Chapitre 45 - Partie 2.


Ils passèrent la porte pour trouver des rangées de chaises blanches où se regroupaient amis et familles. Au milieu, une allée donnait sur sa Jeep. Devant, son père le suivait des yeux en discutant avec Derek qui attendait patiemment. Ce dernier inspira profondément avant d'enfin se retourner. Un costume beige parfaitement ajusté à la chemise blanche. Accroché sur son cou, une cravate bordeaux. La même teinte que le nœud de Stiles, heureuse coïncidence sachant qu'ils ne s'étaient pas concertés. Un mouvement sur le côté habillait ses cheveux ébène. Stiles s'arrêta, bouche bée devant le physique parfait de l'homme qu'il s'apprêtait à épouser. Mélissa lui donna un coup de coude, il déglutit et avança lentement.

Plus il approchait, plus les lèvres de Derek s'étiraient. Tout autour de lui s'évanouit, les invités, les chaises, la Jeep, plus rien n'existait en dehors du lycan. Tous les doutes qui pouvaient enserrer son cœur s'évanouirent pour ne laisser qu'un sentiment puissant colorant ses joues en rouge. Cette vague salvatrice balayant tout sur son passage n'était  que la représentation de l'amour qu'il pouvait éprouver envers Derek : intense, sincère et profond. Aussi, sans le remarquer, il se trouvait déjà près de lui. Une douce caresse féminine sur la main avant que son accompagnatrice ne s'éloigne, cédant sa place au lycan.

– Tu es incroyablement beau mon amour, murmura sa voix rauque à l'oreille de Stiles.

Le rose des pommettes du jeune homme envahit maintenant la totalité de son visage, lui octroyant, malgré lui, un sourire béat. Son cœur battait à tout rompre, si bien qu'il était certain que tous les loup-garous des États-Unis pouvaient l'entendre.

– Et toi, tu, tu es… bégaya Stiles. Exceptionnel. Merveilleux. Sublime.

– Je suis rassuré alors.

Un sourire en coin énigmatique, Derek détacha son regard gris de Stiles et le planta sur Noah. C'était le signal, la cérémonie s'apprêtait à débuter. Suivant le mouvement, Stiles détourna ses yeux vers ceux de son père, l'officiant de cérémonie.

– Bien, merci à tous d'être venus aujourd'hui. C'est un honneur de vous accueillir ici pour célébrer le mariage de mon fils et de son fiancé. Mais je vous en prie, asseyez-vous… Je vais essayer de faire aussi vite que possible, je sais à quel point les discours de mariage peuvent être longs… Et pourtant, je pourrais vous parler de Stiles pendant des heures tellement je suis fier de lui. Ce petit garçon sensible, bavard, effronté, obstiné et surtout… D'une générosité hors pair. Oui, tous ceux qui le connaissent bien savent à quel point mon fils est extraordinaire. Il fait de chacun de nous un être meilleur, nous prouvant que, même dans les moments les plus sombres, il subsiste de l'espoir. Avoir la chance d'être son père est l'une des choses les plus belles au monde, même quand il parle un peu trop… Beaucoup trop. Fiston, l'homme que tu es, que tu as toujours été, ne peut me rendre plus fier. Et te voir aussi heureux aux côtés de Derek me réchauffe le cœur chaque jour. Je t'aime, merci d'être qui tu es.

La voix de Noah habituellement calme et posée débordait d'émotions. Une larme coulait le long de sa joue. Stiles renifla, sortit de sa poche un mouchoir qu'il passa sur ses yeux humides. Il ne s'attendait pas à une si grande démonstration d'affection de la part de son père. Bien sûr, il ne doutait pas de ses sentiments, toutefois, l'entendre le touchait plus qu'il ne l'aurait cru.

– Derek, reprit le shérif après un court moment de pause. J'ai été très dur avec toi au début de votre relation, pas parce que je ne t'appréciais pas mais parce que j'étais inquiet pour mon fils… J'avais peur que tu ne sois pas sincère avec lui, que tu profites de sa naïveté et que son sourire se ternisse… Je… Ne me suis jamais autant trompé de toute ma vie. Stiles l'a vu bien avant moi, comme souvent, tu as le cœur sur la main. Tu n'hésites pas à tout sacrifier pour les gens que tu aimes, même si ça te fait souffrir. Cette bonté que tu tentes de cacher est ce qui fait de toi un homme exceptionnel. Quand je te vois regarder mon fils avec autant de douceur et de tendresse, je ne peux être qu’un père comblé. Je suis vraiment honoré que tu fasses bientôt partie de notre famille. On n'est pas des plus reposants mais bienvenue chez les Stilinski.

