Chapitre 22
Stiles rentrait chez lui joyeusement. Sa journée avait été plus douce que prévu. Il passa la porte du loft et chantonna un « je suis rentré mon amour ! ». Il n’eut aucune réponse, si ce n’est un silence froid qui le fit frissonner. L’appartement était vide.
- Ouais, c’est vrai, on est lundi, bougonna le jeune homme.
Le lundi, c’était un jour d’entraînement, le seul qui se déroulait le soir. Derek ne reviendrait pas avant la nuit tombée. Il allait devoir manger seul. Maussade, il prit une douche et se changea avec un pantalon en toile et un t-shirt lâche. Il se posa ensuite sur le canapé en réfléchissant à la suite des événements. Plusieurs choix s’offraient à lui : commander une pizza et lui faire honneur devant un film, manger des chips en jouant à des jeux en ligne, se concentrer sur son tableau d’enquête ou s’endormir seul dans le lit. Aucune des solutions ne lui donnait réellement envie. Il ne voulait pas réfléchir, pas ce soir. Il avait besoin d’expulser sa frustration, ce fut donc naturellement qu’il se tourna vers les jeux vidéo. Il monta l’escalier et s’installa devant son ordinateur qui dormait dans la chambre d’ami. Il avait bataillé dur pour l’installer dans la leur, seulement Derek avait tenu bon et Stiles avait fini par capituler. Il passa sa main sur l’écran pour enlever la couche de poussière qui se déposait dessus. « C’est entre toi et moi, comme au bon vieux temps… » murmura-t-il.
Il était encore tôt mais il avait déjà prévu son paquet de chips qu’il déposa à sa droite. Il glissa le casque sur ses oreilles et enchaîna les parties en réseau. Il ne se priva pas, laissant son sarcasme s’épanouir contre ses ennemis. Hélas, il n’eut pas de chance, la majorité de ses coéquipiers n’était pas très douée. Il perdait la plupart du temps. Il râla une dernière fois avant de se frotter les yeux. Il n’était plus habitué à ce genre d’activité même si, il devait bien l’avouer, c’était amusant. Il s’étira vers l’arrière, les mains jointes. Par curiosité, il vérifia l’heure, vingt-et-une heures trente. Pas de nouvelles de Derek. Il soupira, il tenta sans conviction de l'appeler à travers les pièces vides de leur foyer. Ses craintes se confirmèrent, aucun son ne lui parvint. Son compagnon n'était pas encore rentré. Il composa son numéro de téléphone et tomba sur sa messagerie. Il maudit intérieurement l'aversion technologique de son amant et alla s'effondrer dans leur lit.
Il était grand et froid. Stiles était au milieu, les yeux rivés sur le plafond. Il sentait la fatigue le submerger petit à petit. Il finit par sombrer dans un sommeil profond. Son rêve le ramena plusieurs années auparavant, il était au lycée en compagnie de Scott. C’était quelque temps après la morsure, lorsqu’ils cherchaient encore qui était le coupable. Il revit un Derek froid et antipathique, il se rappela le sentiment de méfiance qu’il éprouvait à cette époque. Mais, ce qui l’interpella le plus, c'était sa complicité avec Scott. Tout était plus simple, plus léger. Ils se racontaient tout et son ami avait encore cette lueur dans les yeux, cet espoir d’un monde meilleur. Aujourd’hui, ce n’était que la désolation qui se lisait dans ses pupilles. Stiles voulut toucher l’épaule de son frère. Seulement, il bascula, une fois encore, en arrière pour se retrouver devant une scène beaucoup moins joyeuse. Il était devant la tombe d’Allison, un bouquet de fleurs à la main. Il n’avait jamais été très doué pour les choisir, sauf quand il s’agissait de Lydia. Il était seul et ne savait pas par où commencer. Il entendit sa voix sortir de sa gorge.
- Désolé, murmura-t-il.
