Chapitre 41
Derek et Stiles, les estomacs pleins, attendaient leur ami assis côte à côte sur le canapé. Le visage du lycan ne transmettait aucune émotion. Son regard semblait perdu dans les lignes de son livre, cependant, lui qui d'habitude lisait rapidement, bloquait sur sa page depuis plusieurs minutes. Ses yeux glissaient continuellement sur la même ligne, signe qu'il était plus absorbé par ses réflexions internes que sur celles exposées entre ses doigts. Le jeune homme, quant à lui, ne parvenait pas à maintenir sa concentration, alternant entre son téléphone et le monde extérieur. À bout de patience, il se laissa tomber sur sa droite, ainsi, sa joue reposait contre l’épaule de son compagnon.
– Tu sais que c'est plus efficace de tourner les pages quand on lit ? se moqua-t-il.
– Tu sais qu'il vaut mieux se taire quand on a rien à dire ? rétorqua Derek nonchalamment.
– Si tu ne prends pas mes conseils, je peux rien faire pour toi…
– Ce n'est pas tes conseils que j'ai envie de prendre.
– Tu… Hein ?
– Ça va, je rigole, tu peux te détendre, railla le lycan.
– C'est drôle ça, mon petit Derek.
Le concerné posa soudainement son roman sur ses cuisses et planta ses yeux pénétrants dans ceux de Stiles. Gêné, celui-ci déglutit en détournant le visage, son cœur battait si fort qu'il pouvait jaillir de sa poitrine d'une minute à l'autre. Ce n'était pas la proposition indécente qui le perturbait, du moins pas entièrement, mais bel et bien l'intensité du regard gris braqué sur lui. Plus profond que le plus grand des océans, plus confiant que les plus beaux monuments et pourtant, plus doux qu'un chocolat chaud un soir de pluie. Derek et lui vivaient ensemble depuis maintenant plus d'un an, alors, il trouvait ses sentiments exagérés, il n'était plus un adolescent bourré d'hormones. Il aurait dû s'y habituer, on finissait toujours par s'habituer. Cela lui était déjà arrivé avec Lydia, ils ne se regardaient presque plus. Seulement, avec Derek, tout ressemblait à une première fois. Leurs taquineries, leurs baisers, leurs moments intimes, chaque fois que leurs peaux se contactaient, le même courant électrique qu'au début, cette même sensation de bonheur enivrante. Il ne pouvait pas ignorer la chaleur qui l'entourait dès que son compagnon restait près de lui.
– Tu es tout rouge, marmonna Derek à son oreille tandis que sa main ébouriffait la chevelure châtain de Stiles.
– J'ai chaud. Tu n'as pas chaud toi ? Si hein, tu as toujours chaud. Je vais ouvrir la fenêtre, ça fera circuler l'air. Tu veux boire quelque chose ? Moi je me prendrais bien un petit jus de fruit. Obligé, faut que je limite le café parait-il. Blabla, sont chiants ces médecins. Bon au moins, ils m'ont sauvé la vie, mais ça va ! Maintenant, je peux presque marcher normalement. Puis j'ai des amis loup-garous, c'est pas rien. Tu vas me dire, ils ne le savent pas… Sauf que je guéris hyper vite ! C'est pas…
Pendant sa tirade, le jeune homme s'était relevé, tentant de fuir la tempête émotionnelle qu'il traversait. Malheureusement pour lui, Derek n'était pas de son avis, il agrippa son bras blanc et le tira en arrière. L'équilibre précaire de Stiles ne lui permit pas de résister à sa force, il tomba sur les genoux de son fiancé. Avant qu'il ne puisse s'évader de nouveau, deux bras puissants lui enserrèrent la taille.
– Qu'est-ce que tu fais ? protesta Stiles sans conviction.
– Attends, s'il te plaît.
