Chapitre 33

Stiles secouait la tête pour ne pas retomber dans l'inconscience. Entre sa fatigue, ses douleurs et ses pertes de sang, il était tenté de baisser les bras. Sauf que, la situation étant désespérée, s'il abdiquait, ils mourraient tous. Il regardait son frère vêtir le même rictus malveillant que Preston. Il était déterminé à tuer.

– Scott, chuchota-t-il. S'il te plaît.

Paroles que Stiles regretta amèrement lorsque le pied du rouquin arriva sur ses côtes. Il sentit deux ou trois d'entre elles céder sous la force de l'alpha. Il poussa un cri déchirant. Il souffrait de partout, son corps entier le brûlait. Il plongea dans un état de semi-conscience, au loin, la voix de Derek hurlait son prénom. Il y a quelque temps, ils profitaient de leur loft, ils s'y poursuivaient à travers pour un quelconque désaccord. Ils rigolaient sans retenue pour finir dans les bras l'un de l'autre. Ils étaient partis de loin, des connaissances, des amis avant d'avancer ensemble. Des larmes coulaient le long des joues de Stiles. Avant, ils étaient heureux. Les éclats de rire de Nathan résonnaient dans ses oreilles. Il ne les entendrait plus. Il ne le verrait pas grandir, il ne le disputerait pas après un retour trop tardif à la maison, il ne le verrait pas s'éloigner au bras de celui ou celle de son choix, il ne le verrait pas avoir son diplôme. Son père ne connaîtrait jamais son petit-fils. Tout ça, tous ces petits moments partaient en fumée.

« Ne faiblis pas » les paroles de son mentor balayèrent ses idées noires. S'il devait avoir une voix qui s'élevait jusqu'à la fin, ça serait la sienne. Pour Derek. Pour Nathan. Pour Scott. Pour Noah. Il allait se faire entendre avant de mourir. Il serra la mâchoire, occulta sa souffrance et rouvrit ses paupières. Il chercha Derek, leurs regards se croisèrent. Son loup était couvert de sang coagulé, sûrement le sien. Ses sourcils étaient relevés, sa lèvre inférieure tremblait, il était terrifié. Malgré sa torture physique, Stiles lui décocha un sourire.

– Mon petit Derek, tu as peur ? Blagua-t-il. Tu es bien expressif pour un Sourwolf.

– Stiles, clama le concerné. Tais-toi sinon…

– Sinon quoi ? Je vais mourir ? Je n'ai pas peur de la mort, j'ai juste énormément de regrets.

Cette fois, Preston lui tira les cheveux pour l'obliger à le regarder. Il lui tapota la joue délicatement.

– Sinon, je vais te briser chaque os un par un. Te tuer tout de suite ne serait pas divertissant. Je veux voir ton petit air arrogant se muer en désespoir.

– Tu pues de la gueule. On te l'a déjà dit ça ? Ton haleine est pestilentielle.

Une claque brutale contacta sa figure créant une plaie à son arcade sourcilière. Il remarqua ironiquement que c'était un endroit jusqu'alors épargné. Il n'allait pas flancher. Il pouvait bien se faire tabasser pendant des heures, du moment qu'il était en état de parler, il le ferait.

– Frapper quelqu’un qui ne peut pas se défendre, c'est du joli ça, remarqua-t-il. Déjà que tu t'en es pris à Derek alors qu'il était fatigué de son précédent combat…

– Bien, si tu insistes, expira Preston en lui comprimant l'épaule avec force. Vous êtes témoins, ce n'est pas de ma faute.

C'était celle traumatisée, il gémit. Le rouquin s'en amusait clairement, il augmenta encore un peu plus sa poigne et les plaintes suivirent. C'était atroce, comme s'il venait de se la déboîter une seconde fois.

– Stop, supplia Derek. Prends-en toi à moi, je guéris, tu pourras me torturer plus longtemps.

– C'est moins drôle, protesta Preston. Toi, tu ne cries pas. Puis, je veux juste qu’il se taise.

– T'es mal tombé, railla Stiles. Je suis hyperactif. Je suis né pour parler. Surtout que là, il s'agit de mon frère. Je suis condamné mais, jusqu'au bout, je me battrais pour lui.

