CHAPITRE VII : Laura
La jeune femme retourne dans la grande salle, où elle s'assied face à Rémus Lupin et à Sirius, en grande conversation. Plus loin, Molly Weasley discute avec sa fille. Laura avise une tranche de brioche encore tiède devant elle et la porte à sa bouche sans grand appétit. Elle ne comprend pas pourquoi Rogue l'a plantée comme ça. Que lui cache-t-il encore ? Elle croque dans la brioche, enragée. Son goût sucré et sa texture douce, aérienne, suffisent à lui rendre le sourire.
— Alors ? lui demande Sirius.
Laura avale son morceau de brioche et rétorque :
— Alors, quoi ?
— Ta leçon privée avec Servilus, ça s'est passé comment ?
— Servilus ? répète-t-elle en haussant un sourcil.
— C'est un surnom qu'on lui donnait, avec James, quand on était à Poudlard.
— Quand vous le harceliez à Poudlard, corrige Laura, amère.
— J'essayais de les en empêcher, dit Lupin.
— Visiblement, cela n'a pas marché. Vous vous rendez compte qu'il nous fait passer – à Harry et à moi – une scolarité horrible, à cause de vous ?
— Servilo a toujours été rancunier.
— Peut-être, mais je n'excuse pas ce que vous lui avez fait.
— Tu défends le prof que tu aimes le moins, Laura. Tu es malade ?
— Non. Je ne l'appréciais pas, car je ne comprenais pas pourquoi il agissait de cette manière. Maintenant que je le sais, j'ai de la peine pour lui.
Laura regarde à droite et à gauche avant d'ajouter :
— Mais ne lui dites jamais, hein... Il ne me croirait pas.
— Je serai ravi de dire à Servilo que tu te fais un sang d'encre pour lui, sourit Sirius. Enfin, si j'approuvais l'idée de vous voir vous rapprocher. Je dois t'avouer que je n'aime pas l'idée qu'il te donne des cours privés. Mais bon, je ne suis pas ton parrain, alors je suppose que ce n'est pas à moi de décider.
— Tu es comme tel, à mes yeux, Sirius.
Laura termine sa brioche et demande :
— Au fait, qui est mon parrain ? Tu ne me l'as jamais dit...
— Tu ne me l'as jamais demandé...
— Bon, réponds-moi.
— Non. Je ne peux pas.
Sirius se crispe. Laura le sent. Elle tente le coup :
— C'est Severus Rogue ?
— Non.
— Lily y avait pensé, je crois, complète Lupin. Mais James s'y est opposé. Tu es née à la toute fin de leur Septième Année et je pense que James avait encore une dent contre Severus.
— Rogue a vu ma mère enceinte..., comprend Laura, soucieuse.
— Oui.
— Oui, je m'en souviens encore, ricane Sirius. Le pauvre, j'ai cru qu'il n'allait jamais s'en remettre ! Il a probablement dû pleurer dans son coin pendant des jours entiers, car il n'était pas venu en cours pendant une semaine.
— Et ça te fait rire ? demande Laura, écœurée.
N'y pouvant plus, elle se lève et quitte la salle. Elle remonte les escaliers à pas lents et entend des voix au deuxième étage. Elle reconnait celles des jumeaux.
Curieuse, elle se rend discrètement dans leur chambre.
Ils sont en train de ranger des flacons qui contiennent des potions rouges.
— Que faites-vous ? s'enquit-elle.
Fred sursaute et se retourne. Il se détend en la voyant.
— Ah, ce n'est que toi ! souffle-t-il, soulagé.
— Viens, entre ! On va te montrer ! ajoute Georges. Si tu promets de garder le secret, bien sûr !
— Je serai muette comme une tombe, assure Laura.
— Parfait, sourit Fred, on n'en demande pas moins.
Laura s'approche et constate qu'un chaudron rempli d'un liquide frémissant trône entre leurs lits. Elle croise les bras et renifle la mixture : elle sent un doux parfum de fraise.
