Chapitre 7
Scott, Deaton, Peter et Stiles étaient devant la porte de l'institut de santé mentale. Ce fut Deaton qui amorça le mouvement pour ouvrir la porte.
- Je pense que vous vous en doutez, on va rendre visite à Amalia, je pense qu'elle y est pour quelque chose. Je me suis renseigné sur la perte des pouvoirs d'un alpha véritable et je n'ai rien trouvé qui correspondrait à notre cas… Expliqua t-il d'une voix grave. Elle reste ma dernière piste.
- Allons-y… Murmura le latino.
Les quatre hommes passèrent l'entrée et se retrouvèrent face à une femme d'une trentaine d'année, plutôt jolie. Elle était habillée d'une blouse rose pâle et était assise derrière un bureau qui servait d'accueil, en les voyant arriver, elle leur décrocha un grand sourire.
- Bonjour messieurs, que puis-je faire pour vous ? Demanda t-elle gentiment.
- Bonjour charmante demoiselle. Ça a bien changé, la dernière fois que je suis venu ici, il n'y avait pas de si jolie employée. Je m'en serais souvenu. Je suis…
- Peter c'est pas le moment là. Grogna Scott.
Le vieux loup la regardait avec un sourire charmeur, coloriant les oreilles de la secrétaire en rouge.
- On est venu voir une patiente. Normalement, le directeur est prévenu. Je m'appelle Alan Deaton.
- Je… Je le préviens. Veuillez attendre s'il vous plaît.
Alors que la réceptionniste avait le téléphone fixe collé à son oreille, le druide leur fit un petit debrief.
- Le directeur a changé, le sort réservé aux personnes… différentes est plus modéré. Il n'y a pas de tortures et autres traitements extrémistes. Cependant, les plus dangereux sont toujours en bas et c'est évidemment là que nous allons.
Un homme grisonnant, pas très grand mais de carrure plutôt carré se dirigea vers eux. Il était habillé avec un costume gris clair et une blouse blanche ouverte tombait sur ses larges épaules.
- Alan. Dit-il en tendant la main vers le concerné.
- Andrew. Voici mes accompagnants.
Le vieux vétérinaire présenta les trois hommes qui se tenaient à ses côtés. Le docteur leur serra tous la main un à un en les regardant fixement comme s'il voulait les sonder. Sa poigne était ferme et décidée, ses yeux noirs étaient stricts et perçants. Il les conduisit au sous-sol en leur expliquant que les pensionnaires avaient le droit à trois repas par jour, qu'on leur laissait le choix entre plusieurs livres et qu'ils suivaient une thérapie spécifique adaptée à chacun. Bien qu'aucune mimique ne trahissait ses émotions, il semblait sage et compétent. On avait envie de lui faire confiance dès la première rencontre. Lorsqu'ils arrivèrent devant un long couloir blanc, Peter frissonna. En guise de soutien moral, Stiles se surprit à poser délicatement sa main sur son bras. Le loup tourna sa tête vers lui et sourit tristement. L'endroit avait été rénové, c'était un peu moins perturbant qu'à l'époque. Les lumières se voulaient naturelles et les murs blancs étaient entretenus, les portes des cellules étaient neuves.
- Bien sûr, toutes les charpentes contiennent du sorbier, on a gardé le même principe qu'avant. Les patients de cet étage ont le droit de sortir une fois tous les trois jours. Pour cela, on utilise une barrière protectrice, continua Andrew. Avant que je n'entende les remarques habituelles, oui, nous savons que ce sont tous des criminels mais nous les considérons avec respect. J'ai encore espoir qu'ils puissent retrouver leur part d'humanité. Ma philosophie ne plaît pas à tout le monde néanmoins c'est comme ça que je travaille.
- Pas d'objection, conclut simplement Deaton.
- Bien. Nous avons déjà transféré Amalia dans la pièce du fond pour la visite. Elle refuse d'écrire, courage pour communiquer. En tant normal, je n'accepte pas autant de personnes nonobstant je fais une exception pour toi, Alan. Je reste devant la porte.
- Merci. Répondit le druide avant de se tourner vers ses amis, vous êtes prêts ?
