Chapitre 23

Stiles rentra chez lui plein de sentiments contradictoires en tête, mélange entre joie et déception. Il avait passé une journée agréable avec Flynn et une bonne soirée avec Stan, en revanche, le silence de son amant était perturbant. « Sans doute à cause de la fatigue. » c'était ce qu'il se répétait afin d'éviter de plonger dans sa mélancolie habituelle. Mais, alors qu'il se rapprochait de son appartement, son téléphone sonna. Il décrocha rapidement sans vérifier qui l'appelait préférant se concentrer sur la route.

- Allô !

- Stiles, je viens de rentrer. Tu n'es pas là alors je...

- Mon petit Derek ! Je suis en chemin, j'arrive dans dix minutes.

- Ça marche... Je t'attends.

- Je me dépêche ! J'ai un petit bolide entre les mains maintenant !

- Pff, fais attention.

- Je ne te l'abimerai pas !

- Je parlais pour toi.

- Oh tu es inquiet ?

- Mmh. Je raccroche. Concentre-toi sur la route.

- Toujours !

La communication se termina et Stiles, pris d'une allégresse grandissante, accéléra. Il voulait retrouver son compagnon le plus rapidement possible, lui raconter qu'il avait presque battu Stan et qu'il en était plutôt fier. C'était légèrement modifier la réalité, mais de toute façon, Derek n'en saurait jamais rien. Il pouvait bien se vanter un peu. Le trajet fut plus court que prévu, il laissa la Camaro sur la place de parking qui lui était dédiée et fila en vitesse jusqu'à leur loft.

Quand il ouvrit la porte, Derek était assis au bar, le menton sur la main et fixait un point imaginaire devant lui. Stiles claqua la porte pour signifier sa présence, le loup sursauta et se tourna vers lui. Son visage ne montrait aucune émotion.

- Bonsoir ! S'exclama Stiles.

- Salut. Bienvenue à la maison.

- Merci !

Le jeune homme se débarrassa de ses affaires, et se rapprocha du frigo. Il y passa la tête en quête d'un repas, ils avaient de quoi se faire un sandwich.

- Ça te va ? Demanda-t-il.

- J'ai pas vraiment faim.

- Il faut manger mon petit Derek, c'est important ! Sans nourriture, pas d'énergie. Pas d'énergie, pas de patience et pas de patience, le retour du Sourwolf. Je dis ça aussi pour moi hein. J'aime ta mine interdite, ça a un côté sexy seulement, un petit sourire de temps à autre ça ne fait pas de mal...

Pendant qu'il bavassait sur l'attitude bourrue de son compagnon, il assemblait les différents ingrédients. Derek ne l'arrêta pas, il le regardait simplement s'agiter. Bien évidemment, son discours divagua rapidement.

-... Enfin voilà j'ai fini par me retrouver affalé contre le sol.

- J'aurais aimé voir ça, ricana le loup.

- Hey ! Ce n'est pas de ma faute ! C'était Lydia qui était magnifique et je n'avais pas vu le trottoir.

- Mmh. Il n'y a que Lydia pour te faire cet effet là.

- Objection votre honneur ! Il y a bien quelqu'un d'autre...

- Ah ? Qui ça ?

- Un Hale...

- Peter ?

- Cette perspective me donne envie de vomir.

- Je dois avouer que moi aussi.

- Ça m'a coupé l'appétit.

- Je ne le laisserais pas t'approcher, ne t'en fais pas.

- Il peut essayer ! Je peux me défendre !

- Je sais bien.

- D'ailleurs, aujourd'hui, j'ai vu Stan.

- Je sais aussi.

- Comment tu... Oh ! L'odeur...

- Ouais. Partout, sur toi.

- Il m'aide à perfectionner mon corps à corps.

- Ok.

- J'ai failli le battre ce soir... !

- Bravo. Tu t'améliores.

Derek eut un demi-sourire avant de dévorer son sandwich. Ses paroles étaient encourageantes mais son ton si froid qu'il en fit frissonner Stiles. Celui dernier connaissait la jalousie de son compagnon, il culpabilisa, persuadé d'être allé trop loin.

- Il m'apprend juste ses techniques, expliqua-t-il. C'est tout. Tu n'as pas à t'inquiéter de...

- C'est bon Stiles, le coupa le lycan. Je vais me coucher.

