Chapitre 2

Chinara.

Au bout d'une dizaine de minutes, nous arrivons chez lui. Je sais que nous sommes seuls car la voiture de sa mère n'est pas garée devant le portail, auquel cas, j'aurais refusé de rentrer dans sa maison. J'ai tout simplement honte et peur de rencontrer sa mère.

Nathan et moi sommes plus que des amis mais tellement moins que des amants.

Rencontrer sa mère me mortifierait car je ne saurais comment me présenter. Et si Nathan devait le faire, je sais qu'il finirait involontairement par me blesser.

Ce dernier me traîne dans sa chambre, sans un mot pour moi et j'aimerais que son silence me mette mal à l'aise mais il n'en n'est rien. J'aime autant l'entendre parler que de partager un silence rempli de complicité avec lui.

Il me pousse dans sa salle de bain avant de me coller short, sweat à capuche et serviette dans les mains. Je me sens soupirer de tristesse lorsqu'il ferme la porte derrière lui et qu'il me laisse livrer à moi-même. Impatiente de le retrouver et refoulant en moi les raisons qui m'ont, dans un premier temps, emmenées dans ces lieux, je me mets en quête de prendre une douche.

Je me contemple d'abord dans la glace et analyse l'étendue du désastre. Du miroir d'où s'échappe des leds orangées, ma queue de cheval basse a rétréci de moitié à cause du contact de la pluie. Mes yeux sont si rouges qu'on dirait que je suis défoncée au crack et mon visage dépourvu de lait corporelle semble gris.

Avant d'essayer de sauver mon apparence, je saute dans la baignoire et m'abandonne dans une douche brûlante qui arrive à marquer de rougeurs ma peau en chocolat.

Une fois douchée et partiellement brûlée au niveau des clavicules, je m'enroule de ma serviette violette - la couleur préférée de Nathan, je ne peux m'empêcher de penser.

Je me détache ensuite les cheveux mais ne défais pas les deux nattes séparées d'une raie au-devant de mon visage et qui tombent jusqu'à mon cou. Je me saisis du sèche-cheveux afin d'étirer ma chevelure rétrécie et de les attacher de nouveau mais dans un chignon haut cette fois. J'imbibe mon visage de crème et abuse de la vaseline sur mes lèvres.

Mon apparence n'est pas au top, mais c'est déjà mieux que tout à l'heure. Je sais bien que j'ai l'air ridicule d'essayer de faire tant d'effort pour lui plaire. Mais c'est plus fort que moi.

J'ai envie qu'il me trouve jolie.

J'ai envie de lui faire de l'effet, de le déstabiliser autant qu'il me déstabilise, moi.

Plus que tout, j'ai envie qu'il regrette de m'avoir laissée partir sans jamais se battre pour nous donner une chance.

Sans jamais se battre pour moi.

Ne méritais-je donc pas l'amour passionné, l'amour dévoué du seul homme qui hante et tourmente sans relâche mes pensées ?

Mais ce soir, je sais que c'est peine perdue et de toute façon, le creux qui ne semble pas vouloir disparaître au fond de mon cœur est plus important que l'amour que ne me portera jamais le seul homme que j'arrive à aimer.

J'enfile son sweat à capuche noir de la marque Carhartt, son short de la même couleur dépourvu de marque apparente et grimace devant mes orteils dépourvus de vernis.

Lorsque je sors de la salle de bain directement reliée à sa chambre, mon être frissonne d'une émotion compliquée à définir.

Je frissonne, de tristesse et de nostalgie.

Je frisonne de soulagement et d'apaisement.

Je suis complètement paralysée d'amour alors même que je saigne de déception.

Il m'a brisé le cœur.

Alors pourquoi est-ce lui qui se trouve sur mon chemin, prêt à me faire tout oublier ?

Ses cheveux légèrement mouillés rebondissent sur ses oreilles au moment où il lève les yeux vers moi. C'est à ce moment que je me rends compte qu'il a coupé sa chevelure noire et ondulée qui lui arrivait en dessous de la nuque.

