Chapitre 1
L'ANGE ÉTRANGLEUR A ENCORE FRAPPÉ: UNE QUATRIÈME VICTIME!
Mia Sanders regarda en soupirant le journal, sur lequel s'étalait en gros caractères, le titre qui assombrissait son début de journée.
Cette affaire de meurtres qui sévissait dans la région depuis plus d'un mois prenait de plus en plus d'ampleur.
Elle prit une gorgée de son café et se mit à lire l'article.
~~
L'Ange Étrangleur fait de nouveau parler de lui.
Une quatrième victime a été découvert hier dans un parking de grande surface,de bonne heure par un gardien .
Il s'agirait de la fille du riche homme d'affaires Gregory Farkes, Melia Farkes.
Elle a été retrouvé comme les victimes précédentes, étranglée et mutilée au visage.
Mais qui est donc l'auteur de ces crimes horribles?
Peter Pett, le chef de la brigade chargé de l'affaire témoigne: "la quatrième victime confirme nos hypothèses, il s'agit bien d'un tueur en série. Nous avons de fortes chances de penser qu'il s'agit d'un jeune homme. Son mode opératoire est particulièrement sanglant. Il étrangle les victimes puis les mutile au visage d'un sourire, communément appelé "Sourire de l'ange" dans le langage urbain.
Nous pouvons déjà constater que les victimes sont des femmes très belles âgées de 18 à 25 ans, et le tueur se met à l'attaque toutes les semaines environ. Donc il est très probable qu'il attaquera de nouveau très bientôt. Nous recommandons à tous et surtout à toutes de rester très vigilants et de sortir accompagné le soir. C'est tout ce nous avons pour l'instant."
Melia Farkes, la nouvelle victime, était mannequin et sa beauté avait déjà séduit bon nombre de célibataires.
Son père et sa famille lui rendent un dernier hommage ce jeudi à l'église Saint Matthew.
La rédaction adresse à la famille ses plus sincères condoléances.
~~
S'ensuivait alors une longue série d'articles sur des précédentes affaires de tueurs en série, et Mia reposa le journal.
Les médias s'étaient emparé de l'affaire dès le premier meurtre, celui de Camilla Delaurie.
Une jeune fille de bonne famille retrouvée étranglée et horriblement mutilée faisait bien évidemment couler beaucoup d'encre.
Et le phénomène s'était agrandi dès les deux meurtres suivants.
Ainsi le tueur avait été prénommé l'Ange Etrangleur par l'opinion publique, un macabre clin d'oeil à la mutilation dont il gratifiait les victimes.
L'affaire terrifiait la région et Mia avait remarqué que les gens étaient plus craintifs et apeurés.
En même temps il y avait de quoi: un meurtrier courait les rues.
Plongé dans ces réflexions, Mia sentit alors deux bras l'enlacer.
-Bonjour, chuchota une voix rauque contre son oreille.
Mia sourit et fit face à son compagnon Dylan Richardson.
-Bonjour.
Le regard de Dylan tomba sur le journal et il lâcha un grognement:
-Sale affaire hein? Cela fait froid dans le dos.
-Effectivement, répondit-elle en grignotant sa tartine.
Puis elle regarda sa montre et s'exclama en finissant son café:
-Je dois y aller! Je vais être en retard! Bonne journée!
Elle claqua une bise rapide sur la joue de son petit ami et après avoir pris ses affaires, s'en alla de la maison.
Quelques temps après, elle arriva à l'établissement de Saint-Carsons.
A l'entrée la réceptionniste, une jolie rousse l'accueillit:
-Bonjour Mia!
-Bonjour Emma, comment vas-tu?
-Bien! Tu as vu? Il y a eu un quatrième meurtre! C'est vraiment flippant cette affaire.
Emma refit sa queue de cheval et ajouta en claquant de la langue:
-En tout cas, je ne sors plus seule le soir! On sait jamais.