– Courageux, héroïque même, cependant affreusement débile.

Le loup envoya son genou dans le nez de Stiles. Il saigna presque instantanément, respirer était devenu difficile.

– Honnêtement Stiles, je ne comprends pas pourquoi tu t'obstines comme ça. Encore un peu et ton corps lâchera.

– Pour Scott, articula péniblement le jeune homme. Il ne doit pas sombrer.

– Mais tu vas mourir ! Ce qu'il fait de sa vie après ne te regarde pas.

– Je… Suis son ami et je le soutiendrai jusqu'à mon dernier souffle.

Preston ne répondit pas. Quelques secondes de flottement envahirent l'espace. Tous semblaient stupéfaits par la détermination de Stiles. Puis, un grognement. Les yeux de Derek brillaient une nouvelle fois, il avait retrouvé cette lueur combative. Kira aussi récupéra sa fougue. Certains, réveillés par le grondement de Derek, peinaient à se relever.

– Pour Scott.

C'était la rumeur qui se répandait sur toutes les lèvres de ses amis. Amochés, épuisés, ils se battraient une toute dernière fois. L'énergie du désespoir ou l'amour qu'ils portaient à leur meneur, Stiles n'en savait trop rien. Il était sûr d'une chose, il avait réussi. Son acharnement s'était transmis aux autres. Ils devenaient un tout. Ils étaient une meute, la meute de Scott McCall.

– Ridicule, se moqua Preston. Je vais tous vous briser un par un.

– Il faudra nous tuer, soupira Stiles. Tu n'as pas encore compris ? Ce qui nous unis ce sont des valeurs, celle de notre alpha.

– C'est toi. L'élément parasite.

Alors que les autres se débattaient pour échapper à leurs ennemis, le corps de Stiles refusait de bouger. Il avait puisé trop profondément dans ses ressources. Il était à la merci de l'alpha adverse. Il se protégea comme il put, tremblant, il cacha son visage dans ses bras. Il reçut une avalanche de violence. Ses jambes cédèrent, il se retrouva à genoux.

– Tu la ramènes moins, jubila Preston.

– Scott, je sais que tu m'entends, murmura doucement le jeune homme. Ça vaut ce que ça vaut, mais pendant que j'étais inconscient… Je les ai vus. Chris et Alli… Chris est avec sa fille. Il va bien.

Un pied dans le flanc. Celui de trop, Stiles ne pouvait plus parler. Tout son être était engourdis sous la douleur. Le visage tourné vers le sol, il sourit tendrement « Papa, Derek, Nath. Scott. Merci, je vais me reposer un peu maintenant. ».  Une dernière pensée avant le coup fatal. Il s'était préparé à quitter ce monde, ce n'était pas une fin en soit. Il était persuadé de les revoir un jour. Il déglutit le mélange de sang, de larme et de salive qui stagnait dans sa bouche.

– Adieu Stiles, chantonna le rouquin.

– Stiles ! Vociféra Derek. Non ! Je t'interdis de faire ça.

– Aaah, « mon petit Derek », regarde toi. Un véritable alpha mis à terre. Tu me fais mal au cœur… Non je rigole. Hurle encore je t'en prie, je vais prendre la vie de ce misérable humain.

Stiles frissonnait, le froid transperçait ses os. Dans un sens, c'était une bonne chose, il souffrait moins. Quitte à choisir entre les deux, il préférait la morsure glaciale qui le saisissait. Il redressa le visage, il voulait voir la mort s'emparer de lui. Il ne craquerait pas maintenant. Des iris rouges et haineux le fixaient. Il s'y perdit un instant, ressentant toute la peine qu'ils essayaient de camoufler. En d'autres circonstances, Stiles aurait pu ressentir de la compassion pour cette âme égarée, cependant, Preston avait commis trop d'actes impardonnables. Il ne lui inspirait plus qu'une aversion totale. Aussi, Stiles l'affronta du regard, provoquant un rire sadique à son opposant. Fausse joie de courte durée, lorsque Preston s'apprêtait à abattre Stiles, il fut projeté au loin. Scott s'était interposé.