Derek hocha la tête, comme à son habitude, il gardait son masque stoïque. Seul Stiles voyait l'effet des mots de son père. Un subtil pincement de lèvre et sa main droite qui se serra pour ne pas dévoiler qu'au fond, il était plus qu'ému. Alors, pour le soutenir, Stiles glissa sa main contre celle de son compagnon. En retour, les doigts de Derek s'entremêlèrent aux siens, remerciements silencieux.

– Bon, je me suis légèrement emballé, veuillez m'excuser, ricana le shérif. Il semblerait que nos deux amoureux aient des choses à dire également. Stiles et Derek, je vous laisse vous lever. Stiles, si tu veux bien commencer à nous partager tes vœux.

Le concerné acquiesça et se retourna pour la première fois vers ses invités. Stan, Scott, Mélissa au premier rang étaient accompagnés de Deaton, Malia et Gareth, les deux témoins de Derek. Derrière, se divisant en plusieurs groupes, tous les membres de la meute ainsi que quelques têtes connues les regardaient attendris. Heureuse surprise, tout au fond, sur une chaise en retrait, Peter les honorait de sa présence. Nathan aussi était là, sur les genoux de sa mère. Ses yeux, rivés sur Stiles, brillaient de mille feux et son sourire resplendissant embellissait le paysage. Évidemment, toutes personnes conviées connaissaient le secret surnaturel qui enveloppait la meute. Le jeune homme inspira profondément, sortit un papier de sa poche avant de se lancer, la voix tremblante :

– Merci p'pa. Déjà bonjour à tous ceux que je n'ai pas pu voir. Hum… Rassurez-vous, pour éviter de trop me perdre, je les ai écrit. Je t'ai vu soupirer Liam ! Tu…

– Stiles !

– Ah oui, encore merci p'pa. Hum donc je disais… Derek, tu vas rire mais je ne trouve pas les mots pour exprimer tout ce que je ressens en ce jour. Enfin, j'en ai plusieurs qui me viennent en tête seulement, ils ne sont pas assez forts… J'espère tout de même toucher ton cœur… Derek, mon amour, mon Sourwolf. Tu es l'évidence, celui qui m'a montré qu'être qui j'étais n'était pas un fardeau, celui qui me permet de voir la beauté de ce monde. À travers tes yeux, j'ai découvert ce qu'aimer signifie réellement. Te faire une liste de ce que j'aime chez toi serait beaucoup trop long… Tu es toi et je crois que c'est largement suffisant, tous ceux qui te connaissent réellement me comprendront. Et puis ce n'est pas tout, grâce à toi j'ai la chance d'avoir rencontré Nathan. Ce petit garçon merveilleux qui fait de nous une famille, certes assez particulière… Mais que j'aime tellement.
Ici, devant nos proches, je fais le vœu d'être près de toi, dans les meilleurs et les pires moments. Quand l'avenir nous paraîtra sombre et sans issue, je serai toujours là pour te tenir la main. Pour que tu n'oublies jamais quelle personne forte, courageuse, aimante, tendre et passionnée tu es. Je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle, et même après, je sais que l'on se retrouvera…

Derek ne l'avait pas quitté du regard depuis le début de son monologue. Il serra les mâchoires et déglutit difficilement. Une seule et unique larme glissa du bord de son œil à la naissance de sa barbe. Stiles ne pensait pas autant l'émouvoir. Le Sourwolf insensible pleurait en public pour lui. Il s'agissait d'une preuve d'amour bien plus puissante que n'importe quelle déclaration. Derrière, les applaudissements résonnaient, cependant, Stiles n'entendait que le « moi aussi » à peine susurré de son fiancé.

– Merci Stiles, c'était magnifique, intervint Noah. Derek tu veux prendre la parole ?

