Chapitre 19
Derek sonna à la porte de Scott. Stiles lui jeta un regard inquiet mais ses angoisses diminuèrent lorsqu'il croisa le regard assuré de son compagnon. Avoir Derek à ses côtés était rassurant, rien ne semblait ébranler sa confiance en lui. Stiles lui sourit timidement, un bruit de serrure et Kira apparut dans l'encadrement de la porte d'entrée. Elle était, de toute évidence, fatiguée. Des poches sous ses yeux habillaient son regard ébène. En voyant les deux hommes, elle fronça les sourcils et soupira.
- Bonjour vous deux. Je... C'est pas forcément le moment... On a de la visite et...
- C'est Stiles ? S'éleva la voix de Scott derrière elle.
- Oui mon chéri, avec Derek !
- Si c'est eux, c'est bon.
- Si tu veux... Vous pouvez entrer !
- Bonjour Kira, désolé de passer à l'improviste, murmura le jeune homme.
- Vous êtes toujours les bienvenus, c'est juste que... Enfin, vous allez voir.
Derek la salua de la tête et ils pénétrèrent dans la maison familiale. Stiles, connaissant parfaitement les lieux, s'aventura dans le salon. Il faillit lâcher le cadeau qu'il tenait dans ses bras. Il était là, fièrement positionné au milieu du salon. Il avait vieilli depuis l'enterrement, ses cheveux étaient grisonnants et ses joues creusées. En voyant le policier débarquer de la sorte, il lui décocha un faux sourire.
- Toujours accroché aux bottes de Scott, bonjour Stiles.
- Rafael ! Quel plaisir de te voir.
Il s'avança pour lui serrer la main, la poigne de de l'agent du FBI était légèrement plus faible qu'à l'accoutumée ou peut-être était-ce Stiles qui avait gagné en force. Un bruit de gorge les sépara, Scott était assis en retrait, sur un tapis d'éveil. June était devant lui et mâchouillait quelques objets mis à sa disposition. Stiles se précipita à leur rencontre. Il serra contre lui son ami d'enfance et embrassa tendrement le front du bébé. Derek entra à son tour, il sourit poliment au père de Scott.
- Bonjour, dit-il simplement avant de rejoindre son amant.
- Derek Hale... Oui, mon fils m'a prévenu de votre rapprochement soudain... Et bien, ravi de te rencontrer dans ta forme... Adulte.
- Sentiment partagé.
- Bien. Vous voulez boire quelque chose ? S'enquit la renarde.
- De l'eau, répondirent-ils en chœur.
Stiles offrit la peluche à son frère qui s'empressa de l'ouvrir. Il la regarda tendrement avant de la montrer à sa fille.
- T'en fais pas Scotty, la prochaine ça sera un loup !
- Oh tu sais... je crois qu'un renard c'est pas si mal.
June la dévisageait, elle tendit la main pour la toucher et finit par essayer de la mordiller. Son père la lui retira juste à temps en riant. Stiles profita de ces quelques secondes où il put entendre ce son, cela faisait longtemps. Il était soulagé de voir que l'alpha en perdition en était encore capable. Kira apporta les boissons et les déposa sur la table. Elle relaya Scott auprès de leur fille pour le laisser discuter avec leurs invités. Ils s'assirent autour de la table, un silence pesant les accompagnait.
- Ça fait bizarre de rentrer à Beacon Hills, commença Rafael.
- Et de rencontrer ta petite fille. Tu sais, celle que tu as ignoré pendant six mois, répondit durement son fils.
- Je... Je voulais mais...
- Tu avais une vie trépidante à San Francisco.
- J'essayais de me battre pour revenir ici... D'ailleurs Stiles, ton ami Stan est un agent très volontaire, ça fait plaisir à voir.
- Ah oui, il est doué.
- Pas aussi bon que toi d'après lui, ricana Rafael.
- Stiles est bien plus intelligent que lui, souffla Derek.
- Stan... Murmura Scott. Attends une seconde, Stiles, tu savais que tout ça allait arriver ?
- Euh... Je... Bredouilla le jeune homme.
