Chapitre 34

Le ciel était noir, les étoiles et la lune brillaient de mille feux. Ça aurait été une nuit magnifique, si seulement rien de tout cela ne s'était passé. Voilà ce que se disait Stiles en grelottant à cause du froid environnant. Il tourna la tête vers Malia qui agonisait. Il n'arrivait pas à pleurer, il ne ressentait aucune tristesse. Il n'éprouvait qu'une fatigue et une douleur intense. Soudainement, il ne toucha plus terre, un corps chaud se serrait à lui et sa peine physique s'évanouit. Sûrement Derek ou Scott. Il n'en savait trop rien, ça lui était égal. On le rapprocha de son amie, il ne pouvait voir qu'elle et Peter qui lui tenait la main. Sa vision se réduisait rapidement, le paysage tournait autour de lui, ses oreilles ne captaient qu'un flot incompréhensible de paroles. C'était une question de temps avant qu'il ne lâche prise. Il remarqua une teinte rouge intense, un hurlement, une grimace d'infinie souffrance et un éclair bleu. Tout se mélangeait, sa tête tomba en arrière, ses dernières forces le quittèrent et il ferma les yeux.

Il ne ressentait plus le manteau glacial de la forêt. Il reposait sereinement sur un matelas mou. Un matelas ? Doucement il releva ses paupières, il était assis au bord d'un lit. Par réflexe, il se toucha les côtes, les genoux, les pommettes. Il n'avait plus mal. Il se redressa d'un bon et aperçut son reflet sur un grand miroir accroché à une porte. Son visage portait les traces du temps, sa barbe négligée le vieillissait aussi. Il fronça les sourcils, commençant à comprendre ce qu'il se tramait. Il était dans une chambre à la décoration sobre. Les murs, de couleur bleue, possédait une fenêtre avec vue sur un jardin. Le large lit était recouvert de draps gris. Sur la table de chevet, un cadre noir exposait fierement une photo de trois personne. Il ne s'y attarda pas plus longtemps. Il ouvrit la porte, elle donnait sur un palier. Il s'avança et descendit un grand escalier de bois. Il s'agissait d'une de ces maisons en banlieue dont le prix en ferait pâlir plus d'un.

– Et ben, quand tu rêves, tu ne fais pas les choses à moitié, Stiles, marmonna-t-il.

– Papa ! Tu en penses quoi, demanda une voix derrière lui.

Papa ? Surpris, il se retourna. En haut des marches, un jeune homme d'environ dix-sept ans était vêtu d'un costard noir. De petites bouclettes brunes se perdaient sur un front matte, des iris gris l'observaient attentivement.

– Nath’ ?

– Je suis moche c'est ça ? Tu peux me le dire hein, grimaça le jeune homme. June va me trouver ridicule.

Cette mimique sur le visage déclencha un sourire à Stiles. C'était l'une des siennes. Nathan lui ressemblait étrangement lorsqu'il prenait cette expression.

–  Tu es magnifique, répondit-il enfin.

– Sûr hein ? Parce que je ne veux pas en faire trop… Enfin si… Je ne sais pas trop. C'est le bal du lycée, imagine que je tombe ou que je me tâche ? Je devrais me changer ? Oui sûrement hein, je vais mettre un jean et une chemise. C'est mieux non ?

– Calme toi Nath, on dirait ton père, l'interrompit Derek.

Il avait les bras croisés sur son torse, sa barbe était parfaitement entretenue et ses cheveux grisonnaient. Il avait ce petit rictus ironique qui le rendait envoûtant.

– Mais papa !

– Je sais, je sais, ce soir c'est le grand soir, tu vas déclarer ta flamme. Les ado… Stiles a raison. Ta mère a bien choisi.

– Tu crois ? J'ai l'impression d'être un pingouin.

– Le plus élégant des pingouins alors, ricana Stiles.

– Haha très drôle papa ! Et toi, ne rigole pas ! Je ne suis vraiment pas aidé avec vous deux… Oh, il est bientôt l'heure… J'ai peut-être encore le temps de me changer…

– Nath’ viens ici, ordonna gentiment le policier.

– Ouais…

L’adolescent s'engagea dans l'escalier le pas lourd. Il souffla, les yeux au ciel, comme Derek. Attendris, Stiles passa sa main dans les cheveux rebels de son fils.

– Tu es beau Nathan. Vraiment très beau. June va être charmée, j'en suis sûr.

– Merci papa, rougit Nathan en baissant la tête.

– Et j'ai un dernier conseil à te donner.