– Oui, je, je… bredouilla-t-il en secouant la tête afin de retrouver ses esprits. Tu sais bien bien que je ne suis pas très doué pour parler, ça, c'est plus ton aptitude à toi. Stiles Stilinski, depuis le jour où tu as touché ma cicatrice, je ne peux pas m'arrêter de penser à toi, à ton sourire, à tes yeux brillants, à cette mine sûre de toi quand tu trouves la solution à un problème, à tes cheveux ébouriffés… Je ne peux plus m'en passer, je veux être celui qui t'écoute et te réconforte, celui sur qui tu peux t'appuyer sans crainte… Cette flamme qui brûle en moi ne s'éteindra jamais parce que c'est toi qui l'a allumée alors, t'épouser aujourd'hui me comble de bonheur. Lions notre futur ensemble, pour toujours.

Ce discours ressemblait au lycan, simple mais étonnamment émouvant. La chaleur reprit ses droits sur le visage pâle de Stiles, son sourire paraissait presque aussi grand que le soleil. Il posa délicatement sa main sur la joue de Derek puis, les yeux pleins de tendresse, répondit :

– Et tu dis que tu n'es pas doué pour parler… C'était parfait.

Derek ferma les yeux pour frotter sa barbe contre la paume de Stiles. Il semblait satisfait de son effet, à raison. Beaucoup de leurs invités avaient poussé un sifflement d’admiration, comprenant enfin que le garagiste n'était pas aussi froid qu'il voulait bien le faire croire.

– Woah ! C'est bien plus que peut recevoir mon vieux cœur de père, reprit le shérif en rigolant. Je suis si heureux pour vous, nous le sommes tous. Et je suis sûr que Chris aussi, de là où il nous regarde… Soyez fiers de vous, quoi qu'il advienne.

– Merci p'pa.

– Bien, maintenant passons aux choses sérieuses. Scott, Malia, vous avez quelque chose qui appartient à nos deux héros du jour.

Les deux témoins échangèrent un coup d'œil furtif avant de se lever, chacun portant un petit écrin qu'ils ouvrirent devant les mariés. Ils contenaient les bagues à l'allure minimaliste en or blanc. Les deux hommes les saisirent avant de se faire à nouveau face. Sous la voix solennelle de Noah qui les invitait à échanger leurs alliances, la main tremblante de Stiles glissa l'anneau argenté sur l'annulaire de Derek. Il releva ensuite la tête pour connecter leurs regards. Sans attendre, les doigts chauds et habiles du lycan répétèrent les mêmes gestes. Puis, avec délicatesse, Derek avança son front afin de le coller à celui de Stiles. Ainsi positionnés, le temps s'arrêta quelques secondes leur permettant de profiter de ce moment. Ils ne s'éloignèrent pas quand les paroles du shérif s'élevèrent.

– Mieczyslaw Stilinski veux-tu prendre pour époux Derek Sales Hale, ici présent ?

– Oui, je le veux.

– Surprenant ! Et toi, Derek Sales Hale, veux-tu prendre pour époux Mieczyslaw Stilinski, ici présent ?

– Oui je le veux.

– Par les pouvoirs qui me sont conférés par l'État du Massachusetts, je vous déclare, enfin,  officiellement unis par les liens sacrés du mariage.

Un bruit assourdissant de paumes claquant les unes contre les autres suivi de félicitations criées s'abattit sur les épaules des deux hommes. Ils fermèrent les yeux, le coin des lèvres relevés. Ils l'avaient fait, ils s'étaient mariés. Ils s'étaient juré fidélité et amour jusqu'au restant de leurs jours, qu'ils espéraient encore nombreux. Ils portaient dorénavant le nom de Hale-Stilinski. Ils saluèrent leurs proches d'un signe de la main tandis que Deaton s’avança à leur niveau. Il restait une dernière étape avant de profiter de leurs invités. Si administrativement le mariage était prononcé, lier deux âmes relevait du pouvoir druidique. Aussi, l'émissaire s'apprêtait à remplir ce rôle. Malgré l'explication précise de ce dernier quant au déroulé de la cérémonie, Stiles n'était pas serein. Le surnaturel faisait partie intégrante de sa vie depuis la morsure de Scott, mais cela ne lui réussissait pas toujours, voire pas du tout. Heureusement, Derek, qui ne lui lâchait pas la main, affichait une mine décontractée presque désinvolte. Ce stoïcisme plaisait à Stiles, tant que son mari contrôlait ses émotions, il était en sécurité. Et avoir à ses côtés Derek Hale-Stilinski rassurerait l'âme la plus torturée, du moins, c'était ce que pensait le jeune homme.

– Je vous embête encore un peu, dit l'émissaire calmement.