Le lycan posa délicatement son front sur l'épaule de son prisonnier en soupirant. L'étreinte se raffermit légèrement, les muscles contractés de Derek tremblaient, comme s'il restreignait sa force de peur de lui faire mal. Stiles sourit et caressa ses chaînes de chaire. Il ne rajouta rien, préférant profiter de l'instant présent. Dans cette position, au moins, son fiancé ne verrait pas la couleur écarlate de son visage. Seul le tambourinement rapide retentissant en lui trahissait son état.
– J'aime tes réactions Stiles, j'aime sentir à quel point je compte pour toi. Je ne m'en lasserai jamais, et tu sais pourquoi ?
– N… Non, bégaya-t-il d'une voix plus aiguë que prévu.
– Parce que je suis exactement dans le même état que toi. Peut-être que j'arrive mieux à cacher mes émotions… Mais je suis tellement heureux que tu sois en vie et à la maison… Ne pars plus, plus jamais.
– Je te l'ai dit, je suis pire qu'une sangsue, quand je m'accroche…
Un grognement sourd s'éleva, fort, grave. Il s'écrasa contre les murs après qu'un frisson indescriptible traverse la colonne vertébrale de Stiles. L'heure ne se prêtait visiblement pas aux blagues, Derek voulait une discussion sérieuse.
– Quand tu étais dans… Le coma, j'ai dû vivre sans toi, reprit-il à voix basse. Quand on avait rompu, au moins je savais que tu étais vivant. Mais là… Chaque coin de cet appartement me rappelait à toi. Quand je rentrais, j'étais seul, terriblement seul. Je voyais partout ton image, dès que je l'approchais, elle disparaissait, ne laissant qu'un vide impossible à combler. Quand je passais la porte de la chambre, ton odeur m'entourait et… Je tournais la tête vers le lit comme si… Tu serais allongé là, à dormir tranquillement. C'est tout ce qui me restait de toi. J'ai détesté cet endroit. Je l'ai haïs du plus profond de mon être seulement parce que tu n'étais pas là… Et que je ne savais pas si j'allais te revoir sourire… Stiles, te savoir en vie suffit à mon bonheur.
– Derek, laisse-moi voir ton visage.
– Non.
– Tu ne peux pas refuser le souhait d'un miraculé.
– Mmh.
Le bras du loup se relâcha légèrement, Stiles profita de cette ouverture pour pivoter sur sa droite. Derek continuait de fixer le sol, la tête baissée. Alors, délicatement, Stiles posa sa paume sur sa joue et la lui releva. Aucune larme n’assombrissait ses iris clairs pourtant si perdus, le désespoir d'un possible avenir désastreux se lisait sur ses traits tirés. Ses sourcils relevés imploraient silencieusement une promesse que Stiles ne pouvait pas tenir. Lorsque la mort frappait, il était impossible de s'y opposer. Tous deux l'avaient expérimenté bien trop tôt.
– Je suis là, susurra Stiles. Je ne sais pas de quoi demain sera fait… Il y a juste une chose dont je suis certain, tant que je respirerai, tant que mon coeur battra, je ne lâcherai rien. Je n'abandonnerai jamais l'idée de te retrouver. Vous retrouver.
Son pouce effleura la peau lisse de son compagnon qui ferma les paupières, un sourire aux coins des lèvres, les pommettes légèrement rosées. Cette expression détendue et tendre n'était pas donnée à tout le monde, à personne d'autre à vrai dire. Ce Derek-là lui était réservé. Lorsque cette pensée lui traversa l'esprit, le feu qui s'était pourtant calmé, reprit ses droits, colorant son visage d'un rouge qu'il imaginait vif. Cet instant, hors du temps, s'éternisa de longues minutes. Même Stiles qui, d'habitude, ne supportait pas l'inactivité, se complaisait dans la contemplation de son fiancé. Hélas, la sonnette les ramena à la réalité, la main de Stiles glissa tandis que sa bouche articulait un « Scott » à peine perceptible. Le lycan l'aida à se redresser avant de se diriger vers la porte, le pas léger.
– Entre, déclara-t-il d'un ton neutre.
