CHAPITRE XVII : Laura
Laura se présente devant ses élèves. Les jeunes sorciers et sorcières, âgés de douze ans, lèvent la tête vers elle. Ils ne sont qu'une dizaine. Laura ignore si les autres groupes de classes sont plus nombreux, mais pour ses débuts, elle suppose que le directeur a souhaité la préserver.
Ici, les cours de Soins aux Créatures Magiques commencent dès la Deuxième Année, en raison d'une faune magique très riche dans les montagnes, non loin de l'école. Et certaines de ces créatures peuvent s'avérer dangereuses, voire mortelles. Laura avait passé la semaine précédente à potasser tous les ouvrages possibles sur le sujet.
Elle se racle la gorge et entame son cours :
— Bienvenue, les Deuxième Années. Pour ce premier cours, nous allons étudier les trois espèces de lutins qui peuplent la forêt derrière l'école. Une d'entre elles est potentiellement nuisible, une autre dangereuse et une troisième est complètement inoffensive, quelqu'un saurait me dire lesquelles ?
Les élèves se regardent, indécis, avant que deux mains timides ne se lèvent. Laura repère un petit roux de la maison du Serpent cornu et une fille à la longue chevelure argentée, de la maison de l'Oiseau-tonnerre.
— Oui ? Toi, là-bas. Ton nom ?
— Ryan Bloom, professeur Potter.
« Professeur Potter », se répète mentalement Laura.
Voilà qui sonne étrangement dans sa tête, elle qui se voit Auror. Mais cela ne lui déplait pas, finalement.
— Il y a les lutins bleus, qui viennent de Cornouailles et qui peuvent éventuellement nous poser des soucis sans être vraiment dangereux. Il y a aussi les lutins aux yeux rouges, qui possèdent un venin mortel si on n'est pas soigné à temps. Et enfin, il y a les...
— Les lutins épineux, complète l'autre élève sans attendre son tour. Ils ont des épines mais ne s'en servent pas. Alors ils sont...
— Vous avez coupé la parole à votre camarade, intervient Laura. Pour cela, je vous retire cinq points.
L'élève grogne mais n'ose rien dire.
— Quant à vous, Ryan Bloom, j'accorde cinq points à votre maison.
Les élèves du Serpent cornu échangent des regards ravis, au grand dam de ceux des autres maisons. Laura sait que la maison de l'Oiseau-tonnerre gagne chaque année depuis six ans. Les autres espèrent les détrôner, mais sans y parvenir pour le moment.
La suite du cours se passe à merveille : les élèves exécutent les activités qu'elle a préparées avec entrain et sont ravis de rencontrer les trois spécimens de lutins, que la jeune sorcière a réussi à capturer la veille au soir.
Finalement, à l'instar de Rogue, Laura découvre qu'elle n'a aucun mal à maintenir le silence dans sa classe. Mais contrairement à son collègue de Poudlard, elle se permet de ponctuer ses cours de petites notes d'humour qui plaisent à ses élèves.
En l'espace de trois jours, Laura se rend compte qu'elle a réussi à se faire une place ici. Tout du moins, auprès des élèves, qui la saluent poliment dans les couloirs et écoutent avec attention lors des leçons.
Mais auprès de ses collègues, c'est une autre paire de manches.
En exceptant le cas particulier de McGornic, Laura sent bien qu'elle n'est pas appréciée par la plupart du corps enseignant. C'est donc auprès du directeur et de son seul ami, Edward Hope, qu'elle se confie.
Le second week-end après le début de l'année scolaire, ils ont pour habitude de se retrouver sur les berges du petit lac qui borde l'école, en bas de la colline où elle est construite.
— Tout va bien, Laura ? demande Edward. Tu es bien silencieuse...
— J'ai entendu deux professeurs parler de moi dans mon dos, hier. Ils pensent que je ne serai pas à la hauteur. Ils pensent que je n'ai pas ma place ici.
— Ne les écoute pas, Laura. Les élèves t'adorent, ils m'en parlent aussi pendant mes cours. Ils sont peut-être jaloux parce que tu t'intègres plus vite qu'eux. Et McGornic, il t'a lâché la grappe ?
— Ce sale serpent sournois ? ricane Laura.
Edward lui lance un regard outré.
— Pardon, j'oublie que tu es le directeur des Serpentard... Heu, de la maison du Serpent cornu. Désolée pour la comparaison mais...
— Mais elle est pertinente. Continue.
