7. Les désavantages de la solitude
Yves entamait maintenant une troisième journée depuis sa dernière discussion avec Célia. Devant le bâtiment des garçons, il était plongé dans un autre dilemme : aller la voir et lui dire qu'il avait eu tort de vouloir faire une pause, ou continuer sur le chemin vers lequel il s'était engagé. Comme à chaque fois, il semblerait qu'il eût choisi la seconde option. Il se leva de son siège et marcha sans se préoccuper de tous ces regards autour de lui. Malgré ce laps de temps qui s'était écoulé, les gens parlaient encore de Nathy et lui. De plus, le fait qu'il l'ait défendu avait apporté à ses détracteurs de nouveaux moyens de confirmer leurs propos. Il aperçut Célia, un peu plus loin, et manifesta une expression triste sur son visage. Cependant elle changea très vite quand arriva près d'elle un garçon élancé à la peau d'ébène, défavorisé par la nature mais pas assez pour qu'Yves ne pût pas s'inquiéter de leur proximité. Comme dans le but d'attiser cette inquiétude, Célia fit une bise un tantinet suspecte, sur la joue de l'étudiant, qui posa ensuite l'un de ses bras autour de son cou. Yves était jaloux, - quoiqu'il n'eût pas réagi - , les fixant avec appréhension. Ils partirent ensemble et simultanément, un groupe de quatre garçons bouscula le jeune témoin.
- Regarde où tu vas pédé ! s'écria l'un d'entre eux.
- C'est plutôt toi qui devrait regarder où tu vas connard ! répliqua-t-il, sans même les observer un instant.
- Il a dit quoi ce mec ?
Celui qu'il avait insulter l'obligea à lui faire face et le frappa d'un coup de poing. Les trois autres l'attaquèrent également avant qu'il ne pût se défendre. Yves se sentait impuissant et, au lieu de l'aider, ceux qui étaient là encourageait au contraire les vrais fautifs, qui finirent par lâcher l'affaire et partir. Ça n'avait duré que quelques secondes mais ce fut suffisant pour laisser des marques, et pas que sur sa figure ; en plus des petites égratignures, son être intérieur avait été taché par quelque chose de bien aussi blessant et humiliant : le sentiment de ne plus rien valoir aux yeux de tout le monde.
Sans attendre une seconde de plus, il se releva et décida de marcher en direction du bureau du chef de l'établissement pour se plaindre.
- Hm ! fit ce dernier une fois qu'il fût assis devant lui, quelques minutes plus tard. Et... Pourquoi vous ont-ils attaqué ?
- Ce n'est pas le plus important monsieur, ce qui doit être pris considération c'est le fait que je ne sois plus tranquille depuis un moment. Je ne suis plus à l'aise ; et pas que moi, mais mon colocataire aussi.
Le directeur l'examina après cette déclaration.
- Ce ne serait pas vous l'un des deux garçons qui..., s'interrompit-il, enfin j'ai eu vent d'une certaine rumeur qui...
- C'est un mensonge ! le coupa-t-il, perspicace.
- Donc, vous savez de quoi je veux parler ?
- Je le sais parfaitement, monsieur.
- Et..., ça veut dire que vous êtes l'un des deux concernés ?
- Oui monsieur ; affirma-t-il à voix basse, légèrement gêné.
L'homme en face de lui le dévisagea, en silence, avant d'avoir un rictus qu'il essayait de prétendre vouloir dissimuler. « Je crois que je ne peux rien faire pour vous, déclara-t-il, désolé. » Le jeune homme fut choqué par cette réaction, devinant très bien les pensées du chef de l'établissement. Il n'avait pas l'intention de lui venir en aide, c'était évident.