Il ne parlait pas fort, toutefois, toutes les oreilles l'écoutaient avec attention. Le charisme de Deaton n'était plus à prouver, néanmoins c'était toujours amusant d'en être témoin. Dans un silence presque religieux, le druide posa sa main sur celles scellées des deux hommes.

– Derek, Stiles, par cette union, nous nous apprêtons à approfondir votre relation. Comme je vous l'ai déjà annoncé, ce rituel permet d'unir deux êtres vivants ensemble. Bien plus que le mariage que l'on connaît tous, vous partagerez énormément avec la personne de votre choix. Ses angoisses, ses peines, les dangers qu'elle traversera mais aussi ses joies et sa force. Deux cœurs qui battent à l'unisson sont plus forts qu'un seul pour affronter les différentes épreuves de la vie. Vous pouvez à tout moment rompre ce pacte mais attention, il est impossible de le réaliser une seconde fois. Est-ce que cela vous convient ?

– Oui ! lancèrent les deux hommes à l'unisson après s'être accordé d’un regard.

– Je pense aussi que vous êtes prêts, sourit le druide.

Il déboucha une de ses fioles pour en sortir un ruban vert parsemé de petits points bleus qui brillaient au soleil tel de l’aigue-marine.

– Cette cordelette a été créée à base d'olivier et de myosotis symbolisant l'amour éternel.

Tout en expliquant les origines de cette cérémonie, il enroula le cordon autour des poignets de Derek et Stiles. Ces derniers, impressionnés par la dextérité du druide laissaient glisser leurs yeux sur les nœuds qui se formaient à une vitesse prodigieuse. La bande semblait s'allonger au fur et à mesure, laissant suffisamment de longueur aux deux extrémités pour se rejoindre. Si bien qu'après quelques instants, elles fusionnèrent l'une à l'autre dans un éclat d'un blanc immaculé. Une vague de chaleur se répandit dans le corps de Stiles qui, instinctivement, chercha le regard de son mari. Seulement, là où il s'attendait à croiser des iris gris, scintillèrent deux cercles écarlates que seul un alpha pouvait revêtir. Hypnotisé, il était incapable de s'en échapper. Pour les avoir vu un nombre incalculable de fois, il les connaissait par cœur et pourtant là, il les re-découvrait sous un autre angle. Plus sauvages et plus intenses qu'auparavant, heureusement ils n'en restaient pas moins doux et bienveillants. Enfin, le rouge céda sa place à une couleur plus humaine, où ne subsistait plus qu'un reliquat de peur sous couvert d'une pointe d'assurance presque arrogante. Stiles sourit en coin, il était persuadé d'avoir aperçu l'âme de Derek dans son ensemble, que ce soit le loup ou l'humain.

– Voilà qui est fait ! s'exclama joyeusement Deaton en reprenant son ruban. Fêtons votre nouvelle union comme il se doit !

– Merci doc’ !

Après ces cérémonies, les deux maris se divisèrent pour recevoir les vœux des invités. Accolades, larmes et félicitations se succédèrent. Stiles, à cause de son état émotionnel et de son hyperactivité, se détachait de chaque conversation qui s'offrait à lui. Il ne lui en restait qu'une vague sensation de joie. Sauf lorsque Nathan vint le serrer dans ses bras, son odeur sucrée et son regard clair attirèrent toute l'attention du jeune homme. Il le fit sauter sur ses épaules plusieurs fois, déclenchant des éclats de rire innocents. Du fait de son jeune âge, le petit garçon ne comprenait pas vraiment ce qui s'était joué sous ses yeux. Mais, ses deux papas paraissaient heureux et il s'agissait là de la seule chose qui comptait pour lui.

Ainsi, l'après-midi fila doucement, sous le bruit des flûtes de champagne qui s'entrechoquaient et des discussions légères. Quand le soleil commença à décliner, Stiles chercha un peu de tranquillité. Son énergie diminuait à vue d'œil et ses joues le tiraillaient à force de se montrer souriant. Il s'assit sur la marche de la porte arrière de la maison, à l'opposé de l'ambiance festive. Il bascula la tête en arrière, les yeux fermés, heureux d'être passé inaperçu dans sa fuite. Il ne savoura ce silence que quelques instants, jusqu'à ce que des bruits de pas ne le ramènent à la réalité.

– C'est là que tu te cachais !

– Comment m'as-tu trouvé ? répondit Stiles sans ouvrir ses paupières.