- Personnellement, j'adore rendre visite à des femmes poissons mortelles, c'est mon passe temps favori. Ironisa le jeune policier.
Le vétérinaire prit ça pour une réponse positive et ouvrit la porte. La salle était assez large, elle était coupée en deux par une vitre séparant la sirène de ses visiteurs. Devant cette vitre, il y avait quatre chaises. L'émissaire se positionna tout à droite, suivi de McCall, Stilinski et enfin Hale. Puis, tous la regardèrent enfin. Elle était assise devant une table, elle les observait en souriant le menton posé entre ses mains. Elle n'avait pas changé.
- Bonjour Amalia. Commença Deaton.
Elle le dévisageait en laissant son petit air narquois sur son visage.
- Tu sais pourquoi nous sommes ici ?
D'un signe de tête, elle indiqua que "Oui".
- Bien. Tu veux bien répondre à mes questions ?
"Oui".
- Tu es au courant de ce qui arrive à Scott ?
"Oui".
- Tu veux bien nous en dire plus ?
Cette fois-ci, elle rigolait silencieusement, elle avait retrouvé le sadisme qu'elle arborait il y a plusieurs mois. Stiles tremblait, son corps se souvenait du combat qui avait fait rage, il tourna la tête vers son ami d'enfance qui n'affichait aucune expression. Ce dernier se contentait de la fixer. Elle planta ses yeux bleus profonds dans les siens pendant quelques minutes et il baissa la tête docilement. Elle articula des mots sans son. Ce qui les avait sauvé lors de leur dernière rencontre les desservait aujourd'hui.
- Je peux lire sur les lèvres, déclara doucement Peter. Ne me regardez pas comme ça, il fallait bien que je m'occupe après l'incendie. Pour rappel, je suis resté six ans dans un hôpital lugubre. Mais je ne suis pas sûr… Que vous allez apprécier.
- Explique-nous. Supplia le jeune homme qui voulait quitter cet endroit le plus rapidement possible.
- Elle vient de dire que pendant leur entrevue à trois, Scott, Liam et elle, elle avait réussi à lui murmurer quelque chose à l'oreille.
- Quoi ?
- Je ne sais pas, elle n'a rien ajouté.
Elle tourna ses pupilles vers Peter et ouvrit la bouche. Elle bougea ses lèvres assez longtemps. Il rougissait légèrement et, ensuite, son visage s'assombrit. À la fin de leur échange silencieux, les trois amis le regardaient avec attention.
- Mmh… Bon… Scott… Pourquoi tu ne nous a rien dit ?
- Hein ?!
L'alpha baissa la tête et resta aphone, il regarda ses mains se crisper. Même sans pouvoir, le jeune policier pouvait sentir toute l'inquiétude du loup face à la révélation qui était sur le point de tomber. Il regarda Amalia qui semblait s'amuser de la situation.
- Qu'est ce qu'il se passe ? Peter ? Scotty ? S'empressa t-il de demander.
- Scott… Si tu ne leur dit rien, c'est moi qui le ferait, prononça durement Hale.
- Je… Bredouilla le latino. Je n'étais pas en mesure de gagner contre elle… Je n'ai pas eu le choix…
- Scott ?!
Il releva enfin la tête vers son frère de cœur, les yeux remplis de larmes avec l'espoir d'y trouver un allié. Mais celui-ci lui fit signe qu'il fallait qu'il s'exprime, qu'il se libère de ce silence qu'il s'était imposé bien trop longtemps.
- Je suis désolé… Ce… C'est long à expliquer…
- Super ! On a tout notre temps !
- ... Quand j'étais avec Liam, on a essayé d'amener Amalia au point prévu. Bien évidemment, ça n'a pas marché. Elle était largement plus puissante que ce que nous avions prévu. Liam n'a pas résisté longtemps. Il m'a attaqué… J'ai fui le combat pour éviter de lui faire trop de mal. Mais, arrivé devant le lac, je n'avais plus d'échappatoire et je n'ai pas eu le choix. Vous savez, frapper son bêta, c'est comme se détruire soi-même. Je l'ai mis à terre, j'ai réussi à le ramener grâce au cri. Et puis, j'ai fait une connerie. Je… J'ai croisé son regard, à elle. À peine quelques secondes. Malheureusement, ça lui a suffit… Elle… C'est comme si elle était entrée dans mon esprit. Sa voix a commencé à raisonner dans ma tête. Elle m'a dit beaucoup de choses.
