Chapitre 7

Nathan.

Adossé contre la rambarde des gradins j'attends, l'esprit dans le vague, que la mi-temps du match de basket se termine.

Une fille s'est incrustée dans mes bras et même si je ne lui accorde que peu d'attention, elle a l'air comblée. Elle nous prend en photo un nombre incalculable de fois bien que je ne daigne jamais regarder l'objectif, trop concentré à défiler les Story Instagram.

Ça fait neuf jours que Chinara n'a rien posté sur son réseau social préféré.

Neuf jours.

J'ai l'impression d'être un stalkeur pas très net à toujours être à l'affût de son compte Instagram. Et pour cause, je sais précisément que la dernière fois qu'elle s'est rendue active, remonte au samedi soir chez Liam pour son anniversaire, où elle a posté un selfie avec son amie Evana. Toutes deux habillées en rose, elles étaient mignonnes à croquer sur cette photo.

Mais seule Chinara a retenu mon attention. De ses yeux si grands, ses prunelles tellement sombres qu'elles m'ont envoûtées. De sa bouche si sucrée et si rose qu'elle me rappelait mon fruit préféré. Elle m'a tout simplement mis l'eau à la bouche.

Je me souviens que je l'ai cherché comme un fou durant toute la soirée. Et la première fois que j'ai croisé son chemin, elle était en train de mettre le feu dans le salon de Liam en dansant avec Evana.

La voir se déhancher de manière précise et maîtrisée, de manière gracieuse et captivante, le sourire aux lèvres, m'a laissé une sensation étrange dans la poitrine que j'ai encore du mal à déchiffrer. Je n'arrivais pas à balayer le souvenir de ses larmes ruisselant le long de ses joues et, elle était là, aussi rayonnante qu'une pluie d'étoile, comme si son chagrin n'avait jamais existé.

J'étais aussi bien perdu par ses états d'âme, qu'hypnotisé par ses mouvements délicats.

Je n'ai pas eu le courage de la rejoindre.

Quand bien même je l'avais rejoint, qu'aurais-je fais ?

Je l'avais ignoré toute la soirée au restaurant, bien trop apeuré de lui sauter dessus devant tout le monde tant elle sentait ridiculement bon.

Pourquoi faut-elle qu'elle sente les fruits rouges, bon sang ?

Je me suis mis à vagabonder dans la maison telle une âme errante et Loana m'est tombée dessus.

Je préfère éviter de traîner avec les amies de Chinara. Encore plus lorsqu'il s'agit de Loana. Ma réputation de coureur de jupons me précède et je n'aimerais pas que Chinara commence à émettre de mauvaises idées me concernant.

Mais piqué à vif dans mon ego, une sensation désagréable dans le fond de mes entrailles, je n'ai pas pu m'empêcher de pousser le flirt à fond avec Loana lorsque cette dernière et moi avons croisé la route de Chinara, tellement collée à Kelal, un mec du club de basket, que j'ai cru qu'ils allaient fusionner.

Elle l'embrassait comme si elle l'aimait.

Et c'est cette pensée qui m'a monté les nerfs à bloc.

Alors, lorsque nous nous sommes tous rendus dehors pour rejoindre Liam et nos amis, ainsi que quelques-uns des membres de l'équipe de basket, j'ai tout simplement sorti mon meilleur jeu de séduction pour Loana sous les yeux méprisants de Chinara. Accolades, taquineries complices, baisers sur la joue, messes basses à l'oreille, caresses discrètes, je n'ai rien laissé au hasard. Et Loana s'est prêtée au jeu, évidemment. Comme si elle ne craignait pas de trop en faire au point de blesser son amie.

J'ai regretté mes actes dès le lendemain au réveil. Et je le regrette encore plus fort maintenant que Chinara est carrément inactive sur les réseaux sociaux.

C'est certainement ma faute.

Le baiser que dépose sur ma joue Akane, la belle fille asiatique aux cheveux noirs, aux yeux étirés de la même couleur, à la bouche en forme de petit cœur et au corps gracile, qui ne me lâche plus d'une semelle, me sort de mes pensées.

J'ai un instant cru que c'était Chinara.

Akane brandit son téléphone pour m'infliger d'un énième selfie. On s'est abandonné dans des préliminaires assez torrides hier soir, et elle pense certainement que ça fait de nous un couple. Ça me fait soupirer mais je ne dis rien. Je me contente de la laisser faire, convaincu qu'elle finira par se lasser toute seule.

Le sifflet retentit dans le gymnase. La mi-temps est terminée. Je me dégage de la rembarre et retourne m'assoir dans les gradins aux côtés de Logan, Lylah, Brandon, Ludy, Jared et Hannah.

Ah, j'ai compris.

