Chapitre 17

La porte ouverte, Stan s'engouffra dans le loft un énorme sourire aux lèvres. Dans sa main gauche, il portait un pack de bière. Il le déposa sur le bar et prit Stiles dans ses bras.

- Oh p'tit génie ! Tu m'as manqué, s'émerveilla-t-il.

- Tu m'étouffes… Souffla Stiles.

- Héhé ! Comment vas-tu ?

- Ça va. Et toi ?

- Moi, toujours quand je peux voir mon petit Stiles !

Stan s'écarta, laissant un peu d'oxygène à son hôte. Puis, il le détailla attentivement. Stiles était mal à l'aise face au regard inquisiteur de son ami. Il espérait, au fond de lui, qu'il ne comprenne pas le mal-être passager dans lequel il se trouvait. Heureusement, le blond ne fit aucune remarque là-dessus.

- Bon… On se fait des parties de jeux vidéo ? Demanda l'invité joyeusement.

- Allez ! Mais je te préviens, je vais gagner.

- C'est ce qu'on verra p'tit génie ! Tu sais, je me suis entraîné avec mon ex !

- Fais-moi voir tes progrès.

Les deux amis s’installèrent sur le canapé, une manette entre les mains. Les bières s’enchaînèrent, accompagnées d’éclats de rire. Stiles savait que ce n’était pas la meilleure des solutions. Mais, pour une fois, il avait juste envie de souffler, de s’évader et Stan lui apportait cette porte de sortie.
Au bout de deux heures, ils stoppèrent leur activité. Malgré les efforts du grand blond, Stiles était largement vainqueur.

- Pfiou… Toujours aussi fortiche p’tit génie.

- Ouais m-mais, tu t’es p-pas mal amélioré hein… T-ton ex ta bien appris.

- Il est vrai… Je dois aimer les geeks, soupira Stan.

Stiles rigola et essaya de se relever, malheureusement, sa vision était floue et son corps lui semblait un peu trop instable. Il retomba sur le canapé.

- Tu as trop bu mon petit Stiles… Tu tiens encore moins bien qu’à l’université !

- C-C’est parce qu’on a p-pas mangé !

- Ou à cause des quatre bouteilles vides qui sont sur la table basse…

- P-peut-être ! Haaaaa Stan, je-je suis content qu-que tu sois là.

Stiles laissa sa tête tomber légèrement en arrière et planta ses yeux dans ceux de son ami. Il ne savait pas si c’était dû à l’allégresse de l’alcool ou si c’est parce qu’il prenait le temps de dépeindre les traits de Stan mais, il lui semblait vraiment beau. Une barbe de quelques millimètres lui donnait un air un peu plus mature.

- Moi aussi p’tit génie, sourit Stan en passant sa main dans les cheveux ébouriffés de Stiles.

- Tu vas re-rester longtemps ?

- Je ne compte pas repartir.

- Tu-tu n’étais pas bi-bien là-bas ?

- Pff, soupira tristement le blond. Je ne préfère pas en parler maintenant vu ton… état mais, à choisir, je préfère être proche de toi.

- T-T’es vraiment un mec bi-bien. Je t’aime mon po-pote.

- Comme à chaque fois que t’es bourré, le charria-t-il.

Ils furent interrompus par un cliquetis en provenance de la porte d’entrée. Stiles se redressa d’un coup et une joie immense l’envahît lorsqu’il aperçut son amant franchir le pas de l’appartement. Cette fois, il réussit à se lever, il entreprit une course pour rejoindre les bras de Derek ; cependant, le trajet fut agrémenté par de petits écarts provoqués par l'alcool. Une fois son but atteint, il se lança complètement contre le torse musclé qu’il aimait tant.

- Tu es-es rentré, chantonna-t-il.

- Oui, je suis là, murmura Derek.

