Chapitre 1

Après l'affaire des sirènes, la vie de Stiles était paisible. Enfin presque. Son couple avec Derek était au beau fixe. Tous les jours, au réveil et au coucher, il avait la plus belle vision du monde, celle du visage de son amant. Ils avaient trouvé leur équilibre. La seule ombre au tableau était son travail. Bien sûr, ses aptitudes professionnelles ne faisaient pas de doutes. Mais, il gardait jalousement sa relation avec le loup secrète. Lorsque la question se présentait à lui, il bredouillait des excuses peu convaincantes. "On est ami de longue date. On est juste colocataires." quand on lui demandait pourquoi il vivait avec un homme si peu sociable et "Je préfère me concentrer sur ma carrière." lorsqu'on essayait de lui proposer de rencontrer des femmes. Ces phrases fonctionnaient plutôt bien sur les personnes qui voulaient se voiler la face mais d'autres, plus perspicaces, avaient tout deviné. Par respect, ils gardaient le silence et appuyaient ses dires. Ce n'est pas qu'il avait honte de son histoire d'amour, c'est qu'il doutait sur la capacité d'acceptation de plusieurs collègues. Dans ses moments d'angoisses profondes, il se fabriquait ses propres rumeurs qui revenaient le hanter régulièrement. Des voix haineuses s'élevaient dans un coin de sa tête "Je le savais bien qu'il était PD. C'est écrit sur leurs visages de toute façon. C'est répugnant.", "Il salit l'image des Hale.", "Le fils du Shérif est une tarlouze.", "Je serais Noah, j'aurais honte d'avoir un fils comme lui.". Et la dernière chose dont avait besoin Stiles, c'était de se sentir comme un obstacle dans la vie des gens qu'il aimait. Bien entendu, son père lui avait déjà exprimé son inquiétude, il n'en avait que faire des ragots et ce qui l'intéressait, c'était le bonheur de son fils.
Son amant le comprenait et faisait attention à ne pas montrer ses sentiments en public, bien que cela le peinait énormément. Il avait déjà exprimé plusieurs fois son indifférence concernant le regard des autres, depuis son coming-out devant la meute, sa confiance en lui et en ses sentiments n'avaient fait qu'augmenter. Il était fier de ce qu'il avait et de ce qu'il était devenu, grâce à son homme. De son côté, lui, avait ouvert un garage dans la périphérie de Beacon Hills et renouait avec l'une de ses anciennes passions, la mécanique. Il n'était pas connu pour son sens de l'amabilité même si, il s'était fortement amélioré. Cependant, il avait beaucoup de succès quant à sa rigueur professionnelle. Nombreux étaient les clients fidèles qui vantaient ses mérites. Il s'occupait aussi bien des voitures citadines que des voitures de collection.

Comme souvent le soir, lorsque Stiles rentrait du travail, il était aux alentours de 21h. Il avait réglé une histoire de cambriolage en série. Il était fatigué et ses muscles le tiraient légèrement. Mais pour compenser sa situation amoureuse si peu habituelle, il s'imposait un rythme professionnel soutenu. Dans le commissariat, il était connu pour être un bourreau de travail.

- Hey ! Je suis rentré ! Clama t-il d'un ton monotone.

- Salut, mon chéri. Comment tu vas ?

Derek était installé dans le canapé et lisait un livre. Il avait entendu Stiles passer le pas de l'immeuble et l'attendait avec impatience. Il se leva pour l'embrasser.

- Mmh, carrément mieux depuis que je suis rentré. Et toi ?

- Ça va. J'ai faim, je mangerai un bœuf entier.

- À ce point ? Il ne fallait pas m'attendre.

- J'ai pas envie de manger sans toi.

- Oui, mais je culpabilise moi après.

- Oh. Sois mon dessert et je te pardonnerai peut-être ce terrible affront.

- Haha t'es pas possible, mon petit Derek. Allez viens, on va manger.

Le lycan se dirigea vers le frigo pour y prendre le dîner. Stiles se glissa délicatement derrière lui et enlaça sa taille.

- Tu m'as manqué, murmura t-il près de son oreille avant de s'asseoir devant le bar.

- Mmh, tu sais que c'est un appel direct à mon appétit sexuel ce que tu fais là ?

