Chapitre 8
Le jeune policier se gara à quelques kilomètres du lieu de l'accident, là où un petit sentier s'enfonçait dans les bois. Son collègue était déjà là, les bras croisés, appuyé contre sa voiture. Il était perdu dans ses pensées, au point qu'il ne sembla pas remarquer l'arrivée de Stiles. Ce fut qu'au moment où la portière de la Jeep se fermait qu'il leva la tête. Pendant quelques secondes, le châtain captura encore cette mine sérieuse qu'il ne connaissait que très peu chez QI d'huître. Puis, l'expression condescendante habituelle reprit le relais et avec un sourire narquois, il lui lança :
- Ben alors Stilinski ?! Ta Jeep n'arrive pas à suivre ? Change la ou…
- Non. Hors de question, même si je dois rouler à trente kilomètres heures, je resterai avec Roscoe.
Le grand brun ouvrit la bouche mais il fut stoppé par un bruit de moto qui se rapprochait. Elle s'arrêta pile devant Stiles, le conducteur enleva son casque dévoilant ainsi le visage souriant de Scott.
- Salut mec… Et bonjour, je m'appelle Scott McCall, vétérinaire.
- Scotty ! Juste à temps !
- Bonjour "Scotty", je suis Flynn Mayer, le coéquipier de Stiles.
- Scotty est réservé à la famille. Appelez-moi McCall ou Scott à la limite, lui répondit sèchement l'alpha.
L'agent de police qui venait de se faire reprendre se renfrogna. L'aplomb de son ami surprenait Stiles, il était ébahi devant sa prestance. Flynn qui d'habitude avait toujours quelque chose à répondre dans ces cas là n'avait pas osé s'opposer au latino. Le jeune homme se demanda si cette capacité était due à son loup ou si elle lui était innée. En tout cas, c'était assez amusant d'observer la scène de l'extérieur. Il était heureux que son frère les accompagne. La perspective de passer des heures en balade forestière seul avec son collègue n'était pas ce qu'il y avait de plus réjouissant.
- Bon. Que connaissez-vous sur les habitudes des cervidés ? Demanda Scott alors qu'ils commençaient à s'enfoncer dans les bois.
- Euh ça mange de l'herbe et ça court vite… Répondit Stiles.
- OK… Bon… Il faut savoir que les biches vivent dans les profondeurs des bois le jour et la nuit, elles se rapprochent des clairières. Elles peuvent vivre 10 à 15 ans en liberté.
- Ça me fait toujours tout drôle que tu connaisses aussi bien ton sujet, le chambra Stiles. Ça change du lycée.
- Je retiens ce qui m'intéresse.
- Ça aurait été plus simple avec des chiens, réfléchissait Flynn à autre voix. Pour l'odeur. Dommage qu'on n'ait pas leur flair.
Les deux amis se regardèrent avec complicité. Il est vrai que les pouvoirs de Scott diminuaient mais il gardait néanmoins des capacités olfactives et auditives bien supérieures à la moyenne.
- Vous avez raison, c'est dommage Flynn, concéda le loup.
La quête était fastidieuse. Bien sûr, ils avaient un périmètre à vérifier mais à trois ils ne couvraient pas assez de terrain. Stiles commençait à perdre patience. Il était doué pour résoudre des enquêtes et réfléchir, pas pour se promener en forêt en essayant de trouver une biche hypothétique. Les deux hommes qui l'accompagnaient avaient l'air très concentrés et ça le frustrait encore plus. Il avait l'impression d'être un gosse entouré par ses parents. Il ravala sa fierté et les regarda attentivement. Scott avait les sourcils froncés, son menton était légèrement relevé. Flynn, étrangement calme, fixait le sol avec ardeur. Finalement, au bout d'une heure, le lycan s'arrêta, il pointa son nez du doigt, signe qu'il commençait à capter une odeur pouvant correspondre à la race animale recherchée. À ce moment-là, Q.I. d’huitre se baissa. Il regardait attentivement une plante et des traces au sol. Il murmura des paroles inaudibles aux oreilles de ses accompagnateurs. Cette action-là, le jeune homme la connaissait. Il l'avait déjà vu mais chez quelqu'un d'autre. Chez Chris Argent, c'était l'attitude d'un chasseur. Pourtant, Mayer n'avait jamais parlé d'une quelconque attirance pour cette discipline. Un ressentiment glacial lui parcourut le corps, comme s’il le mettait en garde, mais contre quoi ? Il ne le savait pas. Il aurait bien aimé y réfléchir encore un petit moment cependant son frère l'incita à les suivre. Il avait répondu distraitement par un oui sans entamer le moindre mouvement. Ses deux accompagnants avaient déjà pris la route, le laissant en retrait. Il se retourna, presque par réflexe. Il avait encore cette douloureuse impression d'être observé. Il scruta attentivement les alentours et cette fois, il vit quelque chose bouger au loin. Une silhouette noire se rapprochait furtivement. Il se crispa et se concentra pour mieux discerner cette forme obscure, quand enfin, elle se dessina. Un loup noir de jais, sa fourrure était très dense et ses yeux ne refletait aucune animosité. L’homme n'eut pas la moindre inquiétude, il le connaissait extrêmement bien. Il sourit et susurra "Tu es venu finalement. Espèce de Sourwolf un peu trop protecteur.". Il s’accroupit, prêt à l’accueillir, pourtant, l'animal stoppa sa marche pour regarder avec insistance un point derrière lui.
