3. Le début des ennuis


  Yves sortait du bar, toujours dans son petit uniforme, en compagnie de Corinne. Celle-ci, habillée d'une blouse de couleur rose au niveau la poitrine et blanche de cette partie-là à ce bout qui touchait déjà son pantalon noir, le détaillait attentivement pendant qu'ils marchaient côte à côte. Il l'avait déjà remarqué mais n'osait rien lui dire, ayant sans doute encore le sentiment d'avoir été ridiculisé.

- Alors, commença-t-elle, ta mère ne t'a même pas appris à dire un petit merci ? Elle n'a rien fait à mon avis !
- Désolé ! Merci ; dit Yves sans la regarder droit dans les yeux.

Elle continuait toujours de l'observer. « Je ne sais pas pourquoi ça me fait cet effet, reconnut-elle finalement, mais j'ai l'impression de te trouver très sexy dans cet uniforme d'écolier ! ». Yves fut surpris.

- Un homme n'est pas aussi timide ! reprit-elle, amusée, en le stoppant dans sa marche.
- Je n'suis pas timide ! s'écria presqu'Yves en la regardant comme s'il était en colère contre elle, ce qui pouvait être le cas.

Corinne eut l'impression de ne pas comprendre.

- Pourquoi tu t'énerves contre moi ? Ce sont mes amis qui t'ont bizuté ! Je suis aussi en première année comme toi !
- Oui, je sais.
- Alors arrête de me faire la gueule à moi, dit-elle mielleusement. Je suis ton amie !
- Désolé, je ne peux pas être ami avec une fille qui boit et qui a en plus de ça de si mauvaises fréquentations !
- Okay, tu me fais la morale là ? se fâchait-elle.
- Tu t'es bien permise de sous-entendre que ma mère ne m'a pas bien éduqué ; j'ai donc aussi le droit de dire que la tienne a fait pareil, vu la personne que t'es devenue !

Corinne le gifla, ne l'ayant vraisemblablement pas supporté. Yves était surpris par sa réaction, tout comme elle se sentait furieuse et insultée. Il était planté là, en train de la voir reprendre finalement seule le chemin et s'en aller sans avoir ajouté quoi que ce soit.

En entrant dans sa chambre, Yves ne trouva pas Nathy. Cependant, son lit à lui était presque défait. « Qu'est-ce qu'il a fait sur mon lit celui-là ? » se dit-il avant de s'y asseoir néanmoins, encore avec cet uniforme ridicule sur le dos. Il repensa à ce qu'il venait de dire à la jeune fille et il se remémora également la gifle, cette gifle qu'il sentait encore sur sa joue. « Je suis vraiment un crétin ! pensait-il encore. Evidemment que je l'ai blessée, même si c'était sans le vouloir ! Corinne, étrange Corinne. »

  Quelques jours venaient de s'écouler. Yves, comme tous les jeunes de son genre, ne tarda pas à se faire des amis qui le ressemblaient quelque peu : sportifs, déterminés et, à la fois, dôtés d'une assez bonne éducation. Il n'avait plus reparlé à Corinne depuis le soir du bizutage, mais il voulait malgré tout s'excuser auprès d'elle pour ce qu'il lui avait dit. L'université recherchait des nouveaux membres pour son équipe de basket et Yves avait eu l'idée de se proposer. Il se dirigea vers le terrain, son sac à dos derrière lui, mais ne trouva bizarrement pas beaucoup de « potentiels joueurs » à l'intérieur de la salle où avait lieu les inscriptions ; il alla donc derrière la fil d'attente et pas moins de deux minutes plus tard, son tour arriva.

À l'extrémité de l'une des tables des recruteurs était assise Célia, revêtue d'un t-shirt blanc qui laissait voir son ventre et d'un jean déchiré. Elle avait aussi un pull bleu sombre, dont la tirette ouverte permettait de voir le dessus qu'elle portait. Quand elle vit Yves, elle fut surprise. Il la regarda et elle lui sourit. Le jeune homme se contenta de lui faire un signe de la main, qu'elle reproduisit, et se pencha pour noter son nom sur la liste.

- Tu voudrais devenir toi aussi joueur pour l'équipe de l'université ? lui demanda la jeune demoiselle.
- Oui, répondit Yves.
- D'accord ! Tu as bien fait d'après moi ; je trouve que t'as une tête de basketteur... Ne le prends pas mal hein ?

Elle se mit à sourire encore plus.

