Chapitre 13
Quand il ouvrit les yeux, la chambre était éclairée par les premières lueurs du jour. Un savant mélange jaune-orangé qui transportait un petit quelque chose de nostalgique. Il aimait bien ces moments-là, c'était un moment de flottement entre deux mondes. Il n'était plus hier mais pas encore aujourd'hui. Une petite parenthèse loin de tous les problèmes de Beacon Hills. Il tourna la tête pour observer son conjoint mais, la place était déserte. Ce n'était pas si étonnant néanmoins la situation lui rappelait la dure réalité. Ils étaient en froid et c'était en grande partie sa faute. Heureusement, il n'avait pas le temps de réfléchir à tout ça aujourd'hui, il avait rendez-vous avec Lana pour parler de Scott. Il se leva sans trop de motivation et essaya de calmer ce malaise profond qu'il pouvait ressentir. Il descendit les marches indolemment. Une fois dans la cuisine, il chercha des yeux son amant, mais encore une fois, il ne trouva qu'une triste solitude. Sans crier gare, ses sentiments resurgirent, il avait vraiment merdé. Des larmes inondèrent ses yeux, il secoua la tête et se frotta les paupières. Ce n'était pas le moment de laisser sa tristesse s'exprimer. Il devait sauver Scott. Oui, c'était la seule chose sur laquelle il devait se concentrer. Il prit un café en découvrant sur le bar une note griffonnée à la hâte « Je vais voir Nathan. Fais attention à toi. ».
- Toujours aussi attentionné, Sourwolf, murmura t-il ému.
C'était des mots tous simples mais ils vinrent légèrement soulager la lourdeur que Stiles pouvait bien ressentir. Il eut l'idée de réserver le lieu du week-end annulé pour leur un an, dans quelques mois. Il savait que le loup n'était pas des plus romantiques seulement, lui avait envie de marquer le coup. Néanmoins, il espérait secrètement que son compagnon penserait au moins à le lui souhaiter. Cette année avait été l'une des plus belles, il ne savait que trop bien la chance qu'il avait. Il essayait de se débattre comme il pouvait pour mériter l'amour qu'on lui donnait. Il avait encore l'impression de ne pas en valoir la peine, Derek était décidément trop parfait pour lui. Bien qu'il s'était perdu dans ses pensées, il arriva à retrouver le chemin de la réalité pour répondre à son téléphone qui affichait « Papa ».
- Salut p'pa ! Ça va ?
- Bonjour Stiles. Oui et toi ?
- Bien, je vais voir Lana aujourd'hui.
- Je sais.
- Vous communiquez derrière mon dos à ce que je vois...
- Tu n'auras pas d'autres informations sur la relation qu'on entretient !
- Je n'en ai pas besoin, j'ai déjà compris.
- Bon et sinon, tu veux revenir au travail demain ?
- Ouais... C'est un peu compliqué, disons que Derek et moi, on devait aller quelque part et finalement on n'a pas pu à cause d'un petit problème...
- Rien de grave ?
- Ça va.
- Fiston, au lieu de reprendre plus tôt... Je voulais te proposer quelque chose...
- Oui ?
- Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas retrouvé tous les deux et je pensais qu'une petite journée nous ferait du bien, comme quand tu étais à la maison... Je comprendrais que tu ne veuilles pas, passer un moment avec ton vieux père ce n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux...
- Avec plaisir p'pa !
- Vraiment ?
- Oui ! Par contre j'ai une réunion avec la meute le soir.
- Pas de souci, on se dit vers onze heures ? Comme ça, on déjeune ensemble.
- Ça me va !
- J'ai hâte.
- Moi aussi.
- Bon, je dois te laisser Stiles, on nous appelle ! À demain !
- À demain !