Les larmes coulaient le long de ses joues. Oui, il s’était senti terriblement coupable. C’était peut-être le Nogitsune qui l’avait possédé mais, une partie de lui se persuadait que sans lui, elle serait toujours vivante. Il déposa malhabilement le bouquet sur la pierre tombale quand une main chaude se posa sur son épaule. Il tourna la tête et se retrouva face au regard empathique de Scott. Ce dernier se posta près de lui et ils restèrent un moment silencieux. Que dire lorsqu'on se sent coupable de la mort du grand amour de son meilleur ami ? Rien. À part se tordre d'excuses mais les mots ne venaient pas. Scott souriait tristement, les yeux perdus dans le vague.
- Merci d'être venu, finit par expirer l'alpha. Sans toi, la réalité aurait été trop dure à supporter.
Sa voix était basse et profonde. Il ne lui en voulait pas, il lui avait pardonné. Le regard larmoyant, Stiles le prit dans ses bras et chuchota « Toujours là pour toi, mon frère. ». Ce n'était qu'un vestige du passé que le jeune homme avait enterré, une trace de l'amitié qu'ils se portaient mutuellement. Les couleurs se mélangèrent et il ouvrit les yeux. Il était de nouveau dans son lit, ses pommettes étaient humides. Il avait pleuré. Instinctivement, il glissa sa main à sa gauche et sentit le corps chaud de son compagnon. Il était rentré, enfin. Il était dos à lui et sa respiration était lente. Il devait dormir. Stiles hésita à le réveiller pour se blottir dans ses bras. Cependant, dans quelques heures, le réveil allait sonner et il ne voulait pas l'épuiser plus qu'il ne l'était déjà. Alors, il se rapprocha de ce large dos et posa son front dessus. Il respira l'odeur de la forêt et replongea dans son monde onirique.
Ce fut le réveil qui le tira de ses songes. Il râla, se retourna et essaya de se rendormir. Il était de toute évidence trop tôt pour se lever, il lui fallait au moins deux heures de sommeil en plus.
- Stiles… Il est l'heure.
- Mmh, encore un peu, marmonna le jeune homme.
- Tu vas être en retard.
- M'en fous.
- Stiles, lève toi ou c'est moi qui te sors de ce lit.
- Woah, Derek Hale m'honore de sa présence. Quel homme chanceux je suis.
- C’est injuste, je fais ce que je peux pour tout gérer de front. Je t’en ai déjà parlé.
- Je sais, je sais… Maintenant, tu es assez énervé pour me laisser dormir ?
- Raté Stilinski.
Le bouclier de couette dans lequel s'était réfugié Stiles sauta et le corps massif du loup s'y introduisit. Derek se colla à l'humain et lui embrassa le cou. La barbe du lycan chatouilla le jeune homme qui se mit à rire. Celui-ci se retourna et tenta de le repousser, seulement sa force, surtout au réveil, était dérisoire face à celle de son petit-ami. Derek sourit et lui susurra à l'oreille :
- Voilà, tu es réveillé maintenant.
- Espèce de Sourwolf machiavélique ! Comment se fait-il que tu sois devenu aussi talentueux ?
- J'ai un bon professeur.
- Hum, tu crois que je serais doué la dedans ? Non parce que je pense que ça me plairait bien d'enseigner. Tu sais, transmettre son savoir à de jeunes recrues.
- Et c'est reparti, soupira le lycan en se détachant du jeune homme.
Effectivement, Stiles récitait un de ces sempiternels monologues. Il expliquait les différentes raisons qui le poussaient à vouloir instruire la génération future. Derek leva les yeux au ciel et enfila son uniforme. L'hyperactif marqua un temps d'arrêt pour mieux reprendre son récit avec une voix plus lancinante. Le corps du loup était spectaculairement beau. Le voir s'habiller était un délice pour les yeux, si bien que même Stiles se perdit dans ses propos. Derek ne le remarqua pas, cela devait faire un moment qu'il avait décroché de la conversation. Le jeune homme souffla, déçu, et passa ses vêtements de travail. Ils prirent un petit déjeuner dans le calme et se séparèrent pour affronter leur journée.