Il lui rendit son étreinte et déposa un baiser sur le crâne de Stiles, puis, il observa les alentours pour comprendre l'entièreté de la situation. Après quelques secondes, il souffla et ses sourcils se froncèrent.

- Salut Stan, grinça-t-il.

- Bonsoir Derek ! Je suis désolé pour ça… Je ne voulais pas…

- D’accord. Il n’a rien fait de bizarre ?

- Mmh non, enfin Stiles quand il boit. Tu le connais hein, ricana Stan avant de regretter amèrement ses paroles lorsqu’il croisa le regard tranchant de Derek.

-C’est à dire ? Demanda-t-il les sourcils relevés.

Stiles écoutait sagement la conversation, toujours lover contre son homme. Il avait du mal à sentir l'importance de la tension qui pesait entre les deux hommes mais, il s’amusait beaucoup de l’air renfrogné de son compagnon.

- Oh ben, il parle énormément ! Quelques fois à l’université, on tirait un peu sur la boisson et entre deux monologues vantant son amour pour Lydia, il nous parlait d’un ami à lui. C’était quoi déjà ? Ah oui ! Un truc de ce genre : « On ne se parle plus, c’est dommage, je l’aime bien. Si on enlève le fait qu’il ait essayé de m'égorger plusieurs fois avec ses crocs de Sourwolf… Et aussi qu’il ait une incapacité maladive à communiquer avec les autres. » On a jamais compris à qui il faisait allusion mais en tout cas, on s’amusait bien à le vanner avec cette personne après. Bref, Stiles bourré qui raconte des conneries, quoi.

- Faut pas dire ça, Stan ! C-c’était un secret, bougonna Stiles.

- Roh ça va ! Il y a prescription maintenant !

- Bien, je te remercie grandement pour tous ces « petits » détails Stan, sourit faussement le lycan. Je t’aurai bien raccompagné mais j’ai un hyperactif à gérer. Ça va aller pour toi ?

- Oui, je vais appeler un chauffeur.

- Parfait. J’espère que tu te plairas à Beacon Hills et si jamais tu as un problème avec ta voiture, tu sais où me trouver, hein ?

- Euh oui, merci ! S’exclama Stan légèrement surpris par l'amabilité soudaine de Derek.

- Non, me-me laisse pas Stan, supplia Stiles en essayant de se dégager des bras de son homme. Il v-va me dé-dévorer.

- Les « conneries » habituelles de Stiles lorsqu’il a trop bu, lâcha le loup.

Son visage affichait un sourire carnassier tandis qu’il maintenait fermement l’ivrogne contre lui. Stan pouffa de rire devant ce qu’il appelait naïvement « une scène de ménage ». Il les salua et quitta le loft. Une fois seuls, Stiles lança timidement un regard vers le haut et croisa les beaux yeux gris du lycan. Celui-ci affichait une mine sévère qui le fit frissonner.

- Incapacité maladive à communiquer ? Remarqua simplement Derek.

- Oui, b-bon… C-C’est vrai que j’ai p-peut-être dit ça… Sûrement… Je l’ai fait… M-Mais… Me tue pas… S'il t-te plaît ?

- Pfff, rigola le garagiste en posant sa main sur la joue du policier. Ce que je retiens surtout, c'est que tu parlais déjà de moi. Et ça, ça me rend terriblement heureux.

Il baissa la tête pour venir coller ses lèvres à celles de Stiles. Celui-ci ne comprenait pas le bonheur de son compagnon. Il pensait encore affronter une colère sourde. Toutefois, la chaleur que lui procurait cet échange se déversa dans tout son corps et le soulagea de ses doutes. C'était tendre et puissant à la fois. Il serra aussi fort qu'il put le corps de son amant, il avait peur de le lâcher, qu'il recroise encore un regard froid et distant.

- Par contre, je n'aime pas te voir alcoolisé avec un autre, surtout pas avec lui.

- J-je n'aime p-pas non plus te v-voir avec ton ex. Puis Stan est quelqu’un de profondément g-gentil.