Comme à notre habitude, nous sommes venus soutenir Liam durant l'un de ses nombreux matchs de basket. Peu importe qu'ils soient amicaux, ou décisifs pour la saison, nous venons le soutenir telle une véritable fanbase loyale.

Et mes amis, ainsi assis côtes à côtes, représentent à eux seuls les fameux « couple goal » que l'on retrouve sur Pinterest.

Akane, à qui j'ai eu le malheur de proposer de se joindre à nous, pense certainement que mon invitation est synonyme d'officialisation d'une quelconque relation entre nous.

Je ne sais vraiment pas comment je vais me sortir de ce merdier, moi.

Assis sur les gradins, Akane collée à mon bras, je suis le match d'un œil, trop occupé à scroller les Story Instagram à la recherche d'un signe de vie de Chinara. Je ne décroche les yeux de mon téléphone que lorsque Liam mène des actions cruciales pour le match. Match que, soit dit en passant, les White Tigers dominent et de loin.

Plus que quelques secondes de jeu, les White Tigers entame leur dernière action. Liam récupère le ballon de la main de l'un de ses adversaires, il dribble jusqu'à l'autre bout du terrain avant de faire la passe à Kelal, superbement démarqué pour lancer un trois points qu'il marque tel un véritable pro du basket.

Ce dernier fait un énième clin d'œil en direction des gradins bas. Tout le long du match, il n'a pas cessé de se tourner au même endroit dès lors que son équipe remportait des points, grâce à lui ou non.

Tandis que le sifflet de fin retentit et que le public s'affole pour applaudir nos joueurs, les White Tigers se réunissent pour former un cercle, balancer un cri de guerre à l'unisson et se taper dans les mains.

Je vois Liam se diriger vers les bancs VIP. Il attrape Amy par la main afin de l'embrasser langoureusement.

Quel frimeur !

Derrière lui, Kelal se dirige vers la personne qu'il n'a pas arrêté de regarder durant tout le match. Et lorsqu'une jeune femme dont je n'arrive pas à voir le visage, coiffée de longues tresses couleur chocolat, habillée d'un sweat à capuche noir super court si bien qu'il laisse apparaître sa taille marquée et ses lombaires dessinées d'une main habile, d'un pantalon pâte d'éléphant noir en coton aussi moulant qu'une seconde peau et chaussée de Dr Martens, se dirige vers lui pour lui taper dans les deux mains, une jalousie injustifiée se saisit de ma poitrine pour l'écraser.

C'est Chinara.

Ma main à couper.

Je n'arrive pas à voir son visage car elle est de dos et que je suis trop loin pour bien la percevoir mais je le sais : c'est elle.

Ils se perdent en rires et en conversations que je ne peux entendre à cause de la distance et du chahut de la foule en délire.

Logan propose quelque chose à mes amis que je ne distingue à peine, trop obnubilé par l'échange entre Chinara et Kelal. J'entends Akane s'exclamer de manière ravie mais elle n'arrive à me faire décoller les yeux du terrain de basket que lorsqu'elle s'agrippe à mon bras si fort que je risque presque de tomber.

— Trop bien ! On va bien s'amuser !

Akane se niche dans mes bras toute excitée, bien que je n'en comprenne pas la raison. J'ai envie de la repousser, là, tout de suite, tant elle m'empêche de respirer à force d'empiéter sur mon espace vital mais je ne fais rien. Je me contente de lui demander, un peu exaspéré :

— De quoi tu parles ?

Akane se dégage enfin de mon bras pour se placer en face de moi. Elle tape dans ses mains manucurées de blancs et placarde un sourire d'enfant enjoué sur son visage pâle.

— Liam a fait passer le message à Logan : Kelal nous invite chez lui pour le reste de l'après-midi.

— Nous ? demandé-je intrigué.

— Oui. Kelal a invité Liam et ses amis pour que l'on fasse un tas de jeux autour de bonnes bières.

Je passe un œil derrière mon épaule, observe Chinara et Kelal qui discutent, encore.

Elle sera sûrement là.

Ça me fait une bonne raison d'y aller, moi aussi.

En revanche, je n'ai nul besoin qu'un pou agité me gratte le scalpe, toujours plus fort, et m'irrite plus que je ne le suis déjà.

— Les amis de Liam ? lui demandé-je sarcastique, un sourcil relevé.

Le sourire excité qu'affiche Akane se fane de sa bouche. Elle incline la tête, l'air de ne pas comprendre où je veux en venir. Alors j'éclaire sa lanterne, habillé de mon fameux regard de séducteur à qui on ne peut rien refuser.

— Tu n'es pas vraiment l'amie de Liam, ma belle.

Je me rapproche d'elle, enroule une mèche de ses longs cheveux noirs autour de mes doigts. L'attention que je lui accorde enfin, colore ses joues de rouge. Le souffle saccadé, elle me sort d'une petite voix déçue :

— Mais je suis ton amie, moi.

