Chapitre 27 : Severus
Le maître des potions apparait au cœur de la forêt, l'esprit troublé.
Il aurait pensé que le réveil de Laura le comblerait de joie. Le rendait heureux. Mais c'est sans compter l'arrivée du Seigneur des Ténèbres, et l'incompréhension de Laura, qui a tout fait basculer. Severus se demande si la jeune femme lui pardonnera. Il se demande si elle sera même capable de comprendre. Au fond de lui, il l'espère. Car il ne sait pas comment lui expliquer à quel point la situation au village a dégénéré, avant même l'arrivée de Voldemort.
La rumeur sur la naissance de John et de sa sœur s'est répandue. Les Moldus, blessés, ont décidé d'attaquer les sorciers et de fuir.
Il marche dans la neige fraîche, vers le lieu où il a été convenu avec Justin de briser la malédiction. Là où l'histoire d'amour entre Justin et Rose a commencé. Dans une clairière près d'un étang.
Quand il arrive en vue de ladite clairière, le maître des potions se cache derrière le tronc d'un sapin et observe ce qu'il se passe.
La stryge, immobile, est allongée au sol. Justin est agenouillé près d'elle, un poignard dans la main. Laura est debout, en retrait. Elle se tient les côtes et grimace de douleur. Elle doit être blessée. A cette vision, le cœur de Severus s'alourdit : il n'aime pas la voir dans cet état.
Il écoute leur conversation, car le vent forcit et porte les voix vers lui.
— J'espère que Severus va rapidement nous rejoindre, dit Justin. C'est lui qui a la potion pour lever la malédiction.
— Comment voulez-vous qu'il sache où nous sommes ? Nous...
— Il le sait. Je lui ai dit.
— Pourquoi ne viendrait-il pas, dans ce cas ?
— A cause de votre attitude à son égard, Laura.
Severus tend une oreille, intéressé.
— Pardon ?
— Souvenez-vous de ce nous avons dit dans la cabane dans la forêt. Souvenez-vous de ce que vous m'avez promis de faire.
— Je n'ai malheureusement pas eu le temps : il était parti rejoindre notre ami sans nez.
Justin ferme les yeux et opine. Puis, il se tourne vers Laura :
— Quand cette histoire sera terminée, Laura, promettez-moi d'aller lui parler et de lui dire toute la vérité. Tout ce que vous ressentez pour lui. Je pense... que vous vous torturez inutilement, tous les deux.
— Au départ, je n'osais pas car je me disais qu'il se moquerait de moi..., avoue Laura.
— Ce n'est plus le cas, maintenant. Vous le savez.
— Oui, mais quelque chose d'autre me bloque... Je... j'ignore quoi...
— La peur de franchir le pas, tout simplement. J'ai ressenti cela avec Rose, il y a une dizaine d'années.
— Mais Severus n'est pas de ma famille, alors je...
Severus vacille en comprenant que depuis le début, Laura parle de lui. Il ne sait pas quels échanges elle a eu avec Justin, mais le sorcier a réussi à lui faire comprendre qu'elle devait lui pardonner.
Ragaillardi, le maître des potions quitte sa cachette et s'avance vers eux.
— Je suis là ! dit-il.
Laura et Justin tournent la tête.
Severus croise le regard de la jeune femme, qui lui sourit timidement. Elle semble cependant contente de le voir, et c'est tout ce qui importe à ses yeux.
— Je suis prêt, déclare Justin en se levant.
Il désigne son poignard.
— Non, vous n'allez pas faire ça ? s'exclame Laura en comprenant.
— Si, Laura... Je n'ai pas d'autre choix. J'ai condamné par égoïsme la femme que j'aimais et mes deux enfants. Laura, ne commet pas la même erreur que moi.
Ce disant, il coule un regard vers Severus.
— N'ai pas peur de tes sentiments, Laura..., murmure-t-il.
Sa main se resserre autour de son poignard.