Il dresse dans ma direction des yeux tendres qui me font l'effet de balles tirées à bout portant. Ses yeux bridés par ses origines japonaises et thaïlandaises, aussi verts que marrons, me rappellent toutes les fois où je me suis perdue en eux dans des sentiments que j'ignorais être si dangereux. Son regard trompeur qui ment aussi bien qu'une bouche habile me laisse perplexe, me rend confuse.

Toujours en dévisageant les moindres parcelles de mon visage comme un trésor qu'il aurait perdu et longtemps cherché, il se lève et s'approche de moi, lentement, le torse nu.

Dans la lumière tamisée de sa chambre, son corps me semble presque flou, comme un mirage. Son corps svelte que j'ai touché et touché, dans lequel je me suis donnée puis abandonnée, est désormais sculpté d'une main de maître. Son teint qui, dans mes souvenirs est nappé d'un voile beige, presque rose, est aujourd'hui recouvert d'une couche de bronze qui imite à s'y méprendre l'emballage d'un bonbon au caramel.

Trois ans.

C'est le temps que nous avons passé loin l'un de l'autre et il a tant changé. En apparence du moins.

Seul son regard est identique à mes souvenirs. Ce regard qui semble envoyer un message énamouré, qui s'accroche à mes yeux avec douceur avant de dériver à mes lèvres de manière déchainée.

Il avance, je reste immobile.

J'aimerais reculer mais je suis complètement envoutée par son corps, irrémédiablement hypnotisée par ses yeux.

— Tes cheveux ont poussé, me dit-il en tirant l'une de mes nattes jusqu'en dessous de mes clavicules.

Il enroule mes cheveux autour de son indexe et la proximité dont il m'assène me laisse tout chose.

Je me sens lourde, j'ai le souffle court, ma bouche s'entre-ouvre malgré elle.

Beaucoup de temps a passé entre nous mais me voilà minable, misérable, toujours à la merci de son emprise.

— Et toi, tu as coupé les tiens.

L'assurance mesurée qui réside dans ma voix n'est qu'un leurre pour cacher la déchéance de mon esprit lorsqu'il lâche ma mèche de cheveux pour poser ses doigts sur mes clavicules dans de lentes caresses.

Ses doigts sur ma peau sont comme des griffures sur mon cœur.

C'est douloureux mais j'en veux encore.

Une caresse, il me détruit. Une caresse, il me guérit.

Nathan : ma douleur rédemptrice.

Si j'étais plus maline, je ne l'aurais pas suivie jusqu'à chez lui. Mais je suis une idiote.

Son amour n'a jamais su m'aimer, seulement me faire souffrir.

Encore et encore.

C'était toujours plus vexant, toujours plus blessant. Et des fois, je le trouvais méchant.

Un jour chaud, fougueusement dévoué à mon corps, à mon être, si brûlant de passion pour moi et rien que pour moi. Un jour froid, si froid que son indifférence me brûlait les doigts avant de me glacer le sang.

Un jour il m'aimait, l'autre jour je n'existais carrément pas.

Je suis tombée malade de son emprise sur mon être, de son empreinte sur mon cœur.

Je suis tombée et tombée pour ses belles paroles, pour ses promesses qui chantaient l'avenir d'une voix de miel.

Je suis tombée pour lui, le meilleur de ce qui le constitue et le pire, aussi.

Mais tomber, ça fait un mal de chien. Et on a tendance à l'oublier lorsque l'on tombe amoureuse.

Nathan se rapproche encore de moi, si bien que je sens son souffle rebondir sur ma bouche lorsqu'il se met à ricaner près de mon visage.

— Je vois que tu continues de prendre des douches si bouillantes, qu'elles te brûlent la peau.

