Chapitre 9
Chinara.
Après ces deux heures de danse intensives, vient enfin mon moment préféré : les étirements de fin de séance.
Aujourd'hui, on a enchaîné les chorées Dancehall. Ce n'est pas vraiment mon style de danse de prédilection contrairement à Eva. Je suis d'autant plus à l'aise avec le New Style Afro ou encore le Hip-Hop, par exemple. Avec la Dancehall, il faut être moins rigide, plus souple. Les pieds sont moins ancrés dans le sol, il faut au contraire se rendre léger. Et même si j'en suis moins à l'aise, j'aime me surpasser, et aller au-delà de mes limites.
La danse, pour moi, c'est libérateur. Quand je danse, je ne pense à rien d'autre. Et c'est ce vide intérieur, cette paix sans égale que je suis toujours en train de convoiter dès lors que je me rends à mes entraînements hebdomadaires. Faire le vide dans mon esprit, prendre pleinement possession de mon corps. Parce que oui, avec la danse, j'apprivoise chaque recoin de mon corps dans chacun des mouvements que j'effectue. Je poursuis ma confiance en moi et je l'atteins toujours à la fin de mon entraînement.
Grâce à la danse, je me sens belle et forte. Plus rien ne peut m'atteindre. C'est mon échappatoire et je suis tellement reconnaissante qu'Eva m'ait fait entrer dans son monde.
Nous étions au lycée, on venait de devenir amies, elle m'a montré une de ses vidéos de danse et je l'ai trouvé incroyable et tellement magnifique. J'ai eu envie d'être comme elle.
Sa passion pour la danse est devenue la mienne et mon amitié a tout simplement fondu dans ses doigts. Aujourd'hui, on est carrément inséparable, elle et moi.
Tandis que je me délecte des bienfaits d'un étirement dans la posture de l'enfant, Eva me tapote l'épaule. Je tourne doucement la tête vers elle et ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire face à nos fesses relevées vers l'arrière, nos têtes à même le sol.
— Je vais poster notre vidéo de danse sur Insta.
— OK, annoncé-je le sourire aux lèvres, l'âme sincèrement apaisée par mes muscles détendus.
— Ça ne te dérange pas ? me demande prudemment Eva. Je sais que tu es inactive sur les réseaux depuis l'enterrement de ta Mémé.
Mon cœur se resserre tandis que nous nous asseyons sur une jambe dans la pose du pigeon.
Le deuil m'accompagne toujours autant. Mais s'il est toujours présent, il est moins dense, moins intense, au fil des jours. Et si j'ai bien compris qu'il ne disparaîtra jamais, que certains jours il sera plus coriace que d'autres, je me suis faite à l'idée.
Ma grand-mère est morte.
J'en suis triste.
Carrément meurtrie, en fait.
Mais ça va aller. La vie continue. Alors je me dois d'aller de l'avant.
— Non, ça ne me dérange pas. Tu peux même m'identifier, comme ça je partagerais la vidéo dans ma Story, moi aussi. Les chorées d'aujourd'hui étaient vraiment stylées.
Notre séance de danse se termine, Eva et moi saluons les autres membres de la troupe dans un « au revoir » général avant de prendre la direction du parking. Pendant que nous rangeons nos sacs dans le coffre, Eva fait une tête étrange en regardant son téléphone.
— Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandé-je alors.
C'est maintenant moi qu'elle regarde bizarrement. Elle pousse un faible soupire, comme exaspérée par... je ne sais pas trop quoi.
— Loana veut encore que j'organise un repas pour vous réconcilier.
Nous réconcilier ? songé-je.
Nous ne nous sommes pas disputées. C'est vrai qu'un léger froid demeure entre nous depuis la soirée d'anniversaire de Liam. Voir Loana aussi proche de Nathan, jusqu'à flirter avec lui sous mes yeux m'a laissé un goût de vomis dans la gorge.
Alors, oui, Loana ne sait pas que je suis toujours si éperdument amoureuse de Nathan.
Personne ne le sait vraiment d'ailleurs.
Car, j'en ai honte.
J'ai honte des sentiments si forts que j'éprouve pour lui malgré le temps qui s'écoule, malgré le fait qu'il ne m'offre rien, ni son temps, ni sa considération.
Rien.
J'ai honte car il a réussi à tourner la page, lui. Tandis que moi, je ne fais que perdre mon temps à lire, encore et encore, les mêmes misérables mots sur cette page toute abîmée qui constitue notre histoire.
Moins qu'une histoire, nous ne sommes qu'un extrait de livre. Un court passage, que personne ne retiendra, sauf moi.
Alors, j'ai honte, oui.