– Oui ?

– Surtout, surtout, ne prends pas exemple sur ton vieux père, si tu vois ce que je veux dire.

Stiles désigna son compagnon de la tête, Nathan mit quelques secondes avant de pouffer de rire. Un son mélodieux envahit la pièce.

– Tu as quelque chose à redire Stiles, grogna Derek.

– Doucement mon loup. Tu dois bien avouer que niveau romantisme, on a connu mieux.

– Tu vas voir toi.

Le lycan emprisonna son homme dans ses bras et lui embrassa le cou. La barbe chatouilla Stiles qui essayait de se débattre tant bien que mal. Derek resserra sa prise, l'empêchant momentanément de respirer.

– C'est dégueu, faites pas ça devant moi.

– Tu as entendu Nath’ ?

– Attends qu'il parte.

Derek mordilla légèrement l'épaule de son petit-ami avant de le lâcher. Stiles, un sourire heureux placardé au visage, sortit son téléphone et s'éloigna. Nathan posa pour un nombre incalculable de photos. Ensuite, ce fut au tour des deux loups sous l'œil expert du photographe. Puis, ils échangèrent les rôles avant de prendre des selfies tous ensemble. Derek n'aimait pas cet exercice mais il se pliait aux exigences de Stiles, sûrement en élaborant sa future vengeance. Enfin, il était temps pour Nathan de partir.

– Tiens, l'interpella Stiles en lui lançant les clés de sa Jeep.

Avant que Nathan ne réussisse à les réceptionner, Derek les intercepta.

– Prends plutôt celles-ci, ajouta-t-il secrètement en lui donnant un trousseau.

– Papa… Tu es sûr ?

– De grandes circonstances impliquent de grandes concessions. C'est une soirée importante, impressionne-la. Par contre, soyons clair, je ne tolérerai aucune rayure. Compris jeune homme ?

– Oui ! Merci papa, s'exclama joyeusement Nathan. Bon ben j'y vais, June m'attend… Je… Je vous aime.

Stiles serra le jeune contre lui, murmura « nous aussi » et le libéra. Nathan inspira profondément et stressé, il partit. Une fois la porte refermée, Derek rejoignit Stiles, il entremêla ses doigts aux siens. Les larmes aux yeux, Stiles pencha la tête sur l'épaule de son loup. Il était fier et nostalgique du petit bébé qu'ils avaient jadis connu.

– Il a grandi hein, marmonna Derek visiblement ému.

– Oh oui…

– Je te propose, soirée pizza et film ? De toute façon, je n'arriverai pas à dormir tant qu'il ne sera pas rentré.

– J'aurais adoré. Vraiment. Mais je dois y aller mon petit Derek.

– Comment ça ?

– Ne te méprends pas, j'adore ce qu'il se passe et je vous aime plus que tout. Mais, soyons honnêtes, tout ça, c'est un rêve. Le plus beau que j'ai pu faire jusqu'à maintenant…

– … Je crois surtout que tu as besoin de repos, tu travailles trop.

– Je me suis évanoui dans les bois…

– Reste avec nous, supplia Derek. Tu es heureux ici et là-bas, tu ne fais que souffrir.

– Non. On a besoin de moi de l'autre côté. Tu as besoin de moi. Je dois retrouver les vrais Derek et Nathan… J’espère de tout cœur que cette scène arrivera réellement un jour.

– Je t'aime Stiles.

– Moi aussi.

Ils se regardèrent tristement une dernière fois. Stiles lâcha la main de son homme, accablé de quitter ce havre de paix. Toutefois, c'était nécessaire. Il devait retrouver sa vie, même si cela lui engendrait de la peine. Il actionna la poignée, se retourna pour observer Derek qui le suivait des yeux, la mine abattue. Un dernier sourire et il franchit le palier de sa maison.

« Bip, bip, bip »

Un son assourdissant résonnait dans ses oreilles, lui transperçant le crâne. Il avait envie de vomir tellement la sensation de vertige le prenait à la gorge. Il respirait, il vivait. Chaque inspiration lui brûlait la trachée comme si du sable s'y était glissé. Mais, le plus difficilement supportable était cette douleur transfixiante aux côtes. Il se décida enfin à lever les paupières dans un effort surhumain. Après quelques instants, sa vue s'accommoda et, malgré la pénombre environnante, il reconnut presque instantanément les murs qui l'entouraient. Blancs et dénués d'émotions. L'hôpital. Encore. Il tenta de bouger ses phalanges, celles de gauche répondirent. Celles de droite étaient, en revanche, bloquées sous un poids lourd. Il tourna ses yeux vers elles. Il aperçut des cheveux noirs décoiffés surplomber un visage endormi et soucieux. Il voulut sourire, toutefois, ses lèvres sèches l'en empêchèrent. Il rassembla sa force pour soulever son bras opposé. Il avait mal. Il ne faiblit pas, déposant maladroitement sa main sur le crâne de son invité qui sursauta. Derek, les yeux rouges, le dévisageait.

