Chapitre 38

Je sais que je ne tiens plus mes un chapitre par semaine. Alors, pour me faire pardonner, voici le 38 un peu en avance.

Tw : 🍋

Je vous souhaite une bonne lecture.

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- Plus qu'un jour.

- Oui monsieur Stilinski, un jour.

Stiles faisait face à sa psychothérapeute, dernière séance avant son départ. Normalement, c'était les mercredis mais, du fait de la situation, une autre s'était greffée le vendredi. Leur relation ne s'était pas vraiment améliorée, Stiles fuyait la conversation, s'enfonçant un peu plus le déni lorsqu'il entendait « traumatisme », « hypervigilance », « anxiété chronique ». Alors, il préférait parler de sujets moins personnels, plus légers. Sans le couper, sa psychiatre se prenait au jeu, se laissant porter au bon vouloir de son patient. Néanmoins, fait extraordinaire, elle paraissait suivre chacune de ses divagations sans se perdre. C'était la première fois que Stiles rencontrait quelqu'un avec cette aptitude. Enfin, l'heure se termina et il devait rejoindre sa chambre. Avant de partir, elle lui tint sa carte de visite.

- Stiles, vous êtes dans la bulle de l'hôpital depuis votre réveil. Il est possible qu'en retrouvant votre foyer, vous vous confronteriez à votre traumatisme, que tout ressurgisse. Dans ce cas là, appelez moi. Je ferais mon possible pour vous répondre.

- C'est gentil mais je crois que ça ira, rit-il en lui lançant un clin d'œil.

- Je ne doute pas de vous ni de votre adaptabilité, toutefois, il faut que je donne l'image d'une psy rigoureuse.

- Je vois !

Réprimant son fou rire, il s'empara du bout de carton qu'il enfouit dans sa poche avant de quitter la pièce. La nouvelle de sa sortie imminente lui alimentait le moral, si bien que son évolution dans la marche à pied était prodigieuse. Aussi, on l'avait autorisé à se rendre lui-même au bureau de sa thérapeute. Il recevait une aide considérable, tous les soirs, Derek lui absorbait sa douleur jusqu'à épuisement. Absent durant la journée à cause du garage, le lycan se rattrapait comme il le pouvait. À chaque fois, le jeune homme le remerciait, ému devant sa dévotion.

Cette soirée ne dérogeait pas des autres mise à part que Derek paraissait perdu dans ses pensées, presque fermé. Stiles tenta plusieurs fois de lancer une discussion en vain, ne récoltant que des réponses courtes. Ne voulant pas l'énerver davantage, il finit par se taire et ils ne tardèrent pas à rejoindre Morphée.

Le lendemain matin, Derek partit rapidement prétextant une urgence au garage tout en promettant d'être de retour dans deux heures pour sa sortie. Stiles s'interrogea alors sur la pérennité du commerce de son compagnon, espérant que tout se déroulait au mieux. Une crise économique expliquait aisément son comportement distant. Stiles se mordit la lèvre, il aurait aimé être un soutien inébranlable comme Derek l'avait été pour lui. Peu importe, il reprendrait sa place dès aujourd'hui et ils surmonteraient les problèmes ensemble. Il était plus que déterminé.

Le shérif et Scott s'étaient concertés pour l'aider à réunir ses effets personnels. Une ambiance joyeuse portée par les sourires francs de Stiles flottait dans l'air. Noah arbitrait les chamailleries des deux frères qui retrouvaient momentanément leur adolescence. Bientôt, Mélissa les rejoignit, rendant le tableau presque familial. Une heure après, ils durent tous s'éclipser malgré eux à cause de leur travail respectif.

Les valises bouclées Stiles attendait le médecin, assis sur le lit qu'il quitterait définitivement. Le docteur Clay se présenta avec les dernières recommandations, une pointe d'émotion dans la voix. Avant de partir, il lui serra longuement la main en le suppliant de faire attention à lui, que la vie était trop précieuse et qu'il avait trop à perdre. Stiles hocha timidement la tête. Nolan parut satisfait, se retourna et le laissa seul avec ses papiers à la main.