- Qu'est ce qu'elle t'a dit Scotty ?
La voix du jeune policier s'était radoucie, il essayait de ne pas le brusquer.
- Pour résumer, elle m'a dit qu'elle avait rarement vu un alpha avec autant de potentiel et pourtant si faible. Que mes émotions et mon envie de sauver tout le monde étaient des qualités nobles mais qu'elles allaient causer la perte des personnes que j'aimais. Qu'au final, au lieu de les protéger, j'allais les tuer… Elle m'a montré toutes ces images… J'ai cru devenir fou… Puis, elle m'a fait une proposition. Elle m'a dit qu'elle pouvait faire en sorte de libérer l'entièreté du loup. Cependant, il y avait une condition : j'allais petit à petit me faire consumer par la rage. Soit celle-ci prendrait le dessus pour que j'assouvisse mes pulsions meurtrières, je deviendrai plus puissant que jamais en tuant toutes les personnes qui se mettent en travers de mon chemin. Soit elle serait la cause de ma chute en détruisant peu à peu ce qui fait de moi un loup, je ne serais plus que le Scott incapable de vous venir en aide. À ce moment-là, je vous ai tous regardé, j'ai vu Noah se faire étrangler, j'ai vu Derek à bout de force, j'ai vu Liam s'effondrer…
- Me dis pas que… Mais Scotty si elle t'a proposé ça c'est pas par grandeur d'âme…
- Si, j'ai accepté… J'ai été envahi par toutes les frustrations accumulées jusqu'à ce jour. Je suis devenu une bête, je ne voulais que tuer, tuer et tuer. J'étais à deux doigts de craquer… Et je me suis dis que ma fille ne voudrait sûrement pas d'un père meurtrier…
- Pourquoi tu ne nous as rien dit ? Demanda l'émissaire d'une voix à peine perceptible.
- J'ai… Honte.
- Et toi, Amalia, qu'est ce que tu y gagnes ? Interrogea gravement Stiles qui n'arrivait plus à tenir le regard de son ami. Tu as failli y perdre la vie… À moins que… Tu le savais. Tu savais qu'il allait choisir cette option ? En fait, tu as lu en lui, tu as vu comment fonctionnait Scott. Tu as su que tu ne pourrais jamais le vaincre alors… Tu as joué avec sa corde sensible. Tu l'as poussé à se détruire lui-même. Tu… Tu as gagné, depuis le moment où tu as pénétré dans son esprit, tu avais déjà réussi à vaincre la meute..
La bouche de la sirène s'étira pour faire apparaître un rictus malsain et fier. Elle et le jeune policier menaient une lutte invisible. Ils se toisaient du regard, Stiles ressentait toute la fureur de la femme, mais, il ne se laissait pas démonter. Elle ne devait pas gagner, il ne la laisserait pas faire. Malgré le poids de la cruauté adverse qui s'abattait sur ses épaules, il résistait. En fixant ses yeux, il se rendit compte qu'il était au bord d'un précipice, à tout moment il pouvait basculer et se laisser emporter par le flot de pensées négatives qu'elle lui envoyait. Il comprit toute la dangerosité qu'elle représentait. Sa voix n'était qu'un outil parmi tant d'autres, elle avait, hélas, d'autres cordes à son arc. Sans détourner son regard, ses lèvres se mirent à bouger et Peter fit la traduction.
- "Comme je l'ai dit à l'autre loup, soit Scott tue, soit il redevient faible et inutile. Bien évidemment, je pourrais faire quelque chose pour lui… Oh mais suis-je bête, en me coupant l'usage de la parole, vous avez réduit à néant la possibilité que je puisse vous aider. Comme c'est dommage.".
Elle détourna le regard en laissant à Stiles cette victoire si mince, pour jubiler sadiquement de l'emprise qu'elle avait encore sur le petit groupe.
