ღ Chapitre 14 - Le petit trublion ღ
Désormais remise de la mésaventure qui s'est produite il y a quelques jours alors qu'elle tentait uniquement de boire un verre d'eau après une rude journée à couvrir l'événement médiatisé Hansen Bildeutstilling, Charlie garde aujourd'hui son petit Norvégien préféré.
— Alors ? Tu as aimé ce gâteau au chocolat ? s'enquiert-elle.
— C'était très bon. Quand maman cuisine, c'est dégueulasse...
Malgré sa mine amusée, Charlie le reprend.
— On ne dit pas ça, Thomas. On dit "je n'aime pas"...
— Mouais... marmonne-t-il, peu convaincu.
— Ta maman serait triste si elle t'entendait, tu sais ?
— Mais c'est la vérité...
Partagée dans sa façon de voir les choses, elle mordille sa lèvre avec nervosité. Elle le conçoit : d'un côté, mentir est un horrible péché. De l'autre, certaines remarques peuvent blesser la personne qui les reçoit et il peut donc être compliqué de le dire à haute voix.
— Peut-être, oui. Mais certaines paroles font du mal... De la peine, tu comprends ?
— Oui... répond-il, d'un air piteux.
— Tu t'en souviendras ?
— Oui, Charlie...
Soulagée d'avoir été en mesure de mettre les choses au clair, elle change de sujet.
— Bien. Étant donné que tu as fini ton assiette, tu peux choisir ce que l'on va faire. Ça te convient ?
Les yeux pétillants de bonheur, Thomas relève son nez retroussé vers Charlie.
— Et tu accepteras forcément ? se risque-t-il à demander, le visage plein d'espoir.
— Ça dépend... Dis-moi à quoi tu penses ?
— On peut jouer au coiffeur ?
— Oui, si tu veux. Par contre, tu peux uniquement me brosser les cheveux et me faire une coiffure, d'accord ? Tes parents vont sans doute rentrer bientôt.
Un sourire large comme un parapluie, Thomas accepte le marché proposé par Charlie. Plus motivé que jamais, il court à l'étage prendre tout ce dont il aura besoin.
La jeune fille a à peine le temps de débarrasser la table que le revoilà déjà, les bras chargés de chouchous, barrettes et autres accessoires !
— Tu es prête ? s'impatiente-t-il.
— Bien sûr. J'arrive...
— Quand je serai grand, je serai coiffeur !
— Je te dirai ce que j'en pense après avoir admiré ce que tu m'as fait...
L'air méfiant, elle avance vers le petit trublion et vient s'asseoir sur le canapé de couleur crème.
Profitant de ce moment de répit, Charlie observe une nouvelle fois tout ce qui l'entoure. Situées au-dessus de la télévision, quelques aquarelles dans les tons pastels apportent une légère touche de couleur sur les murs blancs du salon. Entouré de plantes vertes ayant pour vertu d'absorber l'humidité de la pièce, un meuble télé en bois clair repose sur un parquet de teinte similaire.
Toutefois, la baby-sitter se retrouve à nouveau bien vite ancrée dans la réalité. Les gloussements suspects que Thomas fait entendre au fur et à mesure qu'il s'occupe de sa chevelure ne lui disent rien qui vaille.
— Thomas ? Tu ne fais pas de bêtises, j'espère ?
Le silence qui plane l'inquiète d'autant plus. Et si Thomas préparait une nouvelle fois un mauvais coup ?
— Non, Charlie. Tu vas être encore plus jolie que quand tu es arrivée à la maison, répond-il finalement, d'une voix confiante.
Le cœur battant à tout rompre et les yeux clos, elle tente de respirer calmement. Les parents de Thomas ne devraient d'ailleurs pas tarder. Pour une fois, leurs horaires flexibles l'arrangent bien ! Et, comme si elle avait été entendue, elle perçoit le bruit de la porte qui s'ouvre. Soulagée, elle les attend avec un sourire scotché aux lèvres.
— Rebonsoir Charlie. Merci d'avoir gardé Thomas. Nous allons prendre la relève, tu vas pouvoir rentrer tranquillement chez toi. Tout s'est bien passé ? la questionne Pierre.
Alors que Thomas se précipite vers sa maman pour lui faire un câlin, Charlie se relève du canapé.
— Il a été très sage. C'est un réel plaisir de passer du temps avec lui, déclare-t-elle, oubliant déjà ce que le Norvégien faisait avant qu'ils arrivent.
— Il semble beaucoup t'apprécier, tu sais. Il ne fait que nous parler de toi et demande tous les jours quand tu reviens !
Très touchée par ces confidences, Charlie rougit jusqu'aux oreilles. Les choses semblent enfin aller dans son sens !
— C'est adorable de sa part. J'ai toujours hâte de le retrouver également.
— Pendant que tu mets tes chaussures, je vais chercher ce qu'on te doit, change soudain de sujet Monsieur Lamarche.
Légèrement décontenancée, Charlie relève ses yeux bleus vers lui.
— Vous avez raison, je ferais mieux d'y aller...
Jamais elle n'aurait pensé déranger autant...