- Mmh. J'imagine que tu marques un point. Je suis désolé de t'imposer ça…

- C'est p-pas grave.

- Je crois, au contraire, que ça l'est.

Derek passa doucement sa main dans les cheveux de Stiles, lui embrassa le front et le porta jusqu'à la chaise devant le bar. Il s'éloigna ensuite pour préparer à manger. Le jeune homme l’observa s'activer en posant sa tête entre ses bras. Sa vision avait retrouvé un semblant de normalité, par contre, il était pris d'une fatigue grandissante.

- M-mon petit Derek, t-ta journée ? Chuchota-t-il.

- Mmh, beaucoup de monde au garage. Et toi ?

- Ça va… L-la routine.

Pour ne pas rajouter une charge sur le moral de Derek, Stiles préférait se taire sur les événements de la journée. À quoi bon en parler, de toute manière, tout allait se tasser. Sa colère et sa tristesse allaient bien finir par s'apaiser. C'était une question de temps. Derek avait plus important à gérer. Alors qu'il se perdait dans ses pensées, il sentit le sommeil le gagner peu à peu.

- T-tu seras là à m-mon réveil hein… Pas comme cet-cette semaine…

- Stiles…

Il n'entendit pas la suite, ses yeux se fermèrent et il s'endormit, épuisé.
Il ouvrit les yeux dans une pièce froide et sinistre. Tout était sombre autour de lui, sauf le crépitement lumineux d'un petit néon qui éclairait un miroir. Il s'avança et observa le reflet qu'il lui renvoyait. Toujours cette mélancolie placardée sur son visage, ses sourires étaient inefficaces. Il resta donc à s’examiner en silence, croisant ses iris noisettes si fades.

- Encore cette histoire de reflet… Si tu n'es même plus capable d'être optimiste, à quoi tu sers Stiles ? Se fustigea-t-il. Qu'est ce qu'il te reste ? Ton intelligence à la rigueur mais, même ça, tu la perds. Ton couple part en ruine et tu continues de rester passif.

Alors qu'il se dénigrait ouvertement, un détail le perturba. Dans l'obscurité derrière lui, il avait l'impression que quelque chose s'était déplacé. Il n'en était pas sûr, comme lorsque du coin de l'œil, on capte un mouvement presque imperceptible. Une sensation de doute le submergea, est-ce qu'il était seul ? Est-ce que les ténèbres cachaient un être vivant ? Ses poils s'hérissèrent et des gouttes de sueur froide perlaient le long de sa nuque. Il se retourna doucement pour scruter les ombres. Tout était calme. Trop calme.

- Qui est là ? Interrogea-t-il d'une voix cassée.

Bien sûr, personne ne répondit. Si la solitude l'accompagnait, pourquoi son corps était en alerte ? Ses muscles étaient contractés, prêts à attaquer en cas de besoin, son cerveau fonctionnait avec une rapidité folle et il avait instinctivement pris une posture de garde. Il allait s'avancer mais une main se posa sur son épaule et le tira vers l'arrière. Il se débattit avec véhémence, seulement, la traction était trop forte. Il passa à travers le miroir, non sans observer les débris de verre s'envoler. Il ferma les yeux.
À travers ses paupières closes, il capta une douce lumière. Il mit un petit instant avant de comprendre qu'on lui parlait.

- Mon amour, Stiles, réveille-toi.

- Mmh ?

- Le repas est prêt.

Stiles ouvrit les yeux, devant lui s'étendait leur cuisine. Une vague de réconfort se répandit en lui, tout allait bien, ce n'était qu'un rêve. Il sourit et releva la tête. Il était encore dans les vapes, légèrement alcoolisé mais il arrivait à être plus lucide. Il se tourna légèrement pour faire face à Derek.

- Je me suis encore endormi… Désolé. Sûrement l'effet de l'alcool.

- Je n'aime pas ça. Tu te surmènes trop.