- L'autre loup, murmura le châtain… Preston… Voilà comment il est au courant de tout. Voilà pourquoi il prend son temps avant d'attaquer et voilà pourquoi il veut Scott… Ce qu'il veut c'est un alpha déchaîné, il est patient et prêt à tout pour arriver à ses fins...
Amalia applaudissait. Personne ne savait si c'était pour les capacités de déduction assez stupéfiantes de Stiles ou si c'était pour se féliciter elle-même. Malheureusement, un toquement derrière eux annonçait la fin de l'entrevue. Et les quatre hommes se levèrent la mine abattue. Stilinski fuyait le regard de son ami qui cherchait ne serait-ce qu'un coup d'œil compatissant. Il n'était pas en colère ou déçu de lui, non. Il s'en voulait de n'avoir rien vu, de ne pas pouvoir l'aider. Il enrageait contre lui de s'être senti si soulagé après avoir retrouvé Derek vivant cette nuit-là alors que son ami d'enfance se battait pour résister à un combat interne plus que difficile. Il enrageait d'avoir été si naïf en pensant qu'une simple intervention aurait pu l'aider. Il enrageait, enfin, contre cette femme qui leur avait pris bien plus que prévu et dont il n'avait pas su déjouer les plans. En plus de tout ça, il était terriblement triste que son ami de toujours ne lui fasse pas assez confiance pour lui en parler. Il n'arrivait pas à soutenir le regard du latino parce qu'il ne savait plus comment le soutenir, parce qu'il était perdu et qu'il se sentait incroyablement impuissant. Sans décoller le regard du sol, il ne fit pas attention au long couloir blanc, à l'ascenseur, aux voix qui s'élevaient autour de lui, à la réceptionniste et à la main qu'il serra en signe d'au revoir. Il ne reprit ses esprits qu'une fois qu'il sentit le vent froid lui caresser le visage. Il releva la tête et se rendit compte qu'il était seul avec un McCall qui le fixait, interdit.
- Bon… Je vais y aller. Déclara l'humain.
- Attends Stiles…
Mais il était déjà parti, sa marche était soutenue pour retrouver sa Jeep le plus rapidement possible. Il arriva devant son véhicule quand une main hâlée se posa devant son champ de vision. Scott ne voulait rien lâcher, il avait visiblement décidé que la discussion n'était pas terminée.
- Stiles… Parles moi, supplia le brun dont le timbre de voix trahissait une profonde détresse.
Le châtain ne savait pas quelle position adopter, il hésitait entre le prendre dans ses bras ou le frapper en plein visage. Il sentit une fureur sourde grandir en lui, il n'en connaissait pas l'origine mais elle prenait le pas sur toutes ses autres émotions. Il avait peur de tout déballer s'ils restaient ensemble trop longtemps.
- Je n'ai pas grand chose à dire… Il va falloir qu'on trouve une solution, grommela t-il mollement.
- S'il te plaît, Stiles… J'ai besoin de toi.
- Écoute, je travaille cet après-midi, il faut que j'y aille mais on en reparle…
- Ton service commence dans trois heures. Dis quelque chose…
Cette fois-ci, c'en était trop. Il voulait rester seul, repenser à tout ça, prendre du recul et le loup ne respectait même pas ça.
- Et que veux tu que je te dise ? S'exclama le policier en plantant ses iris ambrés dans le regard attristé du lycan. Tu avais sept mois, SEPT PUTAIN DE MOIS pour m'en parler Scott. On aurait pu essayer de trouver une solution ensemble. Comme avant. Mais non, ta fierté mal placée d'alpha te l'a interdit ! Avec Derek, on n'a pas arrêté d'imaginer les pires scénarios possibles alors que toi, tu savais exactement ce qui t'arrivait et tu n'as rien dit. Je ne sais pas Scotty, tu pensais que j'allais le prendre comment ?
- Je n'arrivais pas à le raconter. Tout le monde semblait aller mieux, je ne voulais pas ramener cette histoire sur le tapis…
- Et bien, c'est réussi !
- Stiles… Je suis désolé.