À dix heures trente précisément, Derek apparut devant la porte. Sa barbe, taillée à la perfection, habillait la partie basse de son visage tandis que la haute était dominée par des yeux gris à la lueur tendre. Un t-shirt blanc moulant entouré par la veste offerte par Stiles surplombait un pantalon sombre et des chaussures marron. Il dégageait une aura particulièrement séduisante qui ne laissait pas le jeune homme insensible. Il laissa échapper un soupir d'admiration sans s'en rendre compte. Un rictus de contentement passa fugacement sur la bouche du lycan pendant qu'il se rapprochait pour s'occuper des bagages.

Ils se comprirent sans échanger un mot, ils s'éloignèrent de la chambre les yeux rivés au sol. Retenue que Stiles appréciait, une sorte de marche commémorative tournant la page d'heures bien sombres. L'ascenseur descendu et l'immeuble délaissé non sans un dernier regard, ils se dirigèrent vers la voiture de Derek. La Camaro. Détail étrange dans l'esprit du jeune homme, son compagnon ne la sortait quasiment plus préférant le confort de sa Cupra. Néanmoins, il était heureux d'y monter de doux souvenirs l'accompagnaient, dont un qui le fit rougir. Il chassa bien vite cette pensée afin de profiter du moment présent.

- Ça ne te dérange pas qu'on passe quelque part avant de rentrer ? demanda Derek les yeux attachés à la route.

- J'ai passé trop de temps enfermé, je rêve de respirer l'air frais.

- Ça tombe bien...

- On va où ?

- Tu verras.

- Une surprise pour ma sortie d'hôpital ? En plus tu t'es hyper bien habillé, on va au restaurant ?

- Je ne dirais rien de plus.

- T'es pas drôle.

- Ah ? Je trouve la situation plutôt amusante, moi.

- Étonnant.

Le reste du trajet, ils s'enfermèrent dans un mutisme rempli de réflexions. Stiles essayait de trouver le secret de son homme. Fête surprise avec les proches ? Repas ? Nathan ? Aucune de ses hypothèses ne lui faisait réellement plaisir, lui n'aspirait qu'à retrouver des moments de calme avec son compagnon. Bien sûr, quoi qu'il puisse arriver, il ferait en sorte de se montrer joyeux et avenant. Il ne resta pas longtemps dans le brouillard, quelques minutes plus tard le véhicule se gara devant la forêt. Derek en sortit et vint ouvrir sa portière.

- Si monsieur veut bien se donner la peine, dit-il d'un ton soutenu.

- Comment refuser !

À son tour, Stiles posa le pied au sol. Un sol mou et naturel dont il avait oublié la sensation. Une douce brise lui caressa le visage, il ferma les paupières et inspira profondément. Une odeur de conifère, de terre fraîchement humide caressa ses narines. Il sourit ravi de retrouver ces senteurs. Un bruissement le ramena à la réalité, Derek le fixait intensément.

- Tu admires ma beauté ? ironisa Stiles.

- Oui.

- Mais ne sois pas aussi sûr de toi !

- Suis-moi.

- Euh d'accord. Tu sais, je ne te connaîtrais pas aussi bien, je commencerais à flipper un peu. Beaucoup de films d'horreur commencent comme ça.

- Tu regardes trop ton écran.

- Je ne peux pas te donner tort.

Sans plus attendre, le lycan dépassa les premiers arbres, Stiles sur ses talons. L'appréhension du jeune homme le rendit bavard, il divagua sur tous les sujets qui lui traversaient l'esprit, lui-même ne savait plus trop où il en était mais avait besoin d'extérioriser son inquiétude. Son compagnon quant à lui, ne bronchait pas jusqu'à ce qu'il s'arrête soudainement. Surpris, Stiles sursauta avant de stopper ses élucubrations. En quelque enjambées, Derek lui faisait face deux ou trois mètres en avant.