La voix du shérif était bizarre, douloureux mélange entre tristesse et inquiétude, Stiles ne pouvait pas refuser son invitation. Il but rapidement sa boisson, il lui restait quelques heures avant de retrouver la gentille sirène. Il aurait bien grignoté un morceau mais l'appétit lui manquait. Alors il décida de se documenter seul sur les différentes informations qu'on avait pu lui transmettre. Il ouvrit son ordinateur portable et se laissa porter au gré des résultats qu'internet voulait bien lui fournir. Il ne trouva rien sur la potentielle famille de chasseurs qui les avait pris en chasse. Concernant la fameuse biche-garou, parce que, oui, il avait décidé que c'était son nom à partir de maintenant, il ne trouva que de vieilles légendes qui finissaient rarement bien. La biche était souvent sacrifiée et l'auteur de ce meurtre tombait dans un profond désespoir en découvrant qu'il s'agissait d'une de ses proches. Rien de très réjouissant en somme. Alors qu'il était prêt à se lancer à corps perdu dans les mythes des sirènes, son téléphone le dérangea. Sans regarder son écran, il refusa l'appel. Mais la sonnerie se répéta et, légèrement agacé, il décrocha.
- Stilinski.
- Euh, salut Stiles. Ça va ?
- Oh c'est toi. Excuse-moi, je réfléchissais. Ça va, j'aime bien me réveiller avec un post-it, on a des discussions très intéressantes. Et toi, tu t'amuses bien ?
- Oui, je suis avec Nathan. Il te réclame tu sais.
- Il a bon goût ce petit, je me demande bien de qui il peut tenir... Je vais voir Lana à midi, après je suis libre. Ça te dit une après-midi rien que tous les deux, un bon film, comme avant. Après, on pourrait...
- Stiles... Désolé, j'ai promis à Nath' de rester avec lui.
- Oh, je comprends... Et bien je pourrais vous rejoindre, non ?
-... Cette fois, j'aimerai bien rester seul avec lui.
- Oui, forcément. Je vois...
- Stiles...
- Enfin seul, avec elle aussi.
- Je ne peux pas faire autrement, c'est sa mère...
- Oui, oui... Bon, tu rentres à quelle heure ?
- Je serais là pour le dîner.
- Ça marche. Je te laisse alors.
- À toute, l'hyperactif.
- À ce soir.
Non, ça n'allait pas. Cette discussion était gênante et froide. Même dans les années passées, il n'eut pas souvenir que leur relation avait été aussi embarrassante. Il ne savait pas quoi faire pour arranger la situation, ou plutôt, si, il le savait mais il n'était pas en capacité de le faire. Il était terrifié. Il se traita d'idiot, il observait de loin sa romance s'effriter sans intervenir. Il passa nerveusement la main dans ses cheveux et se rendit compte que sa jambe droite sautillait toute seule. Il respira un grand coup et vérifia l'heure. Il aperçut, avec horreur, qu'il était déjà midi moins dix et qu'il ne serait jamais à temps à son entrevue. Il ferma son ordinateur et se précipita sur ses chaussures et sa veste. Il sauta dans sa voiture pour rejoindre Lana.
C'était avec quelques minutes de retard qu'il passa la porte du restaurant, il était essoufflé et il ajusta sa chemise à carreaux. Il était un peu gêné, il aurait préféré passer un vêtement plus « adulte » mais il n'avait pas eu le temps de se changer. Il vit Lana assise devant une table, le menu entre ses mains. Il se rapprocha, légèrement anxieux.
- Bonjour Lana !
- Oh Stiles.
- Désolé du retard...
- Non, non. Ne t'en fais pas ! Je suis ravie de te voir.
Elle avait un large sourire bienveillant qui avait manqué au jeune homme. Il s'installa en face d'elle en rougissant légèrement.
- Comment vas-tu Lana ?
- Bien...
- Vraiment ?
- Oui ! D'ailleurs, merci pour ton soutien, je sais que c'est toi qui m'a défendue contre vents et marées.
- Tu es quelqu'un de bien.
- Tu vois toujours le meilleur chez les gens !
- Non, regarde Peter, je me méfie de lui...
- Pourquoi ?
- Il cache toujours quelque chose. Tout ce qu'il fait c'est pour son bien-être personnel.
- Mais maintenant, il a sa fille.
- Oui, mais je ne crois pas qu'il agit seulement pour elle.