- Stiles… Stiles, la bonne poire. Je devrais être gentil même après avoir appris que mon meilleur ami m'a caché une information aussi primordiale ? Ben tu sais quoi ? Non. Pas cette fois. Je…
Il allait continuer dans sa lancée avant d'apercevoir de chaudes larmes couler sur les joues de Scott. Il ravala sa colère, il ne comprenait même pas pourquoi elle avait explosé. Ce n'était absolument pas ce qu'il voulait lui dire. Évidemment, son ami aurait dû tout expliquer avant mais il comprenait son silence, il imaginait que trop bien la pression constante que Scott devait subir au quotidien. Alors pourquoi ? Pourquoi lui avait-il dit toutes ces choses avec autant de violence ? Il n'en avait aucune idée. Mais pour l'heure, il devait se rattraper.
- Scotty, écoute. Je suis là, d'accord ? Ne me cache plus rien. Je te soutiendrai toujours.
- Je… Me bats, tous les jours… Pour éviter d'écouter ces envies de meurtre. Tout le temps, je suis épuisé. J'aurais aimé ne pas être un alpha, j'aurais aimé ne jamais recevoir la morsure de Peter. J'aurais aimé rester juste Scott McCall, l'asthmatique ringard. Je suis fatigué.
- Tu travailles aujourd'hui ?
- Non. Deaton m'a donné ma journée, tu ne l'as pas entendu ?
- J'étais ailleurs. Viens avec moi au loft.
- Tu es sur…?
- Te fais pas prier.
- Ok.
Les deux hommes montèrent dans leur véhicule respectif pour rejoindre l'appartement. Une fois arrivés, ils commandèrent une pizza et ils s'affalèrent sur le canapé.
- Pfiou, il n'est que midi et je suis déjà vidé. Ça va être beau pour cet après-midi…
- Ouais… Journée compliquée.
- Scotty. Ne me mens plus jamais. Je ne rigole pas.
- Oui.
- Bien. Explique moi en détail. Désir de meurtre ?
- Tu es sûr..?
- Oui.
- J'ai envie, non, besoin de sang. J'ai failli tuer Amalia. J'ai aimé ça Stiles, j'ai adoré voir ses yeux me supplier de la laisser en vie. Conor aussi… Je veux le voir souffrir avant que je ne lui ôte la vie. J'ai peur de moi-même.
- Pourquoi tu ne le fais pas ?
- Hein ?
- Bah, c'est des meurtriers, les deux. Je suis sûr que ta fille ne t'en tiendra pas rigueur. Après tout, Amalia allait tuer son père et Conor est celui qui a lâchement assassiné son grand-père adoptif. June le comprendra, j'en suis certain. Alors, pourquoi tu ne les tues pas ?
- Mais enfin Stiles…
-Ben quoi ?! C'est vrai non ? Dit-il en haussant les épaules.
L'alpha en perdition le regardait interloqué. Il secoua la tête et lui répondit.
- Je ne peux pas torturer et exécuter des gens.
- Pourquoi ? Après tout, tu es le loup le plus puissant de Beacon Hills. Personne n'osera te contrer.
- Mais… Il n'en est pas question ! Je ne suis pas un meurtrier, il y a forcément une autre voie, même si elle est plus difficile, c'est impensable. Jamais je ne m'abandonnerai à ça. Je préfère perdre mes pouvoirs et m'en remettre à plus fort que moi.
- Voilà. C'est pour ça que de base, elle avait déjà gagné.
- Hein?
- Tu es long à la détente… Le titilla amicalement l'humain. Ton humanité primera toujours sur ton loup. Elle le sait. Et là, il arrive exactement ce qu'elle avait prévu.
- Je suis désolé.
- Tu n'y es pour rien. J'aurais dû anticiper…
La sonnette les coupa dans leur conversation, c'était le livreur leur apportant le déjeuner. Stiles lui donna un pourboire et étala les pizzas sur la table. Les deux amis en bavaient d'avance. Ils se souhaitèrent un bon appétit avant de se jeter sur les parts prédécoupées.
- Oh en fait, je t'ai pas dit ! Arriva à articuler le jeune policier entre deux bouchées.
- Quoi ?! S'étonna le loup.
- Au boulot je suis face à des événements qui m'intriguent !
- Raconte !
