Nathan.

Un dernier coup d'œil sur le miroir de ma chambre avant d'enfiler ma sacoche et de quitter la maison. Ce soir, j'ai sorti le grand jeu. J'ai enfilé mon fameux pull sans manche préféré, arborant un col en V dans une couleur violette qui tire vers le lilas.

Ma couleur préférée, ma couleur porte bonheur.
   
Et je sens bien que j'aurais besoin de toutes les chances de mon côté pour affronter cette soirée.
   
En dessous de mon pull oversize, j'ai enfilé un t-shirt blanc tout aussi loose pour le coupler avec un pantalon plissé noir. J'ai évidemment choisi de me vêtir de mes chaussures Dr Martens en cuir noires, assorties à ma sacoche. Pour embellir ma tenue qui se veut casual-chic, j'ai décoré mon cou d'une chaîne en argent, habillé mes oreilles d'anneaux en titane métallisé et recouvert mes doigts de quelques bagues et chevalières. 
   
Mon péché mignon ? Les fringues. En veux-tu ? En voilà ! Plus j'ai de vêtements, mieux me je me sens.

Mon style de prédilection est définitivement celui qui combine le décontracté à l'élégance maîtrisé. C'est soigné mais négligé avec soin. Comme avec mes cheveux en bataille sur le haut de ma tête que j'ai ébouriffés avec une minutie précise lors de mon brushing afin d'en faire sortir mes ondulations.
  
Je suis beau. Je sens bon. Je suis bien habillé. Si je ne fais pas tomber un cœur ou deux avec ça !
   
La tête gonflée d'une arrogance qui me perdra, j'en suis certain, je me rends au restaurant qu'à choisi Liam pour fêter son anniversaire. Je maudis ce dernier durant les quarante-cinq minutes de voiture que je me trimballe pour lui.

Pourquoi, diable a-t-il fallu qu'il choisisse un restaurant si loin ?!

Mais je ne peux m'empêcher de sourire en imaginant la tête qu'il fera lorsqu'il recevra le cadeau que j'ai acheté il y a des mois de ça.
   
Liam c'est mon plus vieil ami, je l'aime autant qu'il me fait chier, et que Dieu m'en soit témoin, plus d'une fois j'ai failli écraser mon poing au beau milieu de son visage à l'effigie d'une star hollywoodienne. Mais il a été là pour moi comme personne ne l'a été dans les moments durs et pour ça, je lui serais à jamais loyal.

Malgré son manque d'intelligence émotionnelle ou son affreuse tendance à ne croire la vérité que par sa propre réflexion et jamais celles des autres. Soit on voit comme lui, soit on est carrément aveugle. Sa logique m'exaspère alors j'ai tout simplement arrêté d'y prêter attention.
   
Lorsque je me gare enfin dans le parking, je cours presque vers l'entrée du restaurant pour échapper aux vents frais qui s'installent dans la nuit. À peine vingt heures trente que le soleil est déjà complètement couché, nous laissant avec un ciel mi-jour, mi-nuit.  
   
À l'intérieur du restaurant aux allures de pub anglo-saxons, une femme d'une vingtaine d'années m'accueille d'un large sourire.
   
— Vous avez une réservation ? me demande la femme en replaçant sa longue chevelure dorée derrière ses épaules.
   
— Oui, au nom de Liam.
   
— Ah, vous êtes le premier.
   
Le contraire m'aurait étonné. De nos jours, j'ai l'impression qu'être ponctuelle est complètement surfait. Sauf qu'être en retard en toutes circonstances et le revendiquer en permanence relève pour moi d'un lourd manque de considération.

En théorie, ça aurait dû être à Liam de nous accueillir, nous, ses invités. Ce qui me fascine le plus, c'est que j'avais prévu cette situation. C'est pour ça que j'avais calculé mes dix minutes de retard... 
   
— Laissez-moi vous guider jusqu'à votre table.
   
Je suis la jeune femme jusqu'au coin le plus reculé du restaurant. C'est carrément dans un espace privatisé qu'elle m'emmène, séparé du reste du pub par un épais rideaux marron. Après avoir monté les deux petites marches en bois, je prends place sur la banquette à l'image d'un Chesterfield en cuir dans une couleur framboise, en face de la table rectangulaire.

— Je peux vous servir quelque chose en attendant ?
   
— Non, ça ira. Merci Lou, réponds-je en détaillant le badge près de son col.
   