– Je suis peut-être un p'tit génie moi aussi, ricana Stan en prenant place à ses côtés.

– Depuis le temps que je te le dis…

– C'est un mariage simple et beau, comme vous deux.

– Merci.

– ... Tu dois le savoir, l'agent McCall revient bientôt, il est en rémission. Je lui ai dit de se reposer encore un peu, mais il est pratiquement aussi têtu que son fils…

– Oui j'ai eu vent de la bonne nouvelle !

– Mmh, je ne vais pas tourner autour du pot, le bureau du FBI de Beacon Hills est là seulement pour les affaires non élucidées, étranges… Bref surnaturelles. J'ai encore du mal à croire ce que je dis… Enfin, peu de gens sont véritablement au courant de ce qui se passe ici. On manque cruellement de gars… Stiles, on a besoin de toi. Le salaire est le double du tiens, véhicule de fonction, plus de liberté et possibilité de monter en grade assez vite. Le seul « hic » c'est qu'on peut être appelé à se déplacer ailleurs.

– Tu n'as pas besoin de faire ça tu sais… Je vais bi…

– Ce n'est pas l'ami qui te parle mais un agent qui connaît tes capacités mentales et physiques. Tu es l'un des meilleurs que j'ai eu la chance de côtoyer… Tu n'es pas obligé de me répondre aujourd'hui, prends ton temps. Réfléchis, pèse le pour et le contre. Et surtout, fais comme tu l'as toujours fait, suis ton cœur… Bon, je vais te laisser. Encore bravo p'tit génie. Derek et toi, vous êtes faits l'un pour l'autre et c'est que du bonheur de vous voir ensemble.

Stan se leva, tapota sur son pantalon et s'apprêta à s'éloigner lorsque Stiles le rattrapa par la manche. Ce dernier écarta ses bras pour l'enlacer, incapable d'exprimer sa gratitude autrement. Stan lui rendit le geste affectif en reniflant du nez, lui aussi devait être ému. Un raclement de gorge les sépara. Derek, les bras croisés et la mine sombre, les observait.

– Haha, me tue pas ! s'empressa d'ajouter l'agent du FBI. C'était un câlin purement amical ! Mon cœur appartient à quelqu'un d'autre.

Le lycan leva un sourcil, expression qui créait toujours son petit effet, même lorsqu'on le connaissait bien. Stiles pouffa de rire et l'ambiance se détendit. Stan passa près de Derek en lui offrant un clin d'œil amusé avant de rejoindre les autres. Les yeux au ciel, Derek soupira exaspéré. Puis, il s'avança vers son mari.

– C'est long, râla-t-il en posant sa tête sur l'épaule de Stiles. On est marié mais on n'a pas eu une minute à nous.

– Oui, je suis désolé que ça ne te plaise pas.

– C'est pas ça… J'ai juste… Je veux qu'on soit tous les deux.

Un sourire un coin, Stiles se demanda comment on pouvait être aussi mignon avec une apparence aussi froide. Il leva la main et caressa les doux cheveux noir du lycan qui enroula ses bras autour de ses hanches fines.

– Je t'aime, murmura le jeune homme.

– Moi aussi…

Après un silence tendre et reposant, l'absence des mariés se fit remarquer. Derek grogna en se redressant légèrement.

– T'as entendu ? demanda-t-il nonchalamment.

– On est les stars de la journée ! C'est normal qu'on soit autant sollicités.

– Quitte à être des « stars », monsieur Hale-Stilinski, voulez-vous m'accorder la prochaine danse ?

