Chapitre 44
Le soleil s'était couché depuis plusieurs heures. Après toutes les émotions de la journée, Stiles s'était terré chez lui, dans les bras de son compagnon. Ils discutaient de tout ce qui leur passait par la tête, cet échange léger semblait se figer dans le temps. Comme si rien ne s'était produit, comme s'ils ne s'étaient jamais séparés, comme si Stiles n'avait pas vu la mort. Ce petit instant presque enfantin sonnait comme une délivrance, même Derek se prêtait au jeu. Il divaguait, s'amusait, riait. Ils n'étaient libres de se relâcher totalement qu'ensemble. D'ailleurs, ils s'étaient enfermés dans leur chambre, les murs se dressant tels des remparts face aux dangers venant de l’extérieur. Après une remarque sarcastique de Stiles et une tendre vengeance remplissant la pièce d’un fou rire contagieux, ils reprirent leur position. Le visage de Stiles sur l’épaule du lycan qui passait son bras autour de ses hanches. Ils restèrent ainsi silencieux de longues minutes.
– Je dois te parler, murmurèrent-ils en même temps.
– Vas-y, commence, sourit Derek.
– Je vais sûrement parler de Jess à Stan, il pourrait l’aider. Tu en penses quoi ?
– Même si je m’y opposais, tu le ferais quand même hein ? Mais… Je suis d’accord avec toi. De ce que tu m’as raconté, elle a besoin de se sentir guidée.
– Je trouve qu’ils se ressemblent dans un sens… Et ça lui ferait du bien à lui aussi.
– Je ne le connais pas assez et ça a toujours été assez… Tendu entre nous. Tout ce que je peux dire c’est que je te fais entièrement confiance.
– Merci mon petit Derek, susurra-t-il avant de lui embrasser la joue. Et toi ? Tu voulais me dire quoi ?
– Pour le mariage… Je réfléchissais et peut-être que… Enfin je ne sais pas trop si tu vas aimer.
– Tu ne veux pas l’annuler hein ?
– Mais non ! Arrête de te mettre ces idées dans la tête.
– Je ne vois pas de quoi tu parles.
– C’est juste que je n’ai pas envie d’attendre pour te présenter comme monsieur Hale-Stilinski alors je me demandais si ça t’irait qu’on fasse une petite cérémonie dans les mois à venir. Tu as l’air si excité quand tu m’en parles, je n’ai pas envie de te décevoir.
Le cœur du lycan battait puissamment, il devait angoissé de se livrer autant. Stiles trouvait cette réaction adorable. Bien évidemment, il s’était éparpillé mais son hyperactivité ne l'aidait pas à réfléchir calmement et Derek n’avait pas encore exprimé ses volontés. Aussi, il était plutôt heureux d’entendre ce qu’il avait en tête.
– Ah lala… Et moi qui voulait un château, des sculptures de glace, des colombes, au moins cent cinquante invités, toi qui arrive sur un cheval blanc… Enfin, je vais me contenter d'autre chose puisqu'il le faut…
– Je suis curieux de connaître tes cent cinquante invités.
– Vraiment ? Alors. Mon père, Mélissa, Malia, Scott, Kira, June, Isaac…
– Stop ! gémit Derek, les paumes sur les oreilles. Je rends les armes, la torture est trop grande.
– Vainqueur du joueur américain Stiles Stilinski par K.O. ! Plus sérieusement, je ne veux pas grand monde non plus, juste les plus proches. Je crois qu’on a tous besoin d’un temps de pause.
– Tu sais que je t’aime Stiles Stilinski ?
– Je me lasserai jamais de l’entendre !
– En général, on répond « moi aussi ».
– Mmh, je ne sais pas, tu as été sage ?
– Je n'ai pas encore tué tes anciens collègues.
– C'est vrai…
– Alors ?
– On dirait un enfant qui attend une récompense, ricana le jeune homme. C'est mignon. Je t'aime aussi Derek.
Les deux amants s'embrassèrent tendrement, pressés d'être liés pour l'éternité. Ils exprimèrent ensuite leur amour par des soupirs étouffés qui remplissaient le silence nocturne. Ils restèrent enfermés chez eux quelques jours, alternant entre repas et moments intimes. Ils appelaient cela leur « temps de récupération ». Évidemment, Stiles n'était pas exempt des effets néfastes de ses traumatismes. Réveils nocturnes, angoisses, cauchemars. Heureusement, Derek le soutenait toujours avec douceur et sa psychiatre répondait rapidement. Il se sentait bien entouré et ça le soulageait vraiment. Si bien que, malgré tout, il constatait déjà une amélioration aussi minime soit-elle. Hélas, les jours défilaient plus rapidement que prévu et leur petite bulle de tendresse prenait déjà fin.