- Je vois...
Ils commandèrent à manger, une salade légère pour la sirène et un steak frites pour l'humain qui était affamé. Pendant le repas, ils discutèrent de leur vie respective, Lana se confia sur la difficulté qu'elle avait pour se faire une place ici, à Beacon Hills. Elle se sentait toujours coupable et n'osait pas se rapprocher des personnes présentes au sein de la meute sauf Stiles avec qui la discussion était toujours simple. Ce dernier lui expliqua la relation conflictuelle qu'il entretenait avec son collègue ; il hésita à se livrer sur les tensions apparues dans son couple mais il préféra se concentrer sur Scott.
- J'aimerais te poser une question...
- Je t'écoute.
- Scott ne va pas très bien en ce moment, on a appris que c'était à cause d'Amalia... Elle l'a manipulé et maintenant il se retrouve dans une situation délicate.
- Ça ne m'étonne pas d'elle, malheureusement. Tu as plus de détails ?
Le jeune homme lui répéta les choses qu'il avait apprises.
- Très bien. Je vais devoir te décevoir. Je ne peux rien faire pour vous. Amalia était.. Est la plus forte d'entre nous. Je peux seulement te révéler comment on s'y prend pour faire ce genre de chose, chuchota-t-elle. Quand on croise le regard d'une personne, on peut ressentir ses sentiments les plus profonds, même ceux qu'elle essaye de cacher...
- Oui, comme avec Derek la dernière fois...
- Exactement, mais certaines d'entre nous ont une capacité plus importante. Nous pouvons, je dis nous parce que je suis aussi dans ce cas là, immiscer nos propres désirs dans les abysses mentales de nos opposants. Ici, il lui a suffi de lui exposer ses démons et de libérer tout ce qu'il cherchait à restreindre. C'est un peu comme une balance, il avait réussi à la stabiliser pour la faire pencher comme il le souhaitait, d'un côté ou d'un autre. Ainsi, il avait toujours le contrôle sur lui-même. Amalia a détruit la base de cette « balance », il ne peut donc plus avoir accès à l'un et l'autre simultanément. Il doit choisir de quel côté il veut se positionner.
- Et on ne peut pas reconstruire cet équilibre ?
- Je peux essayer, souffla-t-elle. Seulement, je ne pense pas en être capable.
- Et lui ?
- ... Il faudrait une force mentale incroyable.
- Et ça tombe bien, on parle de Scott McCall, le véritable alpha !
- Tu sais, je crois que tu idéalises trop les personnes que tu aimes. Je suis persuadée que ton ami est puissant mais il a déjà succombé une fois et...
- Il peut le faire ! J'en suis persuadé. Je crois en lui.
- Il a de la chance d'avoir quelqu'un comme toi à ses côtés.
- On se connaît depuis tellement longtemps qu'on se supporte mutuellement dans les épreuves. Je ferais tout pour lui et inversement.
- Mmh, je vais aller voir Amelia.
- Tu es sûre ?
- Quand je vois la détermination dont tu fais preuve, j'ai envie de l'aider aussi.
- Mais ça va aller toi ?
- Oui... Je crois ? Aujourd'hui, grâce à Noah et toi, je n'ai plus peur de m'affirmer.
- Merci Lana. Tu es une alliée précieuse.
- Je vous dois bien ça, susurra-t-elle les yeux larmoyants.
- Tu as sauvé Derek. Sans toi, je ne serais pas là où j'en suis aujourd'hui. Tu es toute pardonnée. Et je tiens à toi, mon père aussi, mais je crois que ça, tu le sais déjà !
La sirène le dévisageait, son regard en disait bien plus long que n'importe quel mot qu'elle aurait pu prononcer. Elle sourit tendrement avant de s'excuser de couper court leur conversation, elle devait reprendre le travail. En guise d'au revoir, elle serra le jeune homme contre elle. Un geste d'affection qui le réconforta. Il se sentit amoindri d'un poids inconnu.
