CHAPITRE I : Laura


7 Juillet 1995

Un sorcier squelettique au visage diaphane et aux yeux rouges sortit du chaudron et examina son corps. Puis, son serviteur lui apporta sa baguette. Il s'amusa à jeter quelques sorts avec avant de faire ses premiers pas. Ses iris verticaux, comme celles d'un chat, examinèrent chaque recoin du cimetière.

Et son regard tomba sur Laura.

La sorcière, attachée solidement contre une pierre tombale, sentit un cube de glace tomber dans son estomac. Elle déglutit.

Après la Troisième Tâche et un labyrinthe particulièrement sordide, elle ne s'attendait pas à se retrouver avec son frère face à lord Voldemort.

Le sorcier au crâne chauve et aux narines aux fentes de serpent s'approcha de sa personne en affichant un petit sourire ravi.

— Laura Potter..., murmura-t-il. J'ai entendu maintes histoires à ton sujet...

— Je suis flattée, ironisa-t-elle.

Voyant que Voldemort ne disait rien, elle osa demander :

— Et... quelles sont ces histoires ?

— Mon espion à Poudlard affirme que tu es la meilleure élève connue depuis plus de cinquante ans.

— Et alors ?

— Je pense que je vais avoir besoin de nouveaux alliés.

Laura perdit son petit sourire et dévisagea son frère, toujours en train de gémir à cause de la douleur qui pulsait de sa cicatrice. Voldemort ricana et se détourna. Il s'approcha à pas lents de Queudver, qui s'inclina avec peur devant son maître.

— Ton bras...

— Maître... Merci, Maître..., murmura-t-il en lui tendant son moignon sanglant.

— L'autre bras.

Queudver obéit, la mort dans l'âme. Voldemort se saisit de son bras avec brutalité et apposa la pointe de sa baguette dessus. Une Marque des Ténèbres apparut dans le ciel et des ombres en surgirent.

Une dizaine de Mangemorts arrivèrent dans le cimetière, répondant à l'appel de leur maître. Laure les dévisagea tous un à un, se demandant par quel miracle elle et Harry allaient s'en sortir, cette fois-ci.

Elle déglutit. Ses mains tremblaient.

Non... Elle devait devenir Auror, elle n'allait pas mourir ici...

Non...


— Non !

Laura se réveille en sursaut et se redresse, le cœur battant. Elle dresse sa baguette, placée sous son oreiller. Elle dort avec depuis cette fameuse nuit où, deux semaines plus tôt, elle s'était retrouvée face à Voldemort.

La sorcière s'assoit sur son lit et se prend la tête dans les mains.

Elle déteste rêver de cela, encore et encore. Elle déteste ne pas réussir à se canaliser, elle qui veut devenir Auror. Elle déteste la peur sauvage qui lui tord les tripes à chaque fois qu'elle pense à Voldemort.

Laura se lève, pose sa baguette sur la table en bois près de son lit et se sert un verre d'eau. Depuis la fin de ses études, Laura habite dans un petit appartement dans un village calme de l'Ouest de l'Angleterre, loin de la cohue de Londres.

Cela fait une semaine qu'elle a emménagée dans son nouveau chez soi. Elle s'y sent bien, mais redoute chaque nuit.

Quelque chose tape contre sa fenêtre. Laura sursaute et se retourne. Elle voit une magnifique chouette blanche posée près de la vitre. Avec un sourire, elle reconnait Hedwige, le harfang des neiges de Harry. Elle ouvre la fenêtre et la laisse entrer. Après lui avoir picoré affectueusement les doigts, la chouette dépose une lettre sur la table et réclame une friandise. Après lui avoir donné un petit morceau de viande, Laura déplie la lettre.

« Bon anniversaire, grande sœur ! »

La sorcière lut la lettre de son frère avec un sourire et la dépose sur sa table de chevet. Au cours de la nuit, elle reçoit d'autres colis : Ron et Hermione, ainsi que son ami Edward de Poufsouffle, mais aussi Hagrid.

Finalement, vers huit heures du matin, alors qu'elle dort à poings fermés, elle reçoit une autre lettre, d'un hibou de Poudlard. Mais cette lettre est anonyme. Et elle ne reconnait pas l'écriture, pourtant soignée. Elle fronce les sourcils, intriguée : qui cela peut-il être ? Elle la lut avec attention, en quête du moindre indice pour découvrir l'identité de cette personne.

Le message reste « normal » : son mystérieux admirateur – ou admiratrice – ne fait que lui souhaiter un bon anniversaire et lui souhaite une bonne chance pour sa carrière d'Auror.

Donc, il s'agit de quelqu'un qui connait ses ambitions.

A part ses amis, sa famille et ses professeurs de Poudlard, elle ne voit personne d'autre. Mais qui veut communiquer avec elle de manière anonyme ? Dumbledore n'agirait pas ainsi. Ni McGonagall.

Un autre hibou arrive à ce moment.

