CHAPITRE XXI : Laura
Laura s'affale dans le lit de la chambre qu'on lui loue au village, le cœur noué par l'angoisse, l'esprit troublé par l'échec et le corps éreinté par ses heures de recherches dans la montagne. Chaque muscle qu'elle remue est endolori. Même sous sa forme de tigre, elle n'a pas pu éviter les courbatures.
Le jour se lève. Laura se rend compte à cet instant qu'elle vient de passer une journée et deux nuits entières à errer dans la nature. Elle s'est comportée comme un animal sauvage pendant quarante-huit heures.
Ce qui veut dire... qu'elle a passé la nuit de pleine lune sans être affectée par l'Appel des ténèbres.
Quelle réjouissance..., ironise-t-elle, amère.
Ce n'est qu'une maigre consolation, par rapport à ce qu'elle vit ici.
Laura, mal à l'aise, ferme les yeux et se laisse happer par le sommeil presque instantanément.
Dans ses songes, elle s'imagine en présence de Rogue, à Poudlard. Mais un détail a changé : elle est plus âgée. Cinq ou six ans, peut-être. Et elle est également professeur à l'école de magie. Elle donne un cours avec Severus, qui se montre sympathique et attentionné avec elle.
A son réveil, l'estomac de Laura est noué et son esprit, troublé. Elle ignore pourquoi au départ puis parvient à la conclusion que c'est ce qu'elle souhaite le plus en son for intérieur : réussir à s'entendre avec lui.
Mais bon, encore faudrait-il qu'il daigne répondre à sa lettre. Elle avait fait un pas vers lui, à lui d'en faire un vers elle. Osera-t-il lui écrire ? Elle le saura en rentrant à Ilvermorny, dans quelques jours.
Laura remue dans son lit, grimace à cause de ses muscles douloureux et constate que quelqu'un est présent dans la chambre. Après analyse, elle découvre le jeune John en train de lui préparer un repas.
— Bonjour, lance-t-il avec un sourire.
— Comment vas-tu, John ?
— Bah... La fille qui a disparu est mon amie alors je me sens triste. Et inquiet. J'espère qu'elle n'est pas morte... Je...
Des larmes apparaissent aux coins de ses yeux. Laura, empathique, se lève et vient le prendre dans ses bras.
— Je vais la retrouver, je te le promets.
Elle se libère mais pose ses mains sur ses joues pour sécher ses larmes.
— A quoi ressemble-t-elle ?
— Elle est... plutôt jolie, avoue John. Elle a les mêmes cheveux que toi.
Laura sourit malgré elle.
— J'ignore pourquoi les hommes aiment tant les rousses..., souffle-t-elle en rougissant et en pensant à la fois à Rogue et à Edward.
— Bah c'est super mignon, déclare John avec un sourire sincère.
— Si tu le dis... Qu'est-ce que tu m'as préparé de bon ?
— Ah... Je ne savais pas que tu avais faim... On me l'a apporté pour moi, car j'ai passé la journée ici, à veiller sur toi.
— Quoi ? s'exclame Laura.
Décidément, elle adore la franchise de ce gosse, mais cela la surprend. John prend un air effrayé :
— Pitié, ne me change pas en crapaud ! Anna ne voudra pas m'embrasser !
— Je n'allais pas te faire de mal... J'ai juste faim, en fait.
— Il doit rester des tourtes et des viandes dans la cuisine. Les vieux ne mangent pas tout.
Laura ricane à la façon dont John parle des sages et décide d'aller inspecter la cuisine pour dénicher quelque chose à manger. Elle traverse la maison sans croiser personne et débouche finalement dans une pièce à l'aspect accueillant. De nombreuses odeurs lui chatouillent les narines : viandes fumées, légumes rôtis ou frits, viennoiseries, sucreries et tartes. Elle observe tout avec un regard admiratif avant d'opter pour une tourte à la viande qu'elle dévore avec appétit.
Elle est en train de boire un verre de jus de citrouille quand Adam Blake fait son apparition dans la pièce. Il sourit en la voyant.
— Je constate que vous avez réussi à trouver la pièce la plus intéressante de cet endroit.
— Sur les conseils de John.
— Ce gamin est une crème, approuve Adam en s'asseyant sur un tabouret.
