chapitre quatre
L'automobile se gare sur une aire d'autoroute déserte où le vent ne souffle pas. Je me demande depuis combien d'années personne ne s'y est arrêté.
Je sors de la voiture en premier, Yoongi suit. Mes muscles sont engourdis et ma langue, pâteuse contre mon palais.
Nos pas écrasent le ciel lourd qui nous étouffe tandis que nous rentrons dans une petite supérette miteuse.
La clochette de cuivre sonne à l'entrée du magasin où le vendeur lit le journal. Il ne lève pas les yeux de son occupation.
Je m'approche. Dans la tasse à ses côtés, le café se glace. Sa main est crispée sur le papier et une odeur de pourriture emplit la pièce exiguë.
Elle vient de lui.
Yoongi passe derrière le comptoir et pousse le cadavre au sol.
«Depuis combien de temps ? je murmure, par peur de troubler le sommeil éternel de l'homme.
— Je dirais deux jours au moins. Personne n'est passé ici et ne l'a vu avant nous. Sûrement une crise cardiaque,» il énonce, froid.
Je m'enferme dans un mutisme protecteur et il fouille le corps, en retire un paquet de Malboro puis se redresse, un peu tremblant.
«— Ça ne te fait rien de toucher un mort pour le voler ?
— Plus maintenant.»
Je ne sais pas si le ton qu'il à employé était ironique au point que le sérieux envahisse sa voix, mais il me fait peur et je recule d'un pas.
Il n'y fait pas attention, sort son zippo rouge et allume l'une des cigarettes, puis me tend l'autre. Je secoue la tête.
«— On ne refuse pas les cadeaux de Mort, elle pourrait se mettre en colère.» Il insiste, le paquet rouge et blanc s'agite devant mon nez.
Je lui arrache presque des mains et l'allume, un peu furieux, mais trop peureux pour dire non.
Dans notre dos, le cadavre du vendeur nous maudit.
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