- Derek...

- Stiles... Ça va. T'en fais pas.

Le loup passa sa main sur son visage, sourit, déposa son assiette dans l'évier et monta les marches laissant un lourd silence derrière lui. Stiles, seul, fixait la place libre à côté de lui. Quand la conversation avait-elle mal tourné ? Il voulait juste partager sa joie. C'était injuste. Injuste parce qu'il ne disait rien pour Braeden, pour leur rapprochement, pour le week-end annulé, pour les fois où il rentrait tard et pour sa mauvaise humeur. Si Derek pensait s'en sortir en quittant la pièce, il se trompait lourdement. Stiles s'aventura, à son tour, dans les escaliers en serrant ses poings avec puissance. Il ouvrit la porte de la chambre, Derek était déjà allongé sur le dos. Il avait les yeux fermés et ses mains reposaient sur son ventre, se soulevant à chaque inspiration. Stiles se déshabilla pour ne rester qu'en caleçon, se posa sur le lit et prit une grande inspiration.

- Tu es énervé ? Demanda-t-il.

- Stiles... Soupira Derek.

- Ouais bah tu vois c'est carrément pas cool ! Je veux juste devenir plus fort pour ne pas être un poids et sauver vos petites fesses de loup-garou. Je ne suis qu'un humain lambda moi, j'ai besoin d'apprendre à me battre. Et pas avec une batte de baseball en bois. Alors oui, je demande à Stan de l'aide et au lieu de me soutenir, tu te casses et tu...

- Je t'ai félicité non ?

- Ouais avec autant d'entrain que Scott quand il parle de son père !

- Ah parce qu'en plus, il faut que j'utilise un ton particulier ?

- Non mais, je sais pas, je voulais juste partager ma bonne humeur avec toi.

-« Félicitations Stiles, tu es trop fort ! »... Ça te va comme ça où tu veux que je fasse venir des pom-pom girls en plus ?

- Ouais je veux bien, au moins j'aurais un peu plus de considération qu'avec Monsieur Derek Hale.

- Et ben va voir ton pote Stan, il sera peut-être plus chaleureux !

- Ta jalousie m'épuise...

- Oh mais t'en fais pas, j'ai bien compris. Je suis si terrible que tu préfères te tourner vers quelqu'un d'autre pour tes « entraînements ».

- Derek...

- Je suis désolé Stiles. Désolé que tu sois obligé de te reposer sur un autre homme que moi.

- Tu te trompes.

- Non. Et tu le sais.

- Stan est juste un ami.

- Ouais, j'ai l'impression d'en être un aussi.

-... C'est faux. Mais tu n'es jamais à la maison, on ne se voit pratiquement pas. Quand tu rentres, tu vas dormir directement. Je ne vais pas rester enfermé sagement ici.

- Je fais...

- Tout ce que tu peux. Je connais la chanson. Moi aussi, figure-toi, j'essaye de faire au mieux.

- Génial.

- Comme tu dis !

Derek s'était tourné, il mettait fin à la conversation. Cette discussion avait tourné au fiasco, Stiles se leva et quitta la pièce pour aller se doucher. Il avait besoin de sentir l'eau chaude se déverser sur ses épaules, il ne décolérait pas. Ce n'était pas de sa faute si son petit-ami s'éloignait, s'il préférait être ailleurs que chez eux. Il était toujours celui qui attendait. Il ne voulait pas pu plutôt plus de ce rôle là, il l'avait déjà assez expérimenté avec Lydia. Bien entendu, il comprenait les réflexions de son compagnon. Lui aussi devait souffrir de la situation. C'était absurde, ils se déchiraient pour des broutilles. Malheureusement, il le savait bien, ce n'était pas le loup qui allait faire le premier pas vers la réconciliation. Il éteignit le jet de la douche et se sécha. Il n'avait pas envie de terminer cette journée sur une dispute.

- Franchement, toujours à moi de venir vers toi, grommela-t-il. Qu'est ce que tu ferais sans moi, stupide Sourwolf.

Il repartit vers leur lit, s'y glissa et tendit la main pour la poser sur le triskel dessiné dans le dos de Derek. Sous sa paume, il sentit la peau de son homme frissonner.