- Qu'est ce qu'on... ? commença le jeune homme interloqué.

- Tu te rappelles cet endroit ? C'est là où on s'est rencontré. Tu étais, là, avec Scott.

- Oui je m'en souviens, il venait de se faire mordre.

- C'est ici que j'ai croisé ton regard narquois pour la première fois, quand j'y repense, je rigole souvent. Dire qu'au début, tu m'excédais au plus haut point... Tu étais la tempête de couleur dans le quotidien terne que je m'étais forgé. J'ai appris à ne plus te détester, à t'apprécier, à te découvrir réellement, à penser à toi et à t'aimer.

Dans la forêt régnait un calme étrange presque mystique, seule la voix de Derek résonnait, trouvant son chemin jusqu'aux oreilles troublées de Stiles. Il ne comprenait pas ce qui se jouait devant lui, sa tête lui faisait mal à force de réfléchir. Le lycan se rapprocha d'un pas, accélérant les battements de cœur de Stiles. Il savait juste une chose : un événement important était sur le point de se produire. En revanche, il n'arrivait pas à trouver ce dont il s'agissait. Un rapport avec Nathan, le loft, le garage, tout ça à la fois ? Sa capacité d'analyse s'arrêtait dès lors que ça touchait à la sphère privée. A ce moment là, son cerveau le submergeait d'informations toutes plus inutiles les unes que les autres. Par exemple, il remarqua les feuilles d'un arbre se mouvant sous le souffle du vent, les doigts de Derek qui tripotaient la manche de sa veste, le rayon de soleil qui illuminait la teinte verte du sol. Rien qui pouvait lui donner une indication sur la finalité de leur discussion.

- On s'est fait du mal, reprit le loup en grimaçant. Au point d'en pleurer, au point d'être séparés l'un de l'autre. Malgré tout, on a survécu à tout ça, ce que je ressens pour toi s'est encore plus approfondi. Et crois-moi je ne pensais pas ça possible. Stiles... Je suis pas doué pour tout ça... Tu es la seule personne avec qui je peux être moi-même, je crois que dans un sens, tu as toujours été le seul.

Derek se rapprocha encore, si bien qu'il n'était qu'à quelques centimètres de Stiles, il lui prit les mains, sa voix tremblait légèrement.

- Tu m'exaspères encore mais j'aime râler à cause de ça, j'aime lever les yeux au ciel, j'aime m'énerver. Tout ça parce que c'est toi.

- Derek...

- Ce que j'essaye de te dire, murmura le lycan en scellant leurs fronts. Merci de faire partie de ma vie, merci de me sourire tous les jours, merci de m'aimer.

- C'est plutôt à moi de te dire merci, répondit le jeune homme.

- J'ai attendu ce moment encore et encore.

Délicatement, comme s'il avait peur de blesser Stiles, il glissa ses mains le long de ses joues, baissa le regard vers sa bouche et se rapprocha lentement. Même après autant de temps de relation, ce contact faisait toujours frissonner Stiles. Alors, quand leurs lèvres trouvèrent leur chemin l'une contre l'autre, il n'entendit que le bruit de ses pulsations cardiaques. Bien sûr, ils avaient échangé des baisers à l'hôpital seulement là, leurs corps se collaient entièrement, partageant leur chaleur. La respiration haletante de Stiles trahissait l'explosion de sentiments qui déferlait en lui. Toutefois, le lycan s'éloigna de quelques millimètres, coupant leur désir naissant. Inhabituel chez lui qui préférait l'action aux longs discours.

Au grand étonnement du jeune homme, Derek recula d'un pas et, entremêlant ses doigts aux siens, posa un genou à terre. Stiles écarquilla les yeux, il tentait de faire taire cette petite voix qui lui criait « c'est le moment ». Peut-être se trompait-il, peut-être y avait-il une autre raison derrière ce geste.