Ses joues s'empourprent timidement avant que la surprise n'enveloppe le fond de ses rétines bleues.
   
— N'hésitez pas à me solliciter si jamais vous avez besoin de quoique ça soit.
   
Une moue malicieuse habille ses fines lèvres roses. Puis, avant de faire demi-tour, elle me balance un clin d'œil joueur. J'ai envie de penser qu'elle flirt avec moi mais peut-être est-ce l'approche qu'elle décide d'aborder pour faire son travail.
   
L'horloge murale en face de moi indique vingt heures quinze lorsque Logan débarque. Il prend place près de moi et me salue d'une habituelle poignée de main.
   
— Tu n'es pas avec Lylah ? demandé-je surpris.
   
Logan fait non de la tête avec agacement, faisant bouger sa chevelure brune en bazar sur le haut de sa tête.
   
— Elle mettait trop de temps à se préparer alors j'ai demandé à Jared de la récupérer, puisqu'il se prépare chez Hannah et qu'elle aussi sera forcément en retard.
   
Logan et moi : les éternelles ponctuels de notre bande d'amie hasardeuse. Elle s'est formée il y a quatre ans lorsque Liam m'a littéralement forcé la main pour que je participe avec lui à la comédie musicale de Lilaway University.

Son objectif n'était pas bien glorieux. Il voulait à tout prix se rapprocher d'Amy. Plus âgée, plus inaccessible, véritable peste en la matière et aussi belle qu'un mannequin avec ses longs cheveux noirs et ses yeux d'un vert semblable à des cristaux.
   
Je me suis longtemps foutu de sa gueule en le comparant à Troy Bolton de High School Musical. Car s'il faut avouer que nous sommes des fans confirmés de cette saga, je ne pensais pas que Liam irait jusqu'à mettre en scène ces films que nous avons visionné encore et encore, dans le quotidien de nos vies.

Joueur inébranlable, reconnu pour ses talents de dribbles, il est vite devenu l'un des membres favoris du club de basket des White Tigers. Longtemps ses coéquipiers l'ont charriés sur le fait qu'il rejoigne la troupe de la comédie musicale. Mais Liam avait un but : réussir à charmer Amy avant qu'il ne parte en programme d'échange en Espagne.
   
Le temps jouait contre lui. On était en septembre et son départ était prévu pour janvier. On venait d'entrer à la Fac alors il n'avait pas beaucoup de notoriété. Mais ce grand malade était prêt à tout pour arriver à ses fins, quitte à être la risée de son club de basket. Heureusement pour lui, les moqueries n'ont pas duré bien longtemps et ses amis du club le soutiennent maintenant à fond, si bien que chaque année, ils se rendent au spectacle pour voir sa prestation.

Et moi, bien influençable et surtout excité de voir le jeu de séduction de mon ami de près, je me suis laissé entraîner à rejoindre la troupe. C'est alors qu'une amitié forte est née entre certains membres du groupe. Notamment avec Logan qui a l'air de me voir et surtout de me comprendre malgré tous les artifices que je sème autour de moi pour ne pas qu'on s'immisce trop près de mes véritables émotions.
   
Parmi ma nouvelle bande de potes, c'est indéniablement avec lui que je m'entends le mieux et je pense que c'est réciproque. Il s'est toujours retrouvé un peu à l'écart de son trio avec Jared et Brandon. Et j'ai compris, à force que l'on traîne ensemble, que ça le rendait profondément triste. Mais il ne peut rien y faire. Après tout, Brandon et Jared sont liés par le sang. Cousins de par leurs mères qui sont sœurs, ils ont littéralement été élevés tels de véritables frères, si bien qu'ils sont aujourd'hui inséparables.
   
Je comprends la frustration de Logan. Difficile de se frayer une place dans leur cocon. On se sent souvent exclu de leurs regards complices, de leur loyauté sans faille et de leur solidarité à tout épreuve. Leur amitié sincère rendrait jaloux n'importe qui. Moi, le premier, malgré la présence de Liam à mes côtés.

Et, je me trouve horrible de ressentir un tel manque. Liam a toujours été présent pour moi, au bout du compte. Seulement, ça fait un moment qu'on ne se comprend plus.

Qu'il ne me comprend plus.

On n'est plus sur la même longueur d'onde.

Ou alors, j'en demande trop ?
   