- Tu es le seul à qui j'ai montré ma tristesse, tu es le seul qui m'a vu pleurer, murmura-t-il tendrement. Ça ne semble pas grand chose, mais je t'assure que si. Tu es celui en qui j'ai le plus confiance. Je ne voulais juste pas te rajouter ça en plus. Je t'aime, vraiment. S'il-te-plaît, Derek.

Les muscles sous les doigts de Stiles se contractèrent et un froissement de draps plus tard, le lycan s'était remis sur le dos. Il passa son avant-bras sous la nuque de Stiles et l'attira contre lui. Il le serra avec force, embrassa son front et déglutit.

- Stiles... Souffla-t-il. J'ai l'impression de te perdre petit à petit, ça me brise le cœur. Tu ne seras jamais un poids pour moi, tu peux tout me dire. J'aime t'entendre parler.

- Tu es sur de toi ?

- Oui.

- Mon Sourwolf... Mon petit Derek, je me sens complet quand tu es à mes côtés.

- Je ne suis plus un « Stupide Sourwolf » ? Ricana Derek.

- Si. Mais je ne veux pas que tu changes.

- Je t'aime, Stiles.

- Moi aussi, Derek.

- Bonne nuit.

- Toi aussi.

Stiles ne bougea pas, il profita de la chaleur de son amant qui lui paraissait lointaine ces jours-ci. Dans tous les cas, il ne pouvait pas s'évader. Le loup le gardait jalousement près de lui, comme s'il avait peur que le corps de Stiles ne s'évapore. Les deux hommes s'endormirent, conscients qu'il leur restait encore du chemin à faire pour retrouver leur quiétude passée.

Le lendemain matin, le réveil de Stiles sonna, les extirpant d'un sommeil réparateur. Derek grogna, Stiles se trémoussa légèrement pour se dépêtrer de l'emprise de son compagnon et éteignit enfin sa sonnerie. Ils se dépêchèrent, ayant peu de temps pour se préparer. Ils eurent tout juste le temps de se souhaiter une bonne journée, de s'embrasser et chacun prenait place dans son véhicule respectif. Derek montait dans une voiture noire avec un logo ocre. Le bruit du moteur s'éleva, puissant et vibrant, cela lui correspondait bien. Stiles le regarda partir, admiratif devant le bolide que conduisait son amant. Derek avait bon goût, aucun doute là-dessus. Même si Stiles devait bien avouer que la simplicité de sa jeep lui manquait. Il s'éloigna à son tour de leur domicile et arriva au commissariat quelques minutes après.

La journée fut semblable à la précédente. Des murmures affluaient sur son passage, alimentés par la haine de Donovan qui ne lui laissait aucun répit. Stiles les ignorait, si ce n'était que ça, il pouvait le supporter. La sensation d'être une bête de foire n'était pas très ragoûtante mais, il y avait pire, du moins, il le pensait. Durant la pause peu méritée de son coéquipier, il se décida à contacter les victimes de l'accident d'il y a plusieurs semaines. Il tomba sur la messagerie mais proposa un rendez-vous, il n'avait plus qu'à attendre. Patienter, c'était ça le problème, il s'ennuyait. Il y avait plusieurs choses à faire dans le bureau du shérif mais son cerveau avait besoin de plus de stimulus. Il avait pris en photo son tableau d'enquête et se plongea dedans. Malheureusement, avec Flynn comme collègue, il ne put s'y concentrer très longtemps. En effet, Mayer avait passé la tête au-dessus de son épaule et lui fit remarquer que c'était un comportement de psychopathe. Stiles ricana en lui rappelant que tout le monde ici n'avait pas un Q.I. inférieur à la moyenne. Flynn souffla, fit la moue et s'assit dans son fauteuil, vexé. La suite de l'après-midi était consacrée à du bouclage de dossier, sans intérêt.

Enfin, vint la libération, l'heure de rentrer chez soi. Stiles se dépêcha, soulagé d'apercevoir la fin de journée. Hélas, comme les jours précédents, il trouva un appartement vide. Une vision lui arriva à l'esprit, il y a de ça quelques mois, les rôles étaient inversés. C'était lui qui rentrait tard et Derek qui restait seul. L'ironie de la situation le fit sourire, retour à l'envoyeur comme on avait coutume de le dire. Il sortit son téléphone pour tapoter sur l'écran.

« Salut mon amour, tu penses revenir quand ? » - Envoyé à Derek.