-Tu n'as pas entendu? L'Ange Étrangleur ne s'en prend qu'à des filles très belles! Alors rassure-toi, tu ne risques rien, ricana une autre voix.
Il s'agissait de Cameron Montgory,un de ses collègue psychiatre, un bel homme métisse qui prenait un malin plaisir à taquiner la réceptionniste rousse.
-Cameron, toujours aussi aimable, répliqua la réceptionniste.
Le jeune homme la gratifia d'un sourire narquois puis reporta son attention sur Mia:
-Oh Bonjour Mia!
-Bonjour Cameron.
-De qui tu t'occupes aujourd'hui? demanda le métisse en regardant le papier que tenait Mia à la main.
Elle regarda son emploi du temps et répondit:
-Je dois aller voir Ashton Hood et Penelope Willis puis j'ai une séance de groupe.
-Ashton? Le petit blond aux lunettes? Ce gamin est vraiment adorable.
La jeune femme de 21 ans hocha la tête en signe d'accord. Puis elle remarqua que son petit bavardage menaçait d'empiéter sur son planning.
-Je dois y aller. Bonne journée.
Il hocha la tête et lorsqu'elle partit, celui-ci lui donna une tape amicale sur l'épaule.
Enfin, il retourna embêter Emma.
Mia Sanders parcourut les longs couloirs de l'établissement psychiatrique, ses petits talons claquant le sol.
Puis elle s'arrêta à la cellule nº 26 et après en avoir composé le code d'accès, elle entra dans la petite pièce.
Cette dernière était baignée de soleil.
Mia était persuadée que cela ne pouvait qu'aider les patients.
Ashton Hood, son patient, était attablé l'air concentré, à dessiner.
-Bonjour Ashton, dit chaleureusement la jeune psychiatre. Comment vas-tu?
Le jeune homme de 18 ans sursauta de surprise et remit maladroitement ses lunettes rondes.
-Bon- Bon-jour Mi-Mi-Mia, bégaya le jeune blond en souriant avec hésitation. Je-Je vais bi-bien.
Mia lui retourna son sourire et s'assit sur l'autre chaise de la pièce
-Je suis contente alors. Que dessines-tu aujourd'hui? demanda-t-elle.
-Un-un champs de-de fl-fleurs, articula péniblement le jeune adolescent.
Il lui montra son dessin et Mia put apercevoir, esquissé à la perfection un magnifique champs de fleurs.
On aurait presque cru croire qu'il suffisait de tendre la main pour sentir leurs doux touchers.
Ses lèvres s'incurvèrent en un sourire. Elle savait que le dessin aidait beaucoup le jeune homme à s'en sortir.
Comme tous les patients ici, Ashton n'était pas fou. Il avait seulement besoin d'aide.
Et elle s'efforçait de le faire du mieux qu'elle le pouvait.
Ashton n'avait pas eu une adolescence facile.
Victime d'un bégaiement avancé, doublé d'une timidité maladive, il avait été le souffre douleur de ses camarades de classe durant toute sa scolarité.
Tant et si bien qu'un jour, Ashton avait dérapé et avait tué un de ses plus virulents intimidateurs d'un coup de fusil.
Ce dernier avait succombé à sa blessure peu après son transfert de l'hôpital.
C'était triste et Mia savait que le remord rongeait aujourd'hui le jeune homme.
-C'est vraiment magnifique Ashton.
-M-Merci Mi-Mia, répondit timidement Ashton.
Elle sourit et laissa le jeune homme continuer son oeuvre.
Puis elle inspira et demanda la question habituelle:
-Ashton, est-ce qu'il est revenu?
Ashton se raidit et ses yeux clignèrent rapidement.
-N-non, pa-pas aujourd'-hu-hui.
-Bien.
Il désignait l'intimidateur d'Ashton.
Le jeune bègue rêvait régulièrement que sa victime revenait hanter ses nuits.