– Merci Derek, s'exclama Scott en s'avançant. Tu as l'air heureux, enfin je crois… Disons que tu n'as pas les sourcils froncés. Ah si, oublie ce que je t'ai dit…
– Salut Scotty, ricana Stiles devant la mine renfrognée de son compagnon.
– Stiles…
Le jeune alpha accourut pour le prendre dans ses bras, il le serrait tellement fort que le souffle de Stiles fut coupé. Celui-ci lui tapota le dos pour lui rendre son affection soudaine. Puis, Scott se dégagea afin de poser ses mains sur les épaules fines de Stiles. Sans ajouter un mot, les yeux noirs inquisiteur de son ami inspectaient chaque partie de son corps. Scott grimaçait lorsqu'il arrivait proche d'une zone douloureuse, à croire qu'il lisait en Stiles comme dans un livre ouvert. À y réfléchir, cela avait toujours été plus ou moins le cas. Leur amitié, bien que remplie d'obstacles, résistait au fil des années. Cette infinie tendresse qui les liait ne se tarirait jamais, c'était rassurant.
– Bon je vais aller courir, soupira Derek. S'il y a la moindre chose Stiles, tu m'appelles. Scott, s'il lui arrive quoi que ce soit…
– Tu me fais la peau, je sais.
– Mmh.
– Merci mon petit Derek, je te tiens au courant.
Le couple échangea un dernier coup d'œil avant que le lycan ne quitte les lieux. Scott expira avec force en baissant la tête.
– Bon… Il me déteste un peu moins, je crois, murmura-t-il.
– Derek ? Il t'aime beaucoup.
– Haha, tu te méprends Stiles. On s'est expliqué lui et moi mais il m'assassine toujours du regard.
– Tu penses qu'il nous aurait laissés seuls s'il ne t'estimait pas ? Je l'aime mais on parle de Derek Hale hein, il n'est pas du genre à faire dans la dentelle.
– Effectivement…
– Ça te dit de sortir un peu ?
– Tu as le droit de… ?
– Je ne suis pas assigné à résidence. Et puis… Je pensais qu'on pourrait aller sur la tombe de Chris.
– OK. Mais on prend ta Jeep, je suis venu en moto et Derek me tuerait sans broncher s'il apprenait que je t'ai fait monter dessus.
– Vu comme ça… Les clés sont sûrement dans ma veste… Je préviens mon loup grincheux.
Scott hocha la tête et farfouilla dans le blouson accroché au porte-manteau. Il y tira le trousseau bien connu, un sourire victorieux aux lèvres. Joyeusement, Stiles tapota sur son écran avant de le suivre dehors. Dans leurs yeux brillait cette lueur complice qui caractérisait tant leur duo. Ils montèrent l’un après l'autre dans le véhicule, l'alpha au volant. Il conduisit prudemment, peut-être dix kilomètres-heure en dessous de la limite autorisée. Précaution inhabituelle, bien sûr Scott s’était assagi après la naissance de June mais, là, il retardait sciemment leur arrivée. D’ailleurs, Stiles remarqua le regard déboussolé de son meilleur ami. Il semblait enfermé dans son monde, un univers que le jeune homme imaginait sombre.
– Comment vont Kira et June ? demanda-t-il pour combler le silence qui les entourait.
– June grandit tellement vite, il faut que tu la vois bientôt ! Elle est de plus en plus belle… Le portrait craché de sa mère. Et avec Kira, on prend notre temps… Elle a besoin d’espace, elle doit réfléchir.
– Oh… Mais vous allez… ´Fin tu vois ?
– Non, on ne va pas se séparer, du moins, ce n’est pas prévu. C'est juste que j'ai merdé. Avec elle, avec toi. Et vous avez failli mourir.
– Tu n'es pas le seul responsable Scott. On a pas su voir ton état de détresse.
– Je suis rassuré que personne de chez nous ne soit mort…
– Tu as essayé de retrouver ton côté loup-garou ?