Elle fut calme pour Stiles. Il devait supporter les regards en coin et quelques murmures sur son passage. Il serra les poings et les ignora. Il ne savait pas comment réagir, il se disait qu'avec le temps, les choses se calmeraient bien d’elles-mêmes. Flynn avait regagné sa lourdeur caractéristique. Cependant, maintenant, elle faisait du bien à Stiles. Il avait l'impression que rien n’avait changé et ça le rassurait. D'ailleurs, il ne savait pas si son équipier essayait de le réconforter à sa manière mais il avait augmenté le nombre de ses blagues vaseuses. Trouvant ce comportement presque attendrissant, ça le faisait sourire intérieurement.
Holly, quant à elle, lui jetait des regards inquiets et compatissants. Plusieurs fois, elle s'était rendue à son bureau pour discuter de tout et de rien. Un soutien passif dont Stiles avait besoin. Surtout lorsqu'il croisait la mine hautaine de Donovan. Ce dernier semblait s'être calmé, toutefois, Stiles restait sur ses gardes. Chasser un homophobe, il revient plus enragé que jamais.
L’heure de partir arriva assez vite et Stiles devait se rendre au garage de Derek. Roscoe allait, enfin, être réparé par un professionnel, bien que le ruban adhésif était largement suffisant à ses yeux. Il se gara devant l’enseigne « Garage Hale » et y entra. Il y avait déjà une personne qui attendait à l’accueil. Enfin, ce qui s’apparentait le plus à un accueil. Un sas à l’entrée où trônait une table. Il y reposait un vieil ordinateur et quelques papiers. Derek n’avait jamais été très porté sur le modernisme, c’était donc Gareth qui s’occupait de la partie informatique. Les clients devenant trop nombreux, ils envisageaient de prendre quelqu’un en plus pour reprendre ce rôle et laisser l’apprenti se concentrer sur la mécanique.
- M’dame Davis, votre voiture est prête, s’exclama Gareth en pénétrant dans la pièce. Tenez, vos clés !
La femme le remercia, reprit ses biens, paya la facture et le suivit à l’extérieur. Quelques minutes plus tard, il était de retour, un large sourire aux lèvres.
- M’sieur Stilinski ! Comment allez-vous ?
- Stiles, Gareth. Et tutoie-moi, j’ai l’impression d’avoir quarante ans. Ça va et toi ?
- Super ! Vous… Tu es ici pour la jeep ?
- C’est ça !
- J’préviens m’sieur Hale que tu es là.
- Merci !
Le jeune apprenti disparut par la porte de gauche. En attendant, pour occuper son cerveau, Stiles se rapprocha du bureau. Il laissa son regard courir sur les feuilles qui y traînaient. Des factures, des devis, rien de bien intéressant. Jusqu’à ce qu’un nom vienne attirer son attention : Donovan… Il n’eut pas le temps de lire le nom de famille, Derek s’était engouffré dans le sas. Il tenait dans sa main un bout de tissu avec lequel un tentait vainement de faire disparaître des traces noires sur ses mains. Il s’approcha du jeune homme et lui embrassa chastement la bouche. Gareth était au courant de leur relation alors ils n'avaient pas besoin de se cacher ici.
- Hey mon amour, le salua Derek.
- Salut toi, sourit Stiles. Ça a été ta journée ?
- Ouais et la tienne ?
- La routine.
- Ok. Bon, fais-moi voir l'étendue des dégâts…
- T'es sur que c'est nécessaire ? Parce que depuis que je l'ai rafistolée, elle…
- Stiles, le coupa le loup. Tu crois réellement que je laisserai l'une des personnes les plus importantes à mes yeux conduire avec un moteur scotché de tous les côtés ?