Cette phrase prononcée du bout des lèvres et cette main tendue semblaient trop belles pour être vraies et pourtant, Derek se tenait bien là, à attendre une réponse de son compagnon. Stiles se dépêcha de placer ses doigts dans l'immense paume devant lui, peut-être de peur qu'elle ne s'échappe. Heureusement, ce ne fut pas le cas et, pris par une allégresse soudaine, les deux hommes coururent rejoindre les autres. Derek s'arrêta sous un toit de guirlande qu'ils avaient accrochés la veille en prévision de la soirée dansante. Il glissa sa main gauche au creux des reins de Stiles tandis que la droite se scellait à la sienne. Une douce musique romantique s'éleva et les mariés débutèrent les premiers pas de leur slow. Entre la lumière tamisée et la douceur du son, Stiles sentit sa tête lui tourner de bonheur, même dans ses rêveries, il n'atteignait jamais cette sensation de bien-être. Il risqua furtivement un regard vers les yeux de Derek qui le fixait avec une douceur infinie. Un sourire habilla alors le visage du jeune homme, il posa sa tête contre le torse puissant du lycan. Ainsi installé, il entendit ses battements cardiaques calmes et réguliers. Envoûté, les paupières closes, il se laissa guider en abandonnant tout contrôle. Fait rarissime rendu possible qu'en cas de confiance absolue et Derek le lui permettait. Trois minutes vingt-six, c'était le temps de la chanson. Trois minutes vingt-six qui leur parut à la fois courtes, parce qu'ils ne voulaient pas que leur bulle de tendresse éclate, et longues, car de souvenirs, jamais ils n'avaient partagé d'instant plus intense lors d'une simple danse. Lorsque, malheureusement, ces quelques minutes arrivèrent à leur fin, des applaudissements relayèrent la chanson passionnée. Comme réveillés d'une transe bien trop plaisante, les deux hommes sursautèrent. Ils en avaient oublié les invités, le repas à venir, le mariage. Ils rirent ensemble de leur propre niaiserie et prirent place devant les assiettes garnies.

Respectant leurs désirs de simplicité, aucun autre discours ne fut prononcé. Néanmoins, tous les esprits présents profitèrent de la soirée. Plusieurs fois, Derek esquiva les discussions en se concentrant sur Nathan. Jeux, valse, chatouilles, tout y passait. De loin,  Stiles les observait avec malice, il aimait les voir s'épanouir. Lui, conversait avec son père sur différents sujets, notamment la proposition de Stan. À sa grande surprise, le shérif se réjouit pour lui. Pas qu'il voulait que son fils quitte le bureau, mais, il demeurait convaincu que Stiles était appelé à faire de grandes choses et que le FBI en était la clé. Ça, le jeune homme en doutait grandement cependant, il ne pouvait faire taire son envie de découvrir un nouvel environnement professionnel. Noah, dans toute sa sagesse, lui avait encore apporté des réponses que Stiles peinait à trouver. Ce dernier, conscient de sa chance, exprima tout l'amour qu'il portait à son père par une étreinte.

Plus le temps passait, plus une impatience inconnue grondait dans le cœur du jeune homme. Bien sûr, il souhaitait également s'éloigner de toute cette agitation, seulement, cet agacement lui semblait aussi familier qu'étranger. Il s'y attarda quelques secondes avant de comprendre, ce sentiment ne lui appartenait pas. Il provenait de son mari qui, manifestement, avait épuisé son quota de sociabilité, du moins c'était ce que l'on pouvait déduire de sa mine renfrognée et de ses bras croisés. Si Stiles interprétait plutôt facilement les émotions de Derek, les ressentir était une première. Nul doute que l'origine de ce changement provenait de Deaton. Cette nouvelle connexion ne lui déplaisait pas, au contraire, ils avaient encore franchi une étape ensemble. Il quitta les amis avec qui il se trémoussait sur la piste pour s'approcher discrètement de son compagnon.

– Le repas est terminé, la soirée bat son plein… Tu veux qu'on s'éclipse ? susurra-t-il à son oreille.

– Toi, tu as l'air de t'amuser… marmonna Derek. Je peux rester encore un peu ici tant que toi, tu es heureux.

– Et si je t'assure que je veux partir d'ici avec toi ?

– J'en serais plus que ravi.

Stiles sourit en coin, à lui d'offrir sa main aussitôt saisie par son mari. Ensemble, ils s'excusèrent auprès de leurs proches, personne ne s'était offusqué de leur départ, tous trouvaient déjà exceptionnel qu’ils soient restés aussi longtemps. Derek au volant de la Jeep, ils s'éloignèrent du domicile de Noah. Si les deux hommes avaient choisi ce véhicule comme autel pour leurs cérémonies, ce n'était pas anodin. Il s'agissait d'un hommage lourd de sens, celui de la mère de Stiles. Ainsi, malgré son destin tragique, elle restait auprès d'eux, tel un ange gardien silencieux.

Derek n’emprunta pas la route du loft, il sillonnait à travers la forêt, s'écartant peu à peu de Beacon Hills. Stiles s'étonna devant l'énergie du lycan qui ne montrait aucun signe de fatigue. Lui, en revanche, bailla à s'en décrocher la mâchoire.