Le policier était désireux de changer le sujet de conversation, il voulait que son ami se concentre sur autre chose. Il s'était promis intérieurement de résoudre la crise de Scott. Il allait retourner voir Amalia, seul. Il fallait absolument qu'il trouve une solution.
- Et bien… Il y a déjà eu deux accidents à cause d'une biche…
- Comment ça ?
- Et bien tu vois… D'après les conducteurs, une biche leur a coupé la route, ce qui les a paniqués, ils ont donné un coup de volant et ils ont fini dans le décor. Pas de blessés graves.
- Ce n'est rien d'extraordinaire. Qu'est ce qui te fait tiquer ?
- La biche est blanche.
- ... Ça existe.
- Je sais Scotty. Mais, j'ai l'intuition qu'il se passe autre chose.
- Je peux peut-être t'aider. Je suis vétérinaire après tout. Et je n'ai jamais vu de biche albinos. Ça m'intrigue aussi…
- Super ! Je pensais aller dans les bois aujourd'hui pour la chercher. Je vais essayer d'en parler à Parrish. Si je peux m'échapper du poste au moins une journée, ça serait le paradis.
- Ah pourquoi ? Tu es avec un con ?
- Flynn.
- Oh merde…
- Ouais… Bon, je te tiens au courant. Dans la journée je pense que ça sera possible. Il y a assez de monde pour que je m'éclipse !
- D'accord. Répondit Scott en lâchant un énorme bâillement.
- Je vais me changer et je vais y aller.. Qui va chercher June aujourd'hui ?
- Kira. J'ai préféré assurer mes arrières avec le rendez-vous d'aujourd'hui.
- Tu as bien fait. Tu veux rester ici pour te reposer ?
- Mais non, je ne veux pas déranger…
- Reste Scotty. Souffle et détends toi. Ça te fera du bien de casser un peu les habitudes.
- Et Derek ?
- T'inquiète pas, je m'en charge. Tiens les clés.
Stiles lui lança le trousseau qui cliquetait dans les airs. Sans aucun mal, le loup les réceptionna. Le policier alla se changer, il aimait bien son uniforme. Il en était fier, il l'avait vu toute sa vie sur les épaules de son père et maintenant, c'était à son tour de le porter. Toutefois, il avait négligé les entraînements et son corps le lui rappelait, ses muscles avaient perdu de leur épaisseur. Avec ce qui allait bientôt arriver, il ne devait pas se relâcher. Il souffla de mécontentement et descendit.
- À toute ! Lança t-il vers son ami.
- Merci, Stiles.
- Normal, tu aurais fait pareil.
Il referma la porte et se dirigea vers son véhicule en composant le numéro de son compagnon qui décrocha assez rapidement.
- Salut beau gosse ! Comment tu vas ?
- Mr Stilinski? Répondit une voix aussi familière qu'inattendue.
Les mains du châtain se crispèrent sur le volant. Il n'aimait pas qu'on réponde à la place de son amant.
- Gareth ?
- Oui ! Mr Hale, c'est Mr Stili… Ah vous êtes déjà au courant. Mr Hale arrive, il est sous une voiture, là. Il a demandé à ne pas être dérangé, sauf si c'était vous.
- Oh je vois… J'imagine que c'est une belle voiture ?
- Ah ça ! Une Chevrolet de collection ! Mr Hale ne rigole pas avec ça. Il la bichonne.
- Merci Gareth.
- De quoi, monsieur ?
- D'avoir répondu.
- Oh c'est normal ! Vous êtes aussi gentil que…
- Que ?
- Allô, Stiles ?
Enfin, la voix du loup raisonna de l'autre côté du combiné. Avait-elle toujours été aussi envoûtante ? Le jeune homme chassa ses pensées peu orthodoxes pour se concentrer sur sa discussion.
- Salut mon petit Derek.
- Attends, je m'enferme dans mon bureau. Gareth ! Au boulot allez, dépêche toi… Voilà ! C'est bon, on peut parler librement. Comment ça va ?
- Mmh j'ai connu mieux. Je t'expliquerai tout ce soir, c'est compliqué.
- Ok.
- Dis… J'ai donné les clés à Scott, il se repose chez nous.
- Quoi ?!
- Cas de force majeur.
- ... Mmh.