- Méfie-toi d'elle, murmura-t-elle à son oreille. Je crois que tu la sous-estimes un peu trop. Une mauvaise action peut en cacher une autre.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Malheureusement, il n'eut pas de réponse à sa question. Elle s'était déjà éloignée, pressée par le temps. La dernière phrase prononcée par son amie raisonnait en lui. De quoi parlait-elle ? Avait-il était aveuglé par ce qu'on voulait bien lui montrer ? Lors de ses réflexions, une immense fatigue le prit soudainement. Comme lorsque ses insomnies le tiraillaient pendant l'adolescence. Difficilement, il se traîna jusqu'à sa voiture et la démarra, lors de son trajet, ses yeux se fermèrent malgré lui. Pour ne prendre aucun risque, il se gara sur un parking choisi au hasard, sans prendre le temps de regarder où il était et s'endormit.
Rien, il ne rêva absolument de rien, ce n'était que le néant qui s'était invité dans son esprit, pas de forêt, pas de loup, pas de mort. Il avait beau essayé d'en sortir, il marchait continuellement dans ce noir absolu sans pouvoir se réveiller. Il était bloqué. Alors, il s'assit au milieu des ténèbres et attendit patiemment qu'une porte s'ouvre. Après ce qui lui sembla quelques minutes, il se dessina un trou de lumière, il se leva et s'en approcha doucement, ce fut un tambourinement assourdissant qui l'accueillit à son réveil.
- Mmh, murmura le jeune homme qui peinait à se réveiller.
- Stiles... Stiles... !
- Hm ?
- Réponds-moi !
- Derek, qu'est ce que... Pourquoi il fait nuit ?
- Ouvre ta porte, TOUT DE SUITE.
- C'est bon, pas la peine de hurler, je me suis juste endormi un peu... Marmonna Stiles tout en ouvrant sa portière et déverrouillant ainsi sa Jeep.
- UN PEU ?! Tu sais depuis combien de temps j'essaye de te joindre ?!
- Euh...
Avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, le loup le serra avec puissance contre lui, geste qui lui transmit toute l'inquiétude accumulée que le brun avait pu ressentir. Alors, il lui rendit son étreinte avec la même intensité et lui caressa tendrement le dos.
- Trois heures... Trois longues heures que je te cherche partout. Quand je suis rentré tu n'étais pas là, je t'ai attendu, je t'ai appelé une dizaine de fois. J'ai contacté ton père, il m'a dit que tu avais quitté Lana tôt dans l'après-midi. Après, plus aucun signe de vie, je me suis imaginé tellement de choses avec tout ce qu'il se passe en ce moment. J'ai fait tout Beacon Hills... Je... Mais qu'est ce qui t'a pris ? J'ai eu tellement peur...
- Calme toi mon petit Derek, je suis là, bien vivant.
Il essaya de se dégager en vain, l'étau était trop fort.
- J'étais épuisé, expliqua-t-il doucement. Je ne comprends pas moi-même, je glissais vers le sommeil en conduisant. j'ai préféré m'arrêter et je me suis assoupi en un rien de temps... Par contre, je pensais avoir mis mon téléphone en sonnerie. Je suis désolé que tu te sois inquiété pour rien.
- Mmh, regarde-moi.
Derek s'éloigna doucement de son petit ami pour le fixer droit dans les yeux. Ce dernier aurait juré apercevoir des petites larmes s'évanouir dans le coin de l'œil de son amant. Il n'en parla pas, de peur de blesser son égo, cependant, inconsciemment, cette marque d'attention le rassura profondément.
- Je suis vraiment désolé, réitéra-t-il.
- Je ne t'en veux pas, je veux juste comprendre ce qu'il t'arrive.
Il resta un moment à sonder le regard ambré de Stiles, sans rien y trouver. Il finit par souffler et abandonner sa quête.
- Appelle le shérif, il doit être mort d'inquiétude, grogna-t-il en s'éloignant et en reprenant son masque impassible.
« Salut papa, je vais bien. Je me suis endormi, je t'expliquerai tout ça demain. J'ai hâte de passer la journée avec toi. » - Envoyé.
- Je lui ai écrit un message... On rentre ?
- Mmh.