- Stiles Stilinski, l'hyperactif le plus horripilant de Beacon Hills. Mon hyperactif. je sais que tu ne voyais sûrement pas les choses de cette façon, j'espère ne pas te décevoir... Est-ce que tu veux bien devenir Monsieur Hale-Stilinski ?

Sous le choc, Stiles resta un moment sans voix, le souffle coupé. Il avait imaginé mille demandes, mille scénarios différents, au restaurant, avec leurs amis ou leur famille, chez eux. Mais, ça, la sortie de l'hôpital, la forêt, le minimalisme, la simplicité, ça ne lui était jamais venu à l'esprit. Et pourtant, c'était parfait. Parfait parce que cet instant les représentait tellement. Aucun des deux n'appréciait attirer l'attention, ils se complétaient et n'avaient besoin de rien de plus qu'eux.

- Stiles ? s'enquit le loup devant le silence de ce dernier. La situation est légèrement stressante alors si tu pouvais me répondre rapidement...

- Oui, bordel. Oui je le veux. Et pas qu'un peu ! Je t'aurais bien sauté au cou mais pas sûr de réussir à me relever...

Derek se redressa, Stiles enroula ses bras autour de sa nuque. Ils s'embrasèrent langoureusement une fois, puis deux. À bout de souffle, ce fut Stiles qui rompit leur étreinte.

- Tu étais vraiment stressé ? railla-t-il.

- Quand c'est toi, j'ai du mal à contenir mes émotions, répliqua Derek avant de fouiller dans la poche de sa veste. Au fait... Tiens.

Il lui présenta un petit écrin noir qui paraissait plus grand dans la paume de Stiles. Les doigts tremblants, il ouvrit la boîte. Brillant, un anneau argenté y trônait fièrement au centre. Une bande bleue aux nombreux reflets en faisait le tour. La lumière semblait y être aspirée pour en ressortir encore plus éclatante.

- Woah, siffla le jeune homme.

- Elle te plaît ?

- Oui !

Derek le sortit de son emplacement et, plongeant ses yeux dans ceux de son fiancé, l'enfila à l'annulaire droit de Stiles. La taille était idéale, épousant le doigt sans trop le serrer. À la vue de la bague, Stiles lâcha un sourire radieux. Il ne pouvait recevoir plus beau cadeau que cet objet symbolisant leur amour. Sa sortie de l'hôpital était définitivement inoubliable. Ce lieu, déjà lourd de sens, devenait, à partir de ce jour, spécial et unique. Plus de dix ans en arrière, ils ne représentaient rien l'un pour l'autre, maintenant, leur avenir s'écrivait à deux. Hasard heureux qui les avait réunis.

À force de rester immobile, la brise se transforma en morsure glaciale à l'origine d'un énorme frisson parcourant le corps de Stiles. Le lycan grogna de mécontentement, lui saisit les genoux et le dos afin de le prendre dans ses bras.

- Hey ! Qu'est ce que tu fais ? se débattit le jeune homme.

- C'est pas la coutume de porter son futur mari ?

- C'est après le mariage ça et c'est pour rentrer dans la maison !

- Au temps pour moi.

Derek haussa les épaules sans le déposer à terre, il accentua sa prise et s'avança entre les arbres. Il marchait d'un pas assuré et rapide, bien plus que l'aurait été Stiles. Ce dernier se blottit contre son torse large, heureux de profiter de la chaleur de son loup. Il se doutait que son compagnon lui avait donné une excuse, que son geste était totalement désintéressé. Il ricana en trouvant sa maladresse adorable. La durée du chemin se divisa en deux, gain non négligeable. Au sol, Stiles s'engouffra dans la voiture, impatient de retrouver son loft. Derek se plaça à ses côtés, tourna les clés dans le moteur et s'élança sur la route.

