4. Les deux filles


  Yves rejoignait les autres joueurs, déjà rassemblés au milieu du terrain, tandis que dans les gradins Corinne, elle, allait légèrement bouleversée vers une de ses amies, en robe noire sans bras et un chignon sur la tête, qui l'attendait. Elle s'assit à coté d'elle.

- Pourquoi tu voulais qu'on vienne ici Corinne, dit-elle plaintivement, le soleil me pique !
- J'avais quelque chose à faire.

Son amie suivit son regard et lorsqu'elle aperçut Yves, parmi les joueurs, elle se retourna de nouveau vers la jeune métisse.

- Ne me dit pas que tu es venue voir le bizuth de l'autre fois ? s'étonna-t-elle.
- Évidemment Gloria ! répondit sans ambages Corinne tout en observant le jeune homme.
- Tu es dingue Corinne ? C'est vrai qu'il est peut-être mignon, mais il a l'air... Je ne sais pas ! Il a l'air de ne pas être du tout ton genre !
- Et c'est quoi mon genre ?
- Je dirais fêtard ; mais lui il a l'air sage, raisonnable,... Ennuyeux pour quelqu'un comme toi. En plus, il se pourrait même qu'il ait au moins deux ans de moins que nous !

Gloria rigola sans se cacher après avoir dit ceci.

- Arrête Gloria ! Et même si c'est le cas ; j'ai l'impression qu'il pourrait assurer.
- Quoi ? s'écria celle-ci. Tu veux dire que...
- Je veux ce mec ; certifia Corinne en pivotant enfin vers elle, une étrange détermination se lisant instantanément dans ses yeux.
- Bon, ce n'est pas comme si c'est la première fois que tu flashes sur un type !
- Mais c'est la première fois qu'on me repousse !
- Tu as essayé de l'avoir ? s'étonna-t-elle encore plus.
- Je suis allée le voir dans les vestiaires tout à l'heure, je l'ai embrassé en lui disant que j'avais envie de lui, et j'ai même commencé à retirer ma blouse ; mais il m'a demandé de me rhabiller et de sortir. J'ai essayé de lui faire changé d'avis, mais il a ouvert la porte et m'a fait signe de quitter la pièce. C'est presqu'un manque de respect ça Gloria !
- Il veut juste te faire croire qu'il n'est pas intéressé pour voir jusqu'où tu es prête à aller. Ne fais pas attention à lui et oublie-le ; selon moi, tu mérites mieux.

Corinne sembla raisonner un assez long moment, retournant peut-être dans tous les sens les mots de son amie.

- Tu as raison Gloria, dit-elle finalement.
- Bien ! fit cette dernière.
- Mais avant, je vais d'abord lui faire comprendre que je ne suis pas n'importe qui, moi !
- Tu penses à quoi encore toi ? lui demanda Gloria en souriant.

Corinne fit aussi un sourire mais contrairement à celui de son amie, le sien était espiègle.

L'entrainement était terminé et les joueurs commençaient à se diriger vers les vestiaires. Corinne et Gloria se mirent à les suivre discrètement. Yves, qui parlaient avec les autres, ne les avait pas vues. C'est alors qu'il sentit quelqu'un lui donner une petite tape sur le postérieur. Avec surprise, il se retourna ; mais les deux étudiantes étaient déjà en train de s'enfuir en riant. « Qui y'a-t-il Yves ? », demanda Gabriel qui, comme tous les autres, n'avait rien vu. Yves ne dit rien d'autre, déboussolé par ce geste.

  Yves se doucha et, sans dire au revoir à ses co-équipiers, prit le chemin qui menait vers sa chambre. Comme depuis un certain temps, il trouva son lit encore défait. « Je vais le tuer ce gars ! » dit-il, exaspéré. Au même moment, l'objet de sa pensée entra sans prévenir. Il l'observa avec un air calme presque forcé, puis se jeta à l'eau : « Euh..., Nathan ?», l'appela-t-il ; mais Nathy ne répondit pas, agissant comme s'il n'y avait personne. « Nathan ? » répéta le jeune homme à l'intention de celui qui déposait tranquillement son sac sur son lit.

