu d'importance. Ils profitaient l'un de l'autre, une bulle de douceur. Malheureusement, la position dans laquelle il se trouvait, affalé dans les bras de Derek, lui recréa une vive douleur aux côtes. Il se dégagea, exaspéré de sa faible constitution.

– On va dormir ? chuchota le lycan à son oreille.

– Oui, désolé, j'ai plus l'âge pour passer une nuit complète devant la cheminée.

– Ça me convient.

Sans rien ajouter de plus et alors que Stiles s'apprêtait à se redresser, Derek le prit dans ses bras. Un sous les genoux tandis que l'autre maintenait son dos. Avec une facilité déconcertante, il monta les marches de la mezzanine. Stiles se blottit contre son torse, un demi-sourire aux lèvres. Habituellement, il se serait déjà rebellé mais pas ce soir. Non, ce soir il avait décidé de se laisser aller. S'il ne le faisait pas le jour de son mariage, quand en aurait-il l'occasion ? Arrivés en haut, Derek s'exprima à voix basse, peut-être par peur de briser cette ambiance romantique.

– Je ne t'ai pas porté pour rentrer dans ce chalet mon amour, alors je me rattrape comme je peux.

– C'est parfait mon petit Derek. Tout est absolument parfait.

Avec délicatesse, le lycan déposa son mari sur le matelas d'un confort exceptionnel. Le cadre en bois brut dénotait avec la couleur beige des draps. Les oreillers n'appelaient qu'à y écraser sa tête. Alors que Derek s'éloignait de lui, Stiles tendit sa main pour lui attraper la nuque. D'abord surpris, le loup esquissa un sourire satisfait et approcha son visage. Leurs bouches connectées se lancèrent dans un ballet où chaque pas était parfaitement exécuté. L'arrière du crâne de Stiles se déposa sur le coussin tandis que Derek le surplombait. Les lèvres toujours scellées, le lycan déboutonna lentement le gilet bleu nuit de son amant. Puis, sa main chaude se glissa sous sa chemise, arrachant un gémissement luxurieux au jeune homme. Il n'avait pas pu le retenir, les doigts experts qui couraient sur sa peau connaissaient divinement bien les endroits les plus sensibles de son anatomie. Aussi, le besoin de sentir contre lui le corps brûlant de son mari grandissait de secondes en secondes. Il rompit leur baiser passionné pour accrocher le regard pénétrant qui le dévisageait. Il pouvait y lire toute l'avidité que Derek ne cherchait même pas à cacher. Plus que cela, il la ressentait en lui. Elle se mélangeait à la sienne, pour n'en faire qu'une.

– Derek, susurra-t-il haletant.

– Tu réagis tellement intensément…

Sans qu'il n'eut le temps de répondre, Stiles sentit les dents du lycan mordiller son cou. Pour éviter de faire entendre sa voix déformée par l'excitation, il se mordit la joue. Seulement, ce ne devait pas être au goût de Derek qui, comme pour le provoquer encore un peu, descendit plus bas. Pendant qu'il ouvrait la chemise de Stiles, il promenait ses lèvres sur les sillons de ses muscles. Il s'attarda sur les souvenirs douloureux gravés à jamais sur la peau du jeune homme. Aujourd'hui, loin d'en souffrir, chaque effleurement ressemblait à une décharge électrique sous laquelle il se cambrait. Lorsque les index de Derek atteignirent sa ceinture, Stiles poussa un soupir étouffé. Il repoussa légèrement son mari qui, étonné, redressa son regard gris.

– Moi aussi, je veux m'amuser, murmura Stiles gêné. On a toute la nuit après tout.

– Oh… Et tu veux quoi ? demanda le lycan amusé.

– Te toucher.

– Mmh, monsieur Hale-Stilinski, vous êtes bien entreprenant aujourd'hui.

– Ça fait une demi journée que je me retiens de te sauter dessus, alors…

– Vraiment ? Intéressant.