— Je crois qu'il passe son temps à m'épier. Il prépare un mauvais coup. Il ne m'aime pas.
— Il n'aime personne, de toute façon.
— Pourquoi ? Il a un problème, ce type ?
— Si je le savais, tiens. Mais il est aussi muet qu'une tombe.
Laura esquisse un demi-sourire et observe la surface de l'eau. Elle sait que de sombres créatures peuplent les eaux de l'Amérique du Nord, mais pas ici.
La nuit vient de tomber : les étoiles illuminent le ciel une à une, brillants de mille feux. Laura les observe, apaisée. La lune aussi est de la partie.
— Elle est bientôt pleine..., murmure-t-elle, inquiète.
— Ne t'en fais pas, nous n'avons pas de loup-garou, par ici. Notre loi nous autorise à les abattre.
Laura grimace en pensant à Remus Lupin. Il ne pourrait pas venir ici.
— Je n'ai pas peur des loups-garous.
— Je te taquinais. Mais j'aimerais savoir ce qui t'effraie à ce point.
Laura s'assoit sur un banc en bois et observe le lac, indécise. Doit-elle se confier à un collègue qu'elle ne connait que depuis quelques jours ? Peut-elle prendre ce risque ? Puis, elle se dit que cela la soulagerait d'en parler à quelqu'un d'ici. Peut-être aurait-il de nouvelles pistes. Et même sans cela, en parlant, elle se trouvera un nouveau protecteur.
Convaincue, elle se jette à l'eau :
— Il y a... quelque chose... qui me poursuit à chaque pleine lune.
— Quoi donc ? demande Edward en s'asseyant à côté d'elle.
— D'après Dumbledore, il s'agit d'un ancien mage noir du Moyen-Âge. Et il vient pour... que je le rejoigne. Il veut me faire embrasser les ténèbres.
Edward ne sait pas quoi dire. Alors il pose sa main sur celle de Laura et plonge son regard dans le sien.
— Je vais t'aider. Ne t'inquiète pas.
— Un autre a déjà juré de me protéger.
— Qui ?
— Il n'est malheureusement pas ici...
— Alors laisse-moi le remplacer.
Laura baisse les yeux et acquiesce. Edward s'approche et dépose un baiser sur son front. Puis, ils restent longuement assis là, sur ce banc, sans se parler, blottis l'un contre l'autre. Jusqu'à ce qu'un vent frais se lève et les fasse grelotter. D'un commun accord, ils décident de rentrer.
La semaine suivante s'écoule comme les deux premières. Laura prend de plus en plus d'assurance pendant ses cours. Mais la pleine lune qui approche la rend nerveuse. Aussi, dès qu'elle a une heure de libre, elle se promène au lac ou dans la forêt. Ici, dans les montagnes sauvages, l'automne semble s'installer plus tôt qu'en Ecosse : les arbres commencent dès la mi-septembre à se parer de jaune et d'orange. Cette vision plait à Laura.
Un mercredi soir, alors qu'elle remonte la pente vers le château, elle voit un hibou d'un blanc immaculé voler vers la volière. Elle se fige un instant en reconnaissant Hedwige, la chouette de son frère. Il lui a répondu !
Vite, elle se précipite jusqu'à la volière.
En arrivant, elle entend des voix dans les escaliers. Elle ralentit et constate que le professeur McGornic est en train de passer un savon à une élève de Troisième Année... qui a l'air de ne pas se sentir concernée.
Elle hausse les sourcils, comme si elle ne comprenait pas.
Un petit sourire étire les lèvres de Laura : tout dans cette scène lui rappelle les fois où elle tenait tête à Rogue.
— Je vous donne une retenue, Stone ! clame McGornic, furieux. Pour cette attitude insolente et votre manie à ne jamais rendre de devoir dans les temps !
— Mais monsieur, il a été mangé par mon chat, votre devoir !
— Et comme par hasard, cela tombe toujours sur ma matière ! Et...
McGornic relève la tête et remarque la présence de Laura.
— Ah, vous êtes là aussi, l'Anglaise...
— J'ai le droit de me promener, cher collègue, répond Laura sur le même ton.
L'élève de Troisième Année ricane et en profite pour s'éclipser, avant de subir une nouvelle remarque acide.
— J'en déduis que c'est elle, la fameuse Rebecca Stone, dit Laura.
— Oui. Vous ne l'avez pas eu en classe ?
— Non.
Il grogne et s'approche.