Ce matin-là, Stiles était fatigué, pas à cause de ses rêves agités mais par appréhension. En effet, aujourd'hui, Noah devait rencontrer Nathan. Le jeune homme ne doutait pas de la future complicité entre eux, néanmoins, il conservait une petite pointe d'inquiétude, un « et si » qui ne voulait pas déserter son esprit. Derek lui, ne semblait pas non plus être au mieux de sa forme. Il fixait le plafond devant lui, muet. Stiles posa son menton sur son épaule, entourant le torse robuste de son fiancé avec son bras.
– Ça va ? demanda-t-il doucement.
– Hum. Et toi ?
– Pareil.
– Tu crois que ça se passera bien ?
– Mon père adore les enfants et c'est de Nath’ dont on parle. Qui ne craquerait pas devant ses grands yeux gris ?
– Personne, à moins d'être totalement insensible. Notre fils est le plus merveilleux de tous, même avec son caractère bien trempé.
– Exactement… Donc ça sera forcément une réussite.
– Je l'espère… J'apprécie vraiment Noah.
– Je sais. Et lui aussi.
Pour se rassurer et se donner du courage, ils scellèrent leurs lèvres avant de se lever. Ils prirent un petit déjeuner, une douche et s’habillèrent en discutant des événements à venir. Les deux fiancés s'étaient accordés pour accueillir tout le monde ici, au loft. Braeden ne voulant pas déranger lors de cette réunion de famille, leur laisserait Nathan jusqu'au lendemain. Une sorte de test pour plus tard, si jamais leur fils demanderait après eux.
Stiles avait changé trois fois de tenue sous le regard amoureux de Derek, appuyé contre la porte, les bras croisés. Finalement, il opta pour une chemise légèrement trop grande, sûrement à cause du poids perdu. Néanmoins, elle était assez cintrée pour suivre la finesse de sa taille. Il agrémenta son haut d'un jean bleu et d'une ceinture marron. Bien évidemment, après s'être autant agité, ses mèches rebelles avaient repris leur droit, venant envahir anarchiquement son front. Il soupira, passa vainement une main dans ses cheveux avant de murmurer :
– Je vais les couper, ça devient n'importe quoi.
Le lycan pouffa de rire, s'approcha et retourna délicatement Stiles pour lui faire face. Les yeux remplis d'une lueur tendre, Derek emprisonna un épis entre ses doigts en gratifiant son compagnon d'un sourire charmeur.
– Tu es beau quoi que tu fasses, Stiles, susurra-t-il d'une voix grave. Mais je les aime bien tes cheveux ébouriffés moi.
– Bon je leur laisse encore une chance alors, bougonna le jeune homme au visage pourpre.
– Stiles, mon amour, regarde-moi.
Le cœur battant à tout rompre, Stiles s'exécuta. Ses iris noisette se perdirent un instant dans ceux profonds et clairs de son fiancé. Il aimait tellement la douceur qu'il y lisait, il voulait en être témoin jusqu'à la fin de ses jours.
– Quand tu me regardes comme ça, j'ai dû mal à résister, reprit le lycan dans un soupir.
Tous deux fermèrent les yeux, laissant leurs front s'appuyer l'un contre l'autre. Les respirations d'abord haletantes se calmèrent petit à petit. Après avoir repris contenance, Derek caressa la joue de son amant avec sa paume. Le contact chaud apaisa l'agitation de Stiles, seul Derek arrivait à modérer son hyperactivité.
– Merci, sourit le jeune homme. Je m'étais légèrement éparpillé.
– Oh ne t'inquiète pas, on rangera la chambre plus tard.
D'un coup d'œil, Stiles analysa l'ampleur des dégâts : pantalons et t-shirts jonchaient le sol, quelques rares chemises avaient réussi à atteindre le lit. Choqué de son propre désordre, le jeune homme grimaça avant d'exploser de rire, suivi par Derek.
– Merde… Pardon, je vais le faire. Tu n'as qu'à préparer le repas, j'arrive !
– À vos ordres.
– Pff t'es bête.