Le restaurant se remplit. Les amis de Liam déboulent un à un. Ce dernier a des amis en tout genre. Que ça soit, des membres de son club de basket, des potes avec qui il s'est très bien entendu en les rencontrant à des soirées, ses amis qu'il a rencontré au fil de ces dernières années à traîner dans le campus, ou encore nous, amis de la troupe musicale avec qui il préfère passer le plus clair de son temps, comme moi, sa sociabilité n'a pas de limite. Réserver un espace privatisé avec plus d'une vingtaine de places était plus que nécessaire.
   
20:45.

Liam n'est toujours pas là.

Ça en amuse certains. Ça en agace d'autres, comme Logan par exemple, qui s'impatiente sur son siège. Son irritation est si palpable qu'elle se voit au travers de ses joues au teint crème parsemées de tâches de rousseurs, qui virent au rouge. Moi, je reste de marbre, bien trop habitué à ce genre de scénario avec lui.
   
Quelques minutes défilent et nous apercevons Jared tirer l'épais rideau marron pour laisser entrer deux filles devant lui.

D'abord sa copine, Hannah. Sublime comme toujours, avec sa belle chevelure blonde presque châtains, bouclée et volumineuse qui lui tombe dans le dos. Son teint ambré qu'on dirait un rayon de soleil, ses yeux bleus tellement clairs qu'ils ont l'air gris, sa bouche toute rose à la pulpe rebondie, elle a l'air d'une actrice. Une Zendaya plus petite et plus en chair.

Et si Hannah est Zendaya, Jared est définitivement la réincarnation de Spiderman. Pas dans l'univers de Peter Parker, interprété par Tom Holland mais dans celui de Miles Morales. Ils sont beaux tous les deux. Et si Hannah n'avait jamais eu d'yeux que pour son Jared adoré, il y a longtemps que j'aurais jeté mon dévolu sur elle.
   
Derrière elle, la talonne de près, Lylah, la petite chérie de Logan. Ce dernier d'ailleurs ne peux empêcher l'admiration de déborder de ses yeux lorsqu'il se met à détailler sa copine comme si elle était une œuvre d'art.

Lylah a coiffé ses cheveux bruns d'une queue de cheval basse hyper serrée derrière son crâne. Sa chevelure tirée de la sorte en arrière met en valeur son teint laiteux et ses joues toutes roses. Avec ses sourcils fins et droits, ses yeux qui remontent vers le haut, ses pommettes saillantes, sa bouche légèrement plissée et son menton un tantinet pointu, elle a l'air sévère, presque méchante.

Mais son regard noisette s'adoucit instantanément lorsqu'elle croise celui de Logan. Sa bouche se fend d'un sourire et ses yeux d'un sentiment amoureux.

Ces deux-là s'aiment à en mourir si bien qu'un aveugle se ferait éblouir devant l'éclat de leurs sentiments.
   
C'est à la fois beau à voir et carrément à gerber.

Un instant, j'ai envie de me laisser tomber d'amour dans les bras d'une femme moi aussi.

L'autre, j'ai carrément envie de me gifler pour ne serait-ce que d'avoir songé à l'idée.

Je suis résigné : l'amour, les relations et toutes les conneries qui vont avec, c'est non.
   
Tandis que mes amis se fraient une place à mes côtés et que je décide de me mettre à l'extrémité du canapé pour laisser mes tourtereaux adorés la joie de se tenir la main durant le repas, je fais défiler les Story Instagram dans l'espoir de faire passer le temps.

Ludy et Brandon finissent par arriver main dans la main. Ludy a décidé de couper sa chevelure en carré ainsi que de teindre ses cheveux ginger d'une couleur chocolat qui lui va à ravir et qui se marie parfaitement avec son teint semblable à un délicieux café au lait.

Avec Brandon, de son teint un tantinet plus clair que celui de Jared, de ses yeux émeraudes et de ses cheveux noirs et bouclés, je peux affirmer sans craintes que mes amis sont beaux comme des mannequins !
   
Ces derniers s'assoient malheureusement à l'opposer de nous, faute de place. Et alors que je commence à lire un thread particulièrement intéressant sur Twitter, récemment appelé X - dans quel but ? Je ne sais pas. - sur un mec qui raconte comment il s'est, à peu de chose près, fait harceler par l'une des hôtesses de son hôtel lors d'un voyage au Mexique, une seule voix arrive à me faire sortir les yeux de mon iPhone.
   
— Hello, tout le monde.
   