- Merci ; dit-il, paraissant la trouver adorable.
- En fait Gabriel, fit la jeune fille à l'intention de l'un des deux garçons auprès desquels Yves s'était inscrit, vous commencez quand les entrainements ?
- Samedi. Ça sera de treize à seize heures et demi ; dit-il avant d'ajouter : note ça Yves !
- D'accord, fit également celui-ci.
- Et note aussi le fait que je te donne rendez-vous juste après à dix-sept heures, mais dans les gradins ; proclama Célia.
- Whoaw ! Ce sont les filles qui donnent des rencards maintenant ? s'écria l'autre garçon.
- C'est une première en Afrique ! ajouta le nommé Gabriel en riant.
- Vous pouvez la fermer vous deux ? dit-elle en souriant malgré elle, avant de se tourner vers celui qu'elle avait invité. Alors, Yves ? C'est bien Yves non ? Moi c'est Célia !
- C'est que..., commençait en hésitant le jeune homme.
- Tu n'as pas le choix mec ! redit Gabriel. Soit tu acceptes, soit elle te forcera à accepter.

Yves eut un charmant sourire, involontaire, alors que la jeune fille le suppliait presque avec un autre qui, à l'inverse, n'aurait donné à personne l'envie de l'effacer de son visage.

- D'accord, abdiqua-t-il. Je viendrai.
- Cool ! s'enthousiasma-t-elle. On se retrouve donc samedi à... Five o'clock p.m ! Okay ?
- Ça marche ; dit-il avant de se retourner.
- J'ai hâte d'y être ! lui cria-t-elle.

Pendant que les deux garçons se moquaient d'elle et qu'elle les menaçait du regard, Yves s'en allait, amusé. « Quelle fille vraiment délurée ! »

Le lendemain, Célia passa près de lui dans la salle de cours et le lui rappela : « Samedi ? », « Samedi », répondit Yves en souriant. Le jour qui suivit, elle le croisa dans le corridor et lui dit encore « Seize heures ? », « Seize heures », répéta Yves, toujours amusé. « Non ! C'est dix-sept heures, monsieur j'oublie tout ! » fit-elle, toujours joyeuse. Yves eut l'impression de s'être fait avoir et commença à rire seul. Elle le mettait de très bonne humeur, si bien qu'il n'était plus trop énervé les nombreuses fois où il rentrait et découvrait du désordre sur son lit ; désordre causé par son colocataire.

Le jour de l'entrainement arriva. Yves, qui avait opté pour des vêtements réservés spécialement pour ce type de journée, - entre autres un maillot blanc et un survêt noir - , allait en direction du terrain quand il croisa Gabriel, le capitaine de l'équipe.

- Salut !
- Salut ! répondit Gabriel. En fait, Célia m'a demandé de te rappeler votre rendez-vous de cet après-midi.
- Ah ! souffla Yves, le sourire aux lèvres.
- Elle ne t'agace pas j'espère ?
- Elle a l'air d'avoir un bon fond au moins !
- Je la connais depuis un bail, et je n'aimerais pas la voir souffrir. C'est mieux de le dire maintenant si tu n'es pas à l'aise. Tu me comprends ?
- T'inquiète Gabriel.
- Okay. On t'attend !

Ils se séparèrent.

Yves entra dans le vestiaire et retira sa veste noire, se préparant à commencer l'entrainement, quand il entendit quelqu'un frapper. Il fut surpris et arrêta tout mouvement. Un joueur serait directement entré ! Qui cela pouvait-il être ? Il laissa son sac sur le banc qui se trouvait devant lui, retourna vers la porte, et l'ouvrit. Quelle surprise encore plus grande : il s'agissait de Corinne.

- Co... Corinne ? fit-il en la découvrant.
- Je t'ai vu entrer par ici, expliqua la jeune fille.

Ne l'ayant pas revue depuis la nuit du bizutage, Yves eut l'intention d'en profiter pour s'excuser. « Écoutes, débuta-t-il calmement, je voulais m'excuser pour... » Corinne se jeta sur lui et l'embrassa fougueusement, le faisant même reculer jusqu'au banc. Yves, qui ne s'y attendait pas, la repoussa machinalement.

- Qu'est-ce qui te prend ? s'écria-t-il.
- Tu me rends folle, déclara la jeune métisse. Je n'arrive pas à te sortir de ma tête. Je veux t'avoir. Allez, laisse-toi faire !

Elle commença à essayer de lui enlever son débardeur, mais il l'en empêcha : « Arrête ! Je... » Corinne se mit alors à retirer doucement sa blouse beige : « Aucun garçon ne m'a parlé comme tu le fais, chuchota-t-elle en gardant les yeux rivés sur lui. Aucun garçon ne m'a fait l'effet que tu me fais. Tu ne veux pas profiter de cette chance que je t'offre et que beaucoup rêveraient de connaître ? » Yves resta silencieux, la bouche entrouverte, en train de regarder cette fille qui était à deux doigts d'ôter complètement son haut...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top