Il se balade sur ma peau de ses deux mains désormais, tout en reniflant l'arrière de mes oreilles, son nez collé dans le creux de ma nuque qui se chauffe et s'échauffe à son contact. Puis, il empoigne fermement mes épaules, se redresse en face de moi et me gratifie d'un court massage dont je me délecte en fermant les yeux, me laissant pour dernière image sa bouche effrontément rose et pulpeuse.

Ici, près de lui, j'en oublie mes tourments. J'en oublie ma famille et tout simplement mes parents.

Ici, près de lui, j'ai envie de croire en l'amour et il a l'air de m'aimer.

Quand ses mains s'immobilisent de nouveaux sur mes clavicules, j'ouvre les yeux et tombe sur les siens. Une tension étrange demeure dans le fond de son regard tantôt vert, tantôt marron.

Il dirige ses mains le long de mes épaules une nouvelle fois. C'est toujours aussi lent, carrément pesant. J'ai du mal à respirer, du mal à penser avec ses mains sur mon corps.

Mes joues sont en ébullition. Mon teint ne me le permet pas et heureusement, sinon je sais qu'en cet instant, je serais rouge pivoine et je ferais voler en éclat mon air impassible.

C'est lorsqu'il finit par se saisir de mon visage comme d'un trophée et que, coincée entre ses mains j'ai de plus en plus de mal à feindre ne rien ressentir pour lui, que je soupire contre sa bouche dans un gémissement étouffé, à peine contrôlé.

— Je suis désolé, Nara.

Nara.

Dans sa bouche, mon surnom, sonne toujours différemment. Comme s'il me disait quelque chose d'intime, comme s'il me faisait une déclaration.

Mon surnom dans sa bouche est toujours enveloppé d'une douceur enamourée dans laquelle je me perds sans jamais réussir à trouver mon chemin. Ce n'est plus un surnom, c'est un sentiment. Une émotion si lourde de sens qui ne se définit plus que dans cette appellation qui me semble presque magique, prononcée par cette bouche si avide de me voler chaque recoin de mon cœur.

Du bout de ses lèvres, avec mon nom sur le bout de la langue, oui, j'ai l'impression qu'il m'aime. Passionnément. À la folie. Et pour toute la vie.

Mais l'amour éternelle n'existe même pas pour mes parents alors je ne me fais pas d'illusions.

Je sais qu'il ne m'aime pas.

Seulement ce soir, j'ai envie de faire semblant d'y croire. Je veux me noyer dans un déni qui, je le sais, finira par me blesser et me noyer dans la fausse promesse d'un avenir radieux à ses côtés. Car ses yeux ne me mentent que trop bien et moi, je suis bien trop faible pour pouvoir lutter. Pire, j'ai tout simplement envie de lui céder ma tristesse et ma frustration, de lui donner tout l'amour que je n'ai jamais réussi à faire disparaître pour lui.

Nathan s'empare de ma bouche et souffle sur cette dernière :

— Tu m'as tellement manqué. Ma Nara.

Je tombe pour ses belles paroles.

Je tombe pour sa voix grave et suave, nappée de velours.

Je tombe pour ses mains puissantes, aussi grandes que douces qui me caressent les joues avant de se laisser tomber près de mes hanches, me ramenant impitoyablement toujours plus près de lui.

Je retombe pour ses yeux habillés de passion, enveloppés de désir, recouverts de ce sentiment que je n'ai jamais su identifier mais qui toujours, enflamme mon être.

Je retombe amoureuse de Nathan.

Et dans ma rechute, je sais que je me casserais la figure. La première fois, j'ai sacrément douillé. Mais il faut croire que je n'ai pas retenu la leçon. Ou en étant honnête, je suis prête à me risquer à souffrir de nouveau, si c'est pour Nathan que je me saigne l'âme.

Nathan, le seul qui me connaît vraiment, car il est le seul pour qui je me suis autorisée à être vulnérable.

Le seul et le premier.

Le seul et le dernier.