Tête baissée, elle gagne le couloir en silence. Puis, elle enfile ses baskets en s'appuyant sur la rambarde de l'escalier.
— Tiens, Charlie, reprend le papa de Thomas, en lui tendant plusieurs billets.
— Merci beaucoup. Comme d'habitude, je me tiens à votre disposition si vous avez besoin de mes services.
Face à l'absence de réponse du père de famille, le corps de Charlie se contracte. Elle se sent si mal à l'aise lorsqu'elle tente d'échanger avec lui ! C'est pourquoi, ayant l'impression d'être de trop, elle prend ses affaires et s'apprête à partir.
— Charlie ! s'exclame Thomas, après avoir remarqué qu'elle s'en allait.
Traversant le corridor en courant, il se jette sur elle et entoure ses bras autour de sa taille.
— Tu reviens bientôt, hein ? s'enquiert-il alors, le regard empli d'inquiétude.
— Bien sûr, petit fripon. Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça ! pouffe-t-elle, à nouveau de bonne humeur.
— Fais bien attention à toi sur le chemin du retour, Charlie. Nous te recontacterons bientôt, lui certifie Pierre.
— Bonne soirée à tous les trois. À bientôt ! conclut-elle, avant de rejoindre la rue encore pleine de vie qui donne devant chez eux.
Grâce aux détails mémorisés lors de son repérage avec Gabriel, elle remonte les allées d'un pas décidé. Croisant des passants hilares mais aussi attendris de temps à autre, Charlie se demande ce qui peut bien les faire autant réagir. Ce n'est pas comme si elle s'était maquillée pour le Carnaval tout de même !
Soulagée d'arriver à bon port, elle tourne les clés dans la serrure et ouvre la porte à la volée.
Que c'est bon de se sentir chez soi !
Entendant des voix dans le salon, Charlie passe sa tête pour voir qui est là.
— Alors, ça papote quand je ne suis pas là ? dit-elle, taquine.
— Oh mon dieu ! Mais, Charlie, qu'est-ce-qui t'est arrivé ? s'esclaffe Gustav.
— Tu es allée chez le coiffeur sans nous en parler ? se moque gentiment Lars.
Les sourcils froncés, Charlie tente de comprendre pourquoi ils se focalisent autant sur ses cheveux. Brusquement, elle arrondit les yeux. Ça y est ! Elle se souvient maintenant !
— Ah ! Non ! Ne regardez pas ! s'exclame-t-elle, en courant, paniquée, vers la salle de bain.
Ce qu'elle peut être tête en l'air ! Comment a-t-elle pu oublier ?
Monsieur Lamarche aurait tout de même pu lui dire... Maintenant, elle comprend mieux ces réactions alors qu'elle déambulait en pleine rue ! Vite, elle remet de l'ordre dans sa coiffure. Le palmier placé sur le haut de sa tête disparaît comme par enchantement, tout comme la couette qui campait à droite et le chignon d'un guerrier chinois de l'autre côté.
— Vous n'avez rien vu... peste-t-elle, en rejoignant les garçons dans le salon. C'est Thomas qui a eu la bonne idée de me coiffer ainsi...
— Tu devrais venir comme ça à l'université, tu aurais du succès ! pouffe le cadet de Ruben, Gustav.
— On a presque rien vu, Charlie. Ne te tracasse pas, tente de la rassurer Ruben. Allez, viens-là. On t'attendait pour regarder une série !
Rouge comme une pivoine, elle s'installe entre les deux frangins et ne pipe mot. Ruben est tellement gentil avec elle...
Avec timidité, elle porte son attention sur l'écran et se concentre sur le générique de F.R.I.E.N.D.S. Il n'y a pas à dire, cette série est un classique dont elle ne se lasse pas ! Heureuse de retrouver les différents protagonistes, Charlie suit Rachel, Ross, Monica, Chandler, Joey et Phoebe dans leurs aventures parfois si comiques.
Mais bientôt, envahie par la fatigue accumulée tout au long de la journée, ses paupières clignent doucement à plusieurs reprises. Elle lutte un peu pour garder les yeux ouverts mais le sommeil a raison d'elle. Sa tête, soudain trop lourde, finit par glisser contre l'épaule de Ruben. Remarquant aussitôt qu'elle s'est endormie, il fait signe à Gabriel de baisser un peu le son.
— Elle n'aura tenu que quelques minutes finalement, chuchote Gustav.
— On ne va peut-être pas tarder dans ce cas. Il vaut mieux la laisser se reposer, ajoute Ruben.
— Vous avez raison, les gars. À la limite, on continuera plus tard ? propose Gabriel.
— Marché conclu, murmure Lars.
— Sa chambre est où ? demande Ruben.
— C'est la pièce au fond du couloir, l'informe Gabriel.
— Je peux aller la coucher ? questionne-t-il alors.
— Bien sûr, vas-y.
Tout en douceur, le sportif se redresse en tenant Charlie contre lui. Précautionneux, il veille à ne pas trop la secouer. Après l'avoir déposée sous la couette et l'avoir bordée, il s'autorise à respirer de nouveau.
— Bonne nuit, Charlie... murmure-t-il, en déposant tendrement ses lèvres sur son front.
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