Lui n'apporte pas de lettre d'anniversaire.

Mais les résultats des ASPIC.

Le cœur de Laura se serre : serait-elle admise à l'entretien pour commencer sa formation d'Auror ? Il lui faut les notes maximales dans certaines matières, telles que potions, défense contre les Forces du Mal, sortilèges et métamorphose.

En toute hâte, la jeune femme déchire le papier et le parcourt.

Optimal partout, sauf études des Runes et en Soins aux Créatures Magiques, où elle obtient un Effort Exceptionnel. En divination, elle obtient un Acceptable. Mais elle est reçue partout !

— Incroyable ! souffle-t-elle, ravie. Plus qu'à attendre le courrier du Ministère.

Ce courrier met plus de temps à arriver qu'elle ne le croit.

Elle l'attend toute la journée, impatience, rongeant son frein pour ne pas perdre patience. Elle tourne en rond dans son appartement puis, n'y tenant plus, décide d'aller se dégourdir les jambes. Elle prend sa baguette, se passe un bandana dans les cheveux pour ne pas souffrir de la chaleur estivale et quitte sa demeure.

Laura remonte la rue principale du village et passe devant l'église avant de bifurquer pour emprunter un chemin qui la conduit à travers champs. La canicule qui s'abat sur le sud de l'Angleterre fait griller les plantations et assèche les cours d'eau. La rivière sur la droite de Laura est presque à sec. Des galets blancs jonchent le lit, habituellement plein. La sorcière décide d'aller se promener au plus près de l'eau, en quête d'un peu de fraîcheur. Elle saute entre les flaques quand soudain, elle entend le crac familier du Transplanage.

Promptement, Laura se retourne et dégaine sa baguette, comme un escrimeur son épée. Elle tombe sur un homme d'une quarantaine d'années, vêtu d'une cape de sorcier. Il tient un courrier dans la main gauche.

— Laura Potter, je présume ? demande-t-il.

— Vous présumez bien, rétorque la jeune femme. Qui êtes-vous ?

— Je suis envoyé par le Ministre de la Magie, Cornélius Fudge, en personne.

— C'est pour ma formation d'Auror ? questionne Laura.

— Précisément.

Elle abaisse sa baguette et s'approche du sorcier, qui lui tend la lettre. Laura n'a pas le temps de la lire que l'employé du Ministère lui dit ceci :

— Il vous attend, maintenant. Veuillez me suivre.

— Et cette lettre ?

— C'était votre convocation officielle. Remettez-là au Ministre.

Le sorcier lui tend le bras. Bien que Laura sache Transplaner, elle choisit de le saisir pour se déplacer directement au Ministère de la Magie.

Dès qu'elle le touche, ils disparaissent.

Pour réapparaître l'instant d'après dans un bureau richement décoré. Cornélius Fudge attend derrière son bureau de bois verni, en compagnie d'une femme à l'allure de crapaud et vêtue de rose. Celle-ci étire ses lèvres en un sourire mauvais quand la jeune sorcière apparaît.

— Ah, Miss Potter ! s'exclame Fudge avec un sourire.

— Monsieur le Ministre, s'incline la jeune femme.

— Je t'en prie, assieds-toi.

La jeune sorcière s'exécute, non sans ressentir une certaine hostilité pour la femme en rose qui l'observe d'un air suffisant depuis son arrivée.

— Tout d'abord, félicitations pour tes ASPIC. Tes résultats sont impressionnants et largement suffisants pour que tu puisses intégrer la formation d'Auror, si tu réussis les tests d'admission. Vous n'êtes que quatre étudiants, cette année, à tenter votre chance.

— Merci, Monsieur. Mais où sont les autres ? Pourquoi n'avoir convoqué que moi, si nous sommes quatre ?

— Tes camarades passeront les tests demain.

— Et... moi ? Aujourd'hui ?

La femme en rose émet un léger gloussement, semblable à une toux, et Fudge tourne la tête vers elle.

— Oui, Dolores ?

— Êtes-vous bien certain de ce que vous faites, Monsieur le Ministre ? Cette... jeune femme semble réticente à l'idée de nous aider. Sans oublier que nous parlons de la sœur de Harry Potter. Celui-là même qui colporte de fausses rumeurs depuis la fin de l'année scolaire.

— Miss Potter est sans aucun doute la sorcière la plus douée de sa génération. Nous devons lui accorder notre confiance.

Fudge reporte son attention sur Laura, qui apprécie de moins en moins la situation. Le Ministre lui cache quelque chose. Comme s'il veut lui demander d'agir en son nom, sans oser le formuler correctement. Mais avant de s'occuper de lui, la remarque de la femme en rose ne lui plait pas du tout :

— Mon frère ne colporte aucune rumeur, Madame. Vous-Savez-Qui est bel et bien de retour, je le sais, je l'ai...