- C'était pour ça, la Camaro ? réfléchit tout haut Stiles

- Hm.

- Hale-Stilinski... Stilinski-Hale...

Peu importait le sens, ces deux noms sonnaient magnifiquement aux oreilles de Stiles. Le rouge lui monta aux joues, il venait de réaliser : Derek Hale était son fiancé. Il pinça la peau de son bras gauche en laissant échapper un petit cri de douleur. Derek lui jeta un coup d'œil surpris avant de rouler les yeux au ciel, exaspéré. S'il regrettait sa demande c'était trop tard, Stiles ne rendrait pas sa bague. Il la fixait en jouant avec elle. Le bleu de la pierre incrusté l'hypnotisait. Il adorait le bleu, l'une de ses couleurs favorites, son loup le connaissait bien. Il bascula la tête en arrière, un sourire béat déformait son visage. Le paysage derrière la fenêtre lui apparaissait merveilleusement beau. Il oublia, l'espace d'un instant, ses peurs profondes, se concentrant sur le bonheur qu'il avait la chance de ressentir. Derek lui prit délicatement la main, tous deux tentant de camoufler leurs émotions, les joues rosées.

La fin du voyage se déroula dans un silence complet. En arrivant au loft, Derek ne lui laissa pas porter ses bagages, alors le jeune homme le suivit en marmonnant que c'était injuste et qu'il était parfaitement capable de le faire lui-même. Au milieu du couloir, le lycan lâcha la valise, se retourna en croisant les bras. Stiles remonta ses manches et s'affaira. Malheureusement, elle était effectivement trop lourde pour lui, il dût abandonner, contraint de reconnaître sa défaite. Sa force lui manquait terriblement. Un rictus satisfait aux lèvres, Derek reprit sa tâche.

- Pff... T'es content hein ? râla Stiles.

- Oui.

- Espèce de Sourwolf.

- On y est.

Les clés tournèrent dans la serrure et la grande porte s'ouvrit. Derek passa en premier, Stiles s'arrêta, prit une grande inspiration et ferma ses paupières. Il allait de nouveau fouler les dalles de son appartement. Il espérait le faire depuis son réveil, il aurait voulu graver ce moment dans son esprit à jamais. Il se mordit la joue et s'engagea dans leur foyer.

La lumière perçait la baie vitrée, inondant la pièce d'une teinte blanche obligeant Stiles à se cacher les yeux d'une main. L'odeur boisée lui chatouilla le nez. Un canapé, une télé, la cuisine, le bar, les chaises, la table. Il détailla chaque recoin avec rigueur.

- Enfin... murmura-t-il.

- Bon retour chez toi l'hyperactif.

Les larmes lui voilèrent le regard, submergé par cette sensation bien connue mais toujours intense quand elle apparaît. Celle d'être chez soi, celle de retrouver son entièreté, celle qui réchaufferait les cœurs les plus gelés. Ses jambes cédèrent, il s'autorisa un moment de faiblesse. Ici, il était en sécurité. Son fiancé se précipita pour le soutenir, son bras autour de ses hanches tandis que celui de Stiles reposait sur ses épaules. Ils montèrent prudemment les marches à la demande de Stiles. En haut, il se dirigèrent vers leur chambre. L'endroit n'avait pas changé, identique à ce matin-là.

- Tu n'as pas dormi dans le lit ? interrogea le jeune homme qui, reprenant consistance, s'aventura à s'y asseoir seul.

- Non, quand je n'étais pas à l'hôpital, je dormais en bas, avoua Derek en s'installant à ses côtés.

- Pourquoi ?

- Sans toi... C'est plus pareil. Je ne pouvais pas me résoudre à m'endormir et me réveiller seul dans nos draps alors que toi, tu te battais pour vivre.

- Derek...