— Je vois à votre visage que quelque chose vous préoccupe au sujet de John.
— Vous avez dit que les stryges étaient le fruit d'horribles malédictions.
— Oui.
— La famille de John – enfin, la partie sorcière de cette famille – est réputée pour sa cruauté au fil des siècles. Si j'étais vous, j'irai fouiller le vieux manoir qui surplombe le village, à une heure de marche.
— La nuit va bientôt tomber.
— Alors hâtez-vous.
Laura termine son repas par un cookie à la noix de coco et quitte la pièce en trombe. Pour se déplacer plus rapidement, elle se change en tigre et galope à travers la forêt, faisant fuir les cerfs et les caribous à son passage.
Même les loups semblent se méfier d'elle.
Laura s'arrête sur une ligne de crête et hume l'air. Même si le soleil décroit dans le ciel, elle sait qu'elle n'a rien à craindre : si la stryge a malheureusement tuée Anna, elle passera la nuit à dormir pour digérer. Et puis, sous sa forme animale, la sorcière pense pouvoir lui tenir tête en cas de combat.
Enfin, si la neige ne vient pas troubler sa vision, comme avant-hier.
Rassurée, elle fonce vers le manoir, qui trône au sommet d'une colline mystérieusement dénuée d'arbres. Aucun conifère ne pousse à cet endroit qui pue la mort à des kilomètres. Même Laura a envie de rebrousser chemin à plusieurs reprises et regrette d'être venue seule.
Pourtant, elle continue.
Et arrive devant les grilles défoncées et envahies par la végétation au moment où le soleil se couche. Les éclats mordorés donnent au manoir un aspect fantastique et effrayant. Malgré elle, Laura frémit.
Puis, elle reprend son apparence humaine, sort sa baguette et se jette un sortilège de Désillusion pour disparaître. Puis, elle boit une potion pour accroître sa vision nocturne. Elle compte passer au moins deux heures ici afin de fouiller cet endroit de fond en comble. Stryge ou pas stryge.
Laura explore d'abord le rez-de-chaussée, qui se compose d'un grand salon pour les réceptions, d'une cuisine délabrée et d'une chambre de bonne. Elle ne trouve rien d'intéressant, hormis plusieurs cadres qui représentent des ancêtres de la branche magique de la famille de John. Certains n'ont pas l'air aimable. Ils dévisagent les lieux avec un air hautain.
Au moment d'emprunter l'escalier pour accéder au premier étage, la jeune femme marche sur des débris de verre. Elle se baisse et se saisit du cadre brisé qu'elle vient d'abimer davantage. Il est assez récent. Une dizaine d'années tout au plus.
Il représente une femme heureuse qui tient deux enfants dans ses bras. Des jumeaux. Un garçon et une fille.
Laura fronce les sourcils, intriguée.
Et si... le garçon sur la photo était John ? L'âge correspond, en tout cas.
Laura observe les autres personnes derrière la photo : un homme à l'allure sévère se tient derrière la femme, probablement le père des enfants. En arrière-plan, Laura distingue la silhouette d'un autre homme. Mais son visage est flou. Pourtant, elle jure qu'il semble triste, ou de mauvaise humeur.
La sorcière décide de ranger cette photo dans sa poche. John pourra probablement l'aider à y voir plus clair.
Laura se hâte d'explorer les autres étages, mais ne déniche rien d'intéressant.
Jusqu'au moment où elle arrive dans la chambre parentale.
Là, elle sent une étrange aura magique qui flotte dans l'atmosphère. Une aura ancienne et néfaste.
Laura pointe sa baguette vers le plafond et murmure :
— Specialis revelio...
Un voile de fumée blanche sort de la baguette et se projette dans la pièce. Elle s'approche du lit et flotte au-dessus de lui. Laura, intriguée, marche vers le grand lit à baldaquin au sommier brisé.
Elle pose sa main gauche sur le drap couvert de poussière, le tapote et soulève un mur grisâtre qui provoque chez elle une toux horrible. Elle recule, se calme et revient à la charge. Elle cherche à tâtons l'objet magique qui a été ensorcelé ici. Le cœur de la malédiction est ici, elle en met sa main à couper.
Soudain, ses doigts touchent un objet dur, fin et long.