Stiles n'était pas dupe, il avait remarqué la façon dont Derek avait croisé les bras et celle dont il avait froncé les sourcils. Son amant cachait son agacement et le jeune homme en avait marre d'être la cause de toute cette rancune. Il sortit de son véhicule pour lui entourer le dos avec ses bras.
- On... On est dehors Stiles, balbutia le plus vieux.
- C'est bon... Il fait nuit... Et je ne veux pas te laisser comme ça. Pardon.
- Tu comptes répéter ça toute la soirée ?
- Mais... tu es énervé.
- Ça va passer.
- Non, laisse moi arranger les choses pour une fois.
- Comme tu l'as fait ce week-end ?
- Mon amour... je ne veux pas te perdre.
Derek essaya de se dégager de l'étreinte mais, cette fois, Stiles montra toute son habileté en résistant avec force.
- Laisse-moi te voir Stiles.
- Non, j'ai besoin de te parler et je suis plus à l'aise dans cette position. Je... Je ne veux pas que tu doutes sur mes sentiments, tu m'apportes tellement au quotidien, tu es ma force. Je dirais même que plus le temps passe plus l'amour que je te porte grandit, et crois moi, je ne croyais pas cela possible.
- MAIS, te projeter dans un futur où nous aurions plus à nous cacher est trop compliqué pour toi. J'ai déjà compris tout ça.
- Arrête, écoute moi un peu. Je n'inspire qu'à ça. Malheureusement c'est plus complexe que tu ne l'imagines.
- Sûrement. Mais tu sais quoi ? C'est rien, je vais faire comme d'habitude, accepter parce que de toute façon, je peux faire quoi d'autre ?! Je suis impuissant. Rien qu'imaginer ne plus te voir ce soir m'a retourné l'estomac. Je n'y peux rien, j'ai besoin de toi dans ma vie, même si je dois vivre dans l'incertitude. J'attendrai.
- Jusqu'à quand ? Combien de temps avant que tu ne décides que ce soit la fin ?
- Je ne sais pas.
- Je vois.
- Stiles.
- Encore... Juste... Un... Peu.
- Tu pleures ?
- Non, pas du tout.
Derek frola tendrement les bras qui le serraient en tremblant, le corps de Stiles était mué de tristes spasmes. La prise s'était relâchée, il lui était donc facile de se retourner et de voir, malgré les différentes tentatives d'esquives du jeune homme, un torrent d'eau couler sur ses joues pâles. Il était accompagné de reniflements. Cette vision fit sourire amoureusement Derek et un « mignon » se glissa à travers ses lèvres, expression resplendissante qui fut captée par le pleureur même à travers sa vision trouble.
-nCe n'est pas ce que tu crois, renifla ce dernier. Je...
Le loup déposa un baiser sur son front, puis il laissa sa bouche se perdre le long de ce visage qu'il affectionnait tant, le goût salé des larmes n'eut pas l'air de le déranger. Il finit sa course contre les lèvres humides de son compagnon. La tristesse s'était évaporée de la mine de Stiles. À la place, il y résidait une incompréhension grandissante. Sa bouche légèrement entrouverte laissait ressortir un hoquet qui trahissait son état émotionnel passé. Pourquoi l'ambiance s'était métamorphosée ? Quel était la raison pour laquelle Darek paraissait soudainement plus tendre ? Toutes ses interrogations se bousculaient dans son cerveau sans qu'il n'arrive à y répondre, mais ça lui allait. Une grande main chaude vint lui effleurer la courbe de sa mâchoire, il tressaillit à son contact. Une chose était sûre, la tendresse de son compagnon était l'une des sensations qui lui donnait assez de force pour avancer. C'était magnifique et tellement terrifiant.
- Derek, souffla-t-il. Je respire grâce à toi.