– Repose-toi un peu, la nuit est loin d'être terminée, sourit le conducteur de toutes ses dents.

– Ça va aller pour toi ?

– J'attends ce moment depuis plus de trois heures, ne t'inquiète pas.

Le jeune homme déposa son visage contre la vitre et se laissa bercer par les remous de la Jeep. Rapidement, il se perdit dans le royaume des rêves. Il vogua entre les différents moments de la journée, les discours pleins de sincérité, l'échange des vœux, Nathan, la danse et surtout Derek. La personne qui partagerait dorénavant sa vie, il s'extasia de nouveau devant son charisme avant que sa voix douce ne le réveille :

– Stiles, mon amour, on y est.

L'esprit encore embrumé, le jeune homme se gratta les yeux. Dehors, le noir complet de la nuit les entourait, seule la petite lumière au-dessus du pare-brise lui permettait d'apercevoir le visage de son mari. Derek était penché sur lui, sa paume caressa les cheveux ébouriffés de Stiles qui rougissait.

– Désolé d'avoir dormi tout le long…

– Tu étais épuisé, c'est normal. Et puis… Deaton nous avait prévenu. Normalement le rituel est réservé aux personnes comme… Moi. À cause de notre « différence », ça a été plus éprouvant pour toi. Je suis désolé.

– Ne t'excuse pas, c'était une décision réfléchie.

Le lycan expira en souriant, effleura du bout de son nez celui de Stiles et ils s'embrassèrent chastement. Tous deux pressés de se blottir l'un contre l'autre, ils descendirent du véhicule. Derek empoigna un sac de voyage déposé par ses soins la veille puis il se dirigèrent vers la maison. Ou plutôt le chalet. Après différentes tentatives ratées, ils prenaient leur revanche. Il s'agissait de celui que Stiles avait déjà réservé à deux reprises et qu'à cause de complications, ils n'avaient jamais pu s'y rendre. Obstinés comme ils l'étaient, cette envie s'était offerte à eux. Aujourd'hui, ils mettaient un point final à cette histoire sordide, aujourd'hui, ils avançaient vers un futur plus radieux.

Les clés les attendaient à l'arrière sous un pot de fleurs. Astuce connue mais qui faisait ses preuves. L'intérieur respectait à la lettre la description du site. La bâtisse ne faisait pas plus de cinquante mètres carrés, le lit en mezzanine surplombait le salon, donnant lui-même sur la cuisine et la salle de bain. Une cheminée imposante chauffait l'intégralité des pièces. Assez épuré, pour le plus grand plaisir du lycan. Ce dernier déposa le bagage sur une chaise en chantonnant, le voir aussi insouciant relevait du miracle. Peut-être celui de leur mariage ou simplement des jours à venir loin de tout. Stiles resta penaud devant ce spectacle si particulier, il ne reprit conscience que quand Derek se débarrassa de ses chaussures. Le lycan n'appréciait pas spécialement en porter, il préférait sentir le sol sous ses pieds nus. Il portait donc un costard avec une cravate détendue, les premiers boutons ouverts, les cheveux décoiffés et sa voûte plantaire à même le parquet. Lorsqu'il passa ses doigts à travers les mèches noires de sa chevelure, le cœur de Stiles rata un battement. À travers son regard transi d'admiration, cette vision s'apparentait à celle d'un magazine de mode. S'il pouvait tomber encore un peu plus amoureux de Derek, ce serait chose faite.

– Heureusement que tu as prévenu la propriétaire qu'on arriverait très tard, le feu est encore allumé, remarqua le lycan en enlevant sa veste.

Stiles, encore perdu dans ses pensées, répondit par un « mmh » avant de détendre à son tour son nœud papillon et de laisser ses chaussures à l'entrée. Il tapota sur son téléphone pour rassurer son père puis, il lança une application avec un cœur violet sur fond noir. Aussitôt, une musique remplaça le calme ambiant. Leur musique. Stiles se rapprocha de Derek, saisit délicatement sa hanche et sa main. Ainsi, il cherchait à recréer ce moment magique où il n'existait plus que l'un pour l'autre. Le lycan se prit immédiatement au jeu, une expression affectueuse au visage. Cette fois-ci, Stiles soutenait le regard intense de son mari, laissant sa tendresse resurgir.