- Ne t'inquiète pas Stilinski, je sais comment le faire fuir, s’éleva la voix de son collègue.
Avant que Stiles ne puisse dire un mot, Mayer leva le bras et se mit à lancer de la caillasse en direction du canidé qui fuit avec une vitesse prodigieuse.
- Mais qu'est ce que tu fous bordel ?! Bouillait de rage Stiles.
- Bah, faut se méfier de ces bêtes-là. Hop je suis gentil, je m'approche de toi comme si de rien n'était et je te saute à la gorge. Les loups c'est la pire espèce possible.
- En fait, t'es juste un gros, gros con ! Non, tu es pire que ça, ta vie se résume à détruire toute once d’intelligence. Tu ne peux pas t’empêcher de faire de la merde plus cinq minutes ! Je ne sais pas si tu as juste un Q.I. négatif ou si t’es un putain de cinglé. Respecte un peu la nature, ça te ferait pas de mal.
- Hey, ça va, calme toi. J'ai eu peur pour toi Stiles. Parce que tu es mon coéquipier, bordel. Tu ne venais pas et j'ai vu cette bête devant toi…
C'est la première fois que Flynn avait un semblant de sympathie envers lui, il l’avait même appelé par son prénom. Cette démonstration sentimentale laissa le jeune homme perplexe, c’était inespéré, presque miraculeux. Il hésita avant de reprendre plus doucement ses sermons :
- Je ne suis pas en sucre, je sais me défendre et il avait l'air adorable ce loup. Il est magnifique.
- C’est marrant ça, ça me fait penser à ton coloc, physiquement attrayant mais qui respire le danger.
- C'est quoi encore ces conneries ? Souffla anxieusement Stiles devant l'association hasardeuse mais réelle de son collègue.
- Derek Hale. Je me suis renseigné sur lui. Son passé est assez trouble.
- On en parlera plus tard, c'est pas le sujet là tout de suite. Mais tu te trompes à son sujet.
- Mmh, grommela le brun. Tu ne m'enlèveras pas de la tête que je ne le sens pas.
Un long silence s'abattit sur eux, tous deux bien trop absorbés par leur réflexion pour continuer le dialogue. Après quelques minutes de marche, ils rejoignirent Scott, celui-ci leur fit signe de rester muets et de se baisser. Ils approchèrent avec une délicatesse et une agilité surprenantes, ils se postèrent de chaque côté du vétérinaire. Devant eux à plusieurs mètres de là, cachée derrière un buisson, une petite tête dépassait. Malheureusement pour les trois hommes, il s'agissait d'une biche de couleur classique. Oubliant leur mission, ils restèrent un moment absorbés par le spectacle qui s'offrait à eux. L'animal se releva doucement et commença à manger l'herbe se présentant à elle. Bien que marron, elle n'en restait pas moins sublimement gracieuse. Flynn exprima sa frustration par un petit claquement de langue qui raidit instantanément le corps du cervidé. Sous le regard assassin de l'alpha, le policier se voûta. Seulement, le mal était fait et l'animal s'éloignait déjà.
- Bof, c'était pas celle qu'on cherchait de toute façon… maugréa le faiseur de trouble.
- C'est vrai, abdiqua Scott en se passant la main sur sa nuque. Enfin, je crois qu'on a vu ce qu'on devait voir et la nuit est en train de tomber…
- Mmh… On l'a pas encore trouvé ce qu'on venait chercher… Tu as dis que la nuit elles se rapprochaient des clairières ? Intervint le jeune policier.