– Désolé, marmonna-t-il. J'ai mis du temps…

Le véritable alpha avait retrouvé son sourire bienveillant. Bien sûr, sa rage ne s'était pas dissipée mais, il arrivait à la contrôler. Il se baissa pour poser sa main sur l'épaule de Stiles, soulageant immédiatement son inconfort physique.

– On a failli attendre, ironisa Stiles.

– Merci d'avoir cru en moi jusqu'au bout.

– C'est normal, je…

– Non, c'est loin d'être normal, sans toi, je... Tu m'as sauvé, encore.

– Scotty…

– Ce n'est pas terminé. Je dois réparer ce que j'ai provoqué. Économise tes forces.

L'alpha se redressa, le torse bombé et la tête haute.

– Je suis Scott McCall, l'alpha qui protège Beacon Hills, déclara-t-il. Quiconque s'en prendra à cette ville ou à ma meute en paiera le prix. Je vous laisse choisir qui vous préférez suivre. Mais, sachez une chose, je suis très énervé.

Les yeux de Stiles se brouillèrent, il était soulagé et heureux de le retrouver. Il ferma ses paupières, se nourrissant du cri de ralliement de Scott. Vibrant et puissant. Il n'était pas naïf, même si son frère était de retour, la situation restait catastrophique. Toutefois, ce rugissement lui avait redonné confiance et une vague de chaleur l'inonda. Il lança un coup d'œil rapide, Amalia se tenait à un arbre, une plaie défigurait son visage angélique. Probablement Scott. Les sous-fifres de Preston hésitaient, relâchant légèrement leurs prises, erreur qu'ils allaient vite regretter. Derek en profita pour se dégager, ses traits étaient durs, il se préparait à tuer. Kira avait mordu son agresseur au bras, ses iris orange scintillaient faiblement. Malia, qui était sans doute la moins amochée, protégeait Lydia et Jordan. Liam et Isaac faisaient pâle figure. Preston s'était relevé, il fulminait, sa respiration était haletante. Il s'avançait d'un pas lourd, il était possédé par sa rage. Il ressemblait à un démon.

– Tu as donc choisi ton camp, alpha, gronda-t-il. Tu n'as pas oublié ? Il n'en restera qu'un.

– Ça m'arrange, j'ai des rancœurs à expulser.

Preston n'attendit pas, il fondit sur Scott qui parvenait à contrer la puissance de ses coups. Scott prenait nettement l'avantage, chaque fois qu'il touchait sa cible, la défense faiblissait. L'affrontement était si intense qu'il capta l'attention de tous, stoppant ainsi les autres envies meurtrières. Les adorateurs de Preston semblaient déçus de leur alpha quant à la meute, elle saluait le courage de Scott qui, malgré sa fatigue, n'ambitionnait qu'à la protéger. Seul Derek s'était déplacé, il exploitait l'accalmie à son avantage. Il s'était glissé près de Stiles. Il s'agenouilla à ses côtés avant de lui caresser doucement le dos. Sans savoir si c'était la proximité de son amant ou juste l'adrénaline qui le quittait, Stiles s'effondra contre lui.

– Hey l'hyperactif, susurra Derek.

– Salut Sourwolf.

Ils échangèrent un sourire triste et se concentrèrent sur Scott. Ce dernier essuyait les élans féroces de Preston sans broncher. Il ne grimaçait pas quand les griffes du rouquin se plantaient dans son ventre, il ne faiblissait pas lorsque ses crocs lui déchiraient la peau, il ne gémissait pas après avoir reçu un coup de tête dans le nez. Petit à petit, la vivacité de Preston s'éteignait tandis que celle de Scott grandissait. Enfin, le véritable alpha l'attaqua au torse, plaquant son adversaire au sol. Il resta quelques secondes à le surplomber avant de se résigner. Scott avait gagné. Il se releva et fit volte-face.

– Votre meneur est à terre, lança-t-il méchamment. Le temps est écoulé, votre réponse ?