— Miss Potter, l'interrompt le Ministre, gêné. Si vous souhaitez vraiment devenir une Auror, il va falloir admettre que tout est parfaitement sous contrôle et que ce mage noir n'est pas revenu d'entre les morts.

— Mais j'étais là ! Je l'ai vu !

— Un traumatisme lié aux épreuves du Tournoi des Trois Sorciers, sûrement, sourit Fudge. Vous devriez aller à Sainte-Mangouste pour vous faire examiner.

— Je vais très bien ! s'écrie Laura, énervée.

Elle se lève d'un bond et s'approche de la fenêtre, pour tenter de se calmer. Elle veut devenir Auror, certes, mais n'aime pas du tout l'opinion qu'a le Ministre de son frère. Et d'elle. Harry ne ment pas. Elle non plus.

— Si vous souhaitez intégrer la formation d'Auror, Miss Potter, alors il vous faudra gagner ma confiance.

Laura ferme les yeux. Elle ne s'attend pas à pareille épreuve.

Elle prend sur elle, se tourne vers le Ministre et affiche un sourire aimable :

— Comment ?

— Cela se fera en plusieurs étapes. Tout d'abord, en acceptant que vous êtes sous le choc des épreuves du Tournoi des Trois Sorciers et que vous avez imaginé le retour de Vous-Savez-Qui.

Laura se retient difficilement de grimacer : cette idée ne lui plait pas. Pas du tout. En agissant ainsi, elle s'oppose à son propre frère. Or, jamais elle ne sera une ennemie pour Harry. Ils poursuivent le même but : tuer l'assassin de leurs parents. Mais elle veut savoir jusqu'où le Ministre est prêt à aller.

— Admettons que je le fasse, quelle serait la suite ?

— J'aimerais te confier une mission que je ne puis confier à aucun autre de mes Aurors.

— Pourquoi ?

— Parce que tu sors tout juste de Poudlard, et que tu es donc encore assez proche de tes professeurs.

Laura cligne des yeux, essayant de réfuter ce qu'elle vient de comprendre. Le Ministre sous-entend qu'elle deviendrait une sorte d'espionne à Poudlard, entre lui et les enseignants.

— Un poste se libère à Poudlard, d'ailleurs, pour la prochaine rentrée.

— Si c'est celui de la Défense contre les Forces du Mal, je refuse. Il est maudit. Dumbledore n'arrive jamais à garder un prof plus d'un an.

— Je ne pensais pas à cette matière, rassure-toi, sourit le Ministre en coulant un regard à la femme en rose. C'est toi qui vois, ma chère. Puis-je te faire confiance ? Je pense que la confiance est une valeur primordiale, quand on aspire à devenir Auror.

Laura se retient de sourire : elle est tentée entre refuser purement et simplement l'offre du Ministre – ce qu'elle souhaite faire au fond d'elle-même – mais son côté rusé la pousse à accepter, afin d'aller au fond des choses. Le Ministère veut surveiller Poudlard ? Très bien. Fudge se fera prendre à son propre jeu, elle en fait le serment.

— Je suis d'accord avec vous, Monsieur le Ministre. Que serait le monde sans la confiance ?

Fudge sourit.

— Je suis ravi de constater que nous arrivons à un accord.

— Ne vous réjouissez pas trop vite : je n'ai encore rien promis.

Une grimace passe sur le désagréable visage de la femme en rose. Elle grogne mais le Ministre ne lui donne pas la parole.

— Dans quel camp êtes-vous, Miss Potter ?

— Pour l'instant, aucun. Ce sera à vous de gagner ma confiance.

— Vous ne souhaitez plus devenir Auror ? demande la femme en rose.

— Je n'ai que dix-huit ans. J'ai le temps.

— Bien. Je pense que nous allons arrêter là, alors. Retentez votre chance l'an prochain, car les sélections n'ont lieu qu'une fois par an.

Il fait un signe au sorcier de la raccompagner. Quand elle sort du bureau, il ne la salue même pas. Elle non plus, d'ailleurs.

Une fois seule dans les rues de Londres, Laura en profite pour laisser exploser sa rage. Elle s'isole dans une rue calme et serre les poings. Les objets autour d'elle volent et s'écrasent contre les murs.

Cet ignoble Ministre !

Non seulement il lui demande de renier les dires de son frère, mais en plus, il veut qu'elle espionne le personnel de Poudlard pour son compte ! Quel Auror serait prêt à accepter de faire de telles choses ? Elle, non !

Certainement pas.

Laura s'arrête et observe les toits de Londres. Elle doit prévenir Dumbledore de la tempête qui s'annonce. Il ne se doute peut-être pas que le ministère est en train de se retourner contre lui.

Elle s'imagine déjà les réactions de Hermione et de Harry si elle leur apprenait ce qu'il venait de se passer. Tous deux lui diraient d'en parler avec le directeur de Poudlard.

Oui.

Laura se décide et, après avoir jeté un œil aux alentours, transplane en direction de l'Ecosse, vers Poudlard. 


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