Et c'est pour ça que j'ai dit à mes copines que je ne ressentais plus rien pour Nathan si ce n'est qu'une faible nostalgie.
Mais quand bien même je n'ai pas totalement été honnête envers elles, Loana n'aurait pas dû se montrer si proche de Nathan. Car si elle n'est pas au courant de mes sentiments actuelles, elle a pleinement conscience de tout ce que j'ai ressenti pour lui.
J'ai eu du mal à trouver des excuses au comportement de Loana. Elle a blâmé l'alcool qui coulait à flot dans ses veines lorsque Eva nous a donné rendez-vous dans un fast-food pour qu'on aille manger et arranger la situation entre nous deux.
Entre ma grand-mère, mes parents et leurs problèmes et secrets qui rebondissent sur moi et mes frères et sœurs, mes propres secrets à moi qui me rongent plus fort au fil des jours, la proximité de ma meilleure amie avec le seul homme que j'ai réussi à aimer de toute mon âme, c'était trop pour moi. Et si Eva n'avait pas été là pour jouer les entremetteuses, mon amitié avec Loana n'aurait pas survécu.
Mais voilà, en plus de ce cruel faux pas de soutien amical, le comportement de Loana, ces derniers temps, me compresse la poitrine d'une manière qui m'échappe.
Elle m'irrite sans raison. Lorsqu'elle parle, lorsqu'elle rit, je n'arrive plus à la supporter. Je n'arrive plus à la reconnaître.
Je la trouve méchante dans ses actes de séduction et manipulatrice dans sa manière de demander pardon. Comme si elle n'était pas sincère.
Exactement comme lorsque Lennon, son copain a voulu mettre fin à leur relation quelques jours après la fête de Liam - et il aurait eu raison de le faire. Car une vidéo de Loana en train de danser de manière très, très, très sensuelle avec un garçon a tourné sur Snapchat.
Entre les caresses sur la taille, les baisers mouillés dans le cou ou sur la joue, sans oublier leurs corps tellement collés qu'un rien aurait pu les fusionner pour toujours, Lennon a tout simplement éclaté de colère. Humilié et extrêmement déçu, il a voulu tout terminer avec Loana. Mais je ne sais par quel tour de baguette magique, elle a réussi à le convaincre de lui redonner une autre chance.
Je la trouve si égoïste. Elle pourrait agir de manière désinvolte autant qu'elle le souhaite sans que je n'en aie quelque chose à faire, si seulement elle n'avait pas un copain qui l'aime à en mourir. Et je ne me suis pas faite prier pour lui vider le fond de ma pensée, ce qui n'a fait que compliquer les réconciliations qu'Eva tentait difficilement d'instaurer.
Mais Loana m'a livrée un bout de ses états d'âme. Et même si je ne cautionne toujours pas sa façon de faire, j'ai réussi à la comprendre un peu plus.
C'est une fille sans tabou, qui ne pense jamais à mal en réalité. Elle aime plaire et ses actions sont toujours dénuées de malveillance. C'est sa façon à elle de s'amuser et parfois elle oublie que ses actions peuvent blesser son entourage. Et lorsqu'elle se rend compte avoir fait du mal, elle est sincèrement désolée.
Loana, c'est ma plus vieille amie, alors je lui ai pardonnée.
Un pardon à l'arrière-goût amer, cela-dit.
Car j'ai du mal à faire comme si de rien était. Elle m'a vraiment blessée en se montrant si proche, si intime, de Nathan.
Nathan c'est un sacré coureur de jupons. Le pire que j'ai eu à rencontrer, en étant honnête. Et si j'ai mis sur mute ses Story Instagram pour m'éviter de le voir avec une fille différente chaque jour, malheureusement pour moi, parfois il fricote avec des filles que je côtoie de loin.
Comme Akane, par exemple, qui est une amie de Fayad, le copain d'Eva. Je l'ai rencontré à une fête lors de mon entrée à la Fac. On s'est bien entendu alors on a échangé nos réseaux sociaux.
Ça n'est pas mon amie, comme 80% des personnes que je suis ou qui me suivent, notamment sur Instagram. Je ne connais rien de sa vie outre ce qu'elle affiche dans ses Story ou encore dans ses postes.
Alors, quand lundi je suis tombée sur un selfie d'elle avec Nathan où ils étaient beaux à en mourir, oui, ça m'a fait beaucoup de mal.
Nathan, c'est un sacré coureur de jupons. Et bien que je le sache, c'est toujours plus douloureux de le voir que de seulement le savoir.