- Tu réagis tellement vite, même après bientôt un an.. Rigola l'humain.

- Je t'avais prévenu ! Et encore, je reste calme dehors.

- Oui.. Je suis désolé de t'imposer ça.

- C'est rien je comprends, grogna le loup agacé.

- Non, tu es énervé.

- Je pensais juste... Qu'une fois l'annonce de la meute passée, on allait pouvoir vivre au grand jour, comme n'importe quel couple..

- Je sais que certains de mes collègues ne sont pas très ouverts d'esprit..

- Ils finiront bien par le savoir un jour.. Là, je suis juste le colocataire un peu rustre.. On veut te présenter des femmes toutes les 5 minutes.. Je n'aime pas ça.

- Je t'aime, toi et personne d'autre mon cœur. Peu importe les personnes que je rencontre, il n'y a que toi depuis longtemps. S'exprima le jeune homme, ses yeux pétillants d'amour fixant ceux du loup.

- Mmh. Comment tu veux que je résiste à ça ? Tu gagnes toujours.

- C'est parce que je suis le plus mignon.

- C'est pas vrai ça ! Moi aussi je peux l'être, regarde !

Le lycan avait relevé l'extrémité intérieure de ses sourcils, ses yeux étaient habités d'une douceur infinie. Sa bouche s'étira doucement jusqu'à afficher un sourire plus que charmeur dont l'hyperactif n'arrivait décidément pas à se lasser.

- Haha, ok ok, dépêche toi de manger, j'ai envie d'un dessert moi aussi maintenant. Supplia-t-il.

Derek eut l'air plutôt satisfait de comprendre que son pouvoir de séduction était toujours intact. Les deux hommes finirent rapidement leur assiette afin de pouvoir profiter d'un moment d'intimité. Seulement, leurs téléphones se mirent à vibrer. Pendant que le bêta maudissait à haute voix la technologie, Stiles amusé, vérifia l'importance du message.

- Derek. Regarde.

- Mmh ?

"Venez vite à la clinique vétérinaire. Je viens de trouver Peter. Il est très mal en point."- Reçu de Scott.

- Ça va, mon cœur ? Demanda le plus jeune.

- Mmh.

Mais, le visage de son amant s'était refermé. Son oncle avait disparu depuis plusieurs mois. Il ne donnait que des nouvelles éparses à sa fille qui les faisait circuler dans la meute. Le couple savait bien qu'il avait subtilisé le souvenir de leur dernière bataille et qu'il avait un caractère assez égoïste, cependant, ils y étaient attachés. Après tout, il était l'un des survivants de la famille Hale. C'est assez inquiets qu'ils se dirigèrent vers la clinique de Scott.

En arrivant, ils furent accueillis par un Deaton au visage grave.

- Vous êtes les premiers arrivés. Il est à l'intérieur.

- Tu as l'air inquiet ? Interrogea Stiles.

- Il a subi beaucoup de blessures mais, je pense qu'il s'en sortira. Il y a un autre problème, mais Scott vous en dira un peu plus... Je reste ici, on attend Malia.

- OK doc'.

Le vétérinaire s'était plutôt bien remis de son dernier combat. Il ne boitait presque plus. Il arrivait, parfois, que sa jambe retrouve une lourdeur inhabituelle mais ça le dérangeait que très peu. De toute façon, il restait plutôt mystérieux et ne s'épanchait jamais sur ses sentiments.
A l'intérieur, Peter était allongé sur une table en aluminium. Il était inconscient. Son t-shirt avait été réduit en lambeaux, à travers le peu de tissus qu'il restait, on pouvait y apercevoir de larges entailles. Son visage n'avait pas été épargné, de nombreuses marques de coups avaient du mal à disparaître. Au sol, s'étendait une petite flaque de sang. À ses côtés, le latino lui parlait en essayant de lui absorber sa douleur. Malheureusement, ses pouvoirs avaient encore diminué, il était obligé de marquer des pauses. Son épuisement commençait à se voir sur son visage essoufflé. Depuis ses difficultés à prendre sa forme d'alpha, la situation s'était dégradée. Ses yeux ne pouvaient plus tenir la couleur rouge que quelques minutes à peine. Et l'émissaire n'avait ni de réponse, ni de solution à lui donner.

- Scott.

- Ah, vous êtes là ! Souffla t-il soulagé.