Les yeux de Scott étaient emplis de reproches, ses sourcils froncés et sa bouche déformée par un rictus mécontent. Bien sûr qu'il n'allait pas être heureux d'apprendre que son ami d'enfance lui avait caché des informations aussi importantes. Cependant, à sa décharge, l'alpha n'avait pas daigné se montrer ou même envoyer un message depuis la réunion de meute. Il n'avait donc pas pu lui parler de l'arrivée imminente du FBI. Oui, Scott ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Une pointe d'amertume s'empara du cœur de Stiles, lui, il faisait tout pour son meilleur ami et il ne récoltait que des réprimandes.
- Si tu avais donné signe de vie, j'aurais peut-être eu le temps de t'en parler, cracha-t-il.
A peine avait-il fini sa phrase qu'il le regrettait déjà. Ça ne lui ressemblait pas. Même son petit-ami le regardait avec ses iris gris plein d'incompréhension.
- C'est vrai, tu n'as pas tort, abdiqua le jeune McCall. Je suis désolé, je rate tout en ce moment.
- Ne vous disputez pas les garçons. J'aurais dû prévenir, je suis le seul fautif dans cette histoire.
- Scott, je... bégaya Stiles.
- Ce que Stiles essaye de dire, c'est qu'il a eu beaucoup de choses à gérer ces derniers temps, intervint Derek. Il est débordé, en grande partie à cause de moi.
Scott but une gorgée de son verre et baissa la tête. Ses mâchoires se serrèrent et il se réfugia dans un mutisme déchirant.
- Sinon Stiles, on m'a dit que tu avais arrêté ta carrière chez nous pour travailler au bureau du shérif...
- Ouep. Je préfère rester avec ma famille et puis, il y a bien assez à faire à Beacon Hills.
- Je vois...
- Je vais aller voir Kira et June, Rafael, vous m'accompagnez ? Demanda Derek désireux de laisser Scott et Stiles s'expliquer.
- Allons-y ! S'exclama l'intéressé.
Au passage, il posa sa main sur l'épaule de son fils et lui sourit tendrement. Scott le regarda mais son visage resta inexpressif. Puis, les deux hommes rejoignirent la renarde et sa fille. Derek lança un coup d'œil de soutien à son petit-ami.
- Tu veux aller faire un tour ? Tenta Stiles.
- Ouais, grinça le lycan. Mon amour, on va se dégourdir les jambes. Ça ira ?
- Pas de problème ! Profitez-en.
Scott alla embrasser ses deux trésors et, avec Stiles, ils franchirent la porte de chez lui. Ils passèrent un moment chacun perdu dans leurs pensées. Stiles ne savait pas comment entamer la conversation. Il avait encore peur que ses mots puissent sortir sans qu'il ne les contrôle. Ce n'était pas la première fois qu'il perdait son sang-froid en présence de son ami. Il n'en comprenait pas la raison, pourquoi Scott et pas une autre personne ? Il avait des motifs bien plus légitimes à s'énerver contre Derek, Braeden ou même Flynn, mais non. Ça le mettait en rogne d'être mis de côté, que son frère ne lui parle plus. Il serra ses poings avec force pour décharger son agacement. Il observa l'alpha qui traînait les pieds. Son épuisement se lisait sur son visage. Il semblait ailleurs, perdu dans une spirale de douleur dont il n'arrivait pas à s'extirper. Cette vision de détresse piqua le cœur de Stiles, l'empathie remplaça tout sentiment négatif.
- Scotty... Je ne voulais pas... Tout à l'heure... S'excusa-t-il.
- Tu as raison. Je t'ai ignoré, j'ai été un ami en carton, encore, alors que tu traverses quelque chose de compliqué d'après Derek. D'ailleurs, tu veux en parler ?
- Je crois que tu es celui qui a le plus besoin de se confier...
- C'est comme d'habitude, rien à changer. Je continue à combattre désespérément mes pulsions, je sens mes forces diminuer et mes cauchemars ne me quittent pas. Tant que je n'aurais pas de solutions, ça continuera.
- On va trouver ! Je vais trouver !
- Ne t'embête pas, c'est peut-être pas plus mal. Scott McCall, vétérinaire tout court. Plus d'alpha, plus ce poids à porter...
- Mais tu...
-Ça va aller. June est ma priorité. Bien que je ne puisse plus la défendre... Je compte sur Derek !
- Scotty...
- Vous vous êtes disputés ? Ça a l'air de fonctionner pourtant...
- C'est Hum... Disons que Braeden est de retour...