Elle regarda attentivement le jeune homme et dit:
-Il faut que tu le combattes Ashton. D'accord?
Il hocha rapidement la tête et continua son dessin
Cela faisait plusieurs jours qu'il n'était pas venu.
C'était bon signe.
Au début, les calmants et les médicaments ne résolvaient rien.
Mia avait alors découvert que le dessin avait des vertus thérapeutiques plus intéressantes et plus efficaces.
Et le jeune homme se remettait peu à peu de ce jour sombre.
Mia remarqua alors que la séance touchait à sa fin.
-Je dois y aller Ashton.
Elle se leva et croisa le regard déçu de son patient.
-Je reviendrai bientôt Ashton. D'accord?
Il hocha la tête rapidement et remit ses lunettes.
-Au re-revoir Mi-Mia.
Elle sourit puis quitta la pièce.
Elle rangea le dossier d'Ashton et prit alors celui de sa patiente suivante: Penelope Willis.
La jeune fille était arrivée récemment et Mia était au stade de la découverte.
Elle parcourut de nouveau les couloirs de l'établissement et arriva devant la cellule nº 47.
Et comme avec Ashton, elle composa le code d'accès et entra dans la pièce.
Celle-ci était aussi illuminé de la splendeur solaire.
Penelope Willis était assise au sol à jouer avec ses doigts.
Elle leva la tête au moment où Mia referma la porte.
-Bonjour Mademoiselle Sanders, dit la jeune fille de 16 ans.
Penelope Willis était à ce jour une des plus jeunes patientes de Saint Carsons.
Et Mia ne pouvait s'imaginer ce que devait être de passer son adolescence entre quatre murs.
-Bonjour Penelope, comment vas-tu?
La jeune adolescente haussa les épaules:
-Ça peut aller.
Puis elle se leva avec difficulté en tâtonnant le mur près d'elle.
Lorsqu'elle fut debout, Penelope dégagea sa longue chevelure et Mia put voir ce qui la touchait toujours autant: les yeux bleus très clair, presque blancs de la jeune fille.
Elle ressentit une bouffée de pitié l'éteindre lorsqu'elle se remémorait le passé de Penelope et les raisons qui l'avaient amené à Saint Carsons.
Penelope attacha rapidement ses cheveux et demanda à Mia:
-Où est la chaise s'il vous plaît?
Mia sortit de ses pensées et s'exclama:
-Je suis désolée, tiens, elle est là, répondit-elle doucement en prenant le poignet de l'adolescente malvoyante pour qu'elle puisse s'asseoir.
Penelope tressaillit au toucher mais se laissa faire.
Mia s'assit près d'elle et murmura:
-Je t'ai amené ça.
Mia prit un objet rectangulaire enveloppé dans du disque et le mit dans les mains de la jeune fille, qui le tâtonnait l'air concentré.
-C'est un disque de musique? s'exclama Penelope le ravissement dans la voix.
Mia lui répondit par l'affirmative puis introduit le disque dans un lecteur de CD portable.
Une douce mélodie se propagea dans la pièce et les premières notes qui s'élevèrent, semblèrent apaiser la jeune Penelope.
-Merci Mia. J'aime cette musique, la Moldau de Smetana?
-Oui, c'est bien ça, répondit Mia en souriant largement, même si Penelope ne pouvait le voir.
Les deux femmes se turent pour laisser la musique s'immiscer dans leurs pores, parcourir leurs veines et enfin faire frissonner leur sens.
C'est dans cette atmosphère presque féerique et irréelle que Mia se décida à poser ses questions:
-Alors Penelope, qu'a dit l'infirmière?
Penelope tressaillit et déglutit:
-Je ne suis pas enceinte.
-Et comment prends-tu cette décision? demanda doucement la jeune psychiatre.
-Je suis soulagée. Je n'aurais pas supporté de porter l'enfant de mon...