Derek poussa sur ses coudes pour prendre un peu de hauteur avant de s'écarter de son amant. Il glissa sur le côté en murmurant « je suis tout à toi » de la façon la plus erotique possible. Stiles frissonna, rien qu'entendre sa voix grave et suave multipliait ce désir dévorant qui le possédait. Malhabilement, il tira sur la cravate devant lui. Par le plus grand des miracles, le tissu ne résista pas longtemps et s'écrasa entre eux agrandissant encore un peu l'ouverture du col de Derek. Ce dernier se pinça la lèvre, mais ne bougea pas d'un millimètre. Il attendait patiemment que Stiles décide de prendre les devants. D'ailleurs, peu de temps après, celui-ci se redressa à son tour, bascula le lycan sur le dos et l'enjamba. Ainsi positionné, l'excitation de Derek se retrouvait littéralement palpable. Ce détail étira la bouche de Stiles en un rictus joueur. Il se pencha en avant pour entremêler leurs langues tandis que son bassin offrait des va-et-vient à celui du lycan qui, vraisemblablement aimait ça. En effet, son visage habituellement impassible le trahissait, ses joues rougies par la frustration et ses yeux clos en étaient la preuve. Enchanté de son effet, Stiles ne s'arrêta pas là. Il se détacha et, de sa main gauche, engloba la bosse formée sur le pantalon. À peine l’avait-il frôlé qu'un soupir lascif s'échappa de la bouche de Derek, alors, il raffermit délicatement sa prise en augmentant les frottements. Les râles du lycan devinrent plus graves, plus saccadés. Il s'approchait dangereusement de sa limite, Stiles le savait, le ressentait. Il sourit en coin en observant son compagnon se dandiner sous lui.

– Stiles, gémit Derek.

– Qu'est-ce qu'il se passe ?

– Tu… Le sais très… Bien.

– Oui, mais je veux t'entendre me le dire, murmura le jeune homme à son oreille.

– Tu… Rah, j'en peux plus, s'il te plaît.

– Mon Sourwolf est le loup-garou le plus sexy du monde.

– Pas plus que toi.

Derek ouvrit les paupières, une lueur rouge flamboyante animait ses iris. Stiles s'y plongea, une étrange sensation l'entoura, une envie charnelle de partage. Son corps déjà échauffé fut pris d'une fièvre incontrôlable. Il frissonna, ses pensées se brouillèrent pour ne se concentrer que sur son mari. Le moindre souffle qui atteignait sa peau menaçait de lui faire perdre la tête. Hâtivement, il se débarrassa de la fermeture éclair et des boutons qui le séparaient du caleçon écarlate de Derek. Il aurait pu divaguer sur la similitude entre cette teinte et celle des yeux de l'alpha toutefois, il n'en eut pas le temps, rattrapé par ce désir dévorant. Derek, apparemment mué par le même empressement, l'aida à supprimer les dernières barrières de tissu entre eux. Il resta néanmoins allongé sur le lit, Stiles sur lui. Aujourd'hui, c'était lui qui dirigeait. Le lycan, loin d'en être agacé, semblait apprécier cette prise de pouvoir. Voir son homme avoir autant confiance en lui et en eux après les épreuves traversées, paraissait le combler.

– Stiles, répéta-t-il en se mordant la lèvre. Je veux te sentir autour de moi.

Cette supplication murmurée avec autant d'intensité décida le jeune homme qui guida le sexe de Derek à l'entrée de son intimité. D’abord avec prudence et douceur pour se préparer, les mouvements que Stiles initiait gagnèrent en assurance. Il descendait et remontait lentement, profitant de chaque sensation de frottement le poussant un peu plus vers l'extase. Petit à petit, il augmenta la cadence sous couvert de râles rauques. Alors que le plaisir commençait à inonder l'ensemble de son anatomie, Derek se redressa, l'entoura de ses bras câlins et emprisonna de nouveau sa bouche.

– Je vais… Bientôt venir, susurra difficilement Stiles contre ses lèvres.

– Ensemble, répondit le lycan.

Tous deux accordèrent leurs rythmes, Stiles sentait son mari s'enfoncer encore plus profondément en lui, titillant son point sensible. Front contre front, leurs yeux connectés l'un à l'autre, ce qu'ils partageaient à cet instant dépassait l'entendement. Soudain pris d'un bien-être exaltant, Stiles se cambra en criant son bonheur tandis que Derek grogna, le nez perdu sur le cou blanc de son amant. Ils touchèrent tous deux un orgasme jusqu'alors inégalé, balayant toute frustration sur son passage. À bout de force, Stiles se laissa tomber contre le lycan qui se rallongea. Toujours enlacés, la fatigue les gagna peu à peu, contre-coup de sentiments bien trop puissants.