- Non, ne t'inquiète pas ! Regarde, une petite sieste et je suis de nouveau en forme, s'exclama-t-il joyeusement.

Il contrôla incroyablement bien ses pulsations cardiaques, personne n'aurait pu déceler la moindre once de mensonge. Il était plutôt fier de lui.

- Mmh, grommela Derek en lui caressant le dos. Mange un peu.

Il lui tendit une assiette contenant des pâtes à la carbonara. C'était le plat qu'ils avaient dégusté à leur première retrouvaille seul à seul. L'attention était particulièrement touchante. De petites larmes apparurent dans les yeux de Stiles. Il fut emporté par une vague de tendresse. Il mangea doucement son plat, comme s'il avait peur que cette parenthèse de bonheur s'évanouisse une fois celui-ci terminé. Derek semblait ailleurs, le nez dans son repas, il jouait avec sa fourchette.

- C'est très bon, le remercia Stiles. C'est l'un de mes plats préférés, maintenant.

- Je suis content que ça te plaise, sourit Derek.

- Tu ne manges pas ?

- Si, si. Je n'ai juste pas très faim.

- Tu es sûr de toi ? C'est rare voir sans appétit. C'est limite flippant. Non, c'est totalement flippant en fait.

- Ne t'en fais pas, tout va bien. Raconte-moi plutôt, c'était quoi le programme avec Stan ?

-Oh… Comme d'habitude, on a joué et on a parlé un peu.

-Et vous avez bu…

-Oui… Comme deux amis qui se retrouvent !

-Tu me le dirais si ça n'allait pas, hein ?

Stiles eut un moment d'hésitation, avant, il lui aurait tout relaté. Il lui aurait expliqué sa crise d'angoisse, son appréhension quant aux semaines à venir, sa sensation d'étouffement dès qu'il ouvrait les yeux et sa crainte en voyant son homme s'éloigner de lui. Mais ça, c'était se livrer sur ses sentiments, c'était devenir un poids pour Derek, c'était impensable.

- Je vais bien ! C'est juste le boulot, on m'a collé Flynn en coéquipier permanent… Ça me fait chier mais on ne peut rien y faire.

- Mmh… Il te fait quoi que ce soit, ne serait-ce que recommencer avec ses blagues de merde, je le lui ferais regretter, gronda-t-il avec sa dureté légendaire.

- Hoho, toujours aussi protecteur, monsieur Hale.

- Personne ne te fera de mal, haussa-t-il les épaules.

- Je sais me défendre !

- Je n'en doute pas. Mais, j'ai des capacités que tu n'as pas, ricana-t-il en montrant ses griffes.

- Peut-être, mais je suis plus habile !

- Oh ça, je l'ai remarqué…

- Tu… Pervers ! Mon petit-ami ne pense qu'à ça, à l'aide !

- Tu me cherches !

Une course poursuite s'en suivit, elle ne fut pas très longue. Stiles ayant encore des traces de bières dans le sang et Derek puisant dans ses forces surnaturelles, elle termina sur une victoire écrasante du loup. Celui-ci avait encerclé le jeune homme avec ses bras, le maintenait fermement pour éviter de le laisser s'échapper et lui embrassa la nuque. Stiles riait énormément sous les chatouilles que ça lui procurait, il se débattait avec force et réussit, prodigieusement, à se retourner. Il aurait bien aimé se venger, malheureusement, son homme n'était pas du genre à se laisser dominer par des attouchements à but humoristique.

Il chercha désespérément un exutoire. Il eut une idée, qui lui parut vraiment excellente sur le coup. Il vint poser ses bras autour du visage de son compagnon et l'embrassa avec toute la sensualité dont il était capable. L'étreinte se desserra légèrement. Confiant, Stiles sourit et profita de ce relâchement afin de se dégager rapidement et de se glisser, habilement, derrière Derek. Il lui sauta sur le dos, s'accrocha avec ses jambes, emprisonnant ainsi ses avant-bras.