- Oui.
- Stilinski… Il est presque 19h, notre service finit bientôt. Faut qu'on mange. J'ai pas envie de faire d'heures supplémentaires aujourd'hui…
- ... Mais on a rien à se mettre sous la dent là… Notre rapport va ressembler à quoi "deux heures de recherches pour… Rien" ? Tu sais quoi Flynn ? Tu n'as qu'à retourner au poste et écrire le début du rapport. Je continue un peu de mon côté et je reviens d'ici une heure trente pour te faire un debrief, ça te va ?
- De toute façon, je n'arriverai pas à te faire changer d'avis… ?
- Perspicace.
- Bon. Et bien, je vous laisse. Pas la peine de me raccompagner, je connais le chemin. Faites attention aux loups, ricana Mayer avant de s'éloigner.
- Woah. Tu ne m'avais pas menti sur lui hein, s'exclama le lycan après s’être assuré qu’ils étaient seuls.
- Et encore, là, il était sage. Tu l’aurais vu quand on a croisé Derek…
- Derek ?
- Ouais, il nous a plus ou moins suivis avec sa forme de loup.
- Ah c'était lui ! Tant mieux. Ah… Ça me rappelle quand on était ados !
Pendant que Scott, nostalgique, se remémorait à haute voix leurs escapades nocturnes dans la forêt, Stiles avait sorti une carte. Il repéra les différentes étendues d'herbe qui avaient été retranscrites autour d'eux, il y en avait que deux. C'était parfait, le soleil déclinait et les endroits à vérifier n'étaient pas très loin l'un de l'autre. Pour passer le peu de temps qui les séparait d'une nuit totalement noire, les deux frères se mirent à discuter.
- J'ai contacté Lana, commença le châtain.
- Ah… Pour mon problème ?
- Oui… Après tout, c'est la mieux placée pour nous répondre..
- Merci mec, pour tout.
- Normal, tu es mon meilleur ami, mon alpha et potentiellement le père de la plus belle merveille du monde.
- Battu par sa propre fille.
- Et ouais… En même temps, vous l'avez bien réussi.
- Oui, elle est sublime.
- Effectivement.
- Tiens, tant qu'on est à parler de nous… Ça va avec Derek ?
- Oui, oui…
- Ne t'en fais pas. Je ne sens pas sa présence. Il a dû s'éloigner. Tu peux me parler librement.
- Mmh… Ben… Tu sais avec mon idée à la con d'en parler à personne… J'ai l'impression que ça nous éloigne.
- Ça doit lui peser. Enfin je pense… Si on considère que Derek l'impassible peut ressentir ce genre d'émotions..
- Je sais… Mais tu sais, dernièrement son garage a été tagué d'un "PD"...
- Woh encore aujourd'hui…
- Ça ne s'arrêtera pas de sitôt. J'ai peur d'être un poids pour lui… Si ça venait à se savoir, sa clientèle diminuerait…
- Enfin on s'en fout de savoir avec qui notre garagiste couche non ?
- Tout le monde n'est pas aussi ouvert d'esprit… Puis l'autorité de mon père en prendrait un sacré coup…
- Tu sais, je crois que tu te prends trop la tête… Au lieu d'imaginer des scénarios plus catastrophiques les uns que les autres, peut-être que tu devrais te laisser porter pour une fois. Et puis, tu ne sais pas… ça se trouve, tout se passera bien. Je ne dis pas que tout le monde sera en accord avec la situation. Mais, avec le temps, les quelques abrutis contre votre couple finiront par s'y faire. En plus, je crois que Derek et Noah sont assez grands pour se défendre eux-même non ? Tu ne peux pas te cacher toute ta vie, sinon, tu le regretteras.
- ... C'est pour ça qu'on a besoin d'un meneur comme toi. N'abandonne pas.
- Mmh… Attends, viens.