Les compagnons de Preston se regardèrent, jugeant la situation. La meute de Scott était certes amoindrie mais, sa cohésion serait plus forte dorénavant. Alors que certains avaient déjà pris la décision de se rendre, Derek grogna :

– C'est pas fini Scott.

Effectivement, Preston se redressait. Son visage était déformé par une haine sans limite.

– Tu m'as enterré un peu trop vite. Tant que je respirerai, je vous traquerai. Je serai l'ombre qui planera sur vos vies, je serai votre cauchemar. Je…

Il ne put finir sa phrase. Derrière lui, deux lumières bleues polaires et une main qui lui enlaçait le cou. Stiles reconnut immédiatement Peter. C'était donc ce qu'il avait en tête. Un geste précis réalisé de nombreuses fois, une gorge tranchée, un cadavre tombant par terre et des iris glaçants prenant une teinte rouge flamboyante.

– Tu parles vraiment trop, railla Peter. Enfin… Parlais suite à un petit problème technique. Je souligne tout de même l'ironie de la situation, te faire tuer par celui que tu pensais « faible »... C'est comique non ?

– Peter, murmura Derek.

– Oh… Cher neveu, c'est un « merci » que tu cherches ?

– C'était son plan, marmonna Stiles.

– À quelques petits détails près… Je n'avais pas prévu que Scott s'en sorte et que Derek devienne aussi un alpha. Notez que du moment que j'ai réussi à atteindre mon but, le reste ne m'est d'aucune importance. Je dois bien avouer que son pouvoir est phénoménal. Quel délice.

– Qu'est-ce que tu comptes faire de ça ? Se méfia Scott.

– Merci de poser la question ! Je remplace l'autre rouquin psychopathe donc j'appelle ses anciens bétas à me rejoindre.

Stiles se battait encore pour rester conscient. Il éprouvait un certain détachement face à ce qui se déroulait sous ses yeux, peut-être à cause de sa condition physique ou parce qu'il profitait de la chaleur de Derek. Dans tous les cas, il ne ressentait absolument rien. Aussi, il n'arrivait pas à se décider sur ce qui pouvait les arranger, d'ailleurs, il s'en fichait. Il voulait juste se reposer, oui, juste se laisser aller cinq minutes. Il l'avait bien mérité. Les autres se débrouilleraient bien sans lui maintenant que Scott s'était réveillé. S'évader loin de cette odeur de sang, de cette ambiance pesante et de son état critique. Avec un peu de chance, il reverrait Chris et Allison, il aimait leur compagnie, même s'il ne s'agissait là que d'une illusion.

– Stiles, reste avec moi, supplia son petit-ami.

– Mmh, fatigué.

– Ouvre les yeux !

Une caresse sur la joue le fit frissonner, il releva les paupières, deux pupilles entourées d'un cercle écarlate le détaillaient avec inquiétude.

– On a même plus le droit de se détendre deux secondes ici, râla le jeune homme.

– Et non Stilinski, je suis un tortionnaire.

– … Tu deviens un peu trop ironique, mon petit Derek.

– Pourquoi on te suivrait ? Tu es minable, les interrompit un bêta qui defiait Peter.

– Je ne te laisserais pas rater ça, murmura rapidement Derek amusé.

Stiles ne rata pas le sourire moqueur de Derek, cela valait le coup de rester encore un peu éveillé. Peter ne se laissa pas démonter, il se confronta à son nouvel opposant, lui rappelant qu'il était le seul ayant réussi à tuer Preston. Chacun essayait d’asseoir sa supériorité. Il fallait l'admettre, c'était divertissant. Du moins, ça l'était jusqu'à ce qu'un petit point rouge discret se baladait sur la poitrine du bêta. Stiles le reconnut aussitôt.

– Merde, chuchota-t-il.

Il n'eut pas le temps ni la force de prévenir autour de lui qu'une avalanche de balles se déversa sur eux. Plusieurs personnes furent touchées aux bras, au ventre. Le cauchemar n'était pas terminé. Stiles les avait presque oubliés, les Akon. Derek se transforma en barrière sur lui, le protégeant de son corps. Heureusement, on ne le toucha pas. Dans la panique, Stiles crut discerner Scott et Malia gémir. Il serra des dents. La salve se calma et son bouclier humain le libéra. La plupart gisaient à terre. Scott se tenait encore debout, son épaule ensanglantée. Malia, allongée, se maintenait l'abdomen la mine horrifiée. Ses mains tremblaient, tentant de stopper l'hémorragie. Peter se précipita à ses côtés. Le jeune homme ne s'était pas trompé, malheureusement, les Akons entraient en scène.