Akane est tellement belle, de par son teint aussi pâle qu'une toile à dessin vierge et dépourvu de tous défauts, de par sa longue chevelure aussi noire que le plus pur de tous les charbons, de par sa bouche rouge écarlate à l'effigie de pétales de roses. On dirait une princesse. Belle et sûre d'elle. Habillée d'un voile de mystère qui la rend indéniablement attirante.
C'est certainement une fille comme elle qui aura le cœur de Nathan.
Une fille qui n'a rien à voir avec moi.
Car même si je sais que je suis jolie et que j'ai certains atouts qui jouent à mon avantage comme le dessin de ma bouche toute rose qui adopte une forme en cœur ou encore l'intensité de mon regard obscur, je n'aurais jamais le cran d'affirmer et de revendiquer ma beauté.
Déjà, parce que la beauté c'est subjectif.
Je peux plaire à quelqu'un comme être hideuse dans les yeux d'un autre.
Ensuite, car en ce qui me concerne, ma confiance en moi s'amuse à aller et venir comme un lancer de boomerang aléatoire.
Un jour je suis splendide comme un mannequin, l'autre, je me sens comme une loque pouilleuse qu'on ne daignerait même pas regarder de peur de devenir aveugle.
Je n'ai pas aussi confiance en moi que j'aime le faire croire et je ne suis pas la fille mystérieuse que j'aimerais être. Non, parce que moi j'ai le visage tellement expressif qu'on peut lire en moi comme dans un livre ouvert. Et je suis certaine que s'il n'y a pas de mystère alors il n'y a pas d'intérêt à susciter.
Mon pessimisme me fait soupirer. En fait, c'est toute ma personne qui m'exaspère. Je suis une chose et son contraire et dans ma contradiction, je me sens si perdue.
J'ai aussi confiance en moi que je doute de moi.
Je suis aussi sociable que timide.
Extravertie mais réservée.
Endurcie mais vulnérable.
Résignée à tourner la page avec Nathan mais désespérément amoureuse de lui.
J'affronte le monde de tous les jours avec un masque, une façade et je ne sais plus quel est le vrai moi.
Je suis complètement paumée, putain.
— Ouais, je comprends que ça t'agace, je vois bien que votre relation ne vole pas haut, en ce moment.
Prise de court, un petit sursaut m'anime. Je fronce les sourcils, l'impression d'être prise en faute.
— De quoi, est-ce que tu parles, Eva ?
— De Loana.
L'air que je gardais en moi se libère de ma poitrine. J'ai un instant eu peur qu'Eva m'ait volé mes pensées. Mais c'est moi qui ne suis tout simplement pas concentrée. J'ai la tête ailleurs et si je ne fais pas attention, je perds le fil de ce qui m'entoure, comme à l'instant.
— Ah ouais, balancé-je nonchalamment. Il y a deux jours, quand Kelal nous a invité chez lui, j'ai trouvé le comportement de Loana bizarre.
— Pourquoi ? me demande Eva tandis que nous nous installons dans sa voiture et que nous prenons la direction de chez moi.
Tandis que je pose la tête sur la vitre, je ferme les yeux devant la stupidité de ce que je m'apprête à dire.
— Avant que tu arrives avec Fayad, elle m'a demandé d'embrasser Nathan dans un « action ou vérité ».
Le simple fait de me remémorer les lèvres de Nathan sur les miennes, si douces, si délicates, tellement chaudes, m'échauffe le cœur et m'enserre la poitrine. Sa main sur ma joue dans de lentes caresses, son autre main agrippée à ma taille, ses yeux aussi verts que marrons profondément ancrés dans les miens... putain, pourquoi faut-il qu'il me donne l'impression de m'aimer ?
Mais c'est certainement moi qui me fais des films, en réalité.
— Pourquoi elle a fait une chose pareille ? demande Eva, une goutte d'irritation coincée dans la voix. Elle ne pensait sûrement pas à mal, mais bon...
Elle soupire et moi, je ne relance pas la conversation. Nous conduisons encore pendant dix minutes dans le calme et j'apprécie la présence silencieuse d'Eva.
Elle ne me force jamais à parler si je n'en ai pas envie et c'est que je préfère entre nous. On sait qu'on peut compter l'une sur l'autre. Mais aussi bien elle que moi avons du mal à mettre des mots sur ce que nous ressentons alors on se laisse toujours le temps nécessaire avant de se libérer de nos tourments.
— Et d'ailleurs avec Kelal, il se passe quelque chose ?
Eva, lève son frein à main et actionne les warnings de sa voiture, garée n'importe comment devant le portail de ma résidence.