Les deux amis se cachèrent derrière un petit rocher qui dépassait de terre. Scott porta le doigt à sa bouche pour demander à l'hyperactif de se taire. Geste judicieux, vu que ce dernier avait déjà ouvert la bouche pour lui poser mille questions. Il entendit des bruissements de feuilles et une branche craquer. Tout en restant le plus possible dissimulés, chacun passa un bout de leur visage au-dessus de la pierre. Soudain, devant eux surgit la fameuse biche blanche tant espérée. Stiles avait rarement vu un animal aussi beau. Elle conjuguait à la perfection finesse et noblesse. Elle portait sa tête haute et semblait n'avoir peur de rien. Le jeune homme était subjugué devant cette vision exceptionnelle. Il tourna la tête pour observer son compagnon du soir qui restait lui aussi sans voix. Au bout de dix minutes, elle se décida à bouger, les deux hommes attendirent qu'elle mette un peu de distance entre eux avant de commencer leur filature. Finalement, les choses se déroulaient plus simplement que prévu. Le jeune policier s'étonna de la direction prise par le cervidé. Effectivement, elle se mouvait dans le sens opposé aux deux endroits qu'il avait déterminé auparavant. Il fronça les sourcils mais se laissa guider. Elle accéléra le mouvement, pile à la bonne vitesse pour qu'ils arrivent, de peu, à la suivre. Bien sûr, Scott semblait faire une promenade de santé se payant régulièrement le luxe de jeter des coups d'œil à son ami. Celui-ci se concentrait grandement sur le chemin parcouru évitant quelques branches et sautant au-dessus de racines tortueuses. Heureusement que son corps était entraîné, sept ans en arrière, il se serait effondré après deux minutes de course. Il se félicita, son habilité lui était d'une grande aide. Ils continuèrent ainsi de longues minutes puis, Scott lui fit signe de ralentir. Ils arrivèrent à destination.
Elle s'était arrêtée et reniflait le sol. L'humain, essoufflé, avait posé ses mains sur ses genoux et fit une grimace qui déclencha un rire étouffé chez son ami d'enfance. Au moins, il n'avait pas perdu sa capacité humoristique même dans les pires moments. Et voir Scott rire lui réchauffait le cœur. Mais ce moment de joie fut de courte durée. Le latino reprit son air soucieux en regardant droit devant lui. Intrigué, le coureur épuisé leva la tête. Il blêmit. Il connaissait bien le lieu choisi par leur nouvelle amie. Il reconnut directement les arbres sinueux, le sol dénué de toute végétation et surtout, il se souvenait de ce tronc d'arbre au milieu, celui qui hantait ses cauchemars. Ce n'était pas une coïncidence si cette biche inhabituelle avait décidé de les mener au Nemeton.
- Stiles… Souffla le loup.
- Ouais. J'ai vu. Encore.
Elle releva la tête et regarda vers leur direction, elle paraissait les voir malgré l'obscurité ambiante. Sans crier gare, ses yeux prirent une teinte jaune sintillant.
- Et merde… J'en ai marre d'avoir raison.. Soupira le jeune homme.
- C'est vrai que ça nous arrangerait que tu te trompes parfois, lança le lycan avec sarcasme.
- Hey, normalement c'est mon humour ça. Toi, tu es beau et sportif. Moi je suis drôle et intelligent. Chacun son truc.
- J’ai un bon professeur… J'imagine qu'elle nous a vu…
- Ouais…
Prudemment, ils avancèrent pour se retrouver face à elle. Scott essaya de lui faire comprendre qu'il était comme elle et fit briller ses yeux, d'abord d'un rouge intense, puis d'un jaune doré.
- Salut ma belle, n'ai pas peur, on peut peut-être t'aider… Murmura doucement Stiles. Tu es quoi au juste ? Une biche-garou ?
- Ça se dit ça ?
- Je ne sais pas… Faudra demandé à Isaac s'il en sait plus.
- Mmh.
- Tu ne veux pas te transformer en humaine ? Demanda gentiment le jeune policier.
Mais l'animal baissa la tête et remua un peu de terre sous son sabot.
- Je crois qu'elle n'en a pas envie ou qu'elle ne peut pas…
- Merci Scotty, je ne sais pas ce que je ferais sans toi.
- Ça me fait penser à Malia au début…
- Oui, mais je ne pense pas que ton hurlement puisse l'aider cette fois-ci… ce n'est pas un canidé..
- En tout cas, tu peux nous faire confiance, même sous ta forme humaine.
