L'Appel des Ténèbres
Lorsque je posais enfin les pieds en territoire inconnu, je ne pouvais m'empêcher d'admirer le paysage qui s'étendait sous mes yeux. Après avoir arpenté des lieues et des lieues, je m'étais finalement rendu à ma nouvelle résidence, en bordure de la ville, là où la végétation commençait à se faire plus dense, due à la proximité de la forêt.
Désormais, je vivais ici.
La soirée suivante, une fois la pluie passée et mes bagages défaits, il me prit l'envie d'une balade en forêt.
Si j'avais su...
Je suivais un petit sentier humide. Nonchalant, je laissais traîner mes pieds, foulant les feuilles inertes. Alors que je poursuivais ma promenade, je levais la tête et aperçus au loin...
Un étrange manoir.
Érigée en plein cœur de la forêt, la demeure semblait jaillir des sombres profondeurs, s'élevant au milieu de décennies d'abandon, spectrale, se dressant parmi les limbes oubliées, imposante, énigmatique, menaçante.
J'approchais le domaine, porté par un sentiment de... peur croissante. Le silence fut soudainement rompu par le craquement d'une branche derrière moi. Je me retournai brusquement, manquant un battement de coeur...
Rien.
Seulement la nature muette, les arbres immobiles, comme en attente, spectateurs silencieux de ma terreur.
J'avançais prudemment, les sens aux aguets, vers l'escalier en bois qui menait à la porte d'entrée. Celle-ci s'ouvrit sans difficulté, dans un grincement sinistre. Poussé davantage par la curiosité, je pénétrai dans le vestibule.
L'intérieur était faiblement éclairé par quelques rayons de lune, se glissant à travers les volets des fenêtres, couvertes de toiles d'araignées, et se dissolvant peu à peu dans l'obscurité ambiante, donnant l'impression que la lumière elle-même craignait d'entrer davantage. Je continuais de me déplacer, lorsque la porte se referma d'un coup sec, me gardant ainsi captif dans ce manoir macabre.
C'était sans doute le vent...
Je n'y prêtais pas pour l'instant attention. Je décidais après réflexion d'explorer cet endroit.
Je marchai vers le vaste salon, empli de meubles poussiéreux et délabrés, le papier peint qui s'effilochait sur les murs. Je jetais de temps en temps des coups d'oeil nerveux autour de moi. Ce lieu ne m'inspirait définitivement pas confiance...
Tandis que je continuais à déambuler dans la maisonnée, un bruit de pas se fit entendre au premier étage. Je me figeai instantanément sur place, l'estomac noué et les mains tremblantes. Quelqu'un d'autre serait-il dans le château ?
Je tentais de me persuader d'arguments rationnels. Qui sait, peut-être un simple craquement de plancher, un effet des vieilles poutres...
Tout de même, par prudence, je n'osais pas monter voir de quoi il pouvait s'agir.
Arrivé aux cuisines, je remarquais un bougeoir, trônant sur un petit guéridon. À l'instant où je me m'approchais de l'objet, celui-ci s'alluma. Pris de surprise, les yeux écarquillés, je sursautai. Soudain, j'entendis un son de cloches, non loin de moi. Je me tournai vivement en direction du bruit.
Plus rien. Aucune cloche en vue.
Cela devait être le fruit de mon imagination, pensais-je tout d'abord.
L'air devenait glacial, oppressant.
Je ne croyais pas aux êtres surnaturels, l'idée me paraissant complètement absurde. Non, je me faisais sûrement des illusions...
Le tintement des cloches résonna une seconde fois.
Une sueur froide perla sur mon front. Mon esprit était envahi de pensées désordonnées.
Serais-je en train de délirer, ou les cloches auraient un lien quelconque avec un esprit ? Un esprit qui prendrait un malin plaisir à me faire trembler de frayeur ?
Je ne sus le dire sur le moment. L'effroi et l'incompréhension me rongeaient entièrement. Tout, chaque ombre, chaque vibration, semblait me menacer.
Les cloches retentirent une troisième fois.
Cette fois, c'en était trop.
Affolé, le souffle court, je tentais de m'échapper. La porte demeurait fermée. Pris de panique, je pris de l'élan et, dans un effort phénoménal, m'élançai hors du manoir, prenant les jambes à mon cou.
J'essayais désespérément d'accélérer le pas de course, mais les forces me manquaient peu à peu.
Alors que je m'enfuyais toujours, il me parut que le souffle du vent portait les échos de rires sournois, semblant vouloir m'éloigner pour toujours de cette région.
Avant de franchir la limite l'orée du bois, j'entendis une voix, me siffler lugubrement :
"Je te retrouverai."
Fin
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