- J'ai toujours fait ça, marmonna le jeune homme. Et elle est encore en vie.
- Jusqu'au jour où ça lâchera et que c'est la tienne qui se jouera. Il est hors de question que je laisse ça arriver alors que j'ai la possibilité de l'éviter.
- Ce que tu peux être négatif dans la vie ! Bon… Suis-moi. Tu sais qu’un peu de positivité ne te ferait pas de mal ?
- C’est ce qui fait qu’on se complète bien, grogna le loup. J’imagine.
- C’est ici, tu vois ?
Stiles pointa du doigt un tuyau qu’il avait entouré de ruban adhésif. Derek se pencha sur le moteur quelques secondes. Dans ce laps de temps, l’esprit de Stiles se perdit sur le débardeur blanc-gris de son amant. Il était rempli d’une multitude de tâches sombres, sûrement de l’huile. Mais, ce qui attira son attention, c’était à quel point cet habit le mettait en valeur. Moulant à souhait, il faisait apparaître chaque partie de son dos athlétique. La branche supérieure du triskel dépassait au-dessus de son t-shirt, elle bougeait sous les mouvements qu’effectuait Derek pour vérifier le moteur. Soudainement, le garagiste se redressa ce qui ne sortit pas Stiles de sa contemplation, bien au contraire. Les pectoraux du lycan ressortaient, signe d’un buste puissant. Il descendit les yeux pour s'égarer sur son abdomen musclé.
- Stiles, Stiles, tu m’écoutes ?
- Mmh ? Ouais… Hum, bafouilla le jeune homme en relevant le regard. Tu disais ?
- Tu as mis combien de bout de scotch ?
- Je ne sais pas, je ne compte pas.
- Rah…Tu es impossible. Ton problème d’avant-hier c’est une durite. Je vais la changer mais, il y a d’autres petites réparations à effectuer. Je vais devoir la garder.
- Oh… D’accord.
- Je vais te prêter un autre véhicule en attendant.
- Oui…
Derek repartit à l’intérieur du garage, Stiles le suivait de près. Ce dernier était amer, laisser sa fidèle Roscoe ressemblait à un acte de trahison. Ses pupilles étaient rivées au sol, il avait naïvement pensé qu'il pourrait la récupérer dès ce soir. A l’intérieur, le patron énuméra à son employé les différentes pièces à commander et lui demanda de rentrer la jeep pour qu’ils l’examinent plus en détails. Gareth acquiesça avec enthousiasme, puis, Derek emmena Stiles dans son bureau.
- D’ici fin de semaine, tu pourras la retrouver.
- Mmh…
- Ne t’en fais pas, je vais la bichonner.
- Je sais, je sais… Je te fais entièrement confiance. Mais je suis triste de la laisser.
Le lycan sourit et passa la main dans les cheveux ébouriffés de Stiles. Il se rapprocha, l’entoura de ses bras et le serra contre lui.
- Et si… Je te passais les clés de ma Camaro ? Chuchota Derek au creux de son oreille.
- Quoi ? Manqua de s’étouffer le jeune homme.
Il était surpris. Que son compagnon lui propose sa précieuse voiture, c’était exceptionnel, voire inimaginable. Il fallait une confiance presque aveugle pour motiver ce geste.
- Tu es en train de me dire que TOI, tu me proposes d’utiliser ta Camaro ?
- Et oui !
- Woah…
- Par contre, je te confisque ton ruban adhésif. Moi vivant, il ne touchera pas un centimètre de ma voiture.
- Ah ? C’est dommage, je voulais la recouvrir de scotch, je me disais que niveau couleur, ça serait plus sympa.
- Tu n’oserais pas.
- Tu poses encore la question ?
- Si tu fais ça, mon petit Stiles, ton si bel ordinateur goûtera aux plaisirs de la chute libre à travers la fenêtre de la chambre.
