Les pierres hurlent contre les flancs de la voiture et je sens mon âme brinquebaler, le visage à moitié écrasé contre la vitre sale du véhicule.

Le jour est depuis longtemps levé, et Yoongi ne s'est toujours pas arrêté;
Il continue sa route, l'esprit imperturbable, les yeux fixés sur l'horizon.

Je n'ai pas dormi. Je n'y suis pas parvenu.
La ceinture m'étouffait trop et la climatisation ne fonctionnait pas. Pourtant, il faisait froid dehors.

J'ai juste fermé les yeux, et j'ai écouté la litanie bruyante de la pluie contre le pare-brise durant de longues heures.
Maintenant, il fait beau.

«— Regarde moi ce soleil, quelle plaie, souffle Yoongi.

— Il ne vous a rien fait.

— Il n'aime pas nos ailes. Il essaye de les brûler.

— Comme Icarus ?

— Exactement. Mais Icarus, personne n'était là pour le réveiller de son trop long rêve qui l'a fait se noyer dans la mer.

— Nous non plus, nous n'avons personne.

— Si, Mort.

— Vous l'avez déjà vue ?

— Observé, oui. Mais elle ne m'a jamais parlé.

— Est-elle belle ?»

Il hausse les épaules;
«— Tout autant que nos ailes.

— Nous avons une vision bien différente de nos plumes.

— C'est vrai. Il grince, serrant le volant de ses mains blanches. Il a un tatouage sur chaque doigts. Le mot "rouge" s'y inscrit en grandes lettres noirs.

— Pourquoi ce tatouage ?

— Parce que mon Monde est rouge. Les étoiles saignent, la lune aussi, mais pas le soleil. Lui, il est bleu. Et je n'aime pas le bleu.

— Et vos ailes ?

— Quoi, mes ailes ?

— De quelle couleur sont-elles ?

— Bleues aussi. Je les hais.

— Moi, je les vois rouges, tout comme les miennes.

— Les tiennes sont belles, Taehyung. Moi, elles sont laides et essayent d'avaler mon âme à chaque instant.»

Je soupire, il se tait. La voiture trace notre chemin vers le bord du Monde.