Elle soulève le drap et voit apparaitre une baguette magique noire, abandonnée ici. C'est cela que le sort a senti. Laura s'en saisit et l'observe sous tous ses angles avant de pointer sa propre baguette pour lancer :
— Prior incanto.
La baguette émet une fumée grisâtre. Hélas, son dernier sort est inconnu de Laura. Il s'agit davantage d'une longue incantation dans une langue ancienne plutôt que d'un sort appris dans une école de magie. Laura essaye de mémoriser les mots – issus d'un patois de vieil anglais – et quitte les lieux avec ses deux précieux indices en main.
Le trajet du retour se fait dans le noir.
Le soleil a disparu derrière les montagnes et ses derniers rayons éclairent les plus hautes cimes des arbres. Laura se change en tigre et parcourt les kilomètres qui la séparent du village. Elle a hâte de questionner Adam au sujet de ses trouvailles.
Quand elle arrive, les habitants se calfeutrent chez eux.
La rue est calme, personne ne traîne à la nuit tombée.
Jusqu'au moment où une porte claque derrière elle et qu'une voix sèche ne brise ce calme. Laura se retourne et allume sa baguette. Elle voit arriver le petit John, qui court vers elle, une femme sur ses talons.
— Laura ! s'exclame-t-il en se jetant dans ses bras.
— Comment vas-tu ?
— Dis-moi que tu as retrouvé mon amie Anna !
— Hélas, je n'ai rien vu au manoir.
Le garçon semble déçu. Il cale sa tête contre elle, chagriné. La femme arrive à ce moment, affolée.
— John, tu dois rentrer, maintenant ! Ce monstre peut venir à tout moment !
— Bonsoir, Madame. Vous êtes sa mère ?
— Sa mère ? La bonne blague ! Cette sorcière est morte depuis longtemps !
Laura fronce les sourcils.
— Depuis longtemps ?
— John, rentre à l'intérieur. Je dois dire à l'anglaise de s'occuper de ses affaires.
Penaud, le garçon obéit à contre cœur. Il adresse à Laura un large sourire.
Sourire qu'elle perd au profit d'une attitude sévère en toisant la femme d'un regard dur :
— Je suis envoyée ici pour régler le problème de cette créature. Donc, je vous conseille de coopérer avec moi.
— Sinon quoi ? Vous me jetterez un sort ? Vous allez faire quoi ? Me changer en grenouille ?
— Ne me tentez pas..., répond sournoisement Laura.
Pour se montrer davantage convaincante, elle remue sa baguette, qu'elle tient fermement dans sa main droite.
La femme blêmit et ne dit plus rien.
— Qui êtes-vous pour John, si sa « sorcière » de mère est morte ?
— Je suis sa tante, voyez-vous. La sœur de son père.
— Vous habitez ici depuis longtemps ?
— Oui, depuis toujours. Nous cohabitons avec les sorciers.
— Cohabitation difficile, vu vos paroles. John m'a dit qu'il était arrivé ici il y a seulement deux ans.
— Il a beaucoup voyagé, c'est vrai, avec son père. Mais il est né ici, de même que sa sœur jumelle.
— John a une sœur jumelle ? s'étonne Laura. Où est-elle ?
— Mon neveu..., répond la femme, gênée, n'est pas au courant de cela. Il croit être fils unique.
— Mais enfin, pourquoi ? demande Laura, excédée.
La colère commence à monter. Elle doit se calmer si elle souhaite poursuivre l'échange avec sérénité.
— Il y a eu une drôle d'histoire, entre sa mère et son père. Nous n'aimons pas en parler dans la famille. C'est... tabou.
Laura regarde la rue et, voyant qu'elles sont seules, elle sort la photo qu'elle a trouvée au manoir.
— Le manoir sur la colline... Il appartient à la famille de la mère de John ?
— Oui, c'est cela.
— Qui sont ces personnes sur la photo ?
La femme s'approche et plisse les paupières. Elle porte une main à sa bouche, horrifiée.
— Là, c'est la mère de John et de sa sœur.
— J'avais deviné. Mais les deux hommes.
— Lui, c'est le grand-père, dit-elle en montrant l'homme à l'allure sévère juste à côté de la femme.
— On dirait qu'ils ont le même âge, c'est impossible !