- Je vais reprendre le relais, dit Derek en s'avançant.

- Merci...

- Ça ne va pas mieux toi.. Murmura l'humain.

- Non, c'est même pire. Mais, c'est encore plus grave.. On a trouvé ça dans sa main.

"J'arrive pour prendre ce qui m'est dû. P."

- P... C'est...

- Oui..

Le policier frissonna. Il était de retour et leur meute, limitée par un alpha affaibli, ne ferait sûrement pas le poids.

- Qu'est ce qu'il se passe ? S'inquiéta l'apprentis infirmier.

- Ce qu'on redoutait. IL est de retour. Je crois… qu'IL sait pour Scott. Ce n'est pas un hasard s'IL attaque maintenant.

Un voile sombre passa sur le visage de Derek. Stiles le connaissait maintenant très bien. Il savait reconnaître ses émotions derrière ses mimiques. Et là, il y vit de la peur. Les meurtriers de Chris allaient passer à l'attaque. Après un petit moment de réflexion, sa bouche s'ouvrit et il s'exprima d'une voix pratiquement imperceptible :

- Comment… comment a t-il fait pour…?

- Je ne sais pas… Répondit Scott, la voix animée par une angoisse profonde.

- On ne l'a dit à personne, même le restant de la meute n'est pas au courant.. Réfléchissait le bêta tout haut.

Leur réflexion fut coupée par l'arrivée bruyante de la coyote. Morte d'inquiétude, elle se précipita vers le corps inanimé de son père. Elle lui caressa doucement les cheveux.

- Je suis là. Tout va bien. S'il te plaît, guéris… Papa.

C'était rare de surprendre Malia en train de montrer ses sentiments. Elle avait pris le mauvais côté de Peter, elle avait tendance à refouler ses moments de tristesse. Et ce "papa" avait raisonné de manière si sincère qu'une vague de tristesse avait commencé à envahir Stiles. Il posa délicatement sa main sur l'épaule de son amie et, en silence, il essaya de la soutenir. Derek la regardait avec beaucoup de chaleur. Il avait mis de côté la relation qu'elle avait entretenu avec son amant, maintenant, il l'a reconnaissait comme sa cousine et l'aimait profondément. C'est du moins ce qu'il avait déjà soufflé à Stiles lors de leur nombreuse discussion.
Mais, ce petit mot rempli de tendresse avait eu un autre effet. Le visage de Peter retrouvait peu à peu sa physionomie habituelle. Les plaies sur son corps avaient encore du mal à se refermer.

- L'amour comme moyen de régénération.. Il faut croire que même Peter en a besoin. Et pas n'importe lequel, l'un des plus puissants, celui qu'un enfant porte à son parent. Malia, reste avec lui, je pense qu'il a besoin de toi. Scott, Stiles et Derek, suivez-moi. Il faut que je vous parle.

Deaton avait surgi dans la pièce et s'exprimait avec une voix douce mais autoritaire. Malia, un plus rassurée, ne tiqua pas lorsque les quatre hommes la laissèrent seule.

- Vu son état, Peter va mettre du temps à se réveiller. D'ici quelques jours. À la palpation, j'ai senti de multiples fractures. Quand il reviendra à lui, il aura peut-être des réponses à nous apporter. En attendant, rentrez chez vous. Scott, il va falloir se pencher un peu plus sur.. Ton blocage. Peut être en parler à la meute.. On a plus de raisons de leur cacher. Derek, tu es maintenant, le loup le plus puissant, tu vas devoir aider Scott dans son rôle. Stiles, j'aimerais que tu me tiennes au courant s'il y a des meurtres particuliers à Beacon Hills. Moi, je continue mes recherches. J'ai encore une piste à explorer.

Les trois amis quittèrent la clinique. Scott avait la mine basse. Stiles le savait, il culpabilisait. Alors, il le prit dans ses bras et murmura furtivement un "Ce n'est pas de ta faute. ". Mais, le latino, ne répondit étonnement pas à son étreinte. Il restait raide, les bras tendus et les poings serrés. Son regard était las, presque éteint.
Son pouvoir d'alpha le quittait en même temps que sa confiance en lui.

- Tu es dispo demain ? J'aimerai bien voir ma filleul. Demanda l'humain, il savait bien que la fille de son meilleur ami était un sujet qui le sortirait de sa torpeur.