La vulnérabilité, c'est trop dangereux pour la laisser battre entre les mains d'une personne méfiante envers ses proches et si fermée émotionnellement parlant que la réticence de ses propres sentiments finissent tôt ou tard par détruire ceux qui sont pourtant prêts à se battre corps et âme pour elle.

Corps et âme oui, et surtout corps et cœur.

Sauf que, malheureusement pour moi, je ne le savais pas avant de me frotter à cette expérience. Et si aujourd'hui, je suis drastique sur le fait de ne montrer aucune faiblesse à quiconque, avec Nathan, c'est différent.

Il me voit par-delà les airs durs que j'essaie de me donner. Il me connaît bien plus que cette fille un jour joviale, l'autre carrément bougonne. Cette fille plus ou moins populaire et carrément extravertie, qui ne garde que pour elle mais aussi secrètement que pour lui, toute sa peine et ses tourments. Toujours gentille et bienveillante envers mon prochain, j'oublie si souvent d'agir de la sorte pour moi-même, que ne plus avoir Nathan dans ma vie, pour me voir telle que je suis et me comprendre derrière tous les filtres que je dresse en moi, semblables à une carapace impossible à percer, a tout simplement fichue en l'air la chaîne d'équilibre de mon monde. Et maintenant qu'il est là pour la ressouder, je ne peux que succomber à l'appel de ses lèvres.

Nathan dépose ses lèvres charnues sur les miennes dans de tendres baisers.

Rapides.

Mouillées.

Intimes à en crever le cœur.

J'ai l'impression qu'il m'aime !

Il me presse par la taille de ses mains revendicatrices et me rapproche de lui si bien que je sens sa virilité se dresser contre moi. Ses baisers se veulent plus ardents. Sa langue se glisse dans ma bouche, je l'accueille de ma langue et me mélange à sa salive. Vite, on ne devient plus qu'une chaleur, qu'une chaire, qu'un seul et même souffle.

Je me perds en lui, bien peu soucieuse de ne jamais retrouver mon chemin. Je m'abandonne à son odeur d'amande qui me fauche le cœur et les jambes si bien que j'ai du mal à tenir debout. Les mains baladeuses de Nathan finissent par s'attarder sur mes fesses. La tendresse se fait vite remplacer par l'impatience. Son emprise s'intensifie, mon souffle s'accélère et mes bras s'abandonnent autour de son cou lorsqu'il me porte et m'enroule autour de sa taille avant de s'assoir sur le lit et de me faire assoir sur lui.

Il se dégage de me lèvres pour m'observer. Ses yeux d'un vert si foncé qu'il se confond avec le marron s'enfonce dans mon regard noir, se plante au creux de mon cœur fêlé. Et il me brise le cœur. Encore.

Son regard s'ancre dans le mien avec une telle intensité que j'ai tout simplement du mal à respirer.

Pour un regard, je manque un souffle, pour une œillade je n'inhale plus que l'air qu'il respire.

Je m'asphyxie de son odeur, ne trouvant rien d'autre à faire que de le regarder fixement moi aussi, comme s'il était la dernière personne que je pouvais contempler avant de rendre l'âme.

Dans sa chevelure noire et légèrement ondulée, rasée sur la nuque et tombant au niveau des oreilles, mes doigts se baladent le long de son crâne tandis qu'il n'a de cesse de décortiquer mon visage telle une œuvre d'art.

Ses yeux, étirés dans une nuance de brun et d'une émeraude rare à la teinte foncée, louchent férocement sur mes lèvres. Celles-ci s'entrouvrent malgré elles, réceptives aux demandes revendicatrices de son regard impitoyable. C'est à mon tour de trouver refuge au creux de ses lèvres avant de me fondre à l'intérieur de sa bouche. Plus je l'embrasse, plus ses mains se resserrent sur ma taille, plus mon entrejambe se chauffe et se chauffe avant de se liquéfier.

Je suis brûlante là où il est dur.