- Ça va, ça va… Mais c’est petit d’utiliser un pauvre appareil électronique innocent comme moyen de pression.
- Je peux toujours te menacer de te dévorer.
- Ça serait une menace si je n’en avais pas terriblement envie.
Un sourire fugace se dessina sur le visage de Derek. Il reprit vite sa mine impassible et embrassa le policier sur le front.
- Je sais que tu la trouves belle, expliqua maladroitement le loup. Et il faut que je me fasse pardonner… Alors je te la confie, le temps que je répare ta jeep.
- Et toi… ?
- J’ai de quoi faire, ne t’en fais pas.
- Bon… Je ne peux qu’accepter alors…
Ils scellèrent leur accord par un doux baiser et rejoignirent Gareth qui était déjà sous le capot de Roscoe. Stiles fut invité à rentrer au loft. Ils avaient encore beaucoup de travail et ils risquaient de finir tard. La soirée allait encore se passer entre lui et sa solitude. Il monta dans la fameuse Camaro. L'intérieur était d'une propreté impeccable. Il y avait une multitude d'options, à force de côtoyer son homme, il connaissait leurs rôles respectifs. Néanmoins, il préférait la simplicité de sa jeep. Il démarra et le moteur vrombit. Il devait bien avouer que le son était plus harmonieux que celui de son véhicule. Il entendit toquer sur sa vitre, c’était Derek. Il l’ouvrit et écouta ses dernières recommandations.
- Attention quand tu vas accélérer, on monte très vite dans les tours sans s’en rendre compte. Fais gaffe aux trottoirs, elle est basse. Et…
- Je sais, j’en prendrai soin, promis.
- Mmh. Sois prudent sur la route, je t’aime.
- Moi aussi, mon petit Derek.
Ils ne firent aucun geste l’un envers l’autre mais l’intensité de leurs regards parlait pour eux. Stiles fit marche arrière sous l’œil inquiet du garagiste et partit vers leur appartement. La conduite était plus légère et plus fluide. Il avait l'impression de glisser sur la route, c'était agréable. Il arriva rapidement à destination et se prépara pour vivre la même rengaine que la veille : douche, repas, jeux vidéos et repos. Il s'était préparé des aliments plus sains et se promit de ne perdre que trente minutes dans son monde virtuel. Le lendemain, il devait s'entraîner avec Stan et voulait être en forme. Cette fois, il ne perdrait pas.
Naturellement, il joua plusieurs heures d'affilée, oubliant ainsi ses bonnes résolutions. Il répondait à l'un des joueurs adverses en lui expliquant que l'intelligence était une denrée rare sur laquelle il avait dû s'asseoir dès la naissance, quand il sentit une main sur son épaule. Il poussa un cri de surprise, se retourna vivement et fit face à son compagnon qui possédait un sourire moqueur.
- Préviens un peu quand tu rentres, ronchonna le jeune homme.
- Je t'ai appelé dix fois, au moins.
- Ah…
- Je vais me coucher, je suis crevé.
- J'arrive !
Sans attendre, Stiles éteignit son ordinateur et suivit son amant jusqu'à leur chambre. Il essaya de lancer une conversation mais Derek semblait très peu réactif.
- Ça a été après mon départ ? Demanda Stiles.
- Oui, répondit sèchement le lycan.
- Tu es rentré depuis longtemps ?
- Vingt minutes.
- Tu as mangé ?
- Oui.
- D'accord…
- Bonne nuit Stiles.
- Bonne nuit, Derek.
Il n'en sut pas plus, le loup s'était effondré de fatigue. Il ne mit pas longtemps à tomber, lui aussi, dans les bras de Morphée.