- Oh merde ! Et comment a réagi Derek ?
- Comme il pouvait, mais ce n'est pas ça le pire... Hum... Elle a... Enfin... Ils ont...
- Ne me dis pas qu'ils ont couché ensemble ?! Si c'est ça, je veux bien sacrifier ce qu'il me reste de pouvoir pour... !
- Non non, ce n'est pas ça ! Enfin je ne crois pas... Derek est... Papa.
Scott s'arrêta brusquement, la bouche ouverte et les sourcils relevés. Il fixait Stiles avec une surprise non dissimulée.
- Attends, attends... Quoi ? Tu peux répéter ?
- Derek est papa.
- Je... Quoi ! Mais comment ? Braeden et lui... Oh mer... Credi... Toi, tu te sens comment ?
- C'est un petit garçon, Nathan. Il est adorable. Il ressemble à son père.
- Ça ne répond pas à ma question.
- À ton avis... Je ne saute pas de joie. Imagine que l'ex de Kira soit de retour dans sa vie avec un enfant, tu serais heureux toi ?
- Question con, réponse con. Comment vous gérez ça ?
- Ils se voient souvent tous les deux... Trois. C'est normal, c'est son fils.
- En tant que père, je ne peux que le comprendre...
- Je sais bien...
- Et elle, elle l'a pris comment pour toi et Derek ?
- Euh et bien à vrai dire...
- Elle n'est pas au courant.
- Tu te verrais le dire à la mère de l'enfant de ton compagnon ?
- Oui, pour poser les bases.
- Tu m'aides pas là, Scotty.
- Tu vas faire quoi ?
- Je... J'aime Derek. J'adore Nathan...
- Mais ?
- Je n'arrive pas à trouver ma place.
- Je comprends. Mais, je sais que tu as tout à apporter à ce petit garçon. Tu seras un excellent papa numéro deux, t'as ça dans le sang. Tu prends soin de tout le monde, tout le temps. Et Derek le sait tout autant, j'en suis persuadé.
- Mmh, je n'en suis pas si sûr... J'ai l'impression de le perdre.
- Kira m'a dit qu'il était très dur pendant les entraînements. Il ne ménage personne et lui encore moins...
- Oui, j'ai vu qu'il s'était affiné.
- Ah, si tu pouvais m'épargner les détails sur le corps de ton mec, ça m'arrangerait, ricana Scott.
- Tu es sur hein ?! Parce que je peux très bien te décrire ses courbes parfaitement dessinées...
- Je ne t'écoute plus Stiles !
- Surtout au niveau...
- Oh regarde, cet arbre est sublime.
Scott se bouchait les oreilles et avançait rapidement. Stiles le suivait de près en riant, il passa son bras autour des épaules de son ami et ils échangèrent un regard complice. Retrouver leur amitié était une sensation galvanisante. Bien sûr tout n'allait pas bien, la situation était catastrophique même, cependant, ils arrivaient encore à trouver un semblant de fraternité. Cela valait tout l'or du monde aux yeux de Stiles. Il aimait profondément leur lien. Il se persuadait que rien ni personne n'arriverait à le défaire. Malheureusement, c'était déjà arrivé, Théo avait réussi. Toutefois, ils étaient jeunes à l'époque et les choses avaient changé depuis. Ils avaient plus d'assurance, plus de maturité. Ils étaient devenus adultes. En analysant la situation, Stiles se rendit compte que leur conversation ne portait encore que sur lui et ses angoisses. Scott n'avait pas parlé de lui. Alors, pendant qu'ils prenaient la route pour retourner chez l'alpha, Stiles essaya d'ouvrir le dialogue.
- Ton père est de retour. Tu te sens comment ?
- J'en ai rien à faire. Je le tolère pour June, parce que je considère qu'elle n'a pas à pâtir de notre relation catastrophique. C'est son grand-père. Même si à mes yeux, son véritable grand-père restera Christopher Argent.
- Oui... C'est étrange qu'il revienne.
- Stiles, j'en ai strictement rien à foutre de ses raisons.
La voix de l'alpha était sèche et cassante. Il accélérait le pas pour éviter de continuer cette conversation.
- Scott, parle moi...