Enfin, comme des messagers de l'enfer, des silhouettes accompagnées de lampes torches se détachaient des arbres. L'un d'eux, pointa une lumière dans la direction des deux amants, elle brûla la rétine de Stiles, il interposa sa main pour la cacher. L'ombre marcha vers eux, son pas était décidé. Derek montra crocs, griffes et iris, tentative désespérée pour faire reculer l'ennemi.

– Tu es mal en point, Stilinscoincé, ricana l'homme.

Stilinscoincé. Stiles se figea. Il n'y avait qu'un seul être qui l'appelait comme ça. Flynn, son coéquipier. C'était une vaste plaisanterie, une caméra cachée. Et puis quoi encore ? C'était quoi la prochaine étape ? Deaton les avait également trahis ? Il ne manquait plus que ça.

– Tu, toi, bredouilla Stiles désemparé.

– Tu as l'air surpris ? Je sais ! Attends.

Il orienta le faisceau lumineux vers lui. C'était bien l’équipier du policier. Son air nigaud n'existait plus, à la place, une assurance et une étincelle maline s'emparait de ses traits.

– Tadaaaaa ! C'est moi !

– Flynn… Enfin, si c'est bien comme ça que tu t'appelles.

– Oui, oui, je dois dire que tu ne m'as pas facilité la tâche… Je devais te surveiller, te faire vivre un enfer, tu me diras, l'autre ahuri de Donovan se suffisait à lui-même. Tout ça pour tes connaissances plus que douteuses. Ça fait un moment qu'on traque Preston et toute sa bande… Je devais m'en tenir au plan, sauf que, j'ai fini par t'apprécier.

– Encore toi, cracha Derek.

– La ferme. Personne ne t'a demandé ton avis, le clebs.

Son visage se durcit, il lui lança un regard dédaigneux. Stiles planta ses ongles dans la peau de son compagnon. Ses réactions à chaud pouvaient être violentes et c'était la dernière chose dont ils avaient besoin. Ils devaient gagner du temps, cela devait bientôt faire une heure qu'ils combattaient ici. Les renforts débarqueraient sous peu. Le lycan eut l'air de comprendre le message, il se renfrogna. Stiles jugea la situation d'un coup d'œil, ils n'étaient pas nombreux, cinq à tout casser, armés jusqu'aux dents. Cependant, ils avaient fait un grand ménage avant leur arrivée et, les rares qui tenaient encore sur leurs jambes ne pouvaient franchement plus se défendre. Il claqua sa langue dans sa bouche, le sort s'acharnait. Il tortilla ses doigts et sa jambe droite tressautait, signe d'une intense réflexion. Le monde autour de lui s'assombrit. Flynn se pavanait devant lui, certes, la surprise était totale, néanmoins, il pourrait tirer cela à son avantage. Son équipier brillait de part son endurance. Seulement, comme tout à chacun, il possédait un point faible : les côtes droites. Un accident fâcheux. Ce n'était pas tout, bien qu'il avait parfaitement réussi à tromper son monde, certaines parties de son caractère restaient authentiques. Stiles en était persuadé, il le voyait à l'air fier que son collègue arborait.

– Je dois bien avouer que tu m'as eu Flynn, soupira Stiles. Tu joues bien la comédie.

– Effectivement, avoua une femme qui se rapprocha d'eux. Flynn, le fils prodige des Akon.

– Ta gueule Kass. Je suis le fils prodige de personne.

– En plus, il est timide… C'est donc lui ton petit protégé ? On dirait un cadavre.

– Loin de moi l'idée de vous déranger, mais des amis à moi agonisent alors…

– Stilinscoincé, on est là pour faire le ménage. Il était temps d'intervenir. Chacun d'entre eux représente une menace. Rien que ton mec…

– Derek est quelqu'un de bien.