– Je t'aime bien plus que tu ne peux l'imaginer mon petit Derek.

– Moi aussi, pour toujours.

– C'est moi ou c'était… Encore plus woah que d'habitude. Bien que je ne pensais pas ça possible.

– Tu sais, tes yeux sont devenus rouges, l'espace d'un instant, comme si…

– Ah c'était ça… J'ai sentis le feu qui t'habite, le truc de Deaton a l'air de bien fonctionner.

– Ça me plaît.

– Oui, je crois qu'on ne peut pas être plus proche l'un de l'autre.

Les lèvres de Derek s'étirèrent sur les cheveux ébouriffés de Stiles, il les lui embrassa avant que leurs paupières ne se ferment, les amenant dans un sommeil serein.

Ils restèrent plusieurs jours dans cet endroit à profiter d'eux, de leur statut d’époux, de leur nouvelle connexion. Un havre de paix dont ils rêvaient depuis bien longtemps. Après leur voyage de noces, les deux hommes rentrèrent au loft. Ils y retrouvèrent leurs habitudes et surtout leur fils, Nathan. Stiles accepta la proposition de Stan et intégra le FBI. Aussitôt avait-il rejoint l'équipe qu'une affaire étrange fit son apparition. Il l'accueillit avec bonheur et, bien évidemment, la conclut avec brio. Comme celles qui suivirent devenant, ainsi, l'un des agents les plus réputés de Beacon Hills. Quelques fois, et malgré ses efforts, certains de ses collègues terminaient avec des blessures plus ou moins profondes mais quoi qu'il pouvait advenir, il restait toujours près d'eux, inspirant confiance et espoir.

Parallèlement, il conjuguait presque parfaitement sa vie de famille. Derek se révélait être un mari à l'écoute et compatissant, même s'il arrivait qu'ils se disputent, cela ne durait pas plus d'une demi journée. Nathan grandissait à vue d'œil, les étonnant tous les jours un peu plus par sa vivacité d'esprit. Stiles s'amusait à s'en vanter, expliquant à qui voulait l'entendre que son fils tenait de lui. Lorsque le petit loup-garou rentra en premier grade d'école primaire, ils déménagèrent dans une maison aux abords de la ville. Ainsi, ils profitaient d'un jardin et surtout, les amis du garçon pouvaient venir sans crainte. Derek garda le loft, l'améliorant encore dès qu'il en avait l'occasion. Stiles le suspectait de vouloir l’offrir à leur fils, le lycan ne répondait jamais quand le sujet était abordé. Il ne se contentait que d'un sourire en coin, les yeux perdu dans le vague.

Noah et Nathan se rapprochèrent très vite, ils partaient souvent en vadrouille ensemble, manger une glace ou une gaufre. Leur complicité réchauffait le cœur des deux papas, qui appréciaient grandement les moments de calme. Mais, la vie apportant son lot de déception, ils s'étaient battus sans succès pour adopter. Un couple du même sexe ne méritait apparemment pas d'élever un enfant. Stiles en fut le plus touché, une période de doute l'avait accablé, le rendant plus sombre. Heureusement, il n'était pas seul et la douceur de ses proches l'aida à s'échapper de cette injustice.

Le lien entre les membres de la meute perdura à travers les années et Stiles faisait régulièrement appel à eux. Scott et Kira, à force de dialogue, avaient surmonté leurs différends. June devint une magnifique petite renarde remplie de bienveillance. À l'âge de ses cinq ans, un petit frère prénommé « Christopher » élargit à son tour la famille pour la plus grande joie et fatigue des parents. Isaac avait été choisi comme nouveau parrain et Lydia en marraine. Ils se débrouillaient plutôt bien.

Dans ces temps paisibles, les mois se succédèrent et les visages gagnèrent en maturité. En un instant, Nathan approchait des dix-huit ans. De sa dernière année de lycée. Il avait grandi, ses cheveux noirs formaient de belles boucles bien dessinées tombant sur son front. Sa peau mate contrastait avec ses yeux gris qui, contrairement à son père biologique, se plissaient souvent sous son rire mélodieux. Enfin, de petites fossettes se dessinaient aux coins de sa bouche, terminant d'embellir son physique sportif. Mais, ce qui provoquait une immense fierté auprès de ses parents, c'était son grand cœur. Il défendait ceux qui en avaient le plus besoin, au détriment de sa réputation. Ainsi, son groupe d'amis ne paraissait pas énorme cependant, chacun avait trouvé sa place.