– Stiles, tu, tu, bafouilla le loup. Tu es réveillé.

Ses iris regagnèrent leur teinte naturelle, ils étaient emplis d'espoir. Il sourit, serra la main de son compagnon et absorba sa douleur. Stiles balaya la pièce du regard à la recherche d'un verre d'eau. Sa gorge sèche l'empêchait de parler. Heureusement, un gobelet trônait sur la table, Derek comprenant le message, redressa un peu le lit. La tête de Stiles tourna, il s'appuya contre son oreiller et geignit. Le lycan caressa ses joues et déposa son front contre le sien. L'étourdissement se calma et Derek lui tendit la boisson.

– Fais attention à ne pas t'étouffer.

L'eau se déversa dans sa bouche puis dans son œsophage. Elle apaisa momentanément l'aridité de ses cordes vocales. Il tenta une première fois de parler, sans succès. La deuxième fut plus concluante, un espèce de grognement sourd. Stiles se concentra et entendit enfin le son de sa voix mais les mots prononcés ressemblaient plus à une incantation démoniaque qu'à un discours cohérent. Derek attendait à ses côtés, nerveusement, ses pupilles oscillaient entre les deux yeux de Stiles. Celui-ci ferma les paupières, se mordit la joue et ouvrit la bouche. Cette fois, il allait réussir.

– Qu'est-ce que tu fais ici, souffla difficilement Stiles.

– Je veille sur toi. Toutes les nuits je… Attends, tu te rappelles de ce qu'il s'est passé entre nous, hein ? Le docteur nous a prévenu que tu pouvais avoir des pertes de mémoire…

Derek, inquiet, sondait le visage de son amant en quête de réponses.

– Laisse-moi vérifier… Tu es Derek Hale, un garagiste canon…

Avant la fin de sa tirade, Stiles toussa de nombreuses fois, comme s'il dépoussiérait ses poumons. Le lycan roula les yeux au plafond en remplissant le verre.

– Oublie les grands discours, bougonna-t-il. Si tu es capable de citer mon métier, je suppose que tu te souviens du reste.

Stiles but une gorgée en hochant la tête. Il se remémora les événements de la veille en écarquillant les yeux.

– Malia, articula-t-il péniblement.

– Elle va bien, mieux que toi en tout cas.

Ils furent interrompus par un infirmier qui se précipita dans la chambre. Il appela un médecin et se rapprocha de Stiles.

– Bonsoir monsieur Stilinski, le docteur de garde va passer vous voir. En attendant, je vais prendre vos constantes… Vous pouvez me rappeler votre prénom et votre date de naissance ?

– Mieczyslaw, je préfère Stiles… Huit… avril mille neuf cent quatre-vingt quinze.

–  Votre métier ?

– Policier.

–  Bien, vous savez quel jour on est ?

– Euh, vendredi ?

Le soignant le regarda étonné, sourit brièvement et repartit, laissant les deux amants dans un silence complet. Derek n'avait pas lâché la main de Stiles, il la caressait tendrement.

– Mieczyslaw, répéta-t-il à lui-même.

– Oui ?

– C'est rare que je l'entende…

– Il est légèrement compliqué.

– Si peu.

Stiles ricana alors qu’un visage connu frappa à la porte. Le docteur Clay se présenta devant le lit, un dossier à la main, il y parcourut les informations avant de relever les yeux vers son patient.

– Monsieur Stilinski comme on se retrouve. Vous passez nous voir tous les ans ?

– Les murs lugubres et l'odeur acre des solvants m'avaient manqué.

– Vous n'avez pas perdu votre humour, c'est une bonne chose. Je vais devoir vous examiner, monsieur Hale, je vous demanderai d’attendre dehors.

– Je préfère rester ici, grogna le loup.

– Il peut, acquiesça Stiles.