Chinara.
   
Elle revêt un sourire amical mais timide.

Elle a l'air aussi sûre d'elle que gênée.

Et le contraste entre ses états d'âme me laisse un petit pincement dans le cœur, bien que je ne saurais dire pourquoi.
   
Pauvre de moi qui, quand je me mets à la lorgner de tout son long, cet organe ridicule qui commence à me soûler mais qui, malgré moi me permet de vivre, déboule, littéralement à mes pieds. Et là encore, mon cœur se fend d'une émotion qui je n'arrive pas à décrire et que je ne comprends pas moi-même.
   
Elle a maigri.
   
Je savais qu'elle s'était mise au sport. Sur Instagram, elle nous faisait part des différentes séances de sports mises en ligne par Chloe Ting qu'elle suivait.
   
« Allez, je me lance ! Et je commence par un "Weight Loss Challenge" je vous tiens au courant ! »
   
« J'enchaîne avec un "2 Weeks Shred Program" let's go ! »
   
« #OnLâcheRien »
   
J'en ai perdu le fil et elle ne montrait jamais vraiment son corps sur les réseaux. Quelques photos par-ci, par-là de son ventre qui était devenu plus plat et plus tracé mais rien qui aurait pu me confronter à cette perte de poids considérable.
   
Elle n'a jamais été en surpoids, loin de là. Elle était bien en chair à certains endroits et j'aimais ça. Elle était douillette comme un coussin sur lequel on a envie de dormir.

Aujourd'hui, son nouveau corps me laisse perplexe.
   
Et, putain, comment se fait-il que je ne l'aie pas remarqué cinq jours plus tôt ?
   
J'étais tellement focalisé sur ses yeux emplis de tristesse, sa bouche avide de me voler tous mes baisers et ses longs doigts partout sur mon corps que je n'ai à peine prêté attention au sien.
   
Et si je dois bien admettre qu'elle est ravissante, à en crever, c'est plus fort que moi, sa perte de poids me fait mal à l'estomac.

Il y a quelque chose de douloureux dans les traits de son visage fin, dans la découpe de ses clavicules bien trop saillantes, dans l'expression de ses bras quasi asséchés et surtout dans la perte de chairs dans ses cuisses.
   
La dévisager comme je le fais me donne presque mal aux yeux. Pourtant, je la trouve si belle, si envoûtante que j'en ai la bouche qui se vide de sa salive.

Sa beauté me fait mal.

De bien des manières.

Et pour couronner le tout, elle est habillée comme moi ! À quelques détails près.
   
Chinara revêt un pull sans manche oversize vert pâle en dessous duquel elle a enfilé un long t-shirt blanc. Elle porte une mini-jupe noire plissée dans un style qui rappelle les uniformes des lycéennes de manga. Sa jupe si courte dévoile ses longues jambes désormais fines et musclées. En ce qui concerne ses chaussures, j'ai presque envie de rire. On porte les mêmes. Sauf que ses boots Dr Martens ne sont pas vernissées alors que les miennes, si. Pour ce qui est des accessoires, elle ne porte qu'une bague en argent sur son petit doigt, des boucles d'oreilles de la même teinte, partout sur ses oreilles percées, un bijou en fer-de-cheval minuscule au niveau de son septum, ainsi qu'une sacoche transparente qui nous permet d'en voir la quasi-intégralité.
   
Voilà un autre sujet sur lequel on était d'accord, elle et moi. Les vêtements. C'est d'ailleurs comme ça que notre amitié a commencé.
   
« J'adore ton pantalon » m'avait-elle dit lorsque Liam nous l'avait brièvement présentée après son retour d'Espagne.

Ça nous avait fait marrer à elle comme à moi, ainsi qu'au reste du groupe car on portait le même. Ce qui m'avait fait le plus rire c'est que c'était un pantalon baggy de la marque Carhartt disponible au rayon homme.

Je me souviens encore qu'elle avait complété sa tenue d'un crop top bandeau blanc et d'une paire de Air Force One blanche. Et avec trois barrettes blanches de chaque côté de ses oreilles, permettant de mettre en arrière ses longues tresses ondulées d'une couleur rousse, je me souviens que je l'ai trouvée mignonne à en mourir.

Comment étais-je censé résister à sa bouille mi-femme, mi-enfant, sérieux ?
   
— Oh, Chinara ! Ça fait un bail. Viens t'assoir à côté de nous.
   