Le loup ne répondit pas, dans la pénombre du soir, le jeune homme put distinguer qu'il avait porté son avant-bras devant son visage légèrement rougit et qu'il avait détourné les yeux. Puis, sans porter les yeux sur son compagnon, il lui ébouriffa les cheveux comme à son habitude, le prit par la main et l'amena doucement vers sa voiture avant de le faire asseoir côté passager. Stiles, toujours dans l'expectative, croisa enfin le regard gris de son amant, il était d'une intensité impressionnante. Le siège recula légèrement et leurs lèvres se scellèrent une nouvelle fois. Le t-shirt de Stiles se releva sous les mains expertes de Derek. L'air était frais mais l'hyperactif n'avait pas froid, son corps était brûlant, envieux d'être de nouveau emporté par un flot de sentiments plus forts les uns que les autres. Il passa maladroitement sa main dans la chevelure noire de son homme, sa respiration devint haletante et son cœur cognait de plus en plus dans sa poitrine. Le loup mit fin à leur enlacement, il sortit de la voiture, ferma la portière pour venir s'installer sur le siège conducteur, les enfermant ainsi dans leur bulle érotique. Il reprit sans ménagement sa course effrénée sur le torse de son amant. Chaque parcelle de peau de ce dernier était hypersensible, le moindre attouchement déchargeait une vague de désirs qui s'échouait au niveau de son entre-jambe. C'était d'ailleurs l'endroit que le toucher habile de son conjoint avait décidé d'examiner. Le contact ardent et les vas et viens lui extirpèrent des râles de plaisirs, plus rien n'avait de sens autour de lui, il se laissa totalement dominer par les sensations que lui prodiguait Derek. Il pensait en avoir atteint son paroxysme mais il comprit qu'il s'était tromper lorsqu'il sentit la langue perverse de son voisin jouer avec son sexe, un moment elle se perdait sur la longueur de son chibre et l'instant d'après, elle lui englobait le gland.
-... Mon... Coeur, articula-t-il entre des halètements suaves.
C'était le signe qu'il atteignait ses limites, se rapprochant dangereusement de l'orgasme. Mais, la fellation ne se stoppa pas là, c'était même le contraire, maintenant, c'était toute la bouche humide du lycan qui s'affairait.
- Stop... T'en prie... Vais... Geignit péniblement le jeune homme.
Les lèvres augmentèrent le rythme et c'en fut trop. Stiles ne se contrôlait plus, son cerveau s'embruma, une décharge électrique parcourut son corps et sa jouissance s'échappa entre les lèvres de son homme. C'était renversant, sa respiration était rapide et bruyante. Il profita de ces quelques secondes où il avait l'impression de flotter, avant de se faire rattraper par ses réflexions.
- Tu... Mais... Pourquoi ?
Derek ne répondit toujours pas, il avait avalé la semence et s'essuyait les lèvres d'un revers de main. Malgré son silence, il était assez clair qu'il était très loin d'être rassasié. Alors, le policier désireux de lui rendre ce qu'il avait reçu l'embrassa à son tour avec fougue. Il se débarrassa comme il put des tissus qui le séparait de son but. Il le découvrit, rempli de désir. Il s'amusa à dessiner du bout de son index les lignes sinueuses des veines. Le membre en érection bougeait tout seul et cela l'amusait beaucoup, il le regardait comme subjugué. Il n'aurait jamais imaginé être autant en extase devant l'anatomie masculine. Le simple fait de se retrouver face a ce sexe tendu lui redonnait des idées peu orthodoxes. Il fallait qu'il le goûte, qu'il le prenne en bouche, c'était plus fort que lui. Les grognements rauques de son compagnon l'accompagnaient. Il sentit une paume douce et autoritaire se poser sur ses cheveux, elle suivait les allers et retours qu'il lui prodiguait, il aimait cette sensation d'être légèrement dirigé. Mais alors qu'il sentait le penis prêt à exploser, il fut séparé de sa friandise. La bouche encore rosé de cet échange, il observa le loup. Il était magnifique avec ses sourcils légèrement relevés et ses lèvres tremblantes. Le cœur du plus jeune s'emballa encore devant cette vision, à cet instant, il se rendit compte à quel point son amour était puissant. De sa vie, il n'avait jamais ressenti un tel sentiment, il donnerait tout pour lui. La fièvre avide s'empara à nouveau de lui, il ne pensait qu'à leurs deux corps qui se rapprocheraient, à cette proximité qu'il aimait tant, à la chaleur que provoquerait leur fusion. Il se décala, leur complicité était telle qu'ils n'avaient pas besoin de mot pour se comprendre, alors, son compagnon enjamba l'obstacle qui les séparait et s'assit à la place de Stiles. Heureusement que ce dernier avait une morphologie plutôt fine, l'espace leur manquait terriblement mais ce n'était pas ce détail qui les arrêterait. Le policier s'installa à califourchon et leurs lèvres se retrouvèrent. Il entoura ses mains autour du visage carré de son homme, tandis que lui caressait son dos avec puissance. Des frissons de convoitise accompagnaient chaque effleurement, si bien, que lorsque le toucher confiant du brun atteignit ses hanches, un gémissement langoureux s'échappa de sa bouche. Il était prêt, Derek l'avait compris et la réponse ne se fit pas désirer. Le sexe encore humide de l'actif se fraya un chemin vers l'antre de plaisir du passif lui arrachant un cri de délice intense.
