Le sommeil me quitta doucement, me laissant dans un état de bien-être et d'engourdissement propre au réveil. Je m'éloignai de plus en plus de mon rêve si étrange et me rapprochai du monde réel. Je baillai à m'en décrocher la mâchoire et clignais frénétiquement des paupières. Les autres filles de la chambre dormaient encore, aussi décidé-je de ne pas les réveiller. Je me levai sans faire de bruit, pris mes affaires de toilette et me rendis dans la salle de bain.

Je croisai mon reflet dans un miroir et soupirai avec agacement : mes cheveux presque noirs étaient emmêlés et bataille et j'avais l'air épuisé, des cernes avaient commencés à se former sous mes yeux. Soudain, je me tirai de ma contemplation et allumai le robinet pour m'asperger d'eau frénétiquement. Au moins, j'étais plus réveillée ! Le liquide transparent coulait le long de mon visage, je m'essuyai avec énergie. Puis, j'entrepris de démêler ma tignasse sans répits, ignorant la douleur. Le résultat n'était pas terrible mais c'était déjà mieux. Je continuai de rendre ma coiffure présentable jusqu'à obtenir le résultat voulu.

Ensuite, je me maquillai, principalement pour masquer ces poches violettes qui me défiguraient littéralement. Une fois cela fait, j'étalai du mascara sur mes cils faisant ressortir mes yeux émeraude et un peu de gloss sur mes lèvres. Je troquai mon pyjama de la même couleur que mes iris contre ma robe de sorcière à l'effigie de Serdaigle, ma maison. Voilà, j'étais prête !

Je quittai la pièce et traversai l'autre sur la pointe des pieds. Je me rendis ensuite dans la Grande Salle après avoir passé la salle commune de ma maison et les escaliers inhabituellement calme et désert. Lorsque je passai le seuil de la pièce la plus vaste du château, j'eus un léger temps d'arrêt, avant d'inspirer profondément et d'entrer. Seul quelques élèves et professeurs étaient présents, rien de bien étonnant, il était encore tôt.

La table des Serdaigles était certainement la plus complète nous nous levions toujours en premier afin d'étudier encore avant les cours du matin. J'aperçus Shimy de Serpentard qui dormait presque sur son petit-déjeuner, je ne la connaissais pas très bien, c'était une élève plutôt doué mais qui ne prenait pas vraiment ses études au sérieux, elle n'avait pas non plus sa langue dans sa poche. Pas très loin d'elle, Ténébris, élève de 6e année, le teint crayeux, les cheveux très long, presque noirs et toujours en bataille, son rouge à lèvre tape-œil contrastait avec sa peau d'une pâleur maladive. Celle-ci, d'une beauté effrayante regardait en direction de la table des Poufsouffles, un certain Razzia de son année. C'était un adolescent qui faisait bien plus âgé, très grand, très musclé, des cheveux pyrite et une petite natte qui n'allait qu'à lui. C'était un garçon sympathique et jovial tandis qu'elle était plutôt sombre et inquiétante, elle me donnait froid dans le dos. Comme on dit, les contraires s'attirent.

Je m'assis à ma table et salué-je quelques personnes comme Regen, plongée dans un livre et Toopie toujours en train de bricoler même à table. Je me servis des œufs aux plats-j'adore- et des toasts beurrés. Je m'attaquai à mon petit-déjeuner tout en révisant l'Arithmancie pour l'interrogation en première heure de la matinée. Quand il passa la porte de la Grande Salle je m'efforçai de ne pas me retourner dans l'instant. Je le sentis passer derrière moi et je sentis son odeur si particulière que je savais qualifier mais que j'aimais tant. Il s'assit pas très loin de moi. J'en profitai pour le dévisager le plus discrètement possible : des yeux bleus qui semblaient tout voir, de hautes pommettes qui semblaient, un nez droit, des sourcils arqués qui lui donnaient un air presque comique et des cheveux blonds aux mouvements si improbables et si magnifiques. Une voix féminine me tira de ma contemplation à mon grand désarroi :

-Jadina, c'est normal que tu es un filet de bave qui te coule du menton ?

En reflexe, j'essuyai mon menton parfaitement sec avant de fusiller Galatée du regard, ses yeux reflétaient sa satisfaction. Je l'entendis minauder quelques paroles à Danaël tandis que je mangeais rageusement.