Penelope s'arrêta et sentit des sanglots lui monter aux yeux:
-Tu n'es pas obligée de continuer Penelope, s'exprima la jeune fille
La lèvre inférieure de Penelope se mit à trembler et soudainement la jeune malvoyante se mit à hurler, couvrant ainsi la mélodie qui continuait toujours.
-Penelope calme-toi! S'exclama Mia en voulant la prendre par les épaules.
Mais Penelope se dégagea violemment et s'écria en pleurant:
-Non, non s'il te plaît! ! Ne me frappe pas ! Je vais le faire! S'il te plaît!
Voilà que la jeune fille de 16 ans divaguait et s'imaginait être devant son agresseur, constata Mia en voyant que l'adolescente se mettait à genoux et tentait d'arracher sa blouse.
Mia appuya sur un bouton qui se trouvait dans chaque cellule, en cas d'urgence.
Aussitôt une équipe de trois personnes accoururent, et se chargèrent de calmer l'adolescente toujours en train de pleurer et hurler.
Un des infirmiers lui administra rapidement une dose de tranquillisants, calmant ainsi Penelope qui s'endormit.
Mia remercia les infirmiers et sortit en soupirant de la cellule.
Elle regardait le corps de Penelope qui s'éloignait en direction de l'infirmerie alors qu'elle se perdait dans ses pensées.
Les séances pouvaient basculer à tout moment et il n'était pas rare que les patients réagissent mal lors des séances.
Elle ressentit de nouveau une bouffée de tristesse et de peine envers Penelope, violée par son propre frère.
Et ce dernier avait commencé cette horreur dès que Penelope avait eu 13 ans, profitant lâchement de l'handicap de la jeune fille.
Penelope avait un jour, poussé à bout, commis l'irréparable...
Mia inspira fortement et se dirigea dans la salle des employés pour prendre son déjeuner.
Dans l'après midi, elle tint une séance de groupe sur un thème simple et enfantin: les couleurs.
Et enfin sa journée se termina et Mia Sanders rentra chez elle, épuisée.
Mais elle ne regrettait pas cette fatigue car elle était le fruit d'un travail qu'elle appréciait en dépit de sa difficulté.
Elle sourit néanmoins à la perspective du lendemain, son jour de congé.
Elle serait tranquille et apte à se reposer pleinement.
Elle eut une pensée fugitive pour Penelope et son humeur s'assombrit.
Mais celle-ci se dispersa légèrement à la vue des progrès fulgurants d'Ashton.
Penelope avait juste besoin de temps.
De beaucoup de temps.
Et ces sur ces pensées que la jeune brune succomba à l'appel envoûtant du sommeil.
_______________
Voilà pour le premier chapitre.
Il ne s'agit que du premier chapitre, aussi le manque d'action immédiate est normal.
J'ai seulement mis en place le cadre et l'atmosphère de l'histoire.
J'ai beaucoup hésité avant de publier cette histoire.
Ce qui m'en a donné l'idée est un reportage sur les mineurs criminels.
La pensée de ces personnes m'a fasciné et aussi ignoble que cela puisse paraître, j'ai parfois compati avec le meurtrier.
Le cas d'Ashton, par exemple, est un cas réel.
A quelques détails près.
Un jeune homme s'est fait harceler au collège et il a un jour pété les plombs et a ouvert une fusillade dans son école.
Ce cas m'a marqué et m'a incité à en découvrir davantage.
Je me suis beaucoup informé sur la psychologie de criminels, sur leur profil et sur le vocabulaire typique de ce milieu.
Juste pour vous dire que je me suis documenté sur le sujet et que bon nombre d'informations sont véridiques.
Je n'y vais pas en "touriste" même si mon travail demeure celui d'un amateur.
Et ainsi est né cette histoire.
Ainsi que ce premier chapitre.
J'espère qu'il vous aura plu.
N'hésitez pas à commenter car je m'aventure dans un nouveau terrain et j'aimerais avoir des avis.
Merci pour les 1,2 K!
uneenviedecrire.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top