— Cet homme est un sorcier réputé pour préparer des potions qui ralentissent la vieillesse. Je ne connais pas ses effets exacts, car je ne suis pas une sorcière...
Laura opine : elle demandera à Rogue ou à Edward.
— Et l'homme au fond, qui est-ce ?
— Un homme à problèmes, répond-elle avec une grimace.
— Qui ?
— Le cousin de la mère de John.
— Comment s'appelle-t-il ?
— Justin Blackwood. Il loge chez les Blake depuis l'incident dans le manoir, il y a huit ans. Mais il est souvent en vadrouille dans le pays. D'ailleurs, on ignore quand il est là car... les problèmes commencent quand il est là. Je suis sûre que c'est lui, qui est derrière cette sombre histoire de monstre : il est revenu il y a six mois et les premiers meurtres ont eu lieu à ce moment.
— En effet, c'est louche. Vous savez où je pourrai le trouver ?
— Non, mais demandez à Adam Blake. S'il y a une personne ici qui sait, c'est bien lui. Après tout, il est censé être le chef du village.
— Censé ? relève Laura, songeuse.
— Nous ne voulons plus de lui : nous sommes persuadés qu'il en sait plus qu'il en dit et il protège Justin, qui est son ami d'enfance !
— Bien, merci pour vos réponses. Je vais aller parler avec Adam. Regagnez votre maison avant qu'on vous fasse du mal.
Elle la salue et retourne à la demeure du chef du village. Effectivement, il y a de l'eau dans le gaz. Un climat tendu règne ici : les Non'Maj se méfient des sorciers car ils pensent que leur chef les protège. Ils accusent même deux sorciers.
Laura va devoir avancer dans son enquête en redoublant de prudence. Après sa discussion avec Adam, qui doit avoir lieu de toute urgence, elle contactera le directeur d'Ilvermorny pour lui demander conseils.
Quand elle arrive, Adam est dans le salon, seul avec un serpent albinos qui rampe sur son torse nu. Laura cille, bien certaine d'assister à cette scène, et avance lentement dans la pièce.
— Ah, vous êtes revenue ! se réjouit-il avec un sourire. Je vous présente Xavier, ajoute-t-il en désignant le reptile.
Voldemort l'adorerait, songe Laura avec un rictus tendu.
— Vous êtes un Fourchelang ? demande-t-elle.
— Oui. Je suis un lointain descendant – pas de la branche directe, malheureusement – d'Isolt Sayre, elle-même héritière de Salazar Serpentard. Elle descend aussi de Morgane Pendragon. Elle a fondé l'école d'Ilvermorny.
Laura s'accorde à penser qu'elle devait être une sorcière incroyable, avec ses deux origines magiques légendaires.
— Donc, vous êtes un descendant de Morgane, vous aussi.
— Oui, répond-il fièrement.
Donc, malgré son look décontracté, je ne dois pas le sous-estimer, pense-t-elle sombrement.
— Ma famille ne possède que des grands noms de la sorcellerie.
Il caresse son serpent et ajoute :
— Et nous recherchons toujours les sorciers et les sorcières les plus puissants.
— Dans quel but ?
— Afin de ne pas affaiblir notre lignée. Notre sensibilité à la magie doit être la plus puissante possible. Je suis le fils d'un Auror légendaire et d'une sorcière naturellement douée en legilimancie.
Merde, c'est un legilimens ! pense-t-elle, paniquée.
Et elle ne maîtrise pas parfaitement l'Occlumancie. Enfin, elle ne la maîtrise pas du tout, même. Elle a dû écourter ses leçons avec Rogue. Mais bon, comme il n'a pas utilisé le sort qui correspond, elle estime qu'elle ne court pas trop de risques. De toute façon, ce n'est pas son ennemi.
— Pourquoi me parlez-vous de cela ?
— J'ai mené mon enquête sur vous, Laura Potter. Vos exploits, et surtout votre nom, vous précèdent. Major de votre promotion à Poudlard, survivante face au tristement célèbre Seigneur des Ténèbres, Animagus, Hydromancienne et bien sûr, le plus impressionnant, capable d'utiliser la magie sans baguette. Je pense... que vous avez votre place dans ma famille.
Laure lève un sourcil : il a vraiment mené une enquête sur elle ou il a lu tout cela dans ses pensées ? Dans un cas comme dans l'autre, cela ne lui plait guère.