- C'est la merde. Je ne pouvais pas le laisser dans cet état…
- ... OK. Mais s'il est encore là quand je rentre, je le dégage. Déjà que je supporte un hyperactif à temps plein, si en plus je me tape son pote…
- Fais pas le gros dur. Gareth m'a tout raconté, alors comme ça, j'ai un passe droit ? Se moqua tendrement Stiles.
- Quel sale gosse… Tu me manquais, je voulais entendre ta voix.
- Vivement ce soir.
- Oui. J'arrive ! Excuse-moi mon amour, faut que j'y aille, je t'aime.
- Moi… Moi aussi.
Il ne s'était pas totalement habitué aux petits surnoms donnés par Derek. Ça s'était installé petit à petit mais son cœur s'emballait encore trop lorsque les mots doux s'échappaient de la belle bouche de son loup. Il essaya, avec succès, de calmer le feu qui s'était emparé de son visage. Il arriva au poste et s'installa au bureau qui lui était désigné. Malgré tous les problèmes qui s'accumulaient, il gardait espoir et positivait le plus possible. Rien n'était joué et il allait réussir à "soigner" Scott. En parlant du loup, une idée lui traversa l'esprit. "Lana." murmura t-il. Il fallait absolument qu'il lui parle. Malheureusement, il n'avait aucun moyen de la contacter sauf en passant par son père. Il avait retardé cette possibilité le plus possible. Il ne voulait pas mettre un terme à la dure sérénité que Noah avait fini par acquérir. Il commençait doucement à reprendre confiance envers la sirène et leur relation s'améliorait de jour en jour. Alors d'un pas las, il se dirigea vers le bureau du shérif.
- Bonjour Shérif.
- Oh ! Salut Stiles ! Comment tu vas ?
- Ça va…
- Pas à moi fiston. Qu'est ce qu'il se passe ?
Le jeune homme referma consciemment la porte derrière lui et se lança dans un long monologue dont lui seul avait le secret. Il expliqua la situation de Scott, celle d'Amalia, celle de Preston. Stilinski père l'écoutait attentivement en fronçant les sourcils. À la fin de son discours, il resta silencieux un moment. Puis, il leva les yeux vers son enfant et lui dit simplement.
- Je te donne le numéro de Lana.
- Merci papa !
- Ça ne s'arrêtera jamais tout ça hein ? Demanda le père épuisé.
- C'est peu probable en effet. Mais on va prendre le relais, finis tes dernières années tranquillement.
- Non. Je suis le shérif et c'est mon devoir de protéger cette ville.
- Mais…
- Et puis, au moins, je ne m'ennuie jamais ! En parlant de choses réjouissantes… Raphaël m'a appelé. Il débarque dans deux semaines et il est résolu à améliorer sa relation avec son fils.
- Impossible. Scott ne le laissera jamais faire.
- Oui. Je le crois aussi. Mais ça ne va pas arranger nos histoires…
- Oh ben on va devoir se battre sur tous les fronts. On a l'habitude hein !
- Du moment qu'on a plus de cadavre à enterrer…
- C'est vrai… Euh j'ai autre chose à te dire… J'aimerai partir dans les bois aujourd'hui avec Scott. On est à la recherche d'une biche blanche…
- Les accidents ?
- Oui… Ça m'obsède. Je veux la voir.
- Stiles… Tu ne peux pas faire ça. Tu es un adulte et un policier, tu as des responsabilités maintenant. Tu ne peux plus partir comme ça comme bon te semble…
- Mais papa…
- Non. Concentre sur les affaires importantes.
- D'accord…
Stiles savait que son supérieur avait raison, il ne pouvait pas agir de la sorte toute sa vie. Mais il était tout de même bougon. À contre-cœur, il envoya un message à son ami pour lui dire que leur virée forestière était annulée. Les heures défilèrent rapidement. Ils avaient été mobilisés pour un vol à l'arraché. Après une course poursuite assez fastidieuse, Flynn avait réussi à attraper le coupable. Le grand brun avait une qualité indéniable, sa capacité physique était excellente. C'était, d'ailleurs, très étrange parce que sur le chemin du retour, il restait plutôt modeste. Au lieu de se vanter d'avoir réussi là où le fameux Stiles Stilinski avait été vaincu, il déblatérait sur l'insécurité des villes. Alors, le jeune policier à ses côtés se lança dans une tentative de félicitations.