Stiles laissa sa tête tomber sur son compagnon qui ne bougea pas. Une nouvelle fois, ils se turent. Entre eux, le silence pouvait valoir plus que les plus beaux discours. Stiles, atteignant sa limite d'inactivité, se laissa tomber en arrière en riant. Derek l'imita.

- Je vais rester ici monsieur Hale, le matelas est plus confortable qu'à l'hôpital.

- Oui, il n'y a que le moelleux du lit qui t'intéresse.

- Ça, et la salle de bain.

- Je comprends, j'ai de l'eau chaude à n'importe quelle heure de la journée et de la nuit.

- J'ai bien fait d'accepter de devenir ton mari.

- Mon plan machiavélique a fonctionné.

- Ouais, je suis éperdument amoureux de ton eau chaude.

Le lycan roula sur le côté, posa sa joue contre son point et, visiblement amusé par cette joute verbale, sourit à pleine dent.

- Et moi de ta démarche vacillante, ça te donne un côté sexy.

- Je sais, je suis le plus beau de nous deux. Je te l'ai toujours dit.

- Objection, d'après un certain hyperactif sous calmant, je suis « mieux que la lampe » de l'hôpital. Donc je crois que physiquement, je dépasse toute personne sur cette terre.

- Haha c'est drôle ça.

- Moi, ça me fait rire.

- J'aurais dû continuer mon idylle avec cette lumière...

- Trop tard.

Stiles grimaça avant de pouffer de rire. Derek se pencha afin que leurs lèvres se rencontrent. D'abord léger, presque imperceptible. Une façon de savoir s'il était autorisé à approfondir leur baiser. Une caresse dans les cheveux en guise d'approbation et le contact doubla d'intensité. Le goût sucré d'un jus de fruit consommé plus tôt, la douceur des doigts du lycan se perdant le long des mâchoires de Stiles, le bruit de son cœur tambourinant, leurs regards brûlants d'une flamme commune, l'odeur subtile de la forêt. Les cinq sens du jeune homme se tournaient seulement vers son amant. Il négligea les dernières semaines de souffrance, les mises en garde de sa thérapeute, il ne subsistait qu'eux.

- Stiles... Tu sors de l'hôpital, tu devrais te reposer.

- Tu as raison !

Le jeune homme se débarrassa de ses chaussures aussi habilement que possible et se jeta sur la couette. Le coin droit de sa bouche relevé, il tapota la place vide à ses côtés. Le loup soupira mais s'exécuta en copiant son amant.

- Je ne peux pas me reposer sans toi, taquina ce dernier en se collant à lui.

- Oh, j'ai une autre utilité que distributeur d'eau chaude ?

- Mmh voyons, tu es beau, envoutant, susurra Stiles en séparant chaque adjectif par de petites embrassades.

- Stiles, je dois veiller sur toi, pas te fatiguer.

- Attentionné derrière ton apparence impassible.

Cette fois, il se redressa légèrement avant de continuer à glisser ses lèvres sur le torse de son fiancé.

- Tu es celui qui me donne la force de me battre chaque jour depuis que cet enfer a commencé, tu me sauves sans t'en rendre compte. Ta voix, ta présence, tes faiblesses et tes forces, tout ce qui fait que tu es toi me donne le courage d'ouvrir les yeux le matin...

- ... J'aurais essayé.

Les muscles de Derek se contractèrent et sans savoir comment, son homme se retrouva en dessous de lui. Ses pupilles reflétaient le désir ardent qu'il s'était tant évertué à étouffer. Rouges flamboyantes, pas comme celles de Preston, un doux feu qui pouvait réconforter les âmes les plus torturées. Avec son pouce, Stiles effleura la pommette saillante de Derek qui en frissonna.

- Tu es magnifique, mon petit Derek.