- Et on aimerait aussi savoir pourquoi tu traverses la route comme ça. C'est dangereux tu sais, aussi bien pour toi que pour les automobilistes… Je n'ai pas envie de te retrouver morte sur le bas côté…
Le fils du shérif mit un genou à terre et tendit la main vers le bel animal qui approcha son museau avec retenue. Elle renifla les doigts de l'humain avant de les tapoter avec son crâne. Peut-être voulait-elle un peu de réconfort ? En tout cas, Stiles ne se fit pas prier, avec un touché qu'il voulait le plus doux possible, il la caressa. Elle avait l’air d’apprécier et se rapprocha encore un peu. Scott tenta un geste vers elle qui fut accueillit avec la même tendresse. Son pelage était court, doux et d'une chaleur réconfortante. Le châtain remarqua que le loup avait les larmes aux yeux, il imagina que c'était un petit moment de pause dans le torrent de culpabilité et d'angoisse que le latino pouvait ressentir depuis ces sept derniers mois. Un petit moment de flottement offert par une nature si époustouflante. Lui aussi, ressentait cette plénitude, lui aussi avait l'impression que tous les problèmes rencontrés précédemment n'étaient pas si graves. Cependant, une lueur rouge les tira de leur transe. Un petit point était apparu sur le flanc du cervidé. Les deux amis se regardèrent et comprirent directement ce qu'il se passait. Scott eut juste le temps de s'interposer entre la biche et l'origine de cette lumière. Une légère détonation se fit entendre et le loup recula sous l'impacte du projectile. Il venait de se faire tirer dessus. L’animal, apeuré, s'enfuit. Heureusement, pour limiter les dégâts, le latino s'était positionné de telle manière à ce que ce soit son bras qui reçut la balle. Son sang coulait à flot venant tâcher le sol marron. Il hurla de douleur dans un premier temps, puis, son cri se mua en rage. Il s'était transformé et ses iris n'avaient pas une teinte jaune mais bien rouge sang entouré de noir. Un autre point lumineux se dessina, mais cette fois-ci, entre les deux yeux de l'alpha. Il bondit vers l'avant prêt à tuer quiconque avait eu l’audace de le blesser. Le jeune homme eut encore un échantillon de la folie meurtrière de son ami qui continuait de se vider de son liquide vital. Sans réfléchir, il se lança à sa poursuite, il ne voulait pas le laisser seul face à ses démons, pas encore. Un autre bruit d'arme à feu retentit pour venir percer l'abdomen de loup. Cette blessure ne l'arrêta pas, il laissa échapper un grognement colérique, ralentit légèrement laissant ainsi une fenêtre d'action à Stiles qui la saisit. Il lui empoigna le bras en lui criant :
- Tu vas te faire tuer Scotty, regarde le sang que tu as perdu.
- Ferme là, lui hurla dessus le blessé.
Il le menaçait de tous ses crocs. L’humain frémit de peur, néanmoins, pour Scott, il se ressaisit.
- Pense à ta fille, à Kira. Tu n'as pas le droit de les laisser.
Scott le regarda avec fureur puis le rouge de ses yeux s'estompa et il retrouva son humanité. Un soupire étouffé sortit de ses lèvres, il murmura un "Merde, ca fait mal." avant de tomber assis sur le sol. Encore ce faisceau lumineux qui se posa sur le front transpirant du loup. Sans attendre, son frère se positionna devant lui, les bras écartés.
- Je suis un humain, ça ferait mauvais genre si vous me tuez, non ? S'égosilla t-il imaginant que devant lui se tenait un chasseur envieux d'augmenter son tableau de chasse.
Hélas, ça n'arrêta pas le tireur et la lumière tant redoutée se baladait habilement sur le torse du jeune homme. Il déglutit fortement et espérait secrètement que ce n'était que du bluff. Il fixa l'inconnu devant lui avec un air de défis.
- Je connais le code d'honneur des chasseurs, je suis un ami de la famille Argent ! Je…
Avant qu'il ne finisse sa phrase, le loup noir réapparut à sa droite. Il grognait, montrant ses dents, prêt à attaquer. L'espace d'un instant, l'humain crût voir une teinte rouge qui laissa place à une iris bleu translucide après un battement de paupières. La fatigue lui jouait décidément des tours. Un bruissement de feuilles, le silence et le canidé sombre se calma. Il glapit puis courut vers l'alpha à terre. Avec horreur, le châtain se retourna pour voir le latino allongé à terre, les yeux fermés.
- Pourquoi ne cicatrise-t-il pas ? Réfléchissait Stiles tout tremblant.
- Aconit. Déclara Derek qui avait repris forme humaine.
- Quoi ? Ah ! Tu m'as fait peur… Mais… Enfile ça au moins. Bredouilla le jeune homme en lui tendant une veste bien trop petite pour le loup.