— Vous cherchez à surprendre Rogue pour votre dernière année à Poudlard ?
— Perdu !
— Mais devine encore, c'est drôle.
— Vous... voulez devenir maîtres en potions ?
— Encore perdu, rigole Fred.
Georges s'approche, une mallette en main, et l'ouvre devant Laura. Elle contient diverses sucreries et pâtisseries colorées.
— On veut ouvrir notre propre boutique de farces et attrapes, annonce-t-il avec fierté. Là, on prépare des pastilles de gerbe avec une potion vomitive.
— Je n'ai pas souvenir qu'une potion vomitive sente la fraise, les gars. Je crois que vous avez dormi un cours de trop en potions.
— Dormir avec Rogue comme prof ? ricane Fred. Voyons, Laura, tu sais bien que c'est impossible...
— Sauf si tu fais partie de la maison Serpentard.
— Oui, je sais, dit Laura, j'ai déjà tenté le coup...
— Quoi ? s'exclament les frères Weasley en chœur. T'es géniale ! Raconte !
— Vous êtes sûrs ?
— Oui !
Laura s'assied sur le lit le plus proche et se gratte la nuque. Les jumeaux s'installent sur le lit d'en face. Ils se sourient mutuellement. Georges lance :
— Laura Potter, la Gryffondor qui dort en cours de potions !
— Aguicheur, commente Fred.
— J'étais en Troisième Année, je crois. Je ne sais plus ce qu'on faisait, mais je me souviens d'être très fatiguée. Je sortais d'une retenue, la veille, il me semble. Donc, au lieu d'écouter ce que Rogue nous racontait, je me suis allongée sur ma table et j'ai dormi.
— Et c'est tout ? demande Fred, déçu.
— Non, bien sûr ! ricane Laura. Je m'étais installée au fond de la classe et je m'étais dessinée de faux yeux sur les paupières pour faire croire que je ne dormais pas.
— Pas mal, pas mal, sourit Georges. On devrait essayer, frérot !
— Ouais... Mais, Rogue s'en ait aperçu, non ?
— Oh oui...
— Comment ?
— Je n'avais plus de crayon vert... alors je me suis fait des yeux bleus.
— Attends, d'où ce vieux grincheux de Rogue a remarqué que tu avais les yeux verts et non bleus ? Il te scrute à mort, en fait !
— Faut croire...
— Tu lui plais, ajoute Fred avec un clin d'œil.
Laura lève les yeux au ciel. Si oui, il cache bien son jeu, le bougre. Et elle aussi de toute façon. Elle dissimule ses véritables sentiments derrière son arrogance et son sale caractère. Cela a toujours constitué un mur protecteur pour elle. Elle qui souhaite prouver qu'elle n'est pas que la sœur du célèbre Harry Potter.
— Bon, je vous laisse concocter vos petites potions tranquillement, je vais voir si quelqu'un a besoin de moi.
— Ok, à plus tard !
Laura quitte la chambre des jumeaux et marche dans le couloir, songeuse.
Comment va-t-elle réussir à fermer son esprit ? Déjà, comment peut-elle le vider, comme le lui a dit Rogue ? Elle a toujours des pensées parasites qui viennent dans son crâne ! Et si elle par malheur elle ne s'exerce pas, Rogue le verra directement au prochain cours. Et ne manquera pas de la gourmander pour son manque de rigueur et de sérieux.
Cela tire un sourire à Laura.
En réalité, elle adore voir Rogue s'énerver sur elle. Il grogne mais au fond, il ne mord pas. Il n'est pas aussi méchant qu'il veut le faire croire. Il n'est pas le méchant qu'Harry voit depuis sa Première Année.
Perdue dans ses pensées, Laura percute quelqu'un au détour d'un couloir.
— Oh, salut Laura !
— Ginny ! Comment tu vas ?
— Très bien. Viens vite, Hermione arrive ! Si on veut lui dire bonjour avant que Ron ne se jette sur elle, il faut que nous soyons en bas avant lui !