- Je te tiens, annonça-t-il fièrement.

- Tu es sur de toi, Stilinski, rétorqua le loup amusé.

- Oui !

- Tu veux parier ?

- Ce que tu veux !

- Si j'arrive à me sortir de ta prise… Douteuse, tu m'accordes une faveur. Si, au contraire, tu gagnes, je suis à tes ordres pendant une semaine entière.

Stiles prit quelques secondes de réflexion, le jeu en valait la chandelle, il se voyait déjà avec le Sourwolf répondant à tous ses désirs. Il rigolait d'avance en imaginant les services farfelus qu'il pourrait bien lui demander : lui rapporter un chocolat chaud de sa boutique préférée située à l'autre bout de la ville, être de corvée de massage, envoyer paître son ex…

- Ouep ! Répondit-il sur de lui.

- Tu l'auras voulu !

Derek força sur ses bras, Stiles résista avec brio en augmentant son étau. Malheureusement, il ne put résister longtemps et la puissance légendaire du loup eut raison de sa volonté. Le lycan parvint à sortir ses deux mains, saisit les jambes de son compagnon, les écarta et avec douceur, il le fit pivoter pour qu'ils se retrouvent face à face.

- Alors ? Demanda Derek présomptueusement.

- Ouais… Bon… Ça va, j'ai perdu, marmonna Stiles agacé.

- Quelle surprise !

- La prochaine fois que j'ai des idées merveilleuses comme ça, arrête-moi.

- Pourquoi ? J'y trouve mon compte.

- Bien évidemment, profiteur ! Bref, on ne va pas épiloguer dessus cent sept ans, tu veux quoi ?

- Laisse-moi réfléchir…

- C'est ça ! Fais-moi croire que tu n'as pas une idée derrière la tête depuis le début !

- Mmh… J'ai plusieurs choix possibles, difficile d'en sélectionner qu'un.

- Débrouille-toi.

- Je veux… Je veux…

- Grouille.

- Dis-moi pourquoi tu t'es réfugié dans l'alcool ?

- Je te l'ai dit ! Stan et moi ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu et…

- Stiles…

- On a voulu rattraper le temps perdu.

- Stiles. La VRAIE raison.

- Je… Je…

- Oui, je t'écoute ?

Que pouvait-il bien inventer cette fois ? Les yeux gris de Derek le sondait profondément, il essayait de fuir ce regard mais, il n'arrivait pas à s'en décrocher.

- Je suis un peu perdu, chuchota-t-il.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas… J'ai l'impression que tu t'éloignes, que c'est plus comme avant. Je comprends qu'avec Nathan ce soit compliqué… Mais… Ça me terrifie. Je suis désolé, je suis un putain d'égoïste… Tu as déjà énormément de choses à gérer en ce moment et je te rajoute ça en plus… Je comprendrais si…

- Si ?

- Si tu veux faire une pause, prononça-t-il dans un souffle.

Sans s'en rendre compte, les larmes de Stiles coulaient lentement sur ses joues. Il s'en voulait terriblement. En tant normal, il aurait pu trouver une excuse, mais avec ses petites nuits, ses cauchemars, la pression au travail et l'alcool, il avait laissé fuiter une part de lui.

Derek le posa délicatement à terre et s'éloigna. Surpris, Stiles le suivit des yeux. Le loup s'affala dans le canapé, le visage enfoui dans sa main. L'humain avait envie de s'excuser encore et encore. La seule pensée que son histoire d'amour puisse se terminer lui donnait la nausée. Une carabinée, si bien qu'il se demandait s'il n'allait pas vomir dans la seconde. Le silence de son homme était difficilement supportable.

- Je… Murmura enfin Derek. Je… Je ne veux pas faire de pause.

- ... Mais ?

Le loup releva la tête, ses yeux étaient larmoyants et l'intérieur de ses sourcils légèrement relevé. Il semblait hésiter, cherchant ses mots pour choisir les bons.