Alors que je me perds dans des souvenirs qui ne servent à rien, Logan, naturellement sociable, fait signe à Chinara de venir vers nous d'un mouvement de la main. Sauf que, quand je sonde les alentours, il ne reste plus qu'une place sur cette fichue table.

Et elle est à côté de moi.

Aussi, je remarque l'hésitation brève qui traverse les yeux sombres de Chinara avant de tout de même s'approcher. Elle prend place le plus naturellement du monde à mes côté tandis que je me décale vers Jared afin de lui frayer une place.
   
— Raconte-nous un peu ce voyage en Corée du Sud ! C'était comment ? s'exclame Logan.
   
Dans le brouhaha de l'espace privatisé et la vielle musique anglaise qui fait office de bruit de fond sonore au restaurant, Chinara élève légèrement la voix pour se faire entendre de toute la bande. Elle raconte ses expériences, bonnes comme mauvaises, au sein de la capitale mais je n'en retiens rien. Je suis trop déconcerté par son parfum de bonbons aux fruits rouges.
   
Je raffole tellement de la framboise que ça devrait être interdit. Qu'on me condamne pour consommation excessive de ce fruit et je plaiderais coupable sans chercher à me défendre !

C'est mon péché mignon. Et son odeur se balade juste là, sous mon nez, comme pour mieux me narguer. J'ai l'impression d'être un gamin puni, privé de dessert. J'aurais presque envie de chouiner.
   
— En tout cas, ça fait vraiment plaisir de te voir, entonne Hannah.
   
Chinara répond d'un petit sourire gêné. Elle est inévitablement l'une de ces filles aussi sociables que réservées. À la fois timide et extravertie.

Mais s'il est vrai que Liam nous l'a présentée il y a quatre ans de ça, Chinara n'a jamais été proche de notre bande.

Sauf de moi.
   
— Ouais, surenchérit Lylah, ça faisait un moment qu'on ne t'avait pas vu.
   
— C'est clair, répond Chinara d'un sourire amical, entre mon voyage d'échange et...
   
Sa phrase reste en suspens dans les airs et se met à flotter près de mes oreilles. Et si je prête attention à ses prunelles sombres, je parviens à déceler une émotion horrible au fond de ses yeux.

Pendant un instant, elle se perd entre culpabilité et tristesse. Elle porte la même œillade que lorsque je l'ai trouvé non loin de chez moi encore cinq jours plus tôt.

Heureusement, cet instant où ces vilaines émotions transcendent le regard de Chinara, se dissipe grâce à Logan, véritable maître dans l'art d'éviter les moments de blancs.
   
— Et le fait que Liam ne veuille te garder que pour lui, c'est difficile de sympathiser.
   
Mes amis se mettent à rigoler et je me joins à eux même si mes rires à moi sont colorés de jaune. Car la possessivité de Liam envers Chinara m'exaspère un peu.
   
— Tu dis ça, mais je te signale que t'es pareil avec Hannah, déclare Jared.
   
Et il a raison.

En effet, bien que Logan n'ait jamais réussi à se faire une place au beau milieu de l'amitié qui lie Jared à Brandon, il a tout de même réussi à créer une relation aussi bien loyale qu'inébranlable avec Hannah. On les renomme même « les jumeaux infernaux » au sein de la bande. Véritables chiens et chats, ils se comportent tels de véritables frères et sœurs et alors il faut s'accrocher car ils sont tout bonnement insupportables dès qu'ils commencent à se friper.
   
—  Et toi avec Brandon ! défend Hannah, en gratifiant son copain d'une tape sur l'épaule.
   
— C'est normal d'être possessif avec son cousin, non ? répond instinctivement Jared.
   
Il gratifie Hannah d'une pichenette sur le front.

Les rires et les conversations conviviales prennent place autour de la table. Chinara et moi y prenons part, sans jamais s'adresser la parole pour autant, ce qui, je dois avouer, est très déroutant.

Tant de questions me pourrissent le crâne.
   
Quelle est cette aura si différente qui émane d'elle ?
   
Pourquoi ne m'adresse-t-elle aucun mot ? Aucun regard ?
   
Et putain, pourquoi pleurait-elle, cinq jours plus tôt ?

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ça vous plaît ? ☺️
on oublie pas le daily commentaire et la daily petite étoile!
ça vous dirait de voir en image les amis de Nathan? 🤩
à très vite! pleins de bisous ❤️❤️