Derek quitta la pièce tandis que Stiles se dépatouillait avec ses affaires. Désabusé, il râla contre son hyperactivité jusqu'à ce qu'il tombe sur son uniforme de travail. Il caressa du bout des doigts le tissu beige et son insigne avec une pointe de nostalgie. Ça lui manquait, les énigmes à résoudre, les dossiers à boucler, il avait besoin de cette adrénaline, de se sentir utile. Bientôt il pourrait reprendre sa place, même si cela sous-entendait rester le fils du shérif à vie. Il ferma les armoires et descendit rejoindre son compagnon.
– C'est terminé ! annonça-t-il joyeusement. Je peux t'aider !
– Parfait, j'ai besoin de toi. Tu peux t'occuper des oignons et du piment pendant que je prépare la viande ?
– Avec plaisir ! Tu sais que des burgers auraient suffit à satisfaire mon père ?
– Oui.
– Mais tu veux l'impressionner ?
– Mmh.
Derek, les joues rosies, se concentra de nouveau sur sa tâche. Cette gêne manifeste était un délice pour le jeune homme qui, gonflé de bonheur, s'appliqua à aider son amant. Un silence perturbé par les bruits de cuisson les accompagna pendant une demi-heure. Il fut interrompu par la sonnette qui prévenait de l'arrivée d'un convive. Stiles se précipita pour ouvrir la porte.
– Salut fiston. Je ne suis pas en retard ?
– Non t'inquiète p'pa ! Entre.
Le shérif serra son fils contre lui dès le seuil franchi. Étreinte comprise et rendue par Stiles. Noah avait souffert de la situation mais, malgré son inquiétude, leur avait laissé le temps qu'il fallait pour se retrouver. Délicate attention que Stiles appréciait. Le lycan le salua de loin, avec la retenue qui le caractérisait si bien.
– Ça sent bon ici ! s'extasia le shérif.
– C'est Derek qui est au fourneau, il voulait te…
– Hum, l’interrompit le concerné. Tu veux boire quelque chose Noah ?
– Un verre de soda, s'il te plaît.
– Bien.
Le lycan servit un verre de liquide gazeux à la couleur noire avant de retourner devant sa casserole. Stiles savait que l'odeur de cette boisson déplaisait à Derek, normalement, il ne se faisait pas prier pour en faire la remarque. Cependant, cette fois, il dissimula avec brio son dégoût, sous le regard amusé de Stiles. Noah but plusieurs gorgées puis, incapable de rester immobile quand le stress enserrait son cœur, se leva. Hypnotisé par l'odeur alléchante qui se dégageait, il se dirigea vers son futur beau-fils. Ils restèrent un moment muets jusqu'à ce que le shérif le complimenta sur ses talents de cuisinier. Derek lui proposa ensuite de goûter, offre tout de suite acceptée pour le plus grand plaisir de Noah. Du Chili Cone Carne, le lycan s'était appliqué à suivre la recette. La scène touchante se déroulant sous les yeux de Stiles prit fin lorsque la sonnette chanta de nouveau. Tous se raidirent, cela ne pouvait être que Braeden et Nathan. Stiles se dévoua, une fois encore, à souhaiter la bienvenue. Il eut à peine le temps d'ouvrir la porte qu'un petit être lui sauta dessus.
– Papa Stiles !
– Hey p'tit loup. Ça fait longtemps.
– Oui, twop.
– Bonjour Stiles. Tu te sens comment ? Attention Nath’, il a besoin de respirer aussi.
– Salut, mieux merci et toi ?
– Ça va !
– Tu veux boire quelque chose ?
– Non merci, c'est adorable mais je vais y aller. Tiens, c'est son sac avec ses jouets, ses couverts, ses vêtements… Chéri, je reviens demain d'accord ?
– Pwomis ?
– Oui mon cœur. Mais tu vas passer une super journée avec tes papas !
Nathan, le regard humide, câlina une dernière fois sa mère et s'engagea dans le loft. Aussitôt qu'il aperçut son père biologique, le petit garçon courut jusqu'à lui. Derek le souleva aussi facilement qu'une plume et lui embrassa la joue. Nathan le repoussa légèrement en lui signifiant que sa barbe piquait. Faussement vexé, Derek lui chatouilla le ventre sous des éclats de rire cristallins. Quand, enfin, les esprits regagnèrent leur calme, Noah, qui s'était reculé, devint le centre de l'intérêt. Nathan, dans sa grande timidité, se cachait derrière les jambes de Derek.
– Nath’ tu m'écoutes ? demanda doucement Stiles en s'accroupissant à sa hauteur. Je te présente mon papa, il s'appelle Noah.
– Bonjour Nathan, je suis heureux de te rencontrer.