— Non, réponds-je en haussant les épaules. On s'est embrassé à l'anniversaire de Liam. Et d'ailleurs, Liam n'en sait rien. Je n'ai pas envie de faire tout un plat de cette histoire. Mais mis à part ça, c'est tout. On ne discute que très rarement par message et lorsqu'on se voit on est un peu tactile mais rien de plus.
Eva hoche la tête et acquiesce mes paroles avant de me donner rendez-vous dans trois heures pour qu'on aille manger avec Loana.
Je récupère mon sac dans son coffre avant de me diriger vers chez moi. Lorsque je pousse les clés dans la serrure et franchis le pas de la porte, je suis submergée par une vague de bruit qui me donne un mal de crâne instantané.
Mes deux sœurs se prennent la tête. Elles crient si fort que bientôt la police débarquera et nous collera une amende pour tapage. Si je comprends bien, elles se disputent pour la vaisselle, mais je ne cherche pas à en savoir plus car je suis tout simplement lessivée et que je n'ai pas la force de prendre part au conflit.
Dans le salon, ma cousine, Ilayda, s'amuse à augmenter le volume de la télé pour pouvoir suivre sa série sans être dérangée par les cris provenant de la cuisine. Autant dire que bientôt elle atteindra la volume maximum de la télécommande.
En prenant la direction de la douche, j'entends Noah être au téléphone avec ce qui me semble être sa copine. Et en m'enfermant dans la salle de bain, je distingue la conversation animée que mes parents se livrent et qu'ils pensent tenir à l'abris des regards. Malheureusement pour eux, et pour moi, les murs sont fins dans notre appartement. Alors, je soupire en prenant ma douche en quatrième vitesse avant de m'enfermer dans ma chambre en foutant mon casque sur les oreilles.
Et moi qui voulais me retrouver au calme, c'est loupé !
Je lance les épisodes de My Hero Academia sur mon ordinateur et attends qu'il soit l'heure pour pouvoir m'habiller avant de rejoindre les filles au restaurant. Entre temps, Eva m'identifie sur Instagram comme promis en partageant notre vidéo de danse.
Et alors que je la partage moi aussi sur mon compte, je suis accueillie par d'innombrables commentaires qui me mettent du baume au cœur. C'est le message de Kelal qui me surprend au point de me mordre la langue. Un message basique, juste pour me dire que je danse bien mais qui me perturbe tout de même.
Comme je l'ai dit à Eva, entre Kelal et moi, il ne se passe rien. C'est juste que des fois, il a des attentions envers moi qui me troublent, autant qu'elles me font du bien.
Comme lorsqu'il y a deux jours, il a défait sa chevelure coiffée de tresses de son élastique pour ainsi attacher la mienne alors que je m'endormais sur son canapé. Ou encore quand il m'a ramenée chez moi après cette soirée, en m'emmitouflant d'un plaid pour que je puisse continuer de dormir dans sa voiture le temps du trajet. Ou encore tout à l'heure, lorsqu'avant mon cours de danse, il est venu me ramener une boisson au citron parce qu'un jour, je lui ai dit que j'en raffolais.
Oui, je sais que se satisfaire de si peu c'est pathétique mais je n'y peux rien.
Je suis en manque d'affection et j'ai le mal à l'âme.
Mais d'un autre côté, j'ai peur de me livrer à une relation où j'y mettrais mes sentiments car j'ai tout simplement peur d'être blessée, d'être brisée, d'être balayée par le revers de l'amour - encore une fois.
Dans tous les cas, je sais qu'il ne se passera rien entre Kelal et moi. Lui, c'est le bad boy avéré, mystérieux, ténébreux et quelques fois gentil comme tout.
Alors que moi, je suis l'anti-fille de roman, le second rôle, la cinquième roue du carrosse, celle qui est toujours assez bien pour être amie, jamais amante.
Dans l'histoire de Kelal, je ne représente qu'un grain de poussière et ça me convient bien.
Pas de sentiment, pas de prise de tête, que de l'attention par-ci, par-là, qui me réchauffe le fond de la poitrine et qui amenuise ma profonde solitude.
Kelal, il lui faut une fille qui a l'air dans un premier temps timide et réservée et qui soit aussi rayonnante qu'un diamant. Car alors, son incontestable beauté l'intriguera plus qu'il ne voudra l'admettre et le désintérêt qu'elle lui pointera sous le nez ne fera que piquer son égo à vif. C'est pourquoi il poursuivra la quête de son attention, de son affection, jusqu'à lui dérober son amour. Et c'est à ce moment précis qu'il se rendra compte s'être perdu dans son jeu de fierté, parce que ce seront ses sentiments qui seront alors mis à découvert.