En simple réponse, son prénom fut murmuré tendrement plusieurs fois pendant que leurs habits volaient à travers la pièce. Complètement dévêtus, ils s'observèrent mutuellement durant une dizaine de secondes. Subjugués l'un par l'autre, contemplant leurs corps envieux. N'en pouvant plus, le jeune homme tendit sa paume afin de la poser là où palpitait puissamment le muscle cardiaque de son compagnon.

- Ton cœur... souligna-t-il dans un souffle.

- Aussi fort que le tiens.

Impossible de le contredire, ils battaient à l'unisson. Derek fondit sur la bouche de Stiles tandis que sa main puissante empoignait sa jambe blanche. Leurs langues se croisèrent pour entamer une danse dont elles seules avaient le secret. Les lèvres entrouvertes du jeune homme laissèrent entendre un gémissement langoureux qui fit gronder le lycan d'un désir de plus en plus dévorant. Il quitta la douceur du visage de son amant et descendit sur sa chaire, léchant les grains de beauté qu'il trouvait sur son passage.

Ces gestes tendres avaient raison de la bienséance de Stiles qui ne retenait pas ses soupirs voluptueux. Chaque fibre de sa peau paraissait en feu, sous le contrôle total des sensations que son compagnon lui procurait. Jamais cela n'avait été aussi fort. Peut-être à cause de leur séparation inopinée, peut-être la demande à laquelle il aspirait depuis si longtemps ou peut-être juste leur amour qui atteignait des sommets jusqu'alors inexplorés. Néanmoins, il partageait l'appétit grandissant de son amant. Alors, quand ce dernier lui mordilla la cuisse, il poussa un râle rauque involontaire. Il se pinça la lèvre inférieure, il en voulait plus, tellement plus. D'un regard, il le convia à accélérer leur ébat. Enchanté devant la soif manifeste de Stiles, Derek s'éloigna pour fouiller dans sa table de chevet. Il en sortit un tube bleu et un sachet carré, qu'il utilisa sur ses doigts.

Délicatement, il effleura l'intimité de son fiancé qui se cambra légèrement. Stiles avait oublié la contraction réflexe de son anatomie rapidement balayée par l'adresse de son amant. Il appréciait les caresses que sa main lui offrait mais, lorsqu'un point précis fut touché, la décharge électrique qui se répandit lui extirpa un cri luxurieux.

- Je veux, arriva-t-il à articuler tandis que son corps entier le brûlait.

- Stiles, tu m'as tellement manqué.

Derek se positionna au-dessus de Stiles, le visage déformé par son avidité. Leurs fronts collés, leurs yeux connectés, ils se délectèrent ensemble des premiers mouvements du lycan. Aucune douleur ne vint déranger le jeune homme, son être savait comment réagir. Ses mains se crispèrent sur le dos de son fiancé, son bassin se balançait d'avant en arrière pour accompagner au mieux les frottements qu'il ressentait. Il aimait cette promiscuité, il adorait leur complicité quand leur besoin s'exprimait. La lenteur des va-et-vient brouillait sa capacité de réflexion. Il ne pouvait plus qu'émettre des sons sensuels.

- J'en peux plus, marmonna le lycan aux yeux flamboyants.

- Je suis fou de toi Derek Hale.

Les à-coups se pressèrent pour devenir plus sauvages, plus incontrôlables. La musculature de Stiles spasmait, il exprimait l'intensité de son bien-être pendant que son fiancé, pris d'une fièvre animale, explorait les méandres de son plaisir. Enfin, ils ne purent contrôler plus longtemps leurs sensations physiques et dans un dernier soupir d'extase, ils gagnèrent l'apogée de leur échange, un orgasme aussi intense qu'absolu.

Derek, le souffle encore court, enferma son amant dans ses bras et se laissa tomber sur le côté, un sourire resplendissant aux lèvres. Stiles les idées toujours confuses se blottit contre lui. Il n'avait plus mal, son corps était comme engourdi. Soudain enclin à une fatigue démesurée, il ferma ses paupières et se perdit dans la douceur d'un sommeil réparateur.

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