ღ Chapitre 12 - Hansen Bildeutstilling ღ
Finalement, les voyageurs étaient rentrés chez eux dès le lendemain. Des souvenirs plein la tête, ils avaient abordé le trajet du retour de façon plus sereine.
Charlie n'avait même pas eu peur ! Ou presque !
Trop occupée à partager avec Ruben ce qu'elle avait ressenti en voyant les aurores boréales la veille, elle ne s'était souciée ni du décollage, ni de l'atterrissage.
Aujourd'hui présents sur un événement médiatisé – Hansen Bildeutstilling* –, Charlie et Lars prennent leur mission à cœur.
Mitraillant littéralement de photos l'exposition, ils courent ça-et-là dans des coins leur permettant de réaliser de très beaux clichés.
Légèrement en recul, Gabriel et Ruben les observent s'affairer d'une mine amusée.
— On croirait presque assister à un ballet russe... C'est comme s'ils dansaient... déclare le Breton, en sirotant un diabolo à la menthe.
— Tu as raison, c'est limite esthétique quand ils se déplacent... confirme Ruben.
— Qui aurait cru qu'ils étaient si gracieux ?
— Personnellement, je n'avais aucun doute pour Charlie. Elle semble douce et délicate dans chacun de ses mouvements. En revanche, pour Lars, je n'en aurais jamais mis ma main à couper...
— Le courant a l'air de bien passer entre Charlie et toi. Je me trompe ?
Rouge comme une pivoine, il se racle la gorge.
— Je crois qu'on s'entend bien, oui. Elle met un peu de temps à s'ouvrir mais de ce que j'ai pu constater, elle est très gentille.
— Tu sais, j'avais peur qu'elle ne s'épanouisse pas ici...
— Elle a vécu des choses difficiles en France ? le coupe soudain Ruben, l'air désolé.
Interrompus par Lars et Charlie qui se plantent devant eux, ils les fixent comme si de rien n'était.
Visiblement, ils n'ont pas entendu leur conversation !
C'était moins une !
— Vous ne regardez pas ce qui est exposé ? s'enquiert Lars.
— Oh ! Si. On a déjà fait un tour tout à l'heure. On a eu l'impression de voyager en Afrique, en Amérique du Sud, en Australie et en Asie, assure Gabriel.
— Les paysages sont vraiment typiques. Entre les montagnes, les cascades, les forêts et les animaux sauvages, le photographe n'a pas dû s'ennuyer ! ajoute Ruben.
Ravie qu'ils se soient intéressés aux visuels présentés dans des cadres suspendus par de longs fils en nylon transparent, Charlie sourit.
— On a fini nos trois heures de présence. Il ne nous reste plus qu'à ranger le matériel dans le van et ce sera bon, les informe Lars.
— Laisse-moi t'aider. Ça ira plus vite, propose Gabriel.
— Allez, marché conclu. Charlie, tu peux peut-être passer tes affaires à Gabriel ? J'ai cru t'entendre te plaindre tout à l'heure. Va boire un coup, c'est bien mérité.
Reconnaissante, elle tend son appareil photo ainsi que le trépied logé dans son sac à dos à son meilleur ami.
Puis, elle s'éloigne vers la fontaine à eau, accompagnée de son fidèle acolyte, Ruben.
— J'ai trop soif... se plaint-elle.
— À force de bouger, tu ne m'étonnes pas vraiment. Ça va te faire du bien de prendre un peu de VOSS*.
— Tu as raison. Ma gorge sera moins sèche !
Elle se sert rapidement. Et, alors qu'elle se redresse et porte enfin le précieux gobelet à ses lèvres, un monsieur qu'elle ne connaît ni d'Ève ni d'Adam la bouscule violemment.
Saperlipopette !
Ne pourra-t-elle donc jamais se désaltérer ?
Le liquide s'échappe sans qu'elle ne puisse le retenir et jaillit sur le visage de Ruben, dégoulinant par la même occasion sur son t-shirt autrefois si blanc.
Agacée, elle lance un regard noir au quadragénaire qui vient de se retourner vers eux et commence à baragouiner quelque chose en norvégien.
— Qu'est-ce-qu'il me veut celui-là ? demande-t-elle, à Ruben, la mâchoire contractée.
— Det er ingen skade, ikke bekymre deg*. Il n'a pas fait exprès de te rentrer dedans, il nous présentait ses excuses.
Les dents serrées, Charlie ne décolère pas. Que se serait-il passé si elle avait blessé Ruben ?
— Charlie... Tiens, voilà un autre verre. Viens avec moi, je vais essorer mon t-shirt dehors.
— Merci, murmure-t-elle, touchée par le geste du Norvégien.
Respirant aussi fort qu'un bœuf, elle le suit de près.
— Ce n'est que de l'eau, tente de dédramatiser le sportif. Ne t'en fais pas, ça va sécher.
— Il aurait tout de même pu faire attention...
— Mais qu'est-ce-qui s'est passé ? s'étonne Gabriel, en les voyant arriver.
Pour tenter de se calmer, Charlie avale quelques gorgées. Si seulement boire pouvait atténuer la rage qui brûle en elle...
— Quelqu'un a bousculé Charlie alors qu'elle allait se désaltérer. Je vous laisse imaginer la suite, déclare Ruben. Mieux vaut en rire que d'en pleurer d'ailleurs, ajoute-t-il.
— Il t'en arrive toujours des trucs, Miss Catastrophe, pouffe Lars.
Face à sa mine déconfite, Ruben s'approche d'elle.
— Charlie, il n'y a pas mort d'homme... Ce n'est rien, allez viens-là... dit-il, en lui ouvrant les bras.
Avec timidité, elle comble l'espace qui les sépare et vient se blottir contre son sauveur. Malgré le tissu mouillé, la chaleur corporelle de Ruben enveloppe Charlie, exactement comme si elle se trouvait dans un cocon. Leur cocon.
— Tu vas attraper froid, Ruben, lui glisse-t-elle, dans le creux de l'oreille. J'ai une serviette en éponge dans mon sac à dos, je vais t'essuyer les cheveux pendant que tu t'occupes de ton t-shirt.
— Merci, Charlie. Tu es un amour.
Lui adressant un sourire chaleureux, elle met fin à leur étreinte. Prête à lui prêter main forte, elle se dirige vers l'arrière du van et revient quelques instants plus tard auprès de Ruben.
— Penche-toi un peu, tu es plus grand que moi... bougonne-t-elle.
Obéissant, il s'exécute.
De leur côté, Lars et Gabriel les observent discrètement du coin de l'œil. Ces deux-là finiront par sortir ensemble, c'est certain...
* Bildeustilling : signifie "Exposition photos". Hansen, le nom situé juste à côté de ce mot, correspond au nom de famille du globe-trotter qui expose ses photos.
* VOSS : eau plate ou gazeuse (selon les goûts) norvégienne.
* "Det er ingen skade, ikke bekymre deg" : signifie "Il n'y a pas de mal, ne vous en faites pas" en norvégien.
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