- Et bien... Je vois que ça t'excite le sexe en voiture, sourit Derek.
- Tu peux parler, haletait Stiles dont le bassin bougeait tout seul.
- Tout ton corps me rend fou, tous les jours.
Sur ces mots, le loup, qui se complaisait jusqu'à maintenant des mouvements de son amant, initia des vas et viens frénétiques. Les deux hommes tremblaient de leurs sensations voluptueuses. Leur connexion augmentait de plus en plus, puis, elle arriva au point de non retour. Dans un « je t'aime. » qu'ils se susurrèrent mutuellement, ils touchèrent l'orgasme le plus merveilleux qu'il soit. Après avoir retrouvé leur souffle, ils échangèrent un regard complice.
- Woah. J'ai l'impression que plus le temps passe, plus c'est intense, ricana Stiles.
- Je ne lasserai jamais de tes gémissements, raillera Derek.
- C'est gênant, rougît le jeune homme en se cachant les yeux.
- Ce visage. Ne le montre qu'à moi.
- Il t'est réservé depuis plus longtemps que tu ne le penses.
- On rentre ? Que je te laisse partir avant de te manger entièrement.
- Tu m'as manqué.
- Toi aussi, mon amour.
Avant de se séparer, l'humain se cacha dans le coup de son homme et respira à plein poumon son odeur. Il se sentait tellement bien dans ses bras protecteurs. Dès qu'il se perdait en eux, il avait l'impression d'être enfin entier. Il se redressa, sourit et lui embrassa chastement les lèvres. Il rigola fortement devant la situation ubuesque. Il était plié en deux, avec un liquide visqueux qui lui tapissait le ventre. Il chercha du regard quelque chose qui pourrait l'aider à l'essuyer avant de se souvenir que dans la poche arrière droite de son pantalon, il y avait glissé un paquet de mouchoir en prévention. Une fois il s'était retrouvé en pleine crise allergique et sans ce petit bout de tissu, il avait dû s'exiler dans des WC publiques pour y faire un stock de papier toilette, depuis, il en avait toujours sur lui. Il salua son cerveau et chercha maladroitement son jean qui gisait à ses pieds, sur le tapis de voiture. Il en tira un mouchoir en râlant devant les tâches qui salissaient désormais leurs t-shirts. Derek le regardait se démener avec un sourire attendri.
- Ne t'en fais pas, ça me va moi, ajouta ce dernier.
- Mais...
- C'est une partie de toi. Et de toute façon, on rentre à la maison, donc, ça peut attendre.
- Derek Hale, vous êtes aussi beau parleur qu'aigri.
- Ça dépend. Je ne le suis qu'avec la personne que j'aime.
Stiles rougit, il adorait être gâté de la sorte. Il se sentait spécial, le seul qui pouvait voir le côté dévoué du Sourwolf.
Après qu'ils aient ajusté leurs vêtements et qu'ils aient échangé un baiser devant leurs véhicules, ils partirent séparément en direction du loft.
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