Le médecin passa aux côtés de Stiles, il s'intéressa à ses pupilles, il testa ensuite sa sensibilité. Stiles ressentait plutôt bien les stimulis qu'on lui infligeait, bien qu'il perçut un rictus de désapprobation lorsque l’examen porta sur ses jambes. Par la suite, Clay lui demanda des gestes simples tels que : se toucher le nez, les oreilles, faire des grimaces et bouger ses orteils. Stiles dût se reprendre plusieurs fois pour différentes actions.

– Parfait, annonça le docteur. Monsieur Stilinski, vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé ?

– Pas vraiment, mentit Stiles.

– Vous avez été agressé, encore. Vous êtes tombé dans le coma…

– Quoi ?

– Pendant une semaine. Puis en état végétatif pendant deux semaines. Vous avez eu quelques signes de réveil… Et vous voilà donc revenu parmi nous. L'examen moteur est plutôt bon, niveau sensibilité, il va falloir qu'on contrôle régulièrement. Il arrive souvent que les patients mettent du temps à tout récupérer. Encore une fois, je suis plutôt ébahis par votre capacité de récupération… Je reviens demain pour parler de tout ce qui est rééducation, en attendant le repos complet.

– Bien sûr, je suis quelqu'un d'assidu.

– Complet signifit sans aucune perturbation extérieure. Monsieur Hale, vous pouvez rentrer chez vous maintenant que monsieur Stilinski s'est réveillé. Je dois vous rappeler que, normalement, les seules personnes autorisées à rendre visite à monsieur Stilinski sont les membres de sa famille. Ce que vous n'êtes pas.

– Je ne veux pas, gémit Stiles. Je… Je…

L'idée même de se retrouver seul l'angoissait, il venait d'apprendre qu'il était resté trois semaines inconscient. Il ressentait le besoin d'avoir une personne de confiance à ses côtés. Ses mains tremblèrent, ses blessures le firent souffrir de nouveau. Pire que ça, c'était comme s'il se retrouvait face à Preston et qu'il revivait chaque coup. Il entendit les cris de détresse de ses amis. Il ferma les yeux, erreur qu'il regretta aussitôt. Dans le noir total, il y avait deux iris rouges emplis de haine qui le fixaient. Il avait mal, il avait froid.

– Stiles, écoute-moi. Tout va bien.

Sa voix grave, puissante et pourtant si douce. Elle lui était essentielle, un guide dans ce cauchemar si réaliste. Le corps du loup se blottit contre lui, il s'y accrocha aussi fort qu'il le put. Sa douleur s'apaisa, sa respiration retrouvait un rythme plus lent. Du fond de son ventre, une force se manifesta, une sorte d'instinct de survie. Il s'en nourrit pour se reconnecter à son environnement. Il était dans les bras de Derek, le menton sur son épaule, une main lui caressait le dos tandis que l'autre supportait l'arrière de son crâne. Le reste lui apparaissait flou. Un homme habillé en blanc s'agitait à sa gauche. Au fil des secondes, sa vision s'éclaira et son anxiété s'évapora.

– Monsieur Stilinski, vous m’entendez ?

– … Derek, sanglota-t-il.

– Vous avez fait une crise d'angoisse importante. On vous a administré un calmant. Je vous laisse avec votre ami. Monsieur Hale, il semblerait que vous soyez primordiale pour le maintien de son équilibre. Il est encore fragile.

– Sans blague, répondit furtivement l'intéressé.

Stiles, toujours dans les bras de son compagnon, entendit le claquement de la porte. Des larmes mouillèrent sa tunique, Derek essayait de cacher son état en tournant la tête, malheureusement pour lui, Stiles n'était pas dupe.

– Derek…

– J'ai rien pu faire… Il te frappait et je ne pouvais rien faire. Je n'ai pas pu te protéger…

– Ce n'est pas ta faute, j'ai…

– Il allait te tuer Stiles. Chaque coup, je les ai ressentis à travers toi. C'était d'une violence extrême. Et malgré ça toi… Tu as continué à te battre. J'ai vu la vie quitter tes yeux… Stiles… Je t'aime, je…

– La mort et moi, on est devenu des copains de longue date maintenant.

– Je ne supporterai pas de te perdre. Je ne partirai pas de cette chambre tant que tu auras besoin de moi.

– Tu sais, j'ai cru ne jamais vous revoir.

– Tu es fort Stiles, bien plus que nous tous réunis. Tu as encore sauvé tout le monde. Sans toi, il y a longtemps que la meute se serait éteinte.

Les médicaments commençaient à faire effet, la fatigue l'étourdissait. Néanmoins, il était terrifié de retrouver Preston dans ses rêves, alors, il voulait continuer la discussion. Lorsque le timbre de voix de Derek remplissait la pièce, une certaine quiétude l'enveloppait.