Comme tous les mercredis matin, il sentit la chaleur de son homme quitter leur lit. Il allait se dépenser avec les autres. Comme tous les mercredis matin, il se sentait vide, mais, comme tous les mercredis matin, il ravala son envie de le retenir pour se réfugier dans un sommeil agité. Son réveil finit par sonner et il se leva à son tour. Il s’habilla, prit une tasse de café bien corsée, une pomme et partit de chez eux. Il était en avance, ce n’était pas grave, il en avait marre de cette solitude qui commençait à faire partie de son quotidien. Bêtement, il chercha sa Jeep des yeux avant de se rappeler des événements passés. Il monta dans sa nouvelle protégée et se dirigea vers son lieu de travail.
Arrivé au poste, il reçut quelques regards noirs et des chuchotements particulièrement insistants arrivèrent à ses oreilles. « C'est ça de coucher avec un garagiste ! », « Tu crois qu'il a fait quoi pour avoir le droit à ce genre d'avantages ? », « Il couche vraiment avec Derek Hale ? Sinon je veux bien me dévouer, moi. », « Il a des passes droits partout… ». Il grommela et s'installa face à son bureau. Flynn apparut, il siffla en demandant à qui appartenait le petit bijou devant le commissariat. On lui répondit que c'était à Stiles, forcément. Il se retourna alors vers son coéquipier, et un sourire fier aux lèvres, il l’interrogea :
- Ça y est, tu t’es enfin débarrassé de ta poubelle ambulante ? T’as vendu un rein ?
- Ma jeep est très bien et c’est juste un emprunt, Flynn, soupira Stiles.
- Donc, tu veux dire que ton coloc et ami de longue date t’a juste rendu un service, répéta-t-il fortement.
- C’est ça…
- Et moi qui jugeais sans savoir, ricana-t-il avant de se retourner et de regarder ses collègues médisants. Je suis un connard hein, Stilinscoincé ?
- C’est pas moi qui le dit, répondit Stiles amusé.
Il avait compris l’intention de son nouvel allié. Cela avait fonctionné, plusieurs têtes se baissèrent, gênées devant leur malveillance. Les équipiers échangèrent un clin d’œil complice et la journée reprit son cours. Ils furent appelés pour des faits banals dont les deux hommes se seraient bien passés. A cause de la rédaction de dossiers, ils finirent plus tard que prévu, et ce, malgré les protestations de Flynn. C’était donc sur les coups de dix-huit heures qu’ils abandonnèrent leurs postes.
Stiles était en retard, il avait prévenu son ami par message mais se sentait coupable. Il se dépêcha comme il put pour arriver devant son ancienne demeure. Stan cherchait un nouveau lieu de vie et enchaînait les visites sur son temps libre, en attendant, le shérif l’hébergeait chaleureusement. L’agent du FBI était dans le jardin, il était installé dans l’herbe et regardait paisiblement le ciel. Le soleil qui déclinait faisait briller sa chevelure dorée. En entendant Stiles arrivé, il se releva joyeusement.
- Mon petit Stiles ! Comment tu vas ? Chantonna-t-il.
- Désolé pour le retard, murmura le policier.
- Avoue que tu avais peur de te retrouver face à moi.
- Que tu crois !
- Haha ! Je t’attends !
- Quoi ? Comme ça, directement ?
- Je commence vraiment à croire que je te terrifie, p’tit génie.
Stiles ricana et observa son adversaire. Il avait un jogging noir et un t-shirt beige uni. Stan tenait une garde de Boxe Thaïlandaise, cependant, il avait la capacité incroyable de passer d’un art martial à un autre. Il en connaissait deux ou trois peut-être. S’il appelait Stiles « p’tit génie », il n’était pas en reste sur ses capacités physiques. C'était donc un ennemi redoutable. Stiles adopta une posture que Chris lui avait apprise. Son vis-à-vis, d’abord surpris, afficha un sourire condescendant.
- Oh je vois que tu as appris certaines choses, c’est bien.
- Et oui Stan, je ne suis plus le même qu’il y a deux ans.
- Je sais, tu as pris en confiance, ça me plaît. Ça sera suffisant pour me battre, tu crois ?
- Je peux toujours essayer.