- Je suis d'accord avec toi, grommela-t-il. J'ai aussi cette sensation d'éloignement.

- Et… Donc ? S'enquit Stiles.

Il tremblait, la peur le dévorait de l'intérieur. Il s'attendait, déjà, à devoir affronter une rupture.

- Et donc, je ne veux pas que ça arrive, trancha Derek. J'essaye de tout affronter et de rester fort pour que tu n'aies pas à t'inquiéter. Au lieu de ça, je te délaisse, tu souffres et j'en suis le seul responsable… Tu t'es excusé mais tu n'y es pour rien. Je vais essayer de…

Sa voix se cassa, il ne finit pas sa phrase. Il se leva et attira Stiles dans ses bras. Il posa son visage sur son épaule, sa main droite maintenait son dos et la gauche englobait l'arrière de son crâne. Sa poigne était ferme mais tremblante de désespoir.

- Je suis désolé, susurra-t-il.

- Mon petit Derek, ce n'est pas ta faute, tu sais bien que j'ai tendance à trop réfléchir.

- Arrête Stiles, gronda le loup. Arrête de toujours minimiser la situation, de toujours te mettre en retrait…

- Ta vie prend un tournant décisif en ce moment, moi je… Je peux attendre encore un peu.

- Et si ce tournant m'emmenait loin de toi…

- Je te suivrai, tu n'auras qu'à te retourner et je serais là. Quand le chemin se dégagera, on avancera à deux.

- J'espère que tu as raison.

- Je me trompe rarement.

- J'ai deux ou trois exemples en tête…

- J'ai dit rarement, pas jamais !

- C'est vrai…

- Tu vois !

- Tu ne t'arrêtes jamais…

- Et non, c'est pas pour rien que je suis…

- Hyperactif.

Derek releva la tête et Stiles put lire beaucoup de tendresse dans ses yeux clairs. Les larmes du policier avaient cessé de couler depuis un moment. Il lui caressa la joue avec ses doigts et lui effleura les lèvres avec les siennes.

- Je t'aime, chuchota Stiles timidement.

- Moi aussi, répondit Derek les paupières fermés.

Le jeune homme bailla fortement, cassant ainsi l'ambiance romantique qui s'était installée. Il se recula, gêné. Il s'excusa brièvement mais le loup était déjà pris dans un fou rire incontrôlable. Stiles lui envoya son poing dans l'épaule.

- C'est ça, moque toi ! Se renfrogna-t-il.

- Non mais… Tu aurais vu ta tête… Clama le lycan en pleurant de rire.

- Je devrais me reconvertir en humoriste, j'ai de quoi devenir célèbre !

- Mmh, je ne sais pas si ça me plairait. Je préfère te garder pour moi.

- Derek l'égoïste, le retour !

- Oh, ça a toujours été le cas…

- J'aime bien…

Derek avait repris son sérieux. Il lui proposa de se détendre un peu. Stiles accepta mais à la condition de partager un verre de vin blanc. Son compagnon fit la moue cependant, il abdiqua devant ses arguments implacables : « au point où j'en suis… Et puis, j'ai l'impression que ça fait une éternité…». Le jeune homme versa deux verres et en donna un à Derek. Ils trinquèrent à leur moment de complicité et s'installèrent sur le canapé.

Stiles, son ordinateur sur les genoux, des écouteurs dans les oreilles et Derek, un livre à la main. L'hyperactif alternait entre épisodes de sa série, jeux vidéos et repérage pour acheter un jouet à sa filleul. Il aimait bien la gâter, et il n'avait pas reçu de réponse de la part de Scott. Il était inquiet, surtout avec l'arrivée de Rafael. L'alpha allait sûrement mal réagir, du moins, c'était ce que le jeune homme pensait. En fait, il n'en savait trop rien, les réactions de son meilleur ami étaient devenues imprévisibles.