Yves sentait tellement déçu, froissé, fatigué, et de mauvaises humeurs, qu'il n'alla pas en cours et resta allongé dans sa chambre, le regard dirigé vers le plafond. Il se remémorait tout ce qui s'était produit en si peu de temps, de sa rencontre avec cette Gloria, l'arrivée de Lilly, le début des problèmes par sa faute entre Célia et lui, et surtout cette rumeur qui lui gâchait la vie. Il avait l'air de se demander pourquoi tout ceci lui était arrivé uniquement à lui et pour quelle faute il était en train de payer. Il n'aurait jamais imaginé auparavant qu'il se sentirait à ce point seul au monde un jour. Il prit son téléphone et dans le répertoire, il chercha le numéro de son père. Il chercha ensuite celui de sa mère, et enfin celui de sa sœur. Yves se rendait compte qu'il avait besoin de quelqu'un à cet instant-là. Il était tellement pensif qu'il ne réagît pas lorsque la porte s'ouvrit. Il se disait certainement que ça ne pouvait être que Nathy. Pour lui, un inconnu ne serait pas directement entré. « Je savais que tu n'étais pas en cours ! » démarra Lilly. Yves sauta à terre, comme s'il avait vu le diable en personne, debout devant cette intruse qui se permit même de tourner la clef introduite bien avant son apparition dans la serrure.
- Va-t-en Lilly, je suis fatigué aujourd'hui et j'en ai par dessus la tête de te répéter à chaque fois la même chose ! s'exclama-t-il.
- Tu sais, reprit-elle en ignorant l'ordre qu'il lui avait donné, j'ai l'impression que tu me plais encore plus dans cette tenue.
Il devint tendu. Elle s'approchait de lui, à pas de loups. « J'aime, ajoutait-elle, la façon dont ce haut noir moule parfaitement ton buste viril, j'aime... Ces écritures blanches qui le mettent en valeur, et j'aime aussi tes bras laissés à découvert par ces manches courtes. » Elle n'avait pas eu besoin d'avancer encore plus car Yves fut à quelques centimètres d'elle après avoir fait trois enjambées ; mais les choses ne se passèrent pas comme elle l'aurait voulu : des deux mains, il la prit par le dos pour la reconduire vers cette porte fermée. Elle essaya de résister, mais il était déterminé. Toutefois, arrivée à la porte, Lilly fit volte-face et s'y cogna si fort qu'il craignit qu'elle se soit fait mal. Elle le fixa, baissa les yeux, puis les releva en souriant.
- Hmmm, et ce jogging noir te rend aussi très très intéressant on dirait ? lâcha-t-elle.
- Sors d'ici Lilly !
Il voulut ouvrir, mais elle ne le laissa même pas toucher la clef vu qu'elle l'empoigna. Lilly remonta ensuite tout doucement ses doigts pour caresser son avant-bras avec et Yves eut le réflexe de reculer. Elle en profita alors pour faire quelque chose auquel il ne s'attendait pas : sa robe tomba lentement et comme ses chaussures, la nuisette qu'elle portait sur elle était d'un rouge presque sang, comme celui qui bouillonnait en elle. Yves se retourna en se cachant les yeux.
- Qu'est-ce que tu fais ? Rhabille-toi s'il te plait !
- Regarde-moi Yves, dit-elle en le suivant. Hoche la tête et je pourrais être à toi !
- Je t'en prie Lilly, arrête et rhabille-toi !
- Et si je ne le faisais pas ? Ce n'est pas la première fois que tu me vois aussi... Galante ! As-tu oublier ces photos ?
Il garda sa main droite devant son visage, semblant aussi vouloir s'empêcher d'y penser.
- Ces photos, je te les avais envoyées pour te faire plaisir tu sais ? le charmait-elle.
- Tu n'as aucune pudeur !
- Dis ce que tu veux, néanmoins je suis sûre que même si tu ne les as pas vraiment regardées, certaines ont eu le temps de faire irruption dans ton esprit. Je sais, je te plais...
Proche de lui, elle n'hésita pas à enlacer le pauvre garçon. « ...Et je le sens ! » poursuivit-elle en passant la main sur une partie bien précise de son anatomie. « Laisse-moi ! », hurla-t-il avant de courrir sans réfléchir. Il revint sur son lit, croyant éviter ainsi ce presque viol ; mais Lilly était tenace. Elle s'aggripa sur son dos, le faisant tomber en avant sur le meuble. Yves tenta de toutes ses forces de se débarrasser d'elle mais elle se retrouva complètement étendue sur le matelas. Il fut donc emprisonné par la jeune fille, qui attrapait ses épaules pour qu'il ne s'échappe pas. « Lilly, se plaignait-il, ne m'oblige pas à te faire du mal en me défendant ! » Malgré le fait qu'il l'écrasait presque avec son dos, elle lui enlevait déjà son dessus. Alors, de la porte, un nouveau bruit se fit entendre...
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