– Si tu veux savoir si je suis toujours un alpha, la réponse est oui. Au même titre que Derek.
La dernière phrase avait été prononcée avec une telle dureté que la respiration de Stiles se coupa immédiatement. Scott en souffrait encore, il cachait juste bien son jeu mais ce que lui avait dit Preston tournait dans son esprit. Il hantait tout le monde. Une boule de haine s'insinua au creux de son cœur, c'était injuste. Injuste parce qu'ils s’étaient démenés pour s'en sortir, parce qu'ils avaient failli mourir, parce qu'ils avaient réussi à surmonter cette nuit-là. Preston n'avait pas le droit de les torturer même après sa mort. Pourtant, il n'était pas plus intelligent que Stiles alors pourquoi ? Pourquoi avait-il encore cette emprise sur eux ? Savait-il exactement où tapper ? Ou était-ce parce que derrière chaque parole remplie de venin se cachait un fond de vérité ? Les doigts de Stiles se crispèrent autour de son jean, il serra les dents, incapable de sortir le moindre son.
– Je… J'aurais préféré que ce soit toi qui m'annonce la nouvelle, continua Scott d'une voix éteinte. Mais, c'est une bonne chose. Derek est un meneur né, il est fait pour ça. Ça n'aurait jamais dû être moi.
– Stop. On a jamais voulu te remplacer. Ni moi, ni Derek, ni Kira.
– Stiles, je veux bien passer le flambeau. J’ai pris du recul et je me dis que, peut-être, ça serait mieux pour vous. Ne crois pas que je m’apitoie sur mon sort, c’est juste que le bien-être de la meute passe avant tout, même moi et mon petit ego.
– Scotty, Derek ne veut pas de ton rôle. Je crois que tu ne te rends pas compte de tout ce que tu fais pour nous. Tu crois que c’est simple de réunir tout le monde ? D’avoir un si grand cœur que tu es capable de donner une seconde chance même aux âmes les plus perdues ? D’être le dernier espoir de la meute ? Celui sur qui on se repose tous ? Et après tout ça, tu écoutes chaque point de vue, tu ne nous prends jamais de haut. Derek a tout pour être un super alpha, c’est indéniable mais il voit à quel point toi, tu es extraordinaire. On le voit tous. On est tous responsables de ce qu’il s’est passé Scotty. Alors arrête de porter toute notre culpabilité, je t’en prie.
– Mais…
– En plus, je dois te rappeler qui nous a sauvé ? Qui m'a sauvé ? Sans toi, je ne serais qu'un souvenir. Je suis fier d'être dans la meute de Scott McCall et Derek aussi. Même s'il ne le dira pas, tu connais son caractère.
– Merci d'être toujours là.
– Et toi de l'être aussi !
– Batman et Robin hein ?
Stiles n'eut pas le temps de répondre qu'ils étaient déjà garés devant le portail ouvrant sur la dernière demeure des morts. Chris y séjournait pour son repos éternel.
– Merde, grogna le jeune homme en appuyant son front sur la vitre. On a gagné et pourtant j'ai l'impression qu'on vit dans un putain de cauchemar. Ça me fout la rage.
– Ça va aller ? Tu n'es pas obligé, on peut revenir plus tard. Tu sors de l'hôpital et…
– Non ! J'en ai marre qu'on me protège. Il faut que j'accepte la réalité. Chris est… était mon mentor, j'aurais dû… Merde.
Scott se contenta de sortir de la voiture et d’ouvrir la portière de Stiles. Un large sourire empathique sur le visage, il invita silencieusement son ami à descendre. Stiles s'exécuta le cœur lourd, il voulait faire demi-tour, reprendre sa vie et ne plus penser à l'absence que Chris laissait derrière lui. Seulement, il devait se forcer à y faire face, un premier pas vers un avenir plus serein d'après sa psychiatre. Il avança lentement, redoutant secrètement d'apercevoir l'emplacement recherché.