- Euh… Bravo.
- Pour ?
- Je n'aurais jamais réussi à l'arrêter sans toi, dit-il en pointant du doigt le voleur à l'arrière.
- Mais si ! Ce n'est rien. Il n'était pas si rapide.
- Flynn. J'étais dix mètres derrière toi. Et je m'entraîne régulièrement.
- Je cours depuis mes treize ans.
- Ah ouais ?
- Faut bien que je trouve quelque chose pour plaire aux filles non ? Les gonzesses, elles aiment ça les muscles.
- C'est marrant ça hein, dès que j'éprouve un brin de sympathie à ton égard, tu redeviens un mec lourd.
- Tu ne peux pas te passer de moi, avoue. Ricana Mayer en lui faisant un clin d'œil.
- Oh que si…
Le châtain regretta amèrement d'avoir lancé le sujet, son coéquipier était maintenant inarrêtable, il se lançait des fleurs en occultant l'agacement visible des deux personnes présentes dans la voiture. Même le criminel à l'arrière soupira pour laisser sortir son exaspération, Stiles rit intérieurement devant cette scène ubuesque.
De retour au commissariat, ils enfermèrent leur prisonnier qui réclamait déjà son avocat. Puis, sans prévenir, le shérif les appela dans son bureau.
- Mayer, Stilinski. Je vous ai fait venir parce que j'aimerai que vous alliez à la recherche de cet animal. Deux accidents en moins de trois semaines, jusqu'à aujourd'hui des blessés légers mais j'ai peur que cette situation dégénère.
Le shérif croisa le regard enjoué de son fils, un léger sourire en coin dévoilait ses sentiments. Il faisait pleinement confiance à Stiles, si jamais ce dernier voulait pousser son enquête au sujet de ce cervidé c'est qu'il y avait sûrement une raison, bien qu'elle échappait au vieux policier. Il avait essayé de freiner les pulsions un peu trop spontanées de sa progéniture mais en prenant le temps d'y réfléchir, il avait abdiqué. Au pire, c'était juste un animal perdu qu'ils pourraient aider. Au mieux, cette cause était bien plus profonde que ça. Mais il ne voulait pas que ça soit un passe droit, c'est donc entre coéquipiers qu'ils allaient s'y rendre.
- Vous voulez qu'on fasse quoi ? Interrogea Flynn avec une lueur dans les yeux dont l'origine était inconnue.
Noah souffla, il n'en avait pas la moindre idée. Il bredouilla un ordre qui lui semblait cohérent.
- Voyez si elle est seule et pourquoi elle reste là. Et si il faut, on fera en sorte qu'elle s'éloigne de la route. Pas envie de me retrouver à gérer des accidents mortels qu'on aurait pu éviter.
- Ok Shérif.
Ils sortirent du bureau et Stiles se tourna vers son collègue.
- J'ai un ami vétérinaire qui pourra peut-être nous aider.
- Ça me va.
- Il est 16h, on a un peu de temps avant que la nuit ne tombe. J'aimerai bien qu'on y aille avec deux véhicules différents.
- Comme tu veux, Stilinski.
Sur cette entente, le jeune homme monta dans sa voiture et prit le temps d'écrire quelques messages.
"Scott ! Changement de programme. On se retrouve près du lieu des accidents. Flynn sera malheureusement de la partie." - Envoyé.
"Je te l'ai promis et tu noteras que je t'écoute ! On va dans la forêt aujourd'hui. Pas besoin d'être inquiet, Flynn et Scott seront avec moi. À ce soir, mon petit Derek. Je t'aime." - Envoyé.
"Bonjour Lana, c'est Stiles. Est-ce que tu aurais un jour de disponible dans la semaine ? Il faut que je te parle d'un sujet important. Bonne journée !" - Envoyé.
Il démarra et se dirigea vers le point de rendez-vous avec une excitation grandissante, enfin, il allait pouvoir écouter sa petite voix intérieure, enfin, il allait peut-être la voir.
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