— Bonne idée.
Toutes deux descendent les escaliers et déboulent dans la salle qui sert à la fois de réunion et de salle à manger. Au bout de la grande table se trouve Hermione, qui vient d'arriver en compagnie de deux membres de l'Ordre du Phénix, dont le professeur Lupin.
Les trois filles se saluent chaleureusement, prennent de leurs nouvelles avant que Laura ne suive Lupin en cuisine avec Molly.
— Que veux-tu ? demande-t-il avec un sourire.
— Et Harry ? Il arrivera quand ?
— Pas avant le mois d'août, selon Dumbledore.
— Pourquoi le faire attendre aussi longtemps ? A quoi joue Dumbledore ?
— En t'éloignant de ton frère, Laura, Dumbledore cherche à prouver au Ministre de la Magie que tu ne partages pas sa vision des choses, au sujet du retour de Voldemort.
— C'est stupide ! rétorque Laura. Fudge doit bien se douter que, même si nous sommes séparés, nous pensons la même chose ! Nous avons combattu Voldemort ensemble !
— Fais confiance à Dumbledore.
— Et s'il avait tort ?
— Laura...
— Non !
Elle serre les poings et divers objets volent autour d'elle. Molly, par pur réflexe, dresse sa baguette et en rattrape certains avant qu'ils ne se brisent. Puis, elle jette à Laura un regard effrayé. La jeune femme, comprenant qu'elle a involontairement utilisé la magie, se recule d'un pas.
— Je... je suis désolée, bredouille-t-elle.
— Laura, il faut vraiment que tu apprennes à te contrôler, murmure Lupin.
— Je sais, Rogue n'a fait que me le rabâcher pendant le cours d'Occlumancie !
— Alors, tant mieux : écoute-le ! Il a raison !
Laura fait volte-face et remonte rapidement dans sa chambre, où elle referme la porte derrière elle. Elle s'assoit sur son lit, en tailleur, et respire profondément pour se calmer. Elle ferme les yeux et tente d'évacuer sa colère.
Sa colère.
Elle fait partie d'elle, mais jamais, depuis le retour de Voldemort, elle ne s'est manifestée aussi intensément. Au point d'en faire bouger des objets.
Depuis cette nuit dans ce cimetière, il ne se passe pas un jour sans que Laura ne soit en colère. Comme si Voldemort avait brisé quelque chose en elle.
S'il l'a vraiment fait, Rogue s'en apercevra rapidement : son esprit lui sera toujours ouvert, si elle ne se maîtrise pas.
— Je dois me canaliser..., murmure-t-elle.
Elle profite de cet instant de calme pour évacuer sa colère et chasser les pensées parasites qui attaquent son esprit. Elle n'y arrive pas. Son cerveau est toujours en train de songer à telle ou telle chose.
Elle grogne.
Quelqu'un frappe à la porte.
— Entrez, lance-t-elle.
La porte s'ouvre en grinçant. Ginny et Hermione entrent dans la chambre.
— On ne te dérange pas, j'espère ?
— Non... Je... j'essayais de vider mon esprit...
— Vider ton esprit ? répète Ginny.
— Pour pratiquer l'Occlumancie, je présume, explique Hermione.
— Oui. Dumbledore veut que je sois capable de me maîtriser. Il veut que je sache fermer mon esprit. Il a demandé à Rogue de m'apprendre cela.
— Rogue ? ricane Ginny. Je crois que tu as tiré le gros lot, là... Je sais qu'il vous déteste, toi et Harry.
— Oui...
— Moi je suis sûre que tu te débrouilleras très bien, l'encourage Hermione en s'installant face à Laura. Dumbledore fait confiance à Rogue. Je pense que vous devriez essayer de mettre vos rancunes de côté.
— C'est lui qui est rancunier, pas moi.
— Mais toi, tu es pleine de colère. Qu'est-ce donc cette chose qui te fait peur à ce point, Laura ?