- Ah oui !! Je vais la chercher à la crèche pour 16h !

- Je serais là.

L'alpha en perdition lui adressa un regard plein de remerciements, puis, s'en alla à bord de sa moto.

- Mmh, grogna Derek.

- Qu'est ce qu'il y a ?

- Je ne le reconnais plus. Je suis vraiment inquiet, Stiles. Et ce n'est pas mon genre.

- Toi aussi tu le ressens…

- Il sent le désespoir à plein nez.

- J'ai peur pour lui.

Bien que dehors, Derek ne put s'empêcher de lancer un baiser de réconfort sur le front de son compagnon. Il s'en excusa aussitôt et reprit une distance raisonnable. Mais Stiles laissa tomber les convenances, juste pour cette fois et s'échoua dans les bras protecteurs du loup. Étonné mais heureux, celui-ci le serra contre sa poitrine. Stiles entendit les battements cardiaques légèrement rapides de son homme et ça le calma instantanément. Alors, pour le remercier, il passa sa main froide sur sa joue et l'embrassa avec tendresse.

- Je t'aime, mon Sourwolf.

- Moi aussi. On rentre ?

- Oui..

Durant le voyage de retour, les deux amants conservaient un silence meurtri. Ils se perdaient chacun dans leur pensées. Stiles se concentrait sur son retour à lui. À Preston. Ils avaient réussi à le faire fuir la dernière fois. Mais, Chris lui avait tiré dessus, Scott avait montré sa force et la meute adverse était épuisée. "Aujourd'hui, Argent est mort… Scott s'éloigne de plus en plus de l'alpha qu'il était.. C'est vraiment la merde." grinça mentalement l'humain. Un souvenir lui revint, comme un prédateur fondant sur sa proie, le sourire du rouquin lorsqu'il voulait à tout prix lui faire rejoindre sa meute. Un sourire glacial, dur et cassant. Une peur instinctive le saisit à la gorge, il se sentait piégé. L'espace d'un instant, il était reparti sept mois en arrière, il revoyait clairement la lueur malsaine éclairer ses yeux rouges et ses crocs pointus prêts à défier toute résistance. Automatiquement, il passa ses doigts sur sa ceinture, là où devait se trouver son arme. Sans succès puisqu'il l'avait laissé chez lui. Heureusement, son compagnon lui prit la main. Ce contact léger le ramena à la réalité. Il observa autour de lui et s'aperçut qu'ils étaient arrivés. Surpris, il tourna la tête vers Derek qui le regardait avec douceur.

- Tout va bien, il ne te fera pas de mal. Je suis là.

Sa voix était claire et pleine de compassion, il se contentait de rester là, à le fixer.

- Merci… Comment tu sais que…?

- J'ai senti ta peur, mon… Stiles. Désolé, on n'est pas encore au loft. Tu viens, ta chambre n'attend que toi.

- Oui…

Derek brisa le contact physique, laissant un vide dans le cœur de son compagnon. Il ne pouvait rien dire, la règle de se cacher à l'extérieur était la sienne. C'est côte à côte, qu'ils marchèrent jusqu'à leur appartement. Aucun des deux ne laissait apparaître le moindre geste tendre jusqu'à ce qu'ils aient passé la porte. Une fois celle-ci refermée, Stiles s'écroula dans les bras de son loup. Tous ses sentiments se mélangeaient. Il avait peur d'un ennemi qu'il s'était empressé d'oublier, il était inquiet pour son meilleur ami qui s'égarait sans qu'il puisse l'aider, il ressentait une grande frustration quant à sa décision amoureuse et, il s'imaginait dans quel état devait se sentir son petit ami à cause de cette dernière. Le beau brun, le porta délicatement, il monta avec agilité les marches qui les séparaient du lit conjugal et le déposa dessus. Ils se déshabillèrent et s'installèrent sur leur grand matelas. Le châtain vint se coller à son petit-ami et lui murmura un "désolé" étouffé, presque imperceptible. Le loup rit doucement, l'entoura de ses bras câlins et l'embrassa sur le front. Ce soir, il n'était pas question d'activités sportives, non, ce soir ils se soutenaient mutuellement face aux futures épreuves qui les attendaient.

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