— Je crois que mes collègues sont trop gentils avec vous. Ils ne vous ont donné que les élèves les plus dociles.
Laura a envie de protester, car elle a quand même eu à faire à de sacrés chenapans, en Cinquième et en Troisième Année.
— Je vais tout faire pour que cette peste de Stone devienne votre élève pour le tutorat. Vous allez comprendre ce que ça fait, d'être prof. Vous qui étiez assez arrogante, ou assez stupide, pour croire que vous pouviez devenir Auror.
— Pourquoi tant de haine à mon égard ? Je ne vous ai rien fait !
— Je ne vous aime pas, c'est tout.
— Je connais une autre personne qui affirme me haïr, mais qui en réalité m'apprécie beaucoup. Alors si vous comptez aussi jouer sur ce tableau, dites-le moi tout de suite, ça évitera les quiproquos entre nous.
McGornic se fige, abasourdi. Il cille puis ricane avant de s'éclipser à son tour.
Enfin seule, Laura se dirige vers l'assemblée de hiboux et de chouettes qui se prélassent ici. Elle évite les fientes qui jonchent le sol et repère rapidement la chouette des neiges de son frère, perchée tout en haut.
— Petite coquine, rouspète-t-elle en rigolant.
Elle gravit les marches de l'escalier en colimaçons et parvient face à Hedwige. La chouette se montre affectueuse envers elle, comme à son habitude. Laura lui donne une petite friandise et se saisit de la lettre de son frère.
— Tu as fait un long voyage, Hedwige. Repose-toi avant de rentrer, d'accord ? Je te donnerai ma réponse dans deux jours.
Elle hulule gaiement.
Laura se tourne vers la lumière et déplie la lettre.
« Chère Laura,
J'ai bien reçu ta lettre, merci beaucoup. Je suis heureux de savoir que tu te plais, aux USA. J'aimerais venir te voir, pendant les vacances de la Toussaint. Je vais demander à Dumbledore si c'est possible, avec Voldemort qui rôde dans les parages. Ron et Hermione te saluent aussi. Tu nous manques à tous. J'espère que tu auras un poste de prof à Poudlard. Ce serait cool de t'avoir !
Harry.
PS : Rogue m'est tombé dessus pour avoir de tes nouvelles. Je n'ai pas voulu lui répondre. A voir si tu veux lui écrire ou non. »
Laura relit la lettre de Harry trois fois, surtout pour le post-scriptum, pour être certaine d'avoir bien compris. Rogue qui demande à Harry de ses nouvelles ? Il doit être franchement dépité.
Laura replie la lettre et la range, songeuse. Allait-elle lui écrire ? Lui donner de ses nouvelles ? Lui qui fait toujours mine de la détester.
Elle ferme les yeux et se remémore leurs moments un peu plus tendres, passés en Septième Année : entre Noël et l'infirmerie après la Deuxième Tâche, Laura pensait que tout allait s'améliorer entre eux.
Mais elle s'était trompée.
Quelques semaines après l'épisode de l'attaque des araignées, peu avant la Troisième Tâche du mois de juin, alors que Laura faisait exprès de ranger ses affaires le plus lentement possible pour rester et lui parler, il s'était montré froid et distant, comme s'il avait peur d'elle.
Laura rangeait ses affaires avec une lenteur volontaire. Dès que le dernier Serpentard eut quitté la salle, elle se leva de son tabouret et s'approcha de Severus Rogue, qui avait l'air contrarié. Ce n'était peut-être pas le meilleur moment, songea-t-elle, mais avec la Troisième Tâche qui approchait, elle avait peur de ne pas finir en un seul morceau.
Il se retourna, deux fioles en main, et fut surpris de tomber nez à nez avec la jeune femme.
— Que faites-vous encore là, Potter ? Vous n'avez pas autre chose à faire ?
Le ton de sa voix était agressif. L'ancienne Laura aurait répondu du tac au tac, avec insolence, mais elle n'en avait pas envie. Pas cette fois.
— Je... Je me demandais si...
En vérité, elle ignorait ce qu'elle devait lui dire. Elle n'avait pas prévu qu'il soit aussi froid ni aussi agacé. Sûrement à cause d'une potion ratée lors du cours par un Poufsouffle distrait, mais cela ne justifiait pas tout.
Plusieurs options s'offraient à elle :
1 – Elle parlait de leurs moments presque « intimes » partagés cette année.
2 – Elle inventait une excuse pour rester avec lui et ainsi créer un dialogue, et les idées viendraient ensuite.