Je l'aime à en mourir même si lui ne m'aime pas.

Frustrée par mes propres pensées, j'ai envie de lui dérober ses sentiments, de lui voler son amour, de lui arracher de force jusqu'au dernier morceau de son cœur.

Je me dégage alors de ses lèvres gonflées par mes prouesses afin de déposer les miennes sur son oreille. Je la lèche sensuellement. J'en trace les moindres contours avec ma langue. Je la mords douloureusement et m'attarde particulièrement sur son lobe qui a l'air de lui faire autant de bien que de le rendre dingue.

J'embrasse son oreille comme si elle était sa bouche et il gémit de désir dans des râles et des soupirs qui se veulent mesurés mais qui ne me trompent pas. Je connais ses zones érogènes encore mieux que les miennes et je sais qu'en ce moment la douleur et la jouissance se confondent au travers de son érection.

Je ne me fais pas prier pour le toucher par-dessus son short. Mon index et mon majeur s'écarte juste assez pour accueillir et frotter son membre. Tout doucement d'abord, avant que je ne l'empoigne à pleine main et n'enroule son gland.

— Nara... Nara, tu me rends dingue.

La voix de Nathan si près de mon cou alors que je suis en train de baiser son oreille, me fait frissonner terriblement. Sa voix parcourt les moindres recoins de mon corps avant de se loger au creux de mon cœur et d'y laisser sa marque au fer rouge.

Nathan agrippe mon crâne de sa grande main. Impatience et tendresse se mêlent à ses doigts lorsqu'il amène mon visage en face du sien. Dans sa manœuvre, il me tire les cheveux. Mais ça n'est pas douloureux. C'est légèrement impétueux, presque brusque, comme s'il ne contrôlait plus son propre corps.

Nos regards se rencontrent, se heurtent avant de s'immobiliser et de s'ancrer dans les pupilles de l'autre. Mes yeux se figent d'une telle intensité dans les prunelles de Nathan que mes propres iris imitent à s'y méprendre les siennes. Je deviens vert-marron tandis qu'il devient noir.

Si noir, si sombre.

Et j'aimerais être effrayée par cette nouvelle aura qu'il dégage mais jamais plus qu'en cet instant je n'ai eu autant confiance en lui.

Dans nos corps entremêlés, dans mon cœur enchaîné au sien, il n'y a décidément rien à même de me faire sentir aussi vivante, aussi entière, tellement en sécurité.

Il se rapproche une nouvelle fois de moi. Lentement. Si lentement que j'ai l'impression qu'il bouge au ralenti. Plus les secondes défilent, plus mon cœur se fait lourd au fond de ma poitrine. Et c'est mon âme qui pèse une tonne lorsqu'il soupir sur ma bouche, presque soulagé de se mélanger une nouvelle fois à mes lèvres.

Pourquoi ?

Pourquoi dirait-on qu'il cherche depuis longtemps le calme résigné qu'il a l'air de trouver dans nos baisers ?

Pourquoi a-t-il l'air délivré d'un mal rongeur que lui aurait infligé notre séparation ?

Pourquoi me donne-t-il l'impression d'être heureux de me retrouver ?

Plus que d'être heureux, je le sens apaisé. Mais c'est lui qui m'a abandonné. C'est lui qui est parti. Tandis que moi, je suis restée là. À l'attendre, à le pleurer. À me triturer les méninges pour savoir où est-ce que j'avais fauté. À espérer et espérer qu'il me revienne et qu'il me dise m'aimer.

Alors pourquoi, Nathan ? Pourquoi avoir fermé le livre de notre amour si c'est pour m'embrasser de manière si désespérée ?

Mais loin de lui poser toutes ces questions ou de lui confier mes craintes, je l'accueille de mes lèvres, je lui rends son baiser. L'intérieur de ses lèvres me donne l'impression de caresser les pétales d'une rose rouge, ma fleur préférée. Nathan : la seule fleur dans mon jardin d'Eden que je veux mirer, sentir et caresser.

