Chapitre XXXII
Je ne restai que quelques heures dans ma chambre avant de ressentir la faim. Gwenaëlle était assise dans la cuisine, la tête sur ses mains. Je posai une main dans son dos et elle sursauta à peine. Elle se redressa et me serra dans ses bras. Elle avait senti que j'en avais besoin. J'enfouis mon visage dans le creux de son cou.
- Je ne sais pas ce qui se passe Sey, mais reste forte.
J'hochai la tête et elle me relâcha. Les paroles de mon frère résonnaient dans mon crâne comme une douce mélodie, sauf qu'elles m'achevaient petit à petit.
Vous allez vous détruire.
Pourquoi disait-il ça ? Je ne voulais plus y penser, pourtant, impossible de l'oublier. Je voulus manger mais me ravisai. J'avais perdu l'appétit de nouveau. Longtemps, je regardai l'horloge de la cuisine. Puis je me relevai de ma chaise et pris ma veste dans le couloir avant d'ouvrir la porte d'entrée et de m'enfuir dehors. Je pris ma voiture et conduis jusque chez Haziel. Je me garai devant sa maison et toquai à la porte.
Il m'ouvrit directement et son regard mêla surprise et tendresse. Je ne tardai pas à entrer à l'intérieur. En allant dans le salon, je sus que mon frère n'était pas là. Les deux garçons avaient dû se disputer après mon départ.
- Qu'est-ce que tu fais là, Halsey ? Demanda Haziel, appuyé contre le mur.
Je devais avoir une mine affreuse. Je ne m'étais plus regardée dans un miroir depuis une éternité. Quand je pleurais, j'avais les yeux gonflés, les joues rouges. Vraiment pas belle à voir.
- J'aimerais qu'on parle. Une bonne fois pour toute.
J'arrêtai de fixer le mur et me tournai vers lui, les bras le long du corps. Il haussa un sourcil et m'indiqua le canapé du doigt. Je m'assis sur le bord et l'ange en face de moi.
- Pourquoi on se détruirait ? Qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans ?
Pas un seul instant, il ne détourna les yeux.
- Du sang d'ange coule dans tes veines.
Je fronçai des sourcils.
- Et ? J'en ai à peine comparé à Jacob.
- Sauf que tu en as plus qu'une personne normale qui n'a qu'un seul parent céleste.
Ce qui faisait que j'avais plus de gène d'ange que la moyenne. Et peut-être plus de pouvoirs, si je suivais le raisonnement de Haziel.
- Nous sommes trop puissants l'un l'autre, acheva-t-il de dire d'une voix plus basse. Ce qui détruirait l'un de nous deux, surtout si tu continues ton entraînement. Dieu a instauré cette règle il y a des siècles mais je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à maintenant.
Je ne savais pas quoi dire. Ma salive était restée bloquer dans ma gorge. Je ne pouvais tout de même pas arrêter mon entraînement. J'avais une mission. J'avais tout prévu. Absolument tout.
- Tu proposes qu'on arrête notre relation ? Soufflai-je en espérant avoir tort.
Je voulais devenir bien plus forte mais en même temps, je voulais Haziel. J'avais enfin réussi à mettre un mot sur ce que je ressentais pour lui. Et nous étions déjà séparés avant même qu'on puisse parler de tout ça.
Le regard de l'ange était sans équivoque.
- Oui Halsey.
J'avais l'impression d'étouffer dans cette maison. Ça me faisait mal au cœur de l'entendre dire une chose pareille mais j'étais aussi soulagée qu'il pense aussi à moi.
- Tu continueras ton entraînement et nous ne serons plus que des amis.
Je ne décelais rien dans ses yeux. Aucun regret, plus aucun amour. Pouvait-on arrêter d'aimer en l'espace de quelques secondes ? Pour lui, c'était le cas mais pour moi...ce serait bien plus compliqué.
- Est-ce que je peux rester chez toi cette nuit ?
Il acquiesça sans me poser de question. Si je devais l'abandonner, alors je le ferais en douceur. Il ne verrait rien quant à ma douleur.
♦
- Ta garde, Halsey ! Me dit calmement Haziel.