Étonnamment, la réponse ne se fit pas désirer.

« Hey, je ne pense pas être là avant vingt heure. Mange sans moi, et pas que des chips. » - Reçu.

« Moi ? Comment oses-tu dire ça ?! J'ai une alimentation très équilibrée. » - Envoyé.

« Si jamais je vois seulement un paquet de ces saletés ouvert, je serais obligé d'intervenir. » - Reçu.

« C'est dommage... Je crois qu'il ne reste que ça. » - Envoyé.

Stiles s'amusait de cet échange, imaginant sans peine le regard désabusé de son compagnon.

« Attends de voir ce soir ! Je dois y retourner. Je t'aime. » - Reçu.

« J'ai hâte. Moi aussi. » - Envoyé.

Comme par défis, il s'empara du dernier sachet de chips qui leur restait et se dirigea vers la chambre d'amis. Au lieu de se poser devant son écran, il s'installa sur le lit face aux indices qu'il avait pu récolter. Toutefois, son téléphone se mit à vibrer, le poussant à abandonner ses recherches. Il souffla de frustration et répondit.

- Stilinski à l'appareil !

-... Salut.

- Scotty ! Comment tu vas ?

-... Et toi ?

- Je m'apprêtais à résoudre nos petits problèmes. Tu as une petite voix...

- On peut se voir ?

- Euh ouais, tu veux qu'on se retrouve où ?

- Derek est chez vous ?

- Non !

- Je peux venir ?

- Ouais, ouais. Mais, qu'est ce qu'il se passe ?

- J'arrive dans cinq minutes.

- Euh okay...

La voix de l'alpha était faible et monotone, presque éteinte. Stiles se frappa les joues, descendit dans la cuisine et sortit deux bières. Il les disposa sur le bar et attendit que la sonnette retentisse. Deux minutes plus tard, à dix-huit heures trois, Scott passait la porte du loft. Son regard était vide et fixé au sol, des poches noires entouraient ses yeux, ses joues portaient encore les traces d'une cascade émotionnelle vive. Stiles déposa délicatement sa main sur l'épaule de son ami qui sursauta à son toucher.

- Scott, tiens, lui dit-il doucement en lui proposant une bière. Assieds-toi et raconte-moi.

L'alpha en perdition se laissa tomber sur une des chaises devant lui. Il posa ses coudes sur le bar et se frotta le visage. Il but une gorgée du liquide amer et releva enfin la tête.

- Stiles, gémit-il avant que sa voix ne se casse.

- Scott, t'es flippant.

- J'ai... C'est... On est jeudi et... Tu sais...

- Je ne comprends rien, calme-toi. Respire et explique-moi calmement.

- J'ai vu mon père.

- Ah oui, c'est vrai... Ça s'est mal passé ?

- Il... Stiles, j'en peux plus...

Scott serra puissamment ses mains, un liquide ferreux sortait de là où ses griffes s'enfonçaient. Stiles observa avec attention les yeux de son frère. Ses iris étaient rouges sang, son flamboiement d'alpha s'était évanoui. Il n'y avait plus que de la rage à l'état pur. Un frisson de peur parcourut l'échine de Stiles, il respira, tenta d'apaiser son cœur qui tambourinait dans sa poitrine et posa sa paume sur les doigts de son meilleur ami. À son contact, Scott reprit forme humaine.

- Dis-moi.

- Il est malade.

- Comment ça ?

- Cancer.

- Oh... Où ça ?

- Le foie. Stade avancé.

- Et il...

- Peu de chance de survie. Il est sous traitement.

- Je suis désolé Scott.

- Je ne peux rien faire à part le regarder mourir à petit feu. J'en ai marre d'être aussi faible.

- Tu n'es pas faible.

- Ah tu crois Stiles ?! S'exclama le loup. J'ai des dons surnaturels, super ! Mais je ne peux pas empêcher la maladie de tuer mon propre père. Je pourrais le transformer, histoire qu'il guérisse seul... Oh mais non, ça non plus, je ne peux pas ! Et pourquoi ? Parce que je suis pas foutu de garder ce putain de statu d'alpha. Sauf si...

- Tu arrêtes de te battre et que tu délaisses ton humanité.

- Je suis épuisé.