— La potion est-elle prête ? demande Justin à Severus.
Il la sort de sa poche et lui montre la fiole.
— Il faudra faire vite : le sort qui immobilise ma fille va céder d'un instant à l'autre. Sans parler de Voldemort, qui nous recherche...
— Vous êtes certain qu'il n'y a pas d'autre solution ? gémit Laura.
— Oui...
Puis, il se poignarde en pleurant.
Le cri qu'il pousse oblige Laura à détourner le regard, prise de nausée. Severus demeure concentré. Il termine la potion et s'approche de la stryge pour la forcer à en avaler l'intégralité de son contenu.
— La malédiction sera brisée au lever du soleil..., murmure-t-il.
Severus se tourne vers Laura, qui a les yeux fermés et les joues luisantes de larmes. Elle gémit faiblement. Peiné pour elle, il s'approche d'elle et la prend dans ses bras. Elle lui rend son étreinte.
— Il y avait une autre solution, murmure-t-elle, j'en suis sûre...
— Pas à ma connaissance, répond Severus.
— Il faudra brûler son corps... pour que les morts ne...
— Pas besoin, Laura.
— Pourquoi ?
— Le nécromancien... c'était lui.
— Quoi ?
Laura redresse la tête et plonge un regard étonné dans les yeux de Severus, qui baisse le menton vers elle.
— Il voulait mourir, pour se faire pardonner tous ses crimes. Mourir en héros, en sauvant sa fille. C'est chose faite, maintenant.
— Offrons-lui au moins une sépulture correcte...
— Il n'en voulait pas. Il ne s'en estime pas digne.
— Comment savez-vous tout cela ?
— Nous avons beaucoup parlé, pendant vos six jours de sommeil. Vous blesser faisait partie du plan. De leur plan. Ils voulaient que le Seigneur des Ténèbres... vienne ici.
— Dans quel but... ?
— Pour vous capturer, vous.
Laura se libère des bras de Severus et recule de trois pas.
— Vous faites aussi partie du plan, je suppose ? s'écrie-t-elle, horrifiée.
— A mon grand regret, oui.
Il sort deux baguettes de ses poches : la sienne et celle de Laura, confiée par le Seigneur des Ténèbres. Après un instant de réflexion, il la lui envoie. La jeune femme la rattrape au vol et le menace aussitôt avec. Cette fois, les larmes qui coulent sur ses joues lui sont destinées. Cela plonge Severus dans un grand désarroi.
— Justin m'avait convaincue de vous faire confiance ! dit-elle. Mais je constate qu'il s'est visiblement trompé ! Pourquoi me faites-vous cela ? Pourquoi... alors que je sais que vous avez des sentiments pour moi !
Severus se mord les lèvres : s'il lui avoue qu'il est un agent double en réalité au service de Dumbledore, il sait qu'il se met en danger. Laura ne maîtrise pas l'occlumancie et le Seigneur des Ténèbres le lira dans ses pensées.
— Je sais que le Seigneur des Ténèbres ne veut pas vous tuer, dit-il simplement.
Laura ricane nerveusement :
— Cela me fait une belle jambe !
— Je n'ai pas le choix, Laura. Si je n'obéis pas, il me tuera.
— Allons à Ilvermorny chercher de l'aide ! Edward nous...
— Edward est mort.
— Quoi ?! s'écrie Laura, choquée.
La tristesse se peint aussitôt sur son visage. Elle tremble et abaisse sa baguette.
— Le Seigneur des Ténèbres l'a tué dès son arrivée. Je n'ai rien pu faire.
— Arrêtez de mentir...
Severus sent qu'il ne parviendra pas plus longtemps à demeurer impassible. Une grimace de détresse apparait sur son visage. Il range sa baguette et sent des larmes amères lui monter aux yeux.
— Vous croyez que cette situation me plait, Potter ? s'exclame Severus. Vous croyez que j'aime ce que je fais ? Non ! Moi, tout ce que je voudrais, c'est...