Il enchaînait les petites gorgées de liquide jaunâtre. La boisson était bonne, elle se déversa dans son estomac. Après quelques minutes, l'allégresse alcoolisée se répandit, de nouveau, en lui. Des picotements apparurent dans son ventre et son esprit s'engourdit. Il libéra son audition et fixa Derek, il était concentré dans son livre qu'il relisait pour la deuxième fois. C'était le cadeau de Noël que Stiles lui avait offert. Ses sourcils bougeaient en fonction de ses émotions, tantôt froncés, tantôt relevés. Sa cicatrice suivait le mouvement, ondulant comme si elle prenait vie. Stiles s'y attarda quelques minutes la suivant du regard, elle était spéciale. C'était le signe d'un nouveau Derek, celui qui partageait sa vie.

Il laissa ensuite son regard se perdre le long de sa mâchoire, de son cou, de son épaule large, de son bras musclé, de son avant-bras et de ses mains puissantes. Elles pouvaient tout aussi bien être douces et tendres que dures et dirigeantes. Elles tenaient fermement le livre, le jeune homme aurait, à cet instant, tout donné pour être à sa place. Le contact chaud qu'elles lui procuraient lui manquait. Cela faisait un petit moment qu'elles n'avaient pas exploré son corps. Une semaine, c'était long, trop long. Habituellement, l'appétit du loup ne lui laissait pas deux jours de répit. Ses yeux glissèrent à nouveau sur le beau visage de son amant pour y trouver sa bouche. Elle était légèrement plissée, il avait envie de la coller contre ses lèvres, de la sentir le parcourir. Puis, il la vit s'étirer pour lui montrer un sourire resplendissant et des dents parfaitement alignées. Il déglutit ne sachant pas s'il devait être éblouis par la beauté de la scène ou se noyer sous son excitation.

- Stiles…

- Mmh, répondit-il distraitement.

- Pourquoi tu me fixes comme ça ?

- Je veux être à la place de ce livre.

Derek rigola, ferma sa lecture et saisit le bras de Stiles pour l'amener jusqu'à lui.

- Tu ne préfères pas être mon hyperactif ?

Le policier se retrouva contre son homme. Il releva la tête et frôla sa bouche.

- Seulement si j'ai autant d'attention que lui, bougonna-t-il.

- On parle toujours du livre ?

- Peut-être.

- Pff… C'était une semaine difficile hein, on ne s'est presque pas vu.

- Oui… Heureusement qu'on partage la même chambre, sinon on aurait même oublié nos visages.

- Jamais. Mais maintenant, il va falloir que je recharge mes batteries, murmura-t-il en serrant Stiles un peu plus fort contre lui.

- Je t'avais dit que tu n'allais plus pouvoir te passer de moi. Quand on finit par accepter mes discours interminables, on devient accro !

- On ? Grogna le loup.

- Oui, le défia Stiles du regard avec un sourire satisfait.

Le visage de Derek se ferma puis, il se mit à embrasser avec attention l'épaule de Stiles, il remonta doucement le long de son cou et s'arrêta près de son oreille.

- Je suis jaloux, susurra le loup d'une voix grave.

- On est deux, répliqua le jeune homme.

- Hm… Il n'y a qu'avec toi que je suis bien. Je ne vois que toi, toi, toi et encore toi.

Chaque « toi » avait été appuyé. À chaque fois que l'un d'eux avait été prononcé, Stiles avait été pris de frissons désireux. Ces mots faisaient échos en lui, le timbre rauque de son amant était chaleureux et rassurant. Derek lui mordilla la chaire.

- Et toi ? Demanda-il.

- Moi ? Je n'ai qu'une seule et unique personne en tête, et son nom est Derek Hale.

Satisfait, le loup sourit et regarda son compagnon avec intensité. L'espace d'un instant, le jeune homme oubliait Braeden, son travail, Scott pour, enfin, retrouver leur amour.

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