Stiles ne savait pas quoi répondre, être confronté à une maladie dévastatrice était une épreuve terrible. Il ne le comprenait que trop bien, sa mère en était morte. Mais, lui n'avait pas eu la possibilité de la sauver. S'il en avait eu le pouvoir, il l'aurait fait, sans hésiter. Sauf que, Rafael McCall n'était pas un exemple de paternité. Il avait laissé femme et enfant derrière lui. « Il ne mérite pas tant de compassion et les conséquences en seraient terribles. » s'éleva une voix au fond de son esprit. Il l'a fit vite taire. Quelle idée, penser ainsi du géniteur de son meilleur ami, ou même de quiconque, ce n'était pas lui.

- Déjà Chris que je n'ai pas pu sauver, reprit l'alpha. Maintenant lui...

- Ouais enfin, il n'avait pas le prix de l'année du meilleur papa non plus hein.

- Quoi ?!

Le lycan releva la tête, surpris face au peu d'empathie de son ami. Les mots avaient franchi la bouche de Stiles sans qu'il ne s'en aperçoive. Il le pensait, Rafael était tout sauf un père dévoué mais ce n'était pas le moment de dire ce genre de choses.

- Je veux dire, tu ne peux pas comparer Chris et Rafael, s'expliqua-t-il maladroitement. Chris était un homme admirable et surtout, il t'aimait comme son propre fils. Tu entaches sa mémoire.

Non, c'était toujours pas cela qu'il voulait dire. Enfin ce n'était pas faux mais il voulait être plus doux, réconforter son ami, pas le détruire plus qu'il ne l'était déjà. Il voulait lui montrer que quoi qu'il arrive, il serait là et qu'il ne l'abandonnerait pour rien au monde. Seulement, il n'y arrivait pas. Pire, cette situation l'agaçait. Scott McCall dans le rôle de l'alpha éploré, encore et toujours.

- Alors explique-moi, Stiles, pourquoi tu n'es jamais venu sur sa tombe, toi qui le considère autant ?

- J'y suis... Je n'y suis jamais allé ?

- Non, pas une seule fois, grogna Scott. Je crois que tu es le moins bien placé pour me faire la morale. Je t'ai proposé de m'y accompagner plus d'une fois, j'avais besoin de mon ami. Mais, tu m'as ignoré totalement.

- Figure-toi que le monde ne tourne pas autour de ta petite personne Scott ! Les autres ont aussi des problèmes, tu sais ? Ah c'est sûr on est pas tous des véritables alphas mais la vie est difficile pour tout le monde ! Je commence à en avoir marre de tes états d'âme.

- C'est ça que tu penses alors ? Geignit le lycan.

- Scotty, tout le monde pense de la même façon ! Personne n'ose te le dire c'est tout.

- Je vois... Je suis désolé d'être aussi pathétique à tes yeux.

- Et voilà, tu te poses encore en victime ! Faut changer de disque.

-... On n'a plus rien à se dire, je crois...

Les yeux de Scott déversaient une quantité impressionnante de larmes qui s'échouaient sur ses joues. L'énervement de Stiles se dissipa aussitôt, il avait été horrible avec lui. Comment avait-il pu être aussi méprisant face à la douleur de son frère ? Non, impossible, il n'avait pas pu lui dire tout ça. Scott se battait tous les jours pour ne pas sombrer, il était admirable. Il était le pilier de toute la meute. Il n'avait jamais fait preuve d'égoïsme, il se mettait toujours en arrière plan pour les autres. Rien de tout ce que Stiles avait pu déblatérer ne reflétait la réalité, ce n'était que des pensées fugaces qu'il avait eu. Une forte migraine s'empara de lui.

- Scott, je suis désolé, murmura-t-il. Je voulais pas, je...

- Non, tu as dit ce que tu avais sur le cœur. Je ne t'embêterai plus avec mes soucis.

- Attends, Scotty...

- Je te souhaite plein de bonheur avec Derek et son fils, vous le méritez. On se verra plus tard, peut-être.