Sa phrase se perd entre affirmation et interrogation. Alors je me rapproche d'elle, pour mieux la repousser.

— Non, on n'est pas amis.

Elle a un mouvement de recul comme si je l'avais bousculé du bout du doigt.

— On s'est bien amusé hier, mais c'est tout, ma belle.

Elle grimace.

Le surnom dont je la gratifie raisonne certainement telle une insulte dans ses oreilles. Mais si elle se méprend sur l'utilisation de mes mots, elle en comprend quand même le fond.

Oui, elle est belle comme tout.

Mais, non, elle et moi, ça n'ira pas plus loin.

Elle se recule assez pour que ses cheveux glissent d'entre mes doigts mais reste à bonne distance pour que j'entende lorsqu'elle me balance entre ses dents :

— Tu n'es qu'un menteur, en fait.

Je reste stoïque, les mains le long du corps, complètement de marbre face à ses reproches insensés.

— Je ne t'ai jamais menti, Akane.

Elle grimace encore.

Pour chaque mot que je déclare, j'ai l'impression de lui faire offense et de l'insulter de tous les noms.

— Si, tu mens ! Tu mens ! Tu mens tout le temps !

Elle hausse la voix. Certains regards se tournent vers nous. L'attention se porte sur moi.

Du regard, je la menace de se calmer car elle est en train de faire une scène en public et je déteste ça. Ma mère m'a toujours appris à bien me comporter sous les yeux de personnes inconnus, et à garder une certaine posture devant les gens.

Sans réfléchir, j'attrape Akane par la main, descends les gradins et l'emmène derrière le gymnase.

— Tu vois ! crie-t-elle en désignant nos doigts entrelacés.

J'arque un sourcil, sincèrement à la ramasse face à ses reproches.

— Tu envoies sans cesses des signaux confus !

— Mais de quoi est-ce que tu parles ? demandé-je de plus en plus exaspéré.

Akane retire violemment sa main de la mienne, avant de me dévisager comme une vulgaire merde sur laquelle elle aurait marché par accident.

— Tu es toujours si gentil... tu fais miroiter la fausse promesse d'une vraie relation amoureuse alors qu'en fait, tu n'offres rien.

Sa remarque me blesse inexplicablement. Elle m'atteint en plein dans les entrailles comme si elle venait de m'assener d'un uppercut si précis qu'il m'en ferait vomir.

Ouais, je suis une sale merde qui n'a rien à offrir.

Mais loin de lui montrer mon cœur piqué à vif, je lui crache mon ego éraflé par ses propos.

— Tu m'en veux parce que je suis gentil ? demandé-je un rire hautain coincé dans la voix. Tu aurais préféré que je sois l'un de ces fameux bad boy hyper méchants et irrespectueux ?

— Au moins eux, ils sont clairs dès le début sur leurs intentions.

Une fois encore, elle m'accable d'une autre vérité. Elle a raison et je le sais.

Je pousse toujours le flirt jusqu'à ses limites. Et des fois je me perds dans le flou de mes actions, si bien que j'entraîne avec moi les filles que je drague dans ma décadence.

— Ils ne sont pas attentionnés et ils ne sont pas galants ! Ils ne sont ni serviables, ni franchement appréciables, en fait.

Elle débite mots sur mots et je comprends bien qu'elle me parle de sa propre expérience. Elle me déverse sa frustration comme si je la méritais et, c'est peut-être le cas en fin de compte.

— Et c'est bien fait pour la fille qui finit quand même par en tomber amoureuse ! Dès le début, le comportement du mec n'annonçait rien de bon.

Akane a le souffle court, épuisée par sa longue tirade. Elle agite les mains devant elle tandis que ses sourcils fins se froncent et se haussent sur son front. Elle a l'air de se battre aussi bien avec elle qu'avec moi

— Alors que toi, tu flirt et tu séduis comme une âme amoureuse. Tu embrasses et tu enlaces de manière énamourée.

J'arque un sourcil en feignant ne pas comprendre en quoi mon comportement est problématique. Même si au fond, j'en ai pleinement conscience.

— Je te souhaite de tomber amoureux Nathan.

Là, le sourcil qui s'arque de nouveau sur le haut de mon front est sincère, je suis complètement perdu devant la conclusion de son laïus.

— Pourquoi ? demandé-je alors, toujours autant à la ramasse.

Akane me regarde droit dans les yeux, après s'être calmée. Elle m'accable de toute la déception que son corps peut contenir. Elle se met à respirer lentement, aussi apaisée que les brises d'été après un orage.

— Parce qu'alors, j'espère que tu comprendras qu'il ne faut pas jouer avec le cœur des gens, lorsque la personne que tu aimeras te brisera le tien.

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on oublie pas le daily commentaire et la daily étoile 🥹🩷
à très vite 🩷















hell

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