– Bonjouw…
Par crainte, les iris du petit garçon se mirent à scintiller alors qu'il se blottissait encore un peu plus contre son père. Le shérif, d'un calme olympien, lui montra son plus beau sourire bienveillant tandis que ses yeux bleus brillaient d'une lueur presque malicieuse, presque enfantine.
– Stiles m'a beaucoup parlé de toi tu sais ?
– C'est vwai ?
– Oui ! Par exemple, je sais que tu adores les… Pâtes… Mais je te comprends, c'est aussi mon repas préféré !
Noah appuya ses dires par un clin d'œil complice qui eut l'effet escompté : Nathan souriait enfin, dévoilant toutes ses dents. De petites fossettes creusaient ses joues rouges, ce qui le rendait encore plus adorable aux yeux des adultes.
– Tu ressembles beaucoup à ton papa Derek.
– Papa Stiles dit que je suis plus mignon.
– Il a raison, s'esclaffa le shérif. Tu es le petit garçon le plus mignon du monde.
Doucement, Nathan se détacha des jambes de son père, pris sa main et celle de Stiles pour s'approcher de Noah. Au bout de quelques minutes, ils vidèrent le sac de quelques jouets afin de les montrer au shérif qui s'extasiait devant chaque découverte. La peur dépassée, Nathan se transformait en un vrai moulin à paroles, attirant l'attention du shérif dès qu'il le pouvait. Aussi, lorsque l'heure du repas sonna, les jeunes papas s'installèrent aux côtés de leur fils tandis que le plus vieux leur faisait face. Stiles servit les assiettes, dont une spéciale pour Nathan où les piments étaient inexistants.
Ce repas chaleureux se remplissait d'échanges et de rires, ressemblant plus ou moins au tableau que Stiles se faisait d'une famille. Un sentiment de fierté l'envahit soudainement, Nathan au visage écarlate, Derek à la mine boudeuse essayant vainement de le nettoyer, Noah au sourire attendri qui retenait difficilement son amusement. Tout paraissait parfait, presque trop. Devant tant de bonheur, il en avait presque oublié les sujets du jour.
– Nath’, arrête de torturer ton père et laisse-nous t'enlever la sauce, lança-t-il avec autorité.
– C'est wigolo.
– Tututut jeune homme, fais voir ta bouche.
Contraint, Nathan s'exécuta en roulant les yeux vers le plafond. Stiles réprima son fou rire et, muni d'une feuille d'essuie-tout, épongea son visage. Il jeta un coup d'œil à son fiancé qui hocha la tête, comprenant le message silencieux.
– Mon cœur, tu écoutes papa, reprit doucement Derek. Maintenant que tu as rencontré Noah, tu vas le voir plus souvent.
– Twop bien ! J'aime bien Noah.
– Si tu en as envie, tu peux l'appeler papi.
– Papi ?
– Oui, c'est le papa de papa Stiles, donc ton grand-père. C'est une personne de ta famille.
– Ça ne me rajeunit pas tout ça, rit de bon cœur Noah.
– Ça veut diwe que mon papi, c'est le chef des policiers ?
– Oui !
– Woah !
– Et on a quelque chose d'autre à vous annoncer… hésita Stiles.
Il leur expliqua pour le mariage, Noah d'abord dubitatif, se leva pour les féliciter. Les étoiles plein les yeux, le petit garçon ne cachait pas sa fierté. Toutefois, la fatigue le rattrapant, il se gratta les paupières et sa bouche s'ouvrit en grand pour laisser échapper un énorme bâillement. Derek lui proposa d'aller se coucher, hélas, Nathan ne le voyait pas de cet œil. Il refusa d'abord calmement avant de laisser exploser sa colère. Des larmes sillonnaient son visage tandis qu'il plantait ses dents dans le bras de son père. D'une extrême sérénité, ce dernier le dégagea délicatement et lui expliqua que mordre n'était pas la solution et que tout ce qu'il réussirait à faire c'était faire mal aux autres. Bien évidemment ces paroles se perdirent sous le flot de sanglots incontrôlé mais les deux pères nourrissaient l'envie d'une éducation douce. Parfois, fatigués, ils haussaient le ton cependant, ces moments d'égarement restaient rares.