3 – Elle lui disait ce qu'elle avait sur le cœur : désolée pour mon comportement de ces dernières années et qu'elle voulait faire des efforts pour se racheter.
Mais, avant qu'elle ne puisse réfléchir, elle choisit la seconde option :
— Je me demandais si vous aviez besoin d'aide pour ranger...
— Non.
La réponse claqua, sèche et froide. Laura accusa le coup et laissa passer Rogue devant elle pour aller déposes ses fioles sur une table.
— Vous n'avez rien d'autre à faire, Potter ? Vous me gênez !
— Je ne vois pas en quoi je vous gêne... Et j'ai le temps : je n'ai rien avant deux heures. Il faut que je m'occupe.
— Trouvez-vous une autre occupation : j'ai cours dans dix minutes, moi. Je ne suis pas fainéant, moi.
Laura se figea. La colère s'engouffra en elle. Elle savait qu'il faisait référence au caractère de son père. Et elle détestait cela. Elle serra les poings et, de rage, fit tomber la fiole qui se trouvait près d'elle. Elle se brisa au sol et répandit son liquide vert aux alentours. Une drôle d'odeur naquit.
Rogue fit volt-face et lança un regard furieux à Laura.
— Que... ?
— Vous avez raison : je vous dérange. Je voulais être sympas, j'avais des choses à vous dire, mais vous vous en fichez ! Pourquoi êtes-vous toujours comme ça ? Hein, pourquoi ?!
Laura sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle n'attendit pas la réaction de Rogue et se précipita hors de la salle de classe, pour ne pas pleurer devant lui.
— Laura Potter ! l'appelle une voix depuis le bas.
Elle s'arrache de ce douloureux souvenir, qui avait ravivé l'animosité entre le maître des potions et elle. Les semaines suivantes furent particulièrement longues pour eux deux.
— Oui ? demande-t-elle en se penchant.
Un enseignant est là. Jeune, étranger, comme elle.
— Le directeur vous demande. Venez.
Laura obtempère et arrive dans le bureau de Whiteleaf une bonne dizaine de minutes plus tard.
Le directeur semble préoccupé. Plusieurs lettres s'étalent sur son bureau. Des cernes creusent son visage.
— Asseyez-vous, Laura.
Intriguée par son état, la jeune sorcière obéit.
— Cela fait trois semaines que vous êtes là. Comment vous sentez-vous ?
— Plutôt bien. Mes cours se passent à merveille.
— Oui, j'ai de bons retours de nos élèves. Je suis ravi que vous vous sentiez ici comme chez vous.
« Non, ce n'est pas vraiment chez moi », pense Laura sans oser le dire.
— J'ai demandé à vous voir pour évoquer un sujet bien plus préoccupant.
— Je vous écoute.
— Je reçois ces lettres depuis une semaine. Il se passe quelque chose de grave dans un petit village peuplé de sorciers et de Non-Maj qui vivent en harmonie. Enfin... qui y vivaient jusque-là.
— Que se passe-t-il ?
— Une créature attaque le village à chaque nuit de nouvelle lune. Les Aurors envoyés sur place pensent à un vif-loup, une espèce mutante de loup-garou. Mais je voudrais que vous alliez là-bas et que vous meniez votre propre enquête, Laura. Après tout, les créatures magiques sont votre domaine.
« Oui, depuis trois semaines seulement. Ne vous emballez pas », pense encore Laura sans le formuler à haute voix.
— La nouvelle lune n'aura pas lieu avant deux semaines, je crois.
— Cela vous laisse le temps d'arpenter les environs. Si vous êtes d'accord, vous partez dans trois jours. Après la pleine lune.
« De toute façon, je n'ai pas le choix. Et j'ai l'impression qu'il s'agit d'un test, ou d'une mise à l'épreuve. Je ne puis refuser. »
Laura soupire mais opine.
— Bien. Je m'y rendrai pour enquêter.
— Attendez-vous à devoir apaiser des tensions entre sorciers et Non-Maj. Je vous recommande la plus grande prudence.
Laura acquiesce sans dire un mot et quitte le bureau avec la sensation de s'être fourrée dans une sombre histoire.
Avec ce chapitre, mon document Word où je tape l'histoire a franchi le cap des 100 pages. Je ne sais pas combien je vais encore écrire de chapitres, mais je sais que l'histoire est loin d'être terminée... et je connais aussi la fin, maintenant. Mais chuuut.
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