Son point négatif résidait essentiellement dans ses résultats scolaires plus que moyens. Évidemment, Stiles, Derek et Braeden s'étaient entendus à ne pas lui ajouter trop de pression sur les épaules bien qu'ils essayaient de comprendre ce qui le dérangeait tant dans ses études. Peu avant son examen, Stiles l'avait confronté avec bienveillance et fermeté. Nathan s'ennuyait en cours, il n'avait que faire des équations de mathématique plus complexes les unes que les autres ou des formules chimiques que sa tante Lydia affectionnait particulièrement. Non, lui, ce qui le motivait c'était le sourire des gens lorsqu'il leur cuisinait de la pâtisserie. Derrière les fourneaux, il laissait sa créativité s'exprimer et, tous ses cobayes devaient bien l'avouer, ses desserts frôlaient la perfection.

Alors d'un commun accord, le jeune adulte s'y formerait à la condition de réussir le test de fin d'année. Heureux, Nathan travailla sans relâche jusqu'à ce qu'il reçoive son diplôme. Stiles et Derek lâchèrent une petite larme à sa remise, revoyant devant leurs regards aimant ce petit garçon qui prononçait mal les « r ». Cette époque révolue leur arracha un sanglot de nostalgie impossible à réprimer. Néanmoins, avant que leur fils ne les quittent pour courir après son rêve, il restait une dernière étape importante à franchir : le bal de fin d'année.

Stiles referma la porte de son dressing où il y avait déposé des vêtements. Il croisa son regard noisette serein et doux. Ses cheveux parsemés de blanc ne tenaient toujours pas en place, ses traits creusés par le temps lui donnait un air adulte qui cachait avec excellence son immaturité. Il sourit en tournant la tête vers le lit conjugal. Une sensation de déjà vu lui serra la gorge. Comme s'il avait déjà vécu cette scène ou quelque chose qui y ressemblait. Il fronça les sourcils sans parvenir à s'en rappeler. Il allait se perdre dans ses réflexions lorsqu'on l'en tira.

– P’pa ! P’pa !

– Quoi ? soupira-t-il en sortant de sa chambre.

Il arriva sur le palier de l'étage, au fond, une porte où le prénom « Nathan » écrit avec des lettres de bois était légèrement entrouverte. La voix grave de son fils s'en échappait.

– Je vais sortir et dis-moi franchement ce que tu en penses.

– Tu veux que j'appelle ton père ?

– Non. Je préfère toi d'abord, t'es moins direct que lui.

– Je ne sais pas comment le prendre…

– T'es vexé ? s'enquit le jeune adulte en passant sa tête à travers l'entrebâillement de sa porte.

– Mais non ! Allez, montre moi le résultat de tes heures de préparation.

– Tu rigoles pas hein.

– Promis ?

– Pff aussi convaincant que papa quand il fait genre d'être méchant.

– Haha, règle numéro trois, on fait comme si ça fonctionnait.

Nathan rit aux éclats, signe que Stiles avait réussi à le détendre. Puis, avec timidité, il s'avança dans le couloir habillé d'un costume noir aux revers de velour, à son cou était attaché un nœud papillon en soie bleue. L’odeur boisée de Derek l'entourait. Il tenait délicatement une fleur de tiaré entre ses doigts tremblants.

– Alors ? murmura-t-il.

– Tu es… commença Stiles avant d'être trahi par sa voix qui s'effondrait sous son émotion.

– Tu ne termines pas ta phrase et ton cœur bat fort… Tu n'aimes pas hein ? J'suis désolé de t'avoir dérangé pour rien… Je vais rester ici finalement, je suis bien avec vous et puis de toute façon, c'est pas pour moi tout ça. Je préfère les soirées pizzas avec les copains devant un bon film…

– Hey, tu racontes n'importe quoi.