Malheureusement, au milieu du morceau, quand la voix douce de la chanteuse entamait le refrain, son pied gauche se coinça sous le tapis exposé devant la cheminée. Il bascula sur le côté, les paumes en avant. Cela devait se produire, il salua sa chance, sa maladresse aurait pu s'exprimer bien avant. Il eut à peine le temps d'apercevoir le sol se rapprocher que la main puissante de Derek le retint et le ramena près de lui. Après une seconde de confusion, ce dernier rigola, à mi chemin entre moquerie et soulagement. Gêné, le jeune homme baissa la tête en se flagellant intérieurement. Lui qui voulait se montrer entreprenant et séducteur, se retrouva, une fois de plus, secouru.

– Je ne sais pas ce qui est le plus mignon, tes étourderies ou ta mine boudeuse juste après… Quoi qu'il en soit, ça me donne terriblement envie de t'embrasser.

– Pff… Je… Tu… N'importe quoi !

– Je quoi ?

La voix du lycan, plus profonde que jamais, résonna dans le corps de Stiles qui releva immédiatement la tête vers lui. La lèvre inférieure pincée par ses dents et les joues légèrement rosées de Derek l'hypnotisaient. Il avait déjà oublié la question, animé par un désir brûlant qui commençait à croître dans son bas ventre.

– Tss, soupira Derek. C'est usant tu sais ?

– De quoi ?

– À chaque fois, tu arrives à être de plus en plus sexy… Surtout, ne t'arrête jamais de me regarder avec ces yeux là.

Délicatement, le lycan passa son pouce au coin des paupières de Stiles qui frémit à son contact. Sa peau lui parut soudainement chaude, un frisson courut le long de sa colonne vertébrale. Il remarqua un sourire fugace habiller le visage de son compagnon avant de se rendre compte que la musique de fond s'était stoppée. Elle laissait sa place aux doux crépitements de la cheminée. Stiles aimait ce son, il rendait la pièce tout de suite plus chaleureuse.

– Ça te dit qu'on reste un peu devant le feu ? demanda-t-il dans un souffle.

– Tout ce que tu veux.

– Tu sais que je t'aime hein, mon Sourwolf ?

– Je ne me lasserais jamais de l'entendre… Moi aussi mon amour.

Ils s'assirent, Stiles en avant et Derek en arrière, l'entourant de ses bras câlins. Ils ressentaient le besoin de se poser l'un contre l'autre, le besoin de se consacrer qu'à eux, qu'à leur couple. Devant les mouvements lents et anarchiques des flammes, un vent de nostalgie les transporta. D'abord dans ce jardin où un appel inattendu les avait rapprochés. À cette soirée pleine de surprise brouillant leurs sentiments. À cette dispute qui cachait bien plus que de la colère. À ce petit surnom que Stiles prononça ce soir encore : « mon petit Derek » dans un murmure inaudible. À cet hôpital qui avait vu leur amour éclore. À ce secret qu'ils gardaient jalousement de peur d'être considérés comme des parias. À cette nuit atroce où Chris les avait quittés pour toujours et où Derek s'était volatilisé. À leurs retrouvailles passionnées. À leurs efforts conjoints pour surmonter le poids de la différence. À ce petit être innocent qu'ils apprenaient à connaître. À cet éloignement qu'ils avaient créé malgré eux. À cette rupture plus douloureuse que n'importe quelle souffrance physique. À cet instant où ils avaient baissé les bras. À cet espoir qui les avait finalement réunis. À ce désir inébranlable de vivre cet amour ensemble. À leur histoire qui n'attendait qu'une seule chose : continuer de s'écrire.

Ils étaient passés par tellement d'épreuves, des joies et des peines aussi qu'ils pensaient insurmontables et pourtant, aujourd'hui, ils étaient encore debout, plus heureux que jamais. Alors, s'ils devaient recommencer, peut-être qu'ils changeraient certains événements comme le décès de leur ami mais ils ne gommeraient pas leurs erreurs parce que, tout simplement, c'était eux. Ainsi, ils espéraient enfin partager un avenir radieux, rempli de haut et de bas qu'ils surmonteraient toujours, main dans la main.

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Bonsoir,

Voici le dernier "vrai" chapitre de ce Sterek. Il y aura un épilogue avec un petit 🍋. En attendant, je tenais à vous remercier de votre lecture. Cette histoire me tiens particulièrement à cœur parce que j'ai énormément appris et évolué à leur côté.

Je vous souhaite le meilleur du monde.

Prenez soin de vous,

Lala. 💜

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