— Quoi donc ? grogne Laura, elle aussi en pleurs.
Severus se passe la langue sur les lèvres et continue :
— Tout ce que j'aimerais, en ce moment, c'est que personne ne soit là pour nous faire du mal. J'aimerais tellement être à vos côtés, sans aucune menace pour nous déranger. Je voudrais juste que nous soyons heureux, tous les deux. Je veux juste... être avec vous.
Il reprend son souffle, s'humidifie nerveusement les lèvres et se jette à l'eau. D'une voix tremblante, il déclare :
— Parce que... je vous aime.
Ses jambes tremblent. Severus a l'impression qu'il va défaillir, s'il reste debout face à Laura qui le dévisage, incrédule. Certes, ce n'est pas le meilleur moment. C'est loin d'être le meilleur moment de lui avouer ses sentiments. Un homme git dans la neige à leurs côtés, mort ; une stryge blessée agonise aussi ou est en train d'être guérie, impossible à dire ; un mage noir les recherche, sûrement furieux et prêt à tuer ou à torturer ; et il fait un froid glacial.
Severus n'aurait jamais imaginé lui avouer ce qu'il ressent dans de telles conditions. Mais il avait besoin de le lui dire.
Etrangement, il se sent plus léger maintenant que les mots sont sortis.
Sauf que Laura a décidé de faire ressurgir cette partie de sa personnalité qu'il aime le moins :
— Je ne vous crois pas.
— Ne vous mentez pas à vous-même. Justin a dit que vous aviez peur de vos sentiments. Peur de franchir le pas.
— Vous nous écoutiez ? susurre Laura.
Elle s'avance d'un pas et lance, furieuse :
— Comment je pourrai avoir confiance en vous ? Vous êtes toujours méfiant envers tout et tout le monde ! Ce n'est pas étonnant que vous ayez mal tourné !
Elle est furieuse mais pleure en même temps, alors Severus ne sait pas si ce qu'elle dit est sincère ou si elle le teste par pur provocation.
— Laura... je pense ce que je viens de vous dire.
Elle hoche négativement la tête.
— J'aimerais pouvoir y croire..., murmure-t-elle entre deux sanglots. J'aimerais pouvoir vous croire...
Le bruit familier du transplanage résonne à ce moment.
Severus sent son estomac se nouer en voyant Adam Blake et Voldemort.
Le sorcier s'immobilise en voyant son ami décédé, sans cœur, ensanglanté.
— Il a réussi, finalement...
— La potion fera effet à l'aube, l'informe Severus d'une voix sans timbre.
— Parfait. Je vais la ramener chez moi. Et j'informerai John de tout ce qu'il s'est passé. Je vais les élever comme mes propres enfants.
Il se tourne vers Voldemort.
— J'ai eu ma part du marché.
— Et moi la mienne, déclare le mage noir en fixant Laura.
La sorcière est tellement choquée par tout ce qu'il vient de se passer qu'elle ne réagit même pas quand il s'approche d'elle et se saisit fermement de son bras. Elle lui accorde à peine un regard. Elle n'a pas envie de lutter. Comme si l'envie de se battre l'avait quittée...
A ce triste constat, le cœur de Severus se serre. Il n'aime pas voir Laura aussi abattue. Cela ne lui ressemble pas. Il est tombé amoureux de la Laura qui ne mâche pas ses mots, qui fait front sans peur. Il est tombé amoureux d'une jeune femme forte et indépendante, pas d'une sorcière docile qui se laisse faire.
Mais ce qui le perturbe encore plus, c'est de savoir que c'est de sa faute.
Il n'aurait peut-être pas dû lui dire qu'il l'aimait.
Pas maintenant.
Il sait qu'il a fait l'idiot.
Il s'en veut terriblement.
— Rentrons en Angleterre,décide Voldemort. J'en ai assez d'être ici.
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