Et encore moins l'idée de convoler avec lui.
L'idée de se marier ne lui a jamais effleuré l'esprit.
— Reprenons. Vous avez dans vos connaissances un certain Justin Blackwood, n'est-ce pas ?
— Oui. C'est un ami.
— Est-ce sa baguette ? demande-t-elle en sortant celle trouvée au manoir.
Adam s'anime soudainement. Il murmure quelques mots en Fourcheland à son serpent, qui s'en va, et s'approche de Laura. Il s'empare de la baguette sans son consentement et l'observe.
— Il la cherchait partout ! Il va être heureux d'apprendre qu'elle a été retrouvée !
— Il ne savait pas qu'il l'avait perdu ?
— Si, mais cela fait plusieurs années.
Laura, songeuse, décide de changer d'angle d'attaque :
— Parlez-moi de la mère du petit John.
— Pourquoi vous intéressez-vous à ce Non'Maj ? s'étonne Adam. Il a quoi à voir là-dedans ?
— Peut-être tout, répond Laura en s'asseyant au bord de la table. Dites-moi ce que vous savez sur sa mère.
Adam se passe une main dans les cheveux et sourit :
— Rose était une femme distinguée, intelligente, charmante et... sublime. Elle avait cinq ans de plus que moi.
— On dirait que vous aviez le béguin pour elle.
— Tous les garçons de mon âge étaient amoureux d'elle, à l'époque. Toutes les familles de sorciers du village voulaient unir l'un de leurs héritiers à Rose, qui venait de la famille la plus riche de la région. Il suffit de voir leur manoir pour le comprendre. Mais devenue adulte, Rose rejeta toutes les avances. Avec mon ami Justin – son cousin donc – nous avons mené notre enquête et nous avons finalement découvert qu'elle sortait en secret avec un garçon d'une famille de Non'Maj nouvellement arrivée.
— Je suppose que vous aviez dû être jaloux et en colère.
— Non, j'avais tourné la page. Mais pas Justin. Je n'ai pas compris pourquoi il s'est mis autant en colère. Certes, il était l'aîné de cette génération et comme Rose n'avait pas de frère, il agissait ainsi envers elle. Mais je n'ai pas compris. Je pensais qu'il agissait juste en protecteur...
Il se gratte la nuque, gêné, puis termine :
— Quelques jours plus tard, le Non'Maj avait quitté le village et Justin aussi. Si mon ami est revenu, je n'ai plus revu le copain de Rose par la suite. Jusqu'à ce qu'il revienne il y a deux ans avec John, affirmant qu'il est le fils qu'il a eu avec Rose. Car Rose était enceinte quand il est parti.
Laura pose sa main sous son menton, songeuse. Le puzzle commence doucement à se mettre en place dans son esprit, et cela lui plait de moins en moins. Le pauvre John est au cœur d'une sombre histoire de famille... Il est né et a grandi avec une épée de Damoclès sur la tête. Et quand elle s'abattra sur lui, il devra être prêt. Laura sera là.
— Vous y voyez plus clair, j'espère ? demande le sorcier.
— Oui... Merci. Puis-je utiliser le réseau de feux de cheminée pour transmettre un message au directeur d'Ilvermorny. J'ai... j'ai besoin de conseils concernant les malédictions de Stryge, invente-t-elle.
En réalité, elle compte expliquer ses découvertes et demander de l'aide.
— Evidemment. Vous en avez un dans votre chambre. Il est à vous.
— Merci.
— Je ferai porter un repas, si vous avez faim.
— Je vous remercie. Ce ne sera pas de refus !
Laura s'empresser de monter après l'avoir salué poliment et gagne sa chambre qu'elle referme d'un sort. Puis, elle s'approche de l'âtre, prend de la poudre verte dans un pot et articule :
— Ilvermorny. Bureau du directeur.
Aussitôt, le feu s'agite et l'image du vieux sorcier aux yeux d'or apparaît. Il met un instant avant de lever le menton vers elle, comme s'il était dérangé.
— Laura ! Bien le bonsoir ! Je dois dire que je m'attendais à te voir !
— Moi aussi, monsieur le directeur. Mais... la situation ici est plus complexe que ce que je ne pensais. J'ai besoin de vos conseils.
