L'Ange et le Vieil Homme

Alors qu'on lui tendait l'Immortalité, le Vieil Homme fixa les mains ouvertes de l'Ange qui lui faisait face. Jeunes, lisses, sans aucunes marques d'usures.

Dans leurs creux se trouvait l'Immortalité. 

Il contempla alors ses propres mains, frêles et endommagées par le Temps. Il osa les approcher de celle de l'Ange afin de les prendre dans les siennes. Il leva ensuite ses yeux en plongeant son regard grisâtre dans celui azur de l'Ange. 

Le Vieil Homme souriait, affichant glorieusement les signes de sa vieillesse. Il secoua sa tête de droite à gauche en signe de négation, sans effacer son sourire, et referma les mains de l'Ange, refusant à jamais ce que ce dernier lui offrait.

« La Mort » Dit-il. « La Mort est ce qui donne un sens à la Vie.

Pardonne-moi mais je ne peux pas accepter. J'admire ceux qui, comme toi, font le choix de vivre éternellement mais c'est là un acte auquel je ne pourrais jamais consentir.

Malgré mes erreurs et mes fautes passées, malgré ma souffrance et mes regrets, la Vie m'est trop précieuse pour que je décide de l'abandonner à l'Immortalité. C'est peut-être égoïste de ma part de faire le choix de mourir un jour et d'oublier ainsi mes tourments mais, même si je les assume, je ne veux pas porter le poids de mes fautes éternellement.

Je veux...

Je veux pourvoir tout oublier et disparaître un jour dans l'infinité de l'Univers, retourner à la poussière qui m'a vu naître. Si sombre et inconnue que soit la Mort, elle ne me terrifie pas autant qu'une Vie qui ne voit pas de Fin. Une Vie éternelle à servir des personnes qui n'en serons jamais rien pour la plupart et qui, pour d'autre, haïrons ce que je suis et ce que je fais.

Je ne peux pas et j'en suis désolé car, je le sais et je le conçois, je ne suis qu'un Humain. Égoïste, arrogant, avide et je ne saurais me servir de ce pouvoir pour protéger.

Non.

Je m'en servirais pour causer du tort et me venger de ceux qui m'ont opprimé, de ceux qui m'ont blessé aussi bien physiquement que mentalement. Pour leur rendre toute la souffrance qu'ils m'ont fait endurer durant le temps où je les ai haïs.

C'est pourquoi mieux vaut que ce pouvoir soit tient plutôt que mien. »

Sur cette dernière phrase du Vieil Homme, l'Ange lui sourit et embrassa tendrement son front ridé. Il déploya ensuite ses ailes pour s'envoler jusqu'aux Cieux, contemplant une dernière fois le Vieil Homme.

Ce dernier, le sourire aux lèvres et des larmes coulant sur ses joues, usées d'avoir déjà tant pleurée par le Passé, disparu dans un nuage de poussière s'éparpillant aux grès des Vents provoqué par le battement des ailes immaculé de l'Ange.

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