– C'est la-bas, murmura Scott en pointant une pierre tombale à leur droite. Tu veux être seul avec lui ?
– Non, si ça te dérange pas, j'aimerais que tu m'accompagnes.
– OK.
Ils hochèrent la tête, l'alpha passa devant comme pour le préserver encore un peu. Attention qui, malgré les circonstances, réconforta Stiles. Le lycan s'arrêta et s'écarta brusquement, offrant une vision dégagée sur une tombe en marbre noir. En lettres d’argent, y était inscrit « Christopher Argent 1970-2023 ». La pudeur de Stiles vola en éclats, lire ces mots libéra ses larmes. Elles assombrirent ses yeux noisettes avant de se déverser sur ses joues. Il retraça chaque secondes passées à ses côtés, quand ils s’étaient rencontrés, quand Chris chassait encore Scott, quand il s’était radoucit, quand il leur avait fait confiance pour la première fois, quand il avait échappé à la mort, quand Allison avait péri, quand sa détresse ne lui laissait aucun répit et quand, enfin, il s’était pardonné. Cruelle destinée. Cependant, Stiles en était persuadé, il reposait auprès de sa fille. Sinon, pourquoi en aurait-il rêvé ? Oui, quand son heure arriverait, Chris et Allison l’attendraient ensemble. Le torrent qui sillonnait sur son visage se calma, lui permettant de reprendre contenance.
– On se revoit bientôt, sourit-il tristement. On a des choses à vivre avant mais, promis, on ne t’oublie pas. Tu me manques Chris.
La main chaude de Scott se posa sur son épaule et, à son tour, il prit la parole :
– Stiles a tenu à te voir en sortant de l’hôpital, je l’admire… June avance à une vitesse folle, tu la verrais ! Je lui parle énormément de son grand-père au ciel. Elle t'aime beaucoup… Je sais que maman passe te voir tous les jours, elle ne s’est pas remise de ton départ. En même temps, qui s’en est remis, hein ?
Ils regardèrent le sol, muets. Seul le bruit du vent dans les feuilles leur tenait compagnie. Stiles remarqua plusieurs plaques où étaient élégamment écrit « À notre ami », « À un père disparu », « À toi ». Des fleurs, dont les noms lui échappaient, décoraient la tombe, des blanches et des roses, certaines plus fraîches que d'autres. Un coup de Mélissa sûrement. Que la mère de son ami soit confrontée à ce genre d'épreuve remplissait d'amertume le cœur de Stiles. Elle qui se battait depuis si longtemps pour sa famille, méritait de couler des jours heureux et une partie de son bonheur s'était effritée la nuit où Chris avait rendu l'âme. La mort, aussi complexe soit-elle, devenait insupportable lorsqu'elle était teintée d'iniquité.
– Je suis désolé pour ta mère, susurra le jeune homme en ravalant son envie de crier sa peine.
– C’est gentil.
Sans savoir quoi rajouter à ce drame, ils saluèrent Chris avant de faire demi-tour. Le soleil tapait sur l’épiderme blanchâtre de Stiles, il ferma ses paupières quelques secondes, s'amusant de sa naïveté lorsqu’il interprétait ce faisceau lumineux comme un signe de son ancien mentor. Peut-être les avait-il accompagnés pendant leur recueillement. Alors qu’il rouvrait les yeux, il vit avec affection son frère se prêter au même jeu et se réveiller de ses rêveries. Ils retrouvèrent ensuite leur place dans la Jeep, exténués.
– Je suis censé avoir rendez-vous chez ma psy dans… une demi heure, ricana Stiles.
– Oh… C'est bien que tu sois suivi même après ta sortie.
– Mouais, au final, je crois qu’on devrait tous l’être. Un centre psychiatrique pour créatures surnaturelles et leurs proches… On aurait sûrement moins de tarés.
– Je crois que tu tiens un truc là !
– Il faut juste trouver plusieurs psy au courant, qu’ils acceptent de nous prendre en charge sans que ça tourne en Eichen House et qu’aucun patient ne décide de tuer son thérapeute.