— J'ai peur de ne pas pouvoir me déplacer jusqu'en Alaska, Laura. C'est bien trop éloigné de l'école. C'est pour cela que je vous y ai envoyée.
— Ecoutez-moi, au moins. J'ai...
— Attendez, Laura : je ne suis pas seul dans mon bureau. J'étais en train de discuter avec deux sorciers.
— Je dois vous parler, c'est urgent !
— Peut-être que les deux sorciers peuvent aussi entendre ce que tu as à dire.
— Qui sont-ils ? grogne-t-elle.
— Edward Hope et Severus Rogue.
Le cœur de Laura fait un bond dans sa poitrine : Rogue est là, à Ilvermorny ! Dumbledore l'a-t-il autorisé à venir ?
— Alors, Laura ? Peuvent-ils entendre ou dois-je les congédier ?
— Heu, je...
Elle réfléchit : entre les récentes révélations sur Adam – qui pratique la legilimancie – et ce qu'elle vient d'apprendre sur la famille de John, oui, elle va avoir besoin de l'aide de Rogue.
— Oui, ils peuvent rester.
— Parfait, alors.
Le directeur fait un geste de la main et le feu s'agrandit, projetant les images des deux autres sorciers, derrière le directeur. Laura a du mal à capter leurs regards, avec les flammes mouvantes. Elle a un pincement au cœur en voyant Rogue : elle aimerait qu'il soit là, pour l'aider...
En fait, elle aimerait qu'il soit prêt d'elle, tout simplement.
Elle frémit en songeant à sa présence à ses côtés et espère que cela ne se voit pas dans le feu.
— Qu'avez-vous découvert, Laura ?
— La créature qui hante les villageois est une stryge.
Le directeur grimace :
— Ce n'est pas ce que l'on m'a dit...
— C'est la vérité. Je l'ai vue, je l'ai brièvement combattue.
— Dans ce cas, revenez, Laura. Cette créature est trop dangereuse, même pour une sorcière aussi puissante que vous.
— Non. J'ai promis aux habitants que je réglerai cette affaire ! Le village est sur le point d'imploser ! Je ne peux pas partir ! Un enfant qui n'a rien demandé se retrouve au cœur d'une sombre histoire familiale qui, je pense, est à l'origine de la malédiction de la stryge.
— Continuez, Laura.
Elle soupire puis se jette à l'eau :
— Je pense qu'une histoire d'amour qui a mal tourné est à l'origine de cette malédiction. Je pense que la stryge... est la sœur jumelle de l'enfant que j'ai juré de protéger.
Les trois sorciers échangent des regards circonspects. Edward parle brièvement avec le directeur. Seul Rogue demeure silencieux. Laura essaye de capter son regard, mais il s'égare ailleurs, comme pour la fuir.
— Vous n'avez pas l'intention de tuer cette stryge, n'est-ce pas ?
— Non, je veux la libérer de sa malédiction. John a une sœur, je veux qu'il la connaisse. Comme moi avec Harry. Nous avons été séparés pendant onze ans.
— Je comprends tout à fait, Laura... Mais savez-vous comment briser une telle malédiction ?
— Non, mais je sais que c'est possible.
— En effet, intervient Edward en faisant un pas en avant. Il s'agit d'une potion extrêmement difficile à préparer. Et je ne pourrai pas la faire tant que je ne connaîtrais pas la nature de cette malédiction. Et même en le connaissant, c'est toujours quelque chose d'horrible qui est demandé, comme ingrédient-clé.
— Pour la potion, je ne me fais pas trop de soucis, dit Laura. J'ai devant moi les deux meilleurs maîtres des potions du monde magique.
Elle sourit en disant cela.
Edward échange un regard avec Rogue.
Pour la première fois, celui-ci trouve les yeux de Laura et répond au compliment en hochant la tête.
— As-tu autre chose à nous dire ?
— Oui.
Laura remue, baisse la tête et avoue :
— Je crois que notre stryge est issue d'une union consanguine.
— Et les stryges consanguines sont plus dangereuses que les autres, complète alors Rogue dans un murmure.
Anecdote : ce chapitre est - pour l'heure - le plus long de l'histoire (10 pages word, beau bébé)
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