- Je te l'ai dit. Sa venue ne représente rien pour moi. Ma vie ne va pas changer parce que mon père s'est rappelé qu'il avait un fils et une petite fille. Il veut faire partie de sa vie ? Très bien. Mais qu'il ne compte pas sur moi pour lui faire des sourires hypocrites. On rentre ?
Ils étaient devant la porte de la maison de Scott. La main de ce dernier était posée sur la poignée et il le regardait avec un petit sourire assuré. Stiles hocha la tête et ils retrouvèrent leurs proches. Kira et Derek étaient en pleine discussion sur le potentiel des pouvoirs du Kitsune tandis que Rafael essayait de tout comprendre. Il était au courant pour le surnaturel mais n'en maîtrisait pas encore toutes les ficelles. Lorsqu'il aperçut son fils, une lueur s'alluma dans ses yeux. Elle fut rapidement balayée par l'indifférence de Scott à son égard. Il ne se démonta pas pour autant et, gonflant sa poitrine, il articula avec force :
- Je vais vous laisser... Scott, j'aimerai bien te parler dans pas trop longtemps, j'ai des choses importantes à te dire.
- Si tu le dis. J'ai un jour de repos jeudi.
- Je prends ! Bon... Et bien, j'ai été heureux de vous revoir ou de vous avoir rencontré. À bientôt.
L'agent du FBI les salua de la main, il eut un regard doux envers June et quitta la maison. À son départ, Scott souffla avec force. Il était clair que la présence de son père le mettait face à une rancœur qu'il avait préalablement enfouie. L'incompréhension, la culpabilité, la tristesse, la colère. Le départ de son paternel lui avait provoqué une avalanche de sentiments plus terribles les uns que les autres. Stiles se souvenait encore de leurs longues discussions alternant entre la mort de sa mère et l'absence de Rafael. Ils avaient réussi à avancer l'un grâce à l'autre. S'il devait encore le porter, il le ferait. Hélas, pour l'instant, il se sentait de trop, observant avec retenue ses deux hôtes échanger des regards inquiets.
- On va partir aussi, soupira-t-il. On a des choses à faire cet après-midi.
- Vous êtes sûrs ? Demanda l'alpha en perdition. Vous pouvez rester...
- Oui, on doit aller quelqu'un, ajouta Stiles avec un clin d'œil. Mais on va passer manger un petit bout avant. Kira, je te dis à très bientôt !
- Au revoir Stiles !
- Et toi, petit trésors, je n'ai pas pu te manger comme je le voulais aujourd'hui... C'est partie remise, ton parrain t'aime très fort. Je n'en reviens toujours pas ! Stiles Stilinski, parrain de June McCall ! Je vous ai déjà remercié ? Oui ?
- Stiles, souffla Derek en se pinçant le nez.
- Parce que je suis honoré ! Trop content même, merci pour le cadeau. Je vous aime les amis ! Je...
- Stiles !
- Ah oui, désolé, je me suis encore laissé emporter, hein !
- J'admire la capacité de Derek à te calmer, railla Scott. Je n'ai jamais réussi.
Stiles fit une grimace de désaccord et les quatre amis rigolèrent à l'unisson. Puis, avant que l'hyperactif reparte dans une tirade satirique, le lycan le traîna à l'extérieur laissant, ainsi, la famille en paix.
- Mais... ! C'est bon, c'est bon, on est sorti. Tu peux lâcher ma chemise ? Tu vas la froisser, râla le jeune homme.
- Si tu as peur de la froisser, je peux l'enlever.
- Et dévoiler mon corps d'Apollon au monde entier ? Imagine, on tomberait immédiatement sous mon charme, une armée d'admirateurs et d'admiratrices qui...
-... Rah, tu me fatigues, expira le loup en roulant les yeux au ciel. Oublie ce que j'ai dit.
- Héhé, aurai-je réveillé la jalousie de mon petit Derek ?
- Si tu savais... Bref, il nous reste du temps avant quatorze heures et je me demandais si ça t'intéresserai de manger au restaurant, tous les deux ?
Stiles eut un moment d'hésitation. Un rendez-vous en tête à tête dans Beacon Hills, ça voulait dire potentiellement croiser des collègues à lui et alimenter les ragots du commissariat. Mais, il n'allait pas se priver de ce petit plaisir. Il aurait de quoi argumenter si la remarque fuitait au travail.
- J'en serais plus que ravi !