Toute cette aventure, ne me concerne pas. Je ne suis pas cette fille qui réveillera son âme insouciante. Je ne suis pas celle qui réveillera ses sentiments énamourés qu'il ne réserve que pour une seule personne.
Et même si je dois avouer que ça me frustre légèrement car, je ne suis jamais cette fille-là - pour personne - je suis résolue. Kelal n'est pas fait pour moi parce que je ne suis pas faite pour lui.
Tandis que je me prépare, avec un brin de retard - il faudra blâmer les épisodes de My Hero Academia qui étaient si intéressants que je n'ai pas vu le temps passé - Melody et Ya Sasha m'ont rejoint dans la chambre et se livrent désormais à une conversation des plus bienveillantes concernant la scolarité de ma petite sœur.
Encore une fois, je ne relève pas, bien que ça me fasse sourire. Ici, on se chamaille presque aussi vite qu'on se réconcilie alors je ne suis qu'à moitié étonnée.
Je me vêts d'une longue robe pull en laine grise, fendu sur le côté, je me chausse de mes fidèles Dr Martens avant de passer sur mes épaules ma veste en cuir oversize et noire qui m'arrive au-dessus des genoux. Je ne maquille mon visage que de blush d'une couleur chocolat et d'un gloss qui adopte les mêmes tons en n'oubliant pas de coller des faux-cils en coins de mes yeux.
Ça fait dix minutes qu'Eva me demande de me grouiller et je sais déjà qu'elle va me passer un savon dès lors que je me serais installée dans sa voiture. Finalement, elle me partage son irritation que quelques instants, trop amusée par le fait qu'on soit habillée presque à l'identique, sans s'être consultée au préalable.
Eva revêt une robe noire qui est plus moulante que la mienne et fendu à l'arrière. Contrairement à moi, elle ne porte pas aux pieds des boots mais des Converse à plateformes. Et sur ses épaules repose une mini veste en cuir.
En ce qui concerne le maquillage, nous avons exactement le même et depuis qu'elle s'est coiffée hier, nous avons à présent la même coupe de cheveux : toutes les deux coiffées de bohemian braids, à la seule différence que ses nattes sont noires et que les miennes brunes.
Arrivées au restaurant, Loana affirme qu'elle ne pensait effectivement pas à mal en me refourguant l'action débile d'embrasser Nathan. Que justement, c'était sa manière à elle de se faire pardonner son comportement envers Nathan le soir de la fête de Liam.
Elle a l'air sincère et moi j'ai envie de la croire alors je décide de passer outre cet incident. Après tout, j'ai aussi ma part de responsabilité à jouer. Si seulement j'étais plus honnête et que je décidais tout simplement de leur confier mes plus profonds sentiments, ceux que je garde malgré moi pour Nathan, alors peut-être que rien de tout ça ne serait arrivé.
Finalement, je passe une bonne soirée aux côtés de mes copines. Eva nous a trouvé un restaurant qui propose d'excellentes pizzas à la truffe et ce soir, je m'autorise un petit excès dans le régime si strict que je me suis imposée. Le restaurant propose aussi un karaoké et je sais que c'est exactement pour ça qu'Eva l'a choisi.
Elle sait comme Loana et moi adorons chanter alors, une fois notre repas terminé, je me saisis de la main de Loana, prête à tout faire pour sauver mon amitié avec elle, et nous entraîne sur la scène pour que nous puissions chanter de plus belle. Eva nous filme tandis que nous chantons, le sourire aux lèvres, le cœur léger de tout problème.
Nous restons jusqu'à la fermeture du restaurant si bien que le propriétaire nous offre le repas, heureux que nous ayons mis l'ambiance en monopolisant le karaoké.
Je suis heureuse que mon irritation envers Loana s'en est allée. C'est toute souriante que je sors de la voiture d'Eva, prête à rentrer chez moi. Sauf que mon sourire se dissipe dès lors que je foule le sol de mon appartement.
Un message s'affiche sur le haut de mon écran alors que je regardais les vidéos de moi et Loana en train de chanter telles deux reines du RnB.
Mais ce n'est pas Kelal cette fois.
C'est Nathan.
Son message fait s'arrêter mon cœur le temps d'une seconde. Je loupe un battement et j'ai la sensation que je vais m'écrouler au sol. Mes sourcils se froncent et ma bouche s'assèche. La peur gagne mes tripes et d'un coup, je me sens nauséeuse.
Tout ce remue-ménage pour un simple message ?
🎤
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hello, ça vous plaît alors? ou oublie pas la daily étoile et le daily commentaire 🥹🩷
à très vite! pleins de bisous 🩷🩷
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