Stiles se lança, il commença par de simples coups que Stan esquiva sans mal. S’en suivit des séries de mouvement presque chorégraphiées où chacun tentait de jauger la puissance de son adversaire. Pour l’instant aucun d’eux n’avait réussi à percer la défense de l’autre. Les enseignements de Christopher Argent portaient leurs fruits. Stiles remarqua que, pendant leur échange, le visage de Stan s’éclairait petit à petit. Comme si son intérêt pour ce combat était grandissant.
Le jeune homme tiqua sur un détail important. Il existait un défaut dans les attaques de son ami. En effet, lorsqu’il portait un direct à droite, il laissait son côté gauche dégagé. C’était sa chance. Il attendit patiemment que l’agent de FBI recommence ce coup pour se baisser, et lancer une offensive puissante sur les côtés libres d’accès. Il était sûr d’y arriver, malheureusement, avec une vitesse spectaculaire, le corps de Stan recula et pivota pour se retrouver coller à son dos. Stiles ressentit une vive pression autour de sa gorge. Le bras de son ami la lui enserrait puissamment. Un léger coup de pied à l’arrière du genou de Stiles le fit céder et il se retrouva à terre. Il avait été battu. Il indiqua à son adversaire qu’il abandonnait le combat et la prise se relâcha immédiatement. Les deux hommes se retrouvèrent assis l’un à côté de l’autre.
- Et bien, tu t’es vraiment amélioré mon petit Stiles ! Je suis admiratif !
- Tu parles, j’ai rien pu faire !
- Si si, c’est juste que tu t’es laissé avoir. Je t’ai consciemment laissé l’opportunité de m’avoir et tu as foncé tête baissée. Tu as été trop sûr de toi et tu as négligé la possibilité d’un retournement de situation.
- Je vois…
- Mais sérieusement, tu m’épates ! J’ai adoré. Je ne sais pas qui t’a appris tout ça mais il gère bien.
- Il gérait, il est mort. C’était un homme plein de sagesse.
- Oh je suis désolé, p’tit génie, murmura Stan en passant sa main sur le dos de Stiles.
- Ouais… C’est la vie, j’imagine. Bref, merci ! Je sens que je vais devenir plus fort avec toi.
- Moi aussi ! Je pense que tu en as encore en réserve !
- Possible… En fait, jolie technique de jiu-jitsu !
- Tu as reconnu !
- Bien évidemment.
Ils passèrent un moment en silence profitant de la brise du crépuscule. Lorsque le ciel commençait à devenir trop sombre, Stiles se leva et se dirigea lentement vers la voiture de Derek.
- Tu as changé de véhicule, remarqua Stan. Je préférais l’ancienne.
- Je la récupère en fin de semaine, c’est juste en attendant.
- Je vois. Tant mieux, elle ne te correspond pas trop, celle-ci.
- Tu crois ? Soupira Stiles.
- Mmh, oui, c’est trop tape à l’œil. Pour tout te dire, je crois surtout que tout ça est futile. L’important c’est ce que toi tu veux et ce qui te rend heureux.
- On parle toujours de ma voiture ?
- C’est toi qui vois ! Bon, mon petit Stiles, ce n'est pas que je fuis ta présence mais j’ai pas envie que ton petit-ami légèrement jaloux me fasse la peau.
- Il ne te ferait pas de mal !
- Ouais… Ouais… Si son regard pouvait tuer, je ne serais plus là pour te parler.
Stan pouffa de rire, puis, il fit une accolade à Stiles en lui donnant rendez-vous vendredi. Le jeune homme hocha la tête en signe d’approbation et le regarda entrer dans son ancien foyer. Il monta dans la Camaro, vérifia vaguement son téléphone, il n’y vit aucun message ou appels manqués. Derek n’avait pas essayé de le contacter. Une absence d’attention qui lui déchira le cœur. L’esprit rempli de doutes, il s’éloigna de la maison Stilinski.
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