- Bien alors, suis-moi.
- Attends ! Tu t'en vas comme ça ?
Derek avait fait volte-face pour se rapprocher de sa voiture. Il s'était déjà éloigné. La vision du dos de son amant lui rappelait ses rêves et son insécurité grandissante. Il se précipita pour le retenir, lui agrippant fermement le bras. Son cœur battait horriblement fort, chaque martèlement était douloureux, presque insoutenable. Son corps était brûlant, tremblant, il était fébrile. Il fut pris de sueurs froides et un voile noir troubla sa vision. C'était comme dans ses cauchemars les plus sombres. Une voix s'éleva dans son esprit et raisonna en lui « Ta vie est insignifiante. Et, il est en train de s'en rendre compte. ». Ce n'était pas vrai, sa vie n'était pas insignifiante. Sans lui, Scott serait mort dans les bois face aux chasseurs. Derek aussi, Stiles le soutenait tous les jours dans sa paternité nouvelle. Sa présence était essentielle. Un doute s'installa malgré lui, pourquoi Scott s'était rendu dans les bois cette nuit-là ? Pour Stiles. Pourquoi Derek était obligé d'alterner entre sa vie de couple et son fils ? Pour Stiles ou plus précisément, à cause de lui et de ses lubies de vouloir cacher leur histoire. Il était le dénominateur commun. Peut-être... Peut-être que c'était de sa faute tout ça, cependant, ils souriaient grâce à lui. Il n'était donc pas inutile, il ne méritait sûrement pas d'être aux côtés de Derek Hale, toutefois, il lui apportait un semblant de bonheur et rien que pour ça il continuerait à se battre. Il sortit de ses affres les plus profonds, sa vue reprit toute sa netteté et il croisa le regard interrogateur de son homme.
- Et mon bisou ? Arriva à murmurer Stiles, un sourire narquois aux lèvres.
- Ah tu m'as fait peur ! Je pensais que tu...
- On est devant chez Scott, c'est bon.
Derek se rapprocha, plongea ses yeux clairs dans les siens et il déposa son front contre celui de Stiles. Il entoura son visage de ses grandes mains, les déposant délicatement sur ses joues. Avec une lenteur infinie, il rapprocha leurs bouches. Le moindre centimètre qui les séparait était enivrant et, malgré son impatience, Stiles profitait de chaque seconde. Plus rien n'existait autour d'eux, il n'y avait plus que le regard hypnotisant de Derek, plus que son contact chaud, plus que son odeur boisée. Puis, enfin, leurs lèvres se soudèrent. C'était doux et tendre. Le rythme cardiaque de Stiles s'accéléra, ce n'était pas à cause de la peur, cette fois, c'était l'amour qui le faisait vibrer.
- Merci, chuchota le jeune homme.
- J'aime quand tu réclames des gestes affectueux comme ça.
- Je te prends au mot.
Un gargouillis puissant les stoppa dans leur élan de tendresse. Le ventre de Stiles avait encore imposé sa volonté, la nourriture lui manquait atrocement.
- Bon... Je crois que c'est clair... J'ai faim.
- On y va ? Je suis affamé aussi.
Chacun monta dans son véhicule et ils se dirigèrent vers leur lieu de restauration. Stiles ne savait pas où son homme avait prévu d'aller. Il essayait de faire taire les cris de détresse provenant de son estomac. S'il arrivait à cacher ses plus bas sentiments, la faim était un état qui lui était impossible de dissimuler.
Ils roulèrent pendant quinze minutes. Si bien que le policier crut que Derek s'aventurait au hasard dans les rues de Beacon Hills. Il se trompait. Le lycan se gara devant un bâtiment en pierre, il l'imita aussitôt. Il descendit de sa Jeep et emboîta le pas de Derek. Au coin du bâtiment se dressait des baies vitrées entourées de planches de bois rappelant un style asiatique. Il n'eut pas le temps de lire le nom du lieu. Une fois à l'intérieur, il comprit instantanément où ils étaient. C'était un restaurant japonais et plutôt haute gamme s'il se référait à la décoration épurée de l'endroit. Les tables en bois étaient espacées, au centre, il y avait des plaques chauffantes entourées d'un bar. Au milieu, un chef cuisinier s'affairait à préparer les plats des personnes assises en face de lui. Stiles était subjugué par sa maîtrise. Mais un détail le perturbait, il n'y avait pas ou très peu de place disponible. Il ne restait seulement que deux ou trois tables mal positionnées.