– Nathan, murmura-t-il.

– Il va bien aussi. Il te demande beaucoup. Je lui ai dit que tu te reposais.

– … Bien. Peur d'être seul.

Stiles résistait à l'envie de dormir, il s'agrippa au t-shirt de son petit-ami. Ce dernier s'allongea à ses côtés, glissa son bras sous sa nuque, l'enlaça et lui embrassa le front.

– Je te l'ai dit, je reste près de toi, susurra Derek à son oreille. Je vais te raconter ce qu'il s'est passé. Quand Malia était sur le point de mourir, Peter a… Il a sacrifié son pouvoir d'alpha pour la sauver. Depuis, il est porté disparu, encore. Malia s'est remise en quelques jours, heureusement. Tu sais… Je crois vraiment que l'amour qu'on porte à son enfant est très puissant. Même pour Peter. Je ne l'aurais jamais imaginé être capable de ça…

Le policier se laissa bercer par le discours de Derek. Aussi, lorsque ses paupières étaient closes, ses visions d'horreur ne le suivirent pas. Il avait tellement d’interrogations, tellement d'éléments manquants. Mais, pour l'heure et les cachets aidant, il devait se reposer. Un vrai sommeil, long et réparateur.

Aucun songe ne le perturba durant la nuit ou il ne s'en rappelait pas. Si bien que, le lendemain, lorsqu’il se réveilla, il se sentit plus apaisé que la veille. À ses côtés, la respiration tranquille de Derek le maintenait dans cette sérénité. Lentement, il papillota des paupières. Le visage de son compagnon n'était qu'à quelques centimètres de lui. Il pouvait le détailler facilement. Des poches foncées habillaient ses yeux clos, ses joues s'étaient creusées, sa barbe ne possédait plus une once d'ordre. Stiles réalisa alors, à quel point Derek avait dû se sentir mal, à quel point il lui cachait sa détresse. Comme il le connaissait parfaitement, il se doutait que le lycan n'avait que peu dormi. Il décida de le laisser s'évader dans son monde onirique, préférant profiter de ce moment de flottement. Hélas, son air paisible se mua en mine sévère. Ses mains se crispèrent sur le dos de Stiles.

– Sourwolf, hey, sourwolf.

– Mmh…

– Tu fais un cauchemar.

– Stiles…

– Celui-là même.

– Tu as dormi ?

– Moi oui… Toi, tu n'en as pas l'air.

– Ça va.

– Mon petit Derek, grommela Stiles en baladant son doigt sur sa joue. Dis-moi la vérité.

– Ce n'est pas important. Ce qui compte c'est toi. Je ne suis pas tombé dans le coma, moi.

– Tu sais bien que je n'en démordrais pas.

– Stiles Stilinski, ricana le loup. Tu m'as manqué.

– Ne change pas de sujet…

Derek soupira, se pinça l'arête du nez et plongea son doux regard dans celui de Stiles.

– Je suis tellement en colère. Contre Scott, contre moi, contre Preston. Véritable Alpha, tu parles. J'ai même pas eu la force de t'épauler. Ça fait trois semaines… Trois longues semaines où on vit dans la peur de te perdre. Si je vais bien ? Je suis épuisé, j'ai mal partout, ma haine me dévore et je passe mon temps à tenter d'accélérer ta guérison. Mais tu sais quoi ? Depuis que tu as ouvert les yeux… Tout ça, je m'en fous. Tu es vivant. Nath’ ne sera pas privé de son père et je pourrais observer ton petit sourire narquois jusqu'à la fin de mes jours. Je suis heureux.

– Derek…

– J'ai prévenu les autres. Ton père passe dans la journée, le reste ça sera plus tard. Il faut que tu te reposes.

– Je vais avoir un emploi du temps de ministre.

– L'hyperactif le plus demandé de Beacon Hills.

– Sinon, tu me sors de là et on se fait un road trip loin de tout ça ?

– Mmh. Il faut que tu te soignes.

– Rabat-joie.

Derek sourit enfin. Il ébouriffa les cheveux de Stiles et lui embrassa le front, les joues, les lèvres. Ils échangèrent un baiser puissant, comme pour s'assurer qu'ils étaient bien en vie et réuni. Derek le libéra, s'éloigna légèrement. Ils passèrent de longues minutes à se dévisager. Stiles lui raconta son rêve sous le regard attendri du loup. Quand il termina son récit, ils se promirent de rendre réel cette vision.

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