– Paige…

– Il a abrégé ses souffrances…

– Son propre oncle.

– On a tous plus ou moins envie d'assassiner Peter. Et puis, Peter était encore un monstre à l'époque.

– Victoria Argent.

– Il ne l'a pas tué. Il l'a mordue et elle a préféré se suicider.

– Son bêta

– Il était contraint.

– Stiles… Ce que je vois c'est que sa vie est à l'origine de beaucoup de morts.

– Comme les vôtres. Qui de vous peut se vanter d'être innocent à ce niveau là ? Hein ? Le surnaturel est un monde cruel. Les notions de bien et de mal se mélangent.

– Je vois, soupira Flynn en se retournant.

– On fait quoi ? Interrogea Kass. On les tue tous ?

– Celui qui touche à Stiles aura affaire à moi, à vous de voir.

Kass baissa sa lampe torche visiblement déçue et marmonna dans sa barbe des paroles inaudibles. Elle brandit son arme sans hésiter et tira sur un des wendigos. Il mourut instantanément.

– Avant qu'on ne parte en un joyeux massacre, je dois vous prévenir que le FBI arrive bientôt, rajouta Stiles. Flynn, tu te rappelles de Stan ? Il est au courant de tout.

– Tu ne m'aides pas Stilinscoincé…

– Chiant jusqu'au bout, hein.

– Je veux la biche, s'exclama Kass. Elle est superbe, pour mon tableau de chasse c'est parfait.

Gaiement, elle se rapprocha du cervidé qui paraissait perdue, ne sachant que faire. Les doigts de la chasseuse jouaient avec la gâchette.

– Flynn, gémit Stiles.

– J'ai déjà négocié ta vie, s'excusa-t-il du regard. Elle va mourir ce soir.

– Hors de question.

Bien que blessé, Scott barrait la route de Kass. Ses yeux rouges scintillaient faiblement. La femme ricana face à cet acte désintéressé. Elle s'apprêtait à le mettre en joue quand Derek se prêta main forte à son alpha. Ses iris transmettaient sa détermination. Deux loups, deux anciens rivaux se serraient les coudes pour sauver la vie d'une innocente. Stiles ne put s'empêcher de sourire. Kass se mordit la lèvre et sortit une autre arme de sa ceinture, prête à s'en servir.

– J'ai un certain respect pour vous, deux véritables alphas. C'est rare et ça témoigne d'une grande empathie. Mais je déteste qu'on se mette à travers de mon chemin. Dégagez.

– On ne te laissera pas faire, commença Derek.

– On protège les âmes pures, termina Scott.

– Kass ! Interpella Flynn. On a pas le temps. Ils arrivent.

– T'as changé, cousin. Tu étais le premier à tirer sur tout ce qui bouge avant de bavarder.

– Ouais. Faudra t'y faire.

Avant de partir, ils emmenèrent la majorité des sous-fifres de Preston, expliquant rapidement les meurtres qu'ils avaient commis. Néanmoins, ils prévinrent qu'au moindre faux pas, ils n'hésiteraient pas à exterminer entièrement la meute McCall, Stiles compris. Ils se félicitèrent tout de même pour leurs prises du jour, une sirène, un Kitsune, deux loups et une wendigo. Le reste n'allait pas survivre bien longtemps au vu de leurs blessures. Ils les laisseraient donc à leur triste sort, leur rappelant à quel point ils étaient des êtres abjectes. Quand les ombres des chasseurs s'évanouissaient entre les arbres, les amis de Stiles encore conscients poussèrent un soupir de soulagement. Scott tomba assis, le bras toujours immobile. Derek lui tapota le dos. Stiles recouvra ses sensations physiques, l'ensemble de son corps était douloureux, il ne pouvait même pas bouger le petit doigt. Instant de répit brisé par Peter qui donna l'alerte. Malgré le retrait de la balle, Malia ne guérissait pas. Pire, son état empirait à chaque seconde. Tous les valides se dépêchèrent de la rejoindre, Stiles observait la scène de loin, une fois encore en tant que spectateur impuissant. Malia mourrait et lui était paralysé.

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