14. Les effets d'une simple boisson ou les vérités cachées
Yves sortait complètement ivre de l'hôtel, ce qui aurait pu être le plus incroyable de sa part, si Ian et Natasha n'étaient pas avec lui en plus de celà. Ce trio aurait été infaisable en temps normal mais ce soir-là, c'était la quantité de vin ingurgitée qui était au contrôle. Eux, qui avaient partagé indépendamment de leur volonté la même table couraient en concorde à cet instant, riant aux éclats, vers un robinet qui se situait à quelques pas du bâtiment réservé aux employés. « Vous croyez qu'on nous a vus ? demanda Yves à ses deux condisciples.
— Tant pis si..., si quelqu'un nous a vu ! dit Ian avant de se pencher pour boire l'eau du robinet. Je suis près à courir... Tous les risques... Juste pour éviter de rester une minute de plus à une fête aussi..., rasoire !
— Ouais, on en n'a rien à foutre ! s'écria Natasha, qui lui fit recracher un peu du liquide qu'il avait en bouche, en leur donnant à tous ce fou rire qui dévoilait leur état d'ébriété.
— On dirait que j'aime beaucoup plus cette version de toi Natasha ; avouait Ian, qui se calma pour un moment. J'aime beaucoup plus aussi cette version de toi, Yves !
— Hein, pou-pourquoi ? bégaya celui-ci.
— Eh bein parce que, d'habitude, Monsieur a l'air coincé ! déclara étourdiment la fille. »
Le premier à avoir parlé rigola une fois de plus. Yves eut l'air choqué. « Ah ! s'exclama-t-il en saisissant la cravate bordeaux sur son cou. Comme ça j'ai l'air coincé hein ? » Il l'enleva et la jeta sur l'herbe. « Okay vous,... vous allez voir si je suis vraiment aussi coincé que vous le prétendez ! » Ian et Natasha le virent soudain retirer progressivement sa veste en fredonnant un air de jazz qu'il essayait, tant bien que mal, de rendre sexy. Leur surprise fut telle qu'ils s'assirent par terre tous les deux, l'un à côté de l'autre. « Whoaaaaaaaw, fit Ian, tu pourrais m'apprendre à faire ça aussi ?
— Je savais que tu ne savais pas danser ! réaffirma sa voisine. » Débarrassé de l'habit et après l'avoir lancé au sol, Yves ouvrit petit à petit les boutons de sa chemise. Cependant, lorsqu'il l'ôta également, ne restant qu'avec son marcel, les deux voyeurs eurent un second fou rire, celui de Natasha étant plus moqueur que de bon cœur. « Qu'est-ce qu'il y a ? l'intérrogea-t-il en écarquillant les yeux.
— T'as pas de muscles ! s'esclaffa-t-elle en posant son crâne sur l'épaule d'un Ian hilare.
— Je-J'en avais..., j'en avais avant !
— Oui mais là t'en as pas ! » Il sembla vexé par sa réaction. « Tu es peut-être sexy quand tu danses, poursuivit-elle, mais en vrai tu es ridicule ah-ah !
— Hé je ne te permets pas de dire que je suis ridicule, dit-il en titubant vers elle.
— C'est pourtant la vérité, tu devrais te voir ! »
Énervé, Yves avait fixé Natasha durant quelques secondes — elle qui était prête à s'allonger sur l'herbe tellement qu'elle riait — avant de se jeter sur elle et de l'embrasser, impétueusement. Les sourcils froncés, Ian s'était arrêté de rire. « Mais qu'est-ce qui te prend ? fulmina-t-elle en repoussant le jeune effronté.
— J'ai..., toujours eu envie d'essayer ! annonça celui-ci en ricanant comme un fou, indignant de plus en plus celle sur qui il avait posé ses lèvres.
— Tu n'es qu'un sale con Yves !
— Avoue que c'est tout c'que tu voulais Natasha ?
— Maintenant ça suffit Yves tu t'en vas, le gronda Ian en se levant.
— Quoi ? » Ian le bouscula si violemment qu'il chancela et atterrit sur le dos contre la pelouse. « Va-t-en ! », reprit-il furieusement. Yves les foudroya du regard puis ramassa ses affaires. Sans la reboutonner, il reporta sa chemise en se tenant debout afin de partir. « Et puis tu ne sais même pas embrasser ! » ajouta Natasha. Mais il ne se retourna pas pour chercher à répliquer. Il les laissa derrière lui, aussi grisés que lui-même l'était.
Célia et Léo se tenaient en face à face, à l'entrée de la salle où se passait encore la fête. « Je suis contente d'être tombée sur toi Léo, dit-elle. La soirée m'a paru beaucoup plus agréable tu sais ?
— Ça m'a plu à moi aussi de te revoir, Célia. Et si cet Yves ne se décide pas à revenir vers toi, ça voudra dire qu'il ne voit pas du tout la chance qu'il aura perdue.
— Et, tu l'as tiré de quel film ce discours ? plaisanta-t-elle.
— Tu sais que c'est énervant ce genre de taquineries ? répliqua-t-il en riant, la prenant amicalement dans ses bras. Allez bey, et joyeux anniversaire une dernière fois !
— Merci Léo. » Elle lui fit un signe de la main, après qu'il l'eût relâchée, et il le reproduisit également à son intention avant de s'en aller.