Stiles l'avait coupé et s'était rapproché pour poser ses mains sur ses épaules déjà plus hautes que lui. L'angoisse de décevoir se lisait dans les iris clairs de son fils, il inspira profondément, ravalant sa tristesse d'une époque qui ne reviendrait plus jamais.

– Tu es le jeune homme le plus merveilleux que je connaisse, Nathan Hale. Tu es gentil, drôle et d'une empathie hors norme. Tu nous rends chaque jour plus heureux et plus fier de toi. Tu n'as pas besoin de mettre un costume pour briller, ton sourire suffit amplement. Mais, tu es incroyablement beau dedans. Et je ne dis pas ça parce que tu es mon petit garçon… Ou peut-être que si un peu… Enfin pas totalement, je te l'aurais dit si ça ne t'allait pas, ce qui n'est pas le cas hein…

– P'pa, tu recommences, renifla Nath’ le coin des lèvres relevé.

– Ouais mais j'ai le droit ! Aujourd'hui, tu clôtures tes années de lycée. Mon p'tit loup…

– Je t'aime p'pa.

– Moi aussi fiston. Bon, maintenant on va montrer tout ça à ton grincheux de père ?

– Ouais…

– Ça ira, fais moi confiance ! En fait la fleur c'est pour qui je pense ?

– Hein ? Non… Enfin c'est hum… Ma fleur préférée.

Tous deux se dirigèrent vers les escaliers, le visage de Nathan ne pouvait pas être plus rouge. Intérieurement, Stiles pouffa de rire, son enfant était définitivement le plus mignon de tous.

– Étrange, continua-t-il taquin. Tu sais à qui elle me fait penser ? Une jeune fille brune aux cheveux lisses et assez longs, aux yeux noirs virent à l'orange quelques fois… C'est drôle parce que JUSTEMENT c'est avec cette fleur qu'elle s'attache les cheveux.

– Ça n'a rien à voir… Et puis, je…

– Qu'est ce qui n'a rien à voir ? demanda Derek, une mine interdite placardée sur sa figure.

Lui également portait les années sur son visage, bien que sa situation de loup-garou le préservait légèrement, sa barbe autrefois noir de jais tirait sur le gris. Ses tempes aussi s'éclaircissaient légèrement. L'âge lui rendait service, plus il vieillissait, plus Stiles le trouvait renversant. Chaque jour, il tombait un peu plus amoureux de lui.

– C'est p'pa, il dit n'importe quoi !

– C'est ça fiston, c'est ça, railla Stiles en essuyant les larmes de son fou rire. Bon… Regarde comment notre petit loup est devenu un homme ! Il est beau hein ?

Derek ne répondit pas, il scruta avec sérieux son fils. Quelques secondes où Nathan retenait son souffle, anxieux à l'idée de recevoir une critique négative. Stiles savait que son compagnon était juste ému et qu'il cherchait ses mots. Finalement l'alpha prit une grande inspiration et décocha un sourire resplendissant.

– Superbe, commenta-t-il pour le plus grand plaisir de l'adolescent. Ce costume te va à ravir.

– Merci papa.

– Et Stiles a raison, June appréciera ce cadeau.

– Hein ? Quoi ? Que… C'est pas pour elle, je… Hum.

– Elle sait que tu vas bientôt partir en France pour tes études ?

– Oui…

– Et elle a dit quoi ? interrogea Stiles impatiemment.

– Rien, que c'était une bonne chose et qu'il fallait que je me donne à fond.

– June dans toute sa splendeur… Et du coup tu veux déclarer ta flamme avant de partir ?

– N-non, c'est pas ça… balbutia Nathan les pommettes cramoisies avant de plonger son regard dans celui de son père de cœur. Oui… Je ne veux pas partir sans lui dire. Je ne vais pas lui demander de m'attendre ou de me répondre mais, juste, je veux qu'elle le sache.

– C'est courageux Nath’ ! Sois toi-même et tout se passera bien, j'en suis certain. Du moment que tu ne fais pas comme ton père.

– Hey ! râla l'alpha. On est mariés non ?

– Mais oui mon petit Derek, mais oui. Les histoires d'amour n'ont aucun secret pour toi, tout le monde le sait.