Bouches et langues liées, mêlées et entremêlées, notre étreinte se perd en souffles chauds et en gémissements incontrôlés. La passion n'aura jamais été aussi douce que les lèvres de Nathan sur les miennes. La délicatesse de sa langue au fond de ma bouche me chante l'amour à l'état brute, l'amour dans toute sa pureté. Et évidement, je me laisse bernée, je me laisse trompée. Je lui rends cet amour qui n'existe qu'à sens unique, finalement, car j'ai tout simplement besoin de lui.

Continue de faire semblant de m'aimer. Mens-moi encore plus fort... tu sais bien que mon amour se gorgera de tes fausses promesses et que je t'aimerais jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de mon cœur.

Nathan se saisit de ma nuque d'une main tout en laissant traîner son pouce sur mon oreille. Son regard de jade intense est recouvert par une ombre de désir. De ses yeux étirés s'échappent un message qui m'apparait aussi nettement que de l'eau de roche.

Il a envie de moi.

Et moi, je ne veux que lui... depuis si longtemps.

Son souffle saccadé me témoigne son impatience, sa bouche rose et gonflée m'accable de son envie presque primitive de me gouter, de dévorer tous les recoins de mon corps. Surtout ceux qui sont interdits.

Son autre main, jusqu'alors posée sur ma hanche, remonte le long de mes côtes, s'attardant entre mes seins dans de lentes caresses. Ses doigts, son touché, me font frissonner terriblement. C'est à mon tour d'avoir le souffle court, d'avoir les joues qui s'échauffent à son contact, le regard qui se voile en fixant ses yeux sur mon corps.

— J'ai envie de toi, Thany.

Les mots m'échappent. Je ne suis plus maître de ma bouche, complètement à la merci de mon corps. Mes pensées se dérobent sous mes lèvres sans que je ne puisse rien contrôler.

Et pour cause, je viens d'appeler Nathan par son surnom. Un surnom qu'il a en horreur si ce dernier est utilisé par d'autres personnes que sa mère. Nombreuses sont les fois où je l'ai vu se renfrogner lorsque certains de ses amis l'appelaient de la sorte. Il ne l'a jamais dit clairement, mais ses amis ont bien fini par comprendre le malaise dans lequel il se retrouvait sous l'appellation de ce surnom, alors ils ont tout simplement arrêté.

Un jour, moi aussi, j'ai eu le malheur de l'appeler ainsi. Et je peux le jurer sur ce que j'ai de plus cher : c'est ce jour précis, ce premier jour d'avril il y a quatre ans, que je suis tombée amoureuse de Nathan.

Malgré moi, je lui avais fait du mal. Car s'il m'a énormément blessée, je sais aussi que je ne suis pas toute blanche dans l'histoire de notre amour. Beaucoup de mal a été causé entre nous.

La maladresse dans l'amour écorche l'âme à vif et c'est sans compter le déni, la malhonnêteté et la fierté dont j'ai moi-même fait preuve.

Ce jour d'avril où l'on devait fêter son anniversaire, je me suis montrée si égoïste que ses yeux brisés par mes actes m'ont rongé de honte. Mais l'amour plus fort que moi, m'a dépossédé de mes boucliers d'orgueil.

Ce jour-là, précisément, ma vulnérabilité a pris le dessus sur moi et chaque jour depuis lors, je me suis battue pour retrouver l'ascendant sur elle en présence de Nathan, en vain.

Je l'ai appelé « Thany » dans un moment de faiblesse, et je suis tombée amoureuse de son expression figée sur moi.

Si je devais décrire l'amour, je la décrirais par la couleur qu'ont adopté ses yeux à ce moment-là. Ses yeux semblables à des saphirs verts corrélés à la perfection à cette nuance de brun presque rouge sang, m'ont fauché les deux jambes jusqu'à m'en faire tomber.