- Bonjour messieurs, vous avez réservé ? Demanda un serveur en costume noir.
- Bonjour, oui au nom de Hale-Stilinski.
Les deux noms collés l'un à l'autre firent rougir Stiles. Il n'y était pas habitué. Derek avait certainement réservé une table pour eux deux voilà tout. Néanmoins, il n'arrêtait pas de se répéter la combinaison de leurs noms de famille. « Hale-Stilinski », ça sonnait bien. Il ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer tout un tas de raisons derrière cette attention. Ses joues étaient en feu, il avait du mal à calmer son excitation. Un détail pour Derek, un monde pour lui. Il l'avait prononcé avec tellement de facilité que cela en était déconcertant. Son cerveau fusait, essayant d'écarter les causes les plus romantiques, en vain. Il ne remarqua pas le changement de décors autour de lui, jusqu'à ce que le timbre de voix de Derek l'extirpa de ses pensées.
- Mon amour ? Tu es encore parti loin... Ça va ?
- Hein ?! Ah oui.
Ils étaient dans une petite pièce fermée. Les murs étaient verts pâles, des tableaux avec des écritures calligraphiques ornaient la pièce. Il reposait, contre l'une des paroies, une table basse boisée avec deux sièges possédant de petits renforts au niveau de l'assise.
- Woah ! Où sommes-nous ? Interrogea Stiles ébahis.
- Un petit salon privé. Rien que pour nous deux. Je sais que tu aimes la nourriture asiatique et ici, pas de risques qu'on nous surprenne. On peut manger tranquillement.
- Mais comment tu as réussi à...
- On m'a parlé de cet endroit et j'ai réservé dans la semaine, surprise...
- Tu avais tout prévu, le dévisageait Stiles suspicieusement.
- Peut-être...
- Qui t'as conseillé cet endroit?
- Ce n'est pas important. Ce qui compte là, c'est nous et notre repas.
- Oui ! Je meurs tellement mon ventre est vide.
- Je vous en prie monsieur Stilinski ! Rit le lycan en lui montrant une place.
Derek s'installa face à lui et lorgna le menu. Stiles était particulièrement touché. Son compagnon faisait des efforts surhumains pour leur couple, pour lui. Il bénissait qui que ce soit qui lui avait donné le nom de ce lieu. Il ouvrit, lui aussi, la carte et manqua de s'étouffer. Les prix étaient exorbitants. Il regarda le loup inquiet, Derek avait l'air de s'amuser de la situation.
- Mais... C'est horriblement cher ! S'indigna le jeune homme.
- C'est moi qui paye. Ne t'inquiète pas de ça.
- Je ne suis pas d'accord ! Je veux...
- Tu es sûr de vouloir m'aider ? Je veux bien mais je te préviens, je vais commander plus de trois plats.
- ... C'est toi qui a eu l'idée. Tu payes.
Une mine fière anima le visage de Derek. Il avait réussi son coup. Stiles souffla du nez, son petit-ami avait des côtés mignons inattendus. Le serveur revint quelques minutes plus tard. Et, les deux amants commandèrent leurs plats. Effectivement, le lycan devait crouler sous un appétit vorace au vu des quatre spécialités qu'il avait énuméré. Sa prononciation face aux appellations japonaises était assez laborieuse. Cela fit rire tendrement Stiles qui tombait, chaque jour, plus amoureux des défauts de Derek. Lui restait raisonnable et ne prit qu'un poisson agrémenté de son dashi* et de ses légumes. L'employé repartit rapidement les laissant profiter de leur moment.
- Merci mon petit Derek... C'est génial ici !
- Ça te plaît ? J'en suis vraiment heureux alors, sourit Derek en saisissant la main de Stiles.
- Oui... Un restaurant hors de prix, un bel homme en face de moi... Qui serais-je pour ne pas aimer ça ?!
- Stiles. J'aimerais te dire quelque chose.
Les joues de Derek étaient rosées, ses doigts tripotaient nerveusement la main de son compagnon. Il était stressé. Cela ne rassura pas Stiles, qui comme à son habitude, se projetait déjà dans les pires scénarios.
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