Après de multiples discussions et une promesse de retrouver Noah rapidement, Nathan, sur les épaules de Derek, accepta de se reposer. Stiles raccompagna le shérif à la porte, ils échangèrent une accolade affectueuse et, les pupilles brouillées par des larmes retenues, le vieux Stilinski remercia le plus jeune pour cette entrevue puis, malicieusement, lui souhaita bonne chance. De la chance, Stiles en avait besoin, il s'apprêtait à élever un être vivant, un loup-garou de surcroît. Lui qui avait encore du mal à gérer ses propres émotions, lui qui se battait pour sortir de ses traumatismes récents. L'ironie qui s'en dégageait le fit ricaner doucement, quel piètre exemple pouvait-il offrir à Nathan ? Et pourtant, de son côté, le petit garçon lui donnait une force insoupçonnée qui continuerait de briller jusqu'à la fin.
Perdu dans ses pensées, le jeune homme débarrassa la table et sortit son téléphone. Il composa le numéro de son ami, s'apprêtant à tomber sur le répondeur mais étonnement, Stan décrocha instantanément :
– Allô, Stiles ? Tu vas comment ? Tu te reposes ? Tu manges bien ?
– Woah, je dois répondre à toutes les questions ?
Le rire solaire de son interlocuteur inonda les oreilles de Stiles. C'était doux et réconfortant, rien n'avait changé entre eux malgré les révélations concernant l’existence du monde surnaturel.
– Oui, absolument toutes.
– Alors… Oui c'est bien moi. Ça va. Derek veille sur moi, m'oblige à dormir et à manger convenablement.
– Quel enfer ! Nourris, logé et choyé.
– T'as vu ? Incroyable.
– Rappelle-moi de remercier Derek la prochaine fois.
– Pour ?
– Il prend soin de mon ami… J'étais terrorisé à l'idée que… Tu sais, il m'a tenu au courant régulièrement. Bon, des messages très courts et sûrement parce qu'il voulait me tenir éloigné de toi… Toutefois j'apprécie le geste !
– Oui… C'est Derek. Bourru au début mais si attentionné au final.
– Haha, j'ai compris oui. C'est l'amour fou quoi.
– Oh d'ailleurs… On va se marier.
– QUOI ? Mon p'tit génie grandit si vite… Je suis tellement heureux pour toi.
– Merci, c'est adorable. J'ai demandé à Scott d'être mon témoin…
– Je vois, c'est une bonne idée !
– Tu ne voudrais pas l'aider ?
– Hein ?!
– Ouais, c'est ce que tu penses.
Un petit moment de latence avant que Stan ne réagisse, comme s'il avait du mal à traiter l'information.
– Oh, déclara enfin l'agent du FBI d’une voix fluette. Ça me touche beaucoup… P'tit génie. Avec plaisir.
– Tu… Tu pleures ?
– Non, non, j'ai une allergie.
– Je ne te crois absolument pas.
– Et tu as bien évidemment raison. Mais passons.
– Ah oui… Je dois te parler d'autre chose…
Stiles raconta avec détail sa rencontre avec Jess, son histoire, son mal-être. Stan écouta avec attention, acquiesçant de temps en temps pour montrer son empathie. Il attendit patiemment la fin du récit de Stiles pour prendre la parole. Dans sa façon de s'exprimer, il paraissait ému par ce qu'il venait d'apprendre, néanmoins, il ne se sentait pas apte à aider la jeune fille. En effet, lui venait à peine de découvrir le monde du surnaturel alors comment pouvait-il ne serait-ce que comprendre ce que Jess vivait ? Stiles sourit avec tendresse, Stan n'avait pas tort mais là encore, il se sous-estimait. Alors, le jeune homme lui répondit doucement que Scott et Deaton se portaient évidemment volontaires afin de l'épauler sur ce sujet et que ce qu'il attendait de lui était tout autre. Jess traversait un long tunnel ténébreux où, possiblement, elle se perdrait jusqu'à ce qu'elle se laisse dépérir. Stan, lui, s'en était déjà sorti, donc il était sans aucun doute capable de la guider. Stiles n'en possédait pas la force, lui-même devait trouver sa propre voie. Face à cet argument implacable, l'agent du FBI accepta d'essayer avant de terminer poliment la conversation.
Stiles savait qu'il l'avait convaincu, lorsque Stan « essayait », il réussissait. L'un de ses traits de caractère le plus enviable. C'était donc l'esprit apaisé qu'il rentra délicatement dans sa chambre où Nathan dormait auprès de son père. Il s'allongea face à eux, les observant grâce aux filets de lumière qui traversaient les lames du volet. Derek leva les yeux vers lui et dévoila ses dents par un sourire éclatant.
– Tu ne dors pas ? demanda le jeune homme tout bas.
– Non, je profite… Il ne manquait plus que toi.
– Je suis là maintenant.
Tous deux échangèrent un regard complice avant de porter leur attention sur le petit ange qui se reposait entre eux.
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