– Je ne vois rien de compliqué la dedans.
– Moi non plus.
Ils éclatèrent de rire, devant leur projet imaginaire. L'idée n'était pas mauvaise mais la réalisation promettait d'être, au mieux laborieuse, au pire désastreuse. S'esclaffer ensemble de la sorte ramena un peu de légèreté entre les deux amis. Stiles adorait l'insouciance qui les enveloppait lorsqu’ils se retrouvaient ensemble, un fragment du passé ancré dans le présent.
– Merci de m'avoir accompagné Stiles.
– Non, j'aurais dû être la plus tôt. C'est vraiment dégueulasse… Je ne décolère pas. On est du bon côté, c'est injuste. Comment tu arrives à rester aussi calme ?
– Oui ça l'est. La vie n'est pas juste, la mort encore moins. Je ne suis pas calme, loin de là, je suis triste et en colère. Seulement, je ne veux pas gâcher nos souvenirs, c'est tout ce qu'il me reste de lui… J'essaye de rester le fils qu'il aurait aimé adopter. Je veux transmettre ce qu'il m'a donné à June… On ne les fera pas revenir mais, on peut composer avec notre vécu pour construire un avenir plus radieux à nos enfants.
– Scott…
– June, Nathan, maman, ton père, Kira, Derek, et toute la meute ont besoin de nous, plus que jamais.
– C'est dur…
– Oui. Mais rappelle moi quand on a abandonné à cause d'une situation compliquée ?
– Mmh…
– Et on n'est pas seuls, tu n'es pas seul. On est une famille.
– Et quelle famille…
– Je te dépose chez toi ? demanda le lycan en tournant les clés de contact.
– Non, chez ma psy, s'il te plaît. Tu as raison, je dois me reconstruire.
– Je suis fier de toi.
– Héhé, et après tout ça, tu penses ne pas être un bon alpha ?
Le lycan haussa les épaules, grimaça en rougissant et se tut. Stiles ricana face à l'humilité de son frère qui n'aimait pas vraiment qu'on vante ses mérites. Si bien que Kira et Stiles s'amusaient régulièrement à le taquiner la dessus, à celui qui le ferait le plus rosir. Évidemment, la renarde gagnait à coup sûr. Cette fois, elle n'était pas là alors, pendant le trajet, Stiles s'en donna à cœur joie.
– Ça te fait rire hein, bougonna Scott en se garant devant une maison beige.
– Énormément ! Hey, boude pas, c'est indigne du véritable alpha que tu es. Ça va, je rigole ! Bon, pour me faire pardonner, j’ai quelque chose à te dire, tu seras le premier au courant !
– Quoi encore ?
– On va se marier.
– Désolé, mon cœur est déjà pris.
– T’es con, soupira Stiles en levant les yeux au ciel. Derek et moi.
– Woah ! Félicitations ! Il a fini par dire oui ? Tu l'as harcelé combien de temps ?
– Je te signale que c'est LUI qui m'a demandé.
– Derek Hale ?
– Et oui…
– Le pouvoir de l'amour est plus fort que je ne le pensais… Je suis vraiment heureux pour toi Stiles.
– Merci Scotty. Et d'ailleurs… Je me demandais… Tu veux être mon témoin ?
– Quoi ?! C'est vrai ? Je peux vraiment ?
– Euh, ben oui.
– Ça me touche énormément.
De petites larmes d'émotions se dessinèrent aux coins des paupières de Scott, il les essuya avec sa manche et serra puissamment Stiles contre lui. Ainsi, dans cette position, le jeune homme put ressentir toute la sincérité de son frère. Malheureusement, il était l'heure de se séparer, Stiles rassemblait son courage pour affronter ses fêlures. Scott quant à lui, contraint par l'horaire, devait rentrer chez lui après avoir déposé la Jeep au loft. Ils se promirent de se revoir très vite, ayant un événement de taille à préparer.
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