- Je te parle ! cria Yves soudain, au bord de la colère.
- Je te l'ai déjà dit, répondit l'autre sur un ton presque similaire, c'est Nathy !
- Tu me pousses vraiment à bout !
- Qu'est-ce qui te prend ? J'ai le droit de vivre ma vie comme je l'entends ; et si tu ne m'aimes pas, tant pis !

Il claqua des doigts après avoir parler.

- Écoute, lui dit Yves, je n'ai rien contre les garçons comme toi, et je me fiche d'avec qui tu sors ou de qui tu aimes alors que ma religion désapprouve clairement ce que vous faites ; j'accepte même que tu écoutes tes chansons en dansant comme tu le fais, mais toi tu ne me rends pas le même respect que je te donne on dirait. À chaque fois que je rentre, mon lit est toujours défait contrairement au tien !
- Et alors ? Que je n'aie aucune visite juste parce que monsieur le décide ?

Yves ne s'attendait pas à cette réponse. « Tu es vraiment maniaque, garçon, pousuivit Nathy en se rapprochant lentement pour le taquiner. Et on dit que c'est moi la folle ! » Yves cessa de se maitriser. Il ferma le poing et lui donna un coup qui le fit tomber sur son lit comme si c'était une tornade qui l'y avait poussé.

- Mon mec Stevy te fera la peau ! s'écria-t-il en pleurant. Tu verras !
- Vas te faire..., hurlait son assaillant avant de se reprendre finalement. Et puis zut ! Tu en as sûrement l'habitude de toute façon !

Flanquant son sac au fond de la garde-robe qu'il avait choisie le premier jour, et toujours habillé des mêmes vêtements, Yves ressortit.

Dans le couloir, son téléphone sonna et il décrocha immédiatement :

- Allô !
- Yves, c'est Célia.
- Célia ?
- Oui. J'ai eu ton numéro par Gabriel ; expliqua-t-elle, faisant sans le savoir grimacer son correspondant. Tu n'as pas oublié le rendez-vous j'espère ?
- Euh, fit-il en se frottant le front. Je me sens un peu fatigué là et...
- Ah D'accord. Je comprends. Ce n'est pas grave !

Il eut à cet instant-là de la peine d'entendre de la déception dans sa voix.

- Tu sais quoi, annonça-t-il finalement, j'arrive.
- Oh..., tâtonnait la jeune fille. Et,... tu ne te reposes pas ?
- Je t'ai dit que je viendrai et c'est ce que je vais faire.
- D'accord Yves. Je t'attends ; notifia-elle, toute joyeuse, avant de vite raccrocher.

Sur le moment, et sans le vouloir, Yves repensa à Corinne. « Ah ! Qu'elle s'en aille au diable celle-là ! » formula-t-il en partant d'emblée pour son rendez-vous avec Célia.

De retour sur le terrain de basket, le jeune homme se mit à chercher des yeux celle qui l'avait appelé. Il marcha jusqu'au centre, sans la voir, lorsqu'il entendit quelqu'un criait « Yves ». Il se tourna vers les gradins et l'aperçut, presqu'en haut, sur la troisième ligne. Elle était belle et joyeuse, sa chevelure volumineuse totalement ouverte et habillée d'une robe top de couleur blanche qui se terminait à quelques centimètres des genoux et couverte partout de dizaines de trèfles bleus si clairs qu'il était difficile de les remarquer du premier coup d'œil. Il y'avait sur l'une des chaises à coté d'elle deux sacs en papier kakis contenant sûrement de la nourriture qu'elle avait apportée. Un sourire se dessinait sur les lèvres d'Yves à la vue de cette jeune fille aussi charmante que magnifique et il se mit à monter dans le but de la rejoindre.

- Contente de voir que tu es venue en mode décontracté ! dit la jeune fille en le scrutant de la tête aux pieds.
- J'aurais dû m'arranger un peu ? demanda Yves, inquiet.
- Pas du tout Yves, fit-elle en souriant. T'es beau comme ça ; et moi-même je ne suis pas vraiment sur mon 31 !

Célia avait un regard de petite fille très attendrissant ; si attendrissant qu'il séduisait le jeune Yves, sans pour autant qu'il n'eût commencé à s'en rendre compte lui-même.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top