Je suis tombée pour cette couleur si particulière mais surtout pour le message qui s'y cachait.

Je t'aime.

Un message.

Un mensonge ?

Ses yeux exprimaient l'amour mais plus encore, la passion.

Son surnom sur le bout de mes lèvres, n'avait pas eu l'air de lui déplaire, au contraire. Pour moi, il l'acceptait. Pour moi et rien que pour moi. Il ne m'en a pas fallu plus pour que mon cœur se scelle à ce message dénué de mot mais parsemé de couleurs.

Lorsque je l'appelle « Thany », c'est comme lorsqu'il m'appelle « Nara ».

Dans sa bouche et uniquement dans la sienne, la résonance de mon nom est si belle qu'elle en fait presque mal.

C'est douloureux mais étrangement agréable. Ça fait aussi mal que ça fait du bien. Et alors, on en devient accro. Comme l'alcool ou la drogue, aussi bon que nocif.

Ce soir, alors que ce surnom si intime m'échappe et lui écorche le cœur, ne serait-ce qu'un peu, je ne suis plus maître de rien. Je lui appartiens. Je cède les rênes de mes actions à mon cœur et non plus à ma raison.

— Fais-moi tout oublier, mon amour.

Les pupilles de Nathan se dilatent comme s'il était envouté par mes mots. Sa main toujours enroulée autour de ma nuque me fait basculer en arrière sur le lit. Le voilà au-dessus de moi. Moi, encerclée par ses bras, lui noué par mes jambes.

Nous nous regardons un instant en silence. Seul le brouhaha causé par nos deux regards chargés de désir, se déchaînent dans sa chambre. Que peut-il bien me dire lorsqu'il me détaille de la sorte ?

Mince, j'ai vraiment l'impression qu'il m'aime !

Pourtant, je sais que le désir et l'amour sont deux émotions différentes bien qu'elles prêtent à confusion tant elles se ressemblent. Elles ont tendance à se mélanger jusqu'à fusionner, comme le miel et le lait ou alors à cohabiter tout en étant parfaitement dissociables, telles que l'huile et l'eau.

Le désir est Nathan.

Je suis amour.

Comment nous mélangerons-nous ?

Pas le temps de me poser plus de questions sur ce que nous représentons l'un pour l'autre finalement, Nathan et moi, que ce dernier glisse un doigt à l'intérieur de mon short, à la rencontre de mon clitoris. Son index, sur la partie la plus intime de mon corps me fait m'arcbouter en un instant. L'instant suivant, je me tortille sous lui dans des complaintes étouffées que je peine à garder pour moi, malgré le dos de ma main replié sur ma bouche.

Les larmes aux coins des yeux, je ne quitte pas Nathan du regard qui me fixe lui aussi, avide de me voler chacune des expressions que m'infligent ses doigts sur moi. Lorsqu'il plonge en moi, je me sens me liquéfier, littéralement. Je deviens du chocolat fondu et j'aurais presque honte de couler autant le long de ses doigts. Mais la respiration de Nathan s'accélère à la même allure que mes gémissements et je sais que mon désir pour lui, le rend malade d'excitation.

La cadence de son index et de son majeur augmente et alors que de son autre main il se met à jouer avec mon clitoris de nouveau, j'ai tout simplement peur de jouir, là, maintenant, trop tôt, sous ses doigts. Alors j'enroule son poignet, complètement à bout de souffle, les yeux voilés d'amour et de désir.

— J'ai envie de toi, Thany. Fais-moi l'amour.

Ou mens-moi l'amour.

Je prendrais ce que tu me donneras. Ce soir seulement, et ce pour la dernière fois, j'accepterais l'illusion de ton amour.

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alors? ça vous plaît? partagez-moi vos commentaires et laissez-moi une petite étoile 😊❤️

on se retrouve bientôt pour la voix de Nathan!! plein de bisous ❤️❤️❤️

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