- On s'en fout de ça, faut lui stopper l'hémorragie. Je vais lui comprimer les plaies. Toi…
- Deaton.
D'un geste assuré, l'homme nu déchira le t-shirt abîmé de son ami et effectua un garrot sur son bras. Avec le restant de tissus, il exerça une pression sur le ventre sanguinolent. Pendant ce temps, le jeune homme appela l'émissaire qui se mit en route aussitôt. Ses mains étaient encore prises de spasmes, il voyait déjà l'issue fatale de la situation. Mais une grande main chaude vint les saisir.
- Il va s'en sortir, ne t'en fais pas, murmura délicatement Derek. Viens, je te laisse appuyer ici. Moi je vais le réchauffer.
- OK.
Alors que Stiles se mit en position, le lycan posa ses lèvres sur les siennes. Ce doux contact redonna du courage au policier qui arriva enfin à se concentrer sur la blessure dont il devait s'occuper. Son compagnon se métamorphosa pour retrouver sa forme animalière et se colla à son alpha. Grâce aux premiers soins prodigués, les pertes sanguines étaient légèrement moins importantes. Un long silence pesant s'installa laissant assez de temps pour que le cerveau du jeune homme vagabonde. S'il n'avait pas insisté pour venir ce soir, pour rester, pour rencontrer cette foutue biche, rien de tout ça ne serait arrivé. Il aurait dû tout gérer seul. Plus jamais il ne se ferait prendre. Il se mordit la lèvre inférieure, l'histoire se répétait encore et encore. Il laissait parler ses envies en premier et ses proches finissaient toujours blessés. Il se rendit compte de son égoïsme et de sa faiblesse. Après tout, il n'était que l'ami d'êtres surpuissants. Lui, sa force ne résidait que sur un pistolet qu'il n'eut même pas la présence d'esprit de dégainer. Chris aurait été fière tiens, son "meilleur" élève qui ne protège pas ceux qui ne peuvent pas se protéger eux mêmes, surtout qu’il s'agissait là du fils spirituel du chasseur. Son incompétence les avait mené, ici, au milieu des bois dans une nuit froide avec un Scott à moitié mort. "Tout ça, c'est à cause de toi. Ta vie est insignifiante." Se répétait l'humain comme un mantra morbide, les derniers mots de sa mère résonnaient en lui, il leur avait donné raison. Un grognement le sortit de ses idées noires, le loup le regardait fixement.
- Ne me regarde pas comme ça, même si tu es dans ta forme de loup je te comprends hein. Je sais que je suis sexy en infirmier du soir, mais tiens toi un peu !
Le canidé leva le museau pour montrer son approbation face au sarcasme légendaire de son petit ami. Il reposa sa tête sur le torse de l'alpha qui continuait à se lever sous l'effet de sa respiration. Peu de temps après, Alan apparut dans le champ de vision du châtain. Il avait amené une mallette noire.
- Laissez-moi voir l'étendue des dégâts. Souffla-t-il en prenant la place de l'humain.
Celui-ci se releva et regarda avec inquiétude les mains du druide s'affairer sur le corps de Scott. Il se mordit l'intérieur de la joue jusqu'à sentir un goût métallique de répandre dans sa bouche, il voulait connaître sans attendre le sort que son meilleur ami allait subir par sa faute. Le canidé vint se frotter à ses jambes lui arrachant ainsi un sourire anxieux.
- Bon. C'est ce que je pensais. Aconit Red Wine. Pas mortel mais empêche la guérison instantanée… C'est pour ça qu'il continue de saigner, elle peut être utilisée en anticoagulant. C'est affreusement barbare. Je vais devoir enlever les balles ici. Je n'aime pas ça mais je n'ai pas le choix, il a déjà perdu trop de sang.
Il ouvrit sa sacoche et en sortit une sorte de pince aux mâchoires longues. La scène se déroulant sous ses yeux était trop difficile, le jeune homme ferma les yeux et caressa frénétiquement la fourrure de son loup. Il entendit un petit gémissement de douleur et la voix chaude et réconfortante de l'émissaire s'éleva :
- C'est fini. Il n'a pas encore repris connaissance… Derek, est-ce que tu pourrais…
Avant qu'il n'eut le temps de finir sa phrase, le concerné poussa un hurlement puissant qui fit écho dans le corps de toutes les personnes qui l'entouraient. Stiles frissonna et Scott ouvrit enfin les yeux.
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