Dirigée vers l'escalier, et revivant encore leurs retrouvailles, Célia fut inopinément intriguée par un individu en chemise noire et en pantalon bordeaux. Elle ne le voyait que de dos, mais il lui semblait familier. Pourtant, elle commença à sourire toute seule. « C'est vraiment pathétique, se dit-elle, je suis tellement hantée par l'image d'Yves que je finis par le confondre avec un pauvre ivrogne ! » Juste ultérieurement, elle prit conscience qu'elle ne s'était pas trompée et, sans hésiter, elle grimpa rapidement les marches dans le but de l'aider à le faire. « Tiens, bredouilla Yves, salut Beauté tortureuse !
— Yves qu'est-ce que tu fais dans cet état ? l'intérrogea-t-elle en le dépourvoyant de la veste qu'il avait sur ses bras.
— Dis-moi une chose Célia, c'est vrai que je ne suis plus aussi musclé qu'autrefois ?
— Mon Dieu, tu es complètement ivre ?
— Ne réponds pas à ma question par une autre question ! haussa-t-il le ton. Dis-moi si c'est vrai que... Que mes muscles,... ont totalement pris la poudre d'escampette !
— Tais-toi s'il te plait Yves, murmurait Célia en regardant autour d'eux. On pourrait t'entendre, imagine ce que dirait Monsieur Éric ou Madame Winnie s'ils te voyaient comme ça ! Allez viens je t'emmène jusqu'à ta chambre.
— Et d'ailleurs, c'est qui ce « d'escampette » ? Et c'est quoi cette poudre ? » Elle eut l'air gênée, mais ne renonça pas pour autant à porter secours au jeune homme.
Célia passait avec Yves devant chacune des portes du couloir — celui des chambres qui leur avaient été attribuées — pour qu'il puisse se souvenir de celle qui lui appartenait. « C'est celle-ci. » déclara-t-il indistinctement. Heureusement pour lui, son accompagnatrice sut très bien le comprendre. Elle tourna la poignée et par chance, la chambre n'était pas fermée à clé. Elle le fit entrer en premier et ils marchèrent ensemble tout droit vers le grand lit. « Mets-toi là, je vais allumer la lumière. » lui suggéra-t-elle, en lui remettant sa veste et en le poussant à s'assoir. Pendant qu'elle allait en quête de l'interrupteur, Yves retira sa chemise et son marcel, époumoné par son enivrement rouquin. « J'ai chaud ! » se plaignit-il. Quand elle alluma la lumière et qu'elle l'aperçut, Célia pivota une nouvelle fois en direction du mur d'en face. « Qu'est-ce qu'il y a ? éructa l'engourdi.
— Rien ; répondit-elle les yeux baissés, allant lentement s'installer auprès de lui. En... Enlève tes chaussures maintenant. »
Sa recommandation s'avéra finalement inutile puisqu'elle exécuta elle-même cette tâche à sa place. En silence, il la voyait défaire chaque lacet et ne put résister longtemps à la tentation : il se rapprocha, se pencha, et il posa ses lèvres sur la colonne vertébrale de Célia. Elle s'arrêta de bouger. « J'ai plus qu'envie d'être avec toi ce soir ! » lui chuchota-t-il à l'oreille. Et tandis qu'elle se redressait, il voulut l'embrasser sur la bouche mais elle virevolta la tête ailleurs. Frappé par sa réaction, il prit tout d'un coup un air confus, fixant les draps du lit sur lequel ils étaient assis en tandem. « Natasha avait raison, soupira-t-il tristement. Je suis ridicule, et je ne sais pas embrasser.
— Attends, balbutia-t-elle, tu as embrassé Natasha ? » Il demeura muet environ dix secondes, regrettant sûrement d'avoir parlé sans réfléchir. « Tu es beaucoup plus culotté quand tu es ivre on dirait ! » renchérit la jeune fille. Elle se leva et elle se dirigeait vers la porte, lorsque celui qu'elle venait de raccompagner la rappela : « Célia, débutait-il, c'est parce que je n'ai plus le même physique qu'avant que tu n'as pas voulu accepter mes avances à l'instant ? » Celle-ci fit demi-tour pour mieux le voir, et il l'observait intensément. « Certaines choses peuvent changer mais je crois qu'au fond nous sommes toujours les mêmes, répondit-elle. Je n'ai plus dix-huit ans, mais je continue de garder les mêmes principes qu'à l'époque et toi aussi. D'ailleurs, j'en suis convaincue. » Elle se retourna puis ouvrit petitement la porte. « Tu es peut-être moins calme avec un coup dans le nez, concluait-elle, cependant je sais que tu restes quelqu'un de bien au fond de toi et que tu t'en voudrais si je permettais qu'une telle chose se passe entre nous ce soir. Endors-toi Yves, on parlera mieux demain matin ! » Elle quitta la chambre. Pensif, Yves se reprochait peut-être à lui-même sa conduite, et ce malgré l'effet que le vin avait eu sur lui, sans savoir que Célia était encore près de la porte. « Pourquoi ce sont toujours les filles qui doivent se montrer fortes ? » se demandait-elle alors, les lèvres largement étirées et l'air songeuse.
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