Scott passa la porte sous les yeux médusés de Stiles et sa silhouette disparut dans l'obscurité du couloir. Les jambes du jeune homme étaient soudées au sol. Il ne pouvait qu'être le témoin malheureux de sa haine, il avait propulsé son meilleur ami dans les ténèbres. Au bout d'une dizaine de minutes, son corps accepta enfin de bouger. Il courut dehors, empli de naïveté : Scott n'était peut-être pas encore parti. Hélas, si, il n'y avait plus personne, la rue était déserte. De violentes nausées animèrent son estomac, il rentra en vitesse dans le loft, monta les marches et, campé au-dessus des toilettes, déversa toute sa culpabilité. Cela dura plusieurs minutes. Puis, il se releva, la bouche pâteuse. Il tira la chasse et alla se rincer le visage. Tout ceci n'avait aucun sens. Il empauma son téléphone et composa le numéro de son frère, s'il pouvait encore l'appeler ainsi. Il tomba sur sa messagerie, frénétiquement, il retenta la chose. Dix fois, peut-être plus, il n'en savait trop rien. « Vous êtes bien sûr le répondeur de Scott McCall... » toujours la même voix enjouée de son ami qui lui répondait. Elle lui faisait mal, elle lui rappelait à quel point il avait pu être cruel. Finalement, il eut une idée, Kira.

- Allô, comment tu vas Stiles ?

- Kira, Scott est rentré ?

- Euh oui, il est sous la douche là.

- Tant mieux. Il va comment ?

- Ça a l'air d'aller, il est rentré, nous a embrassé June et moi. Après, il est directement allé se laver. Pourquoi ?

- On s'est un peu disputé...

- Si Scott a été désagréable, je suis désolée pour lui...

- Non, non c'est pas lui. J'avais juste peur qu'il se sente mal.

- Il souriait en rentrant. Oui mon chéri ? C'est Stiles ! Il s'inquiétait pour toi. Il me dit de te dire que tout va bien.

- Je vois...

- Je vais devoir te laisser Stiles.

- Bonne soirée à vous trois. Je vous aime.

- Nous aussi !

La renarde raccrocha et Stiles fut soulagé. Peut-être que Scott ne lui en tenait pas trop rigueur. Peut-être avait-il surestimé l'influence qu'il avait sur son ami ? Ce n'était pas plus mal. Au moins ses paroles n'avaient eu que peu d'importance, ou en tout cas, moins que ce qu'il imaginait. Épuisé, il alla s'écrouler dans son lit, il réfléchissait à Scott, à sa réaction violente et à Amalia. Tout venait d'elle, il fallait qu'il retourne la voir. Demain, il appellerait Deaton. Il tomba finalement dans le sommeil.

- Stiles, Stiles, ça va ?

Une main s'était posée sur son épaule et le caressait doucement. La pièce était plongée dans le noir, Stiles peinait à ouvrir les yeux.

- Mmh ?

- C'est moi.

- Derek... Murmura Stiles dans un demi-sommeil. Tu es rentré.

- Tu vas bien ? La porte était ouverte... J'ai cru que...

- J'ai oublié de la fermer.

- Tu m'inquiètes...

- Désolé. J'étais fatigué.

- Scott est venu ?

- Ouais... Je suis un connard.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Tu vas me détester...

- Jamais.

- Je suis un gros gros gros con.

- Déjà je ne t'autorise pas de parler comme ça de l'homme que j'aime. Et ensuite, je te connais et je sais que tu es quelqu'un de bien.

- Sans vouloir te vexer, pour l'instant tu t'es plutôt trompé dans tes relations sentimentales.

- Toi c'est différent.

- Comme tu veux... J'ai dit des choses... Je ne les pense même pas vraiment... Je lui ai fait comprendre qu'il était... égocentrique... et qu'il salissait la mémoire de Chris.

- OK, t'as bien merdé.

- Je sais...

- Mais, tu vas te rattraper.

- Mmh.

- Tu es venu à bout de ma carapace, tu arriveras à faire en sorte que Scott aille mieux.

Stiles tâtonna devant lui, il sentit le bassin de son compagnon qui était assis à ses côtés. Il entoura ses bras autour de lui et posa sa tête sur sa cuisse.

- Reste, marmonna-t-il.

- Il faut que j'aille me doucher.

- S'il te plaît...

Le lycan souffla, se dégagea de la prise de Stiles et se redressa. Il revint quelques secondes plus tard pour se coller à son dos. Il l'enlaça et murmura à son oreille « Tu gagnes toujours. ». Le jeune homme se sentit instantanément en sécurité, susurra un « Merci mon amour. Je t'aime. » et glissa dans un monde rempli de rêves tragiques.

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