— Qui me fait peur ?
— Je te connais, continue Hermione. Je sais que tu es impulsive, franche et... un tantinet arrogante mais... mais je ne t'ai jamais vue en colère. Pas de cette manière. On dirait que ta colère cache une grande frayeur.
Laura grimace : elle apprécie les capacités de raisonnement et d'analyse de sa jeune amie, mais pas quand elle s'en sert contre elle.
— C'est être seule avec Rogue qui t'effraie ? demande Ginny.
— Non...
Laura hésite. Doit-elle leur parler de sa vision, cette nuit de pleine lune ? Elle se mord les lèvres puis se jette à l'eau :
— Le soir où Dumbledore m'a dit de venir ici... J'ai vu une ombre sur un toit. Une ombre dotée d'une puissance magique sombre et effrayante. Cette... chose m'appelait. J'ai ressenti son aura dans chaque fibre de mon âme.
— Tu as demandé à Dumbledore de quoi il s'agissait ?
— Oui. Il ne sait pas. Pas vraiment. Dumbledore pense à d'anciennes légendes et... il a évoqué la pleine lune. Apparemment, cette apparition aurait un lien avec les nuits de pleine lune.
— Il faut que tu saches ce que cette apparition voulait et pourquoi elle vient à toi, dit Hermione. Tu peux retourner à Poudlard pour fouiller dans la bibliothèque, voire même dans la Réserve ?
— Je vais demander à Dumbledore. Mais oui, tu as raison : il faut que je sache avant la prochaine nuit de pleine lune.
— En réalité, c'est cela qui te terrorise..., comprend Hermione.
Laura la fixe et, dans un hochement de tête à peine perceptible, approuve.
— Ce que j'ai ressenti... était pire que quand on se retrouve face à un Détraqueur... Je n'étais pas malheureuse, mais j'étais... terrifiée... Comme si... Comme si tout l'espoir avait disparu.
— Le bonheur pour les Détraqueurs, l'espoir pour cet esprit, résume Ginny. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que les prochaines années vont être particulièrement agitées... Si nous devons faire face à deux ennemis à la fois...
— Oui..., murmure Laura en regardant par la fenêtre.
La pluie s'est mise à tomber depuis quelques minutes. Une aubaine, en cette chaleur estivale écrasante. L'orage gronde au loin, preuve que des courants d'air chauds sont en lutte face à des courants d'air froids. Ou bien est-ce là l'œuvre d'un sorcier particulièrement puissant ?
— Je pense que Voldemort s'intéressera tôt ou tard au spectre que j'ai vu...
— Pourquoi penses-tu cela ? demande Ginny.
— Ce spectre est talentueux dans le domaine de la magie noire, j'en mettrai ma main à couper. Voldemort s'intéresse à tout ce qui touche aux Forces du Mal. Et si les deux venaient à s'associer...
Laura frémit à cette idée. Hermione achève sombrement :
— Le monde des sorciers sera dominé par les ténèbres...
Ginny se place face à Laura et pose ses mains sur les siennes :
— Laura, il faut à tout prix que tu apprennes à te maîtriser. Il ne faut pas que ce satané spectre – ou quoi que ce soit – s'intéresse à toi une nouvelle fois. Accepte les conseils de Rogue et apprend l'Occlumancie.
— Ginny...
— Elle a raison, complète Hermione. Le monde des sorciers est déjà divisé. Il ne se relèvera pas si une autre puissance démoniaque entre en jeu. Tu es l'une des sorcières les plus puissantes de ce monde : tu ne peux pas te permettre de jouer ton destin sur un fil de funambule. Ecoute ce que te diras Rogue.
— Et si lui ne veut pas m'écouter ?
— Et si tu commençais par lui faire confiance ? propose Hermione.
Laura observe Hermione et hoche la tête. Cela sera difficile, mais elle leur promet d'essayer d'apaiser les tensions avec son ancien professeur.
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