La moue de Stiles indiquait toute son ironie tandis que son compagnon leva un sourcil d'un air sévère, les bras croisés sur le torse. Nathan rit devant ce spectacle quotidien. Stiles détenait souvent le dernier mot au grand mécontentement de Derek qui, pour se venger, baladait ses mains sous les côtes de son mari. Hilare, l'agent du FBI terminait toujours par abdiquer. Pour finir, ils enterraient la hache de guerre par un tendre baiser. Cette fois ne dérogeait pas à la règle et l'adolescent grimaça devant cette image.

– Attendez au moins que je sois parti, geignit-t-il en s'approchant de la porte.

– Attends ! le retint son père adoptif. Photo.

– On est obligés ?

– Oui. Pour nous et ton grand-père.

– Pff…

– De quoi ? J'ai mal entendu.

– Ok p'pa.

– Je préfère ça.

Nathan n'aimait pas particulièrement être photographié à l'instar de Derek. La plupart du temps, Stiles acceptait ses refus seulement là, c'était un événement spécial. Bientôt son fils unique partirait loin pendant plusieurs long mois, le contraignant à accepter l'inévitable : son petit garçon n'en était plus un. Sentant la tristesse de ses parents, l'adolescent se plaça devant l'escalier, un sourire sincère aux lèvres. Après une quantité faramineuse de prises de vue, il posa entre ses deux papas alors que le retardateur affichait cinq secondes. Le résultat plût à tous les membres de la famille. Hélas, l’heure du départ sonna.

– Bon, et bien, je vais y aller, déclara le fils.

– On est avec toi ! s'exclama Stiles.

– Mmh, acquiesça Derek.

– Profite bien et rentre avant que le soleil ne se lève. Sois prudent sur la route.

L'adolescent les serra dans ses bras et s'éloigna. Au moment où il allait sortir, Derek lui jeta un trousseau de clés, celui de sa Camaro.

– Elle te portera chance, autant qu'à moi, expliqua-t-il un sourire en coin. Ne la raye pas.

– Sûr ?

– Oui, j'ai confiance en toi.

Heureux et fier, Nathan sautilla sur place avant de s'élancer dehors. Alors que le moteur du véhicule vrombissait et que la porte de leur maison se fermait, les deux hommes restés seuls s'enlacèrent. Le lycan laissa couler une larme, l'agent du FBI lui, pleura de tout son corps. Ils se réconfortèrent mutuellement en silence. Quand ils reprirent consistance, Stiles se souvint soudainement.

– Je l'ai vu, cette scène.

– De quoi ?

– En rêve, il y a quelques années. C’était pratiquement la même chose à deux ou trois détails près.

– Heureusement que tous tes rêves ne se sont pas réalisés.

– C'est certain.

– Mais tu en as fait d'autres ? Histoire que je me prépare.

– Non, et puis ça ne veut rien dire. On est maître de notre futur. Bon ! Vu qu'on ne va pas dormir avant que notre fils rentre à la maison… Soirée film, pop corn ?

– Plutôt deux fois qu'une !

Les deux époux préparèrent leurs friandises et s’assirent dans le canapé, Stiles blottit contre le torse puissant de Derek. Lui, le tenait dans ses bras, écoutant tranquillement chaque commentaire qui sortait de la bouche de son compagnon. Il en avait l'habitude et s'en fichait, d'ailleurs, il ne prêtait aucune attention aux images qui défilaient sur l'écran. Il préférait sentir la douce odeur des cheveux ébouriffés qui se perdaient sous son nez et se concentrer sur le cœur de Stiles qui tambourinait tout son amour. Conscient d'être trop bavard, ce dernier releva la tête, leurs regards chaleureux se croisèrent et ils échangèrent un baiser passionné. Puis, abandonnant toute idée de poursuivre le film, ils se laissèrent bercer par le son de la télévision. Ils s'endormirent l'un contre l'autre, aussi heureux qu'une âme puisse l'être.

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Nous y voilà, c'est la fin de cette aventure. De mon côté, j'ai eu la chance de voir mon style d'écriture s'affiner grâce à eux (je suis bien consciente que j'ai encore du chemin à parcourir).

Je tiens à remercier BeliYaalH sans qui je ne serais pas retombée dans l'écriture et AngelCaidoAmor qui a lu chaque chapitre avant les publications, un soutien inestimable...

Merci aussi à vous, les lecteurs, de m'avoir suivi tout du long.

Prenez soin de vous.

Lala 💜

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