Ses yeux rivés dans les miens, je notai un faible mouvement de sa part. Avant qu'il ne puisse bouger un seul petit doigt, je le désarmai en sautant sur lui, faisant d'abord un saut en boule qui me fit atterrir derrière lui. Il n'eut pas le temps de se retourner. J'enroulai mes jambes dans son dos, alors qu'il se contorsionnait. Je lui bloquai mes bras et attrapai son poignard qu'il tenait d'une main ferme. J'eus difficile. Je le fis tomber par terre en donnant un coup de pied dans son mollet. Il s'écroula sur le sol sous la surprise. Je m'assis à califourchon sur lui. Il eut le temps de se retourner puis je sortis l'épée de son fourreau à ma taille. Ma lame se retrouva à un cheveu de sa carotide. Haziel avait la respiration coupée et moi, haletante. D'une main, je dégageai mes cheveux de mon visage.
- Waouh ! S'exclama mon frère.
Il chauffa son poing sur mon crâne et je grognai. Je détestais quand il faisait ça. Il le savait, alors il continuait.
- Tu t'améliores d'heure en heure, sœurette.
Ça me faisait vraiment plaisir qu'il me considère enfin comme sa famille. Il avait fallu du temps. En retour, je pinçai sa joue et il recula, choqué. Je m'avançai de nouveau vers Haziel qui s'était relevé en position assise. Il me fixait, déterminé. Je tendis une main dans sa direction. Il la prit et je le relevai. Avec ma force, on manqua de se percuter. J'avais attrapé des muscles en quelques semaines à peine.
Je le lâchai, comme si sa main m'avait brûlée. Je me détournai de lui. C'était plus facile pour moi de ne plus avoir de contact physique avec Haziel mais pour les entraînements, je n'avais pas le choix. Je faisais avec. Mon cœur souffrait moins même si la nuit, je me réveillais avec l'envie de pleurer.
Quand cette guerre, cette mission serait terminée, je partirai. Loin d'Haziel et j'essaierai de vivre une autre vie.
- Hé mec, chuchota l'ange démoniaque à mon frère au fond du jardin.
Je ne les avais pas vu se déplacer. Discrètement, je m'approchai et ne pus m'empêcher d'entendre leur discussion.
- Amalia t'a quoi !?
Au ton d'Haziel, il était plus que surpris. Ce que j'entendis, me figea. Amalia avait fait quelque chose ?
- Elle m'a quitté, répondit Jacob.
Je sentais la peine dans sa voix, mais surtout la colère. Amalia le quitter ? Je me penchai un peu plus dans leur direction, et malheureusement, je perdis l'équilibre et me retrouvai le nez dans l'herbe.
- Ouille !
Les deux anges ne sursautèrent pas. Jacob accourut dans ma direction et me releva. Je le remerciai en frottant mon nez. C'était vraiment une partie douloureuse du corps humain.
- Je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre ce que vous disiez. Amalia ne m'a pas parlé de votre rupture.
Et pourtant, on se disait tout. Ça faisait déjà plus de six mois qu'on se connaissait et dès le premier jour, elle était devenue ma meilleure amie. Elle ne m'avait strictement rien dit ces jours-ci.
Jacob écarquilla les yeux.
- Elle ne t'a rien dit ?
Je secouai la tête. Elle avait omis ce détail.
- Elle ne veut ni me voir, ni me parler. Elle veut que je la laisse tranquille.
C'était tellement étrange. Amalia aimait mon frère comme une folle. Jamais je ne pensais qu'elle le quitterait.
- Si elle ne veut pas, on va la laisser, dis-je en reprenant une épée accrochée au mur de la cabane. En attendant, nous avons des choses à faire. Venez.
Je marchai devant eux, puis me retournai d'un coup. Je pointai mon épée dans leur direction, les faisant s'arrêter dans leur marche. Je souris et fis un mouvement avec la lame, effleurant mon frère au passage. Il me regarda avec de grands yeux.
- Franchement, Halsey, tu commences à prendre tes aises. Fais attention !
C'était trop tard. Haziel m'envoya un coup de poing dans les cotes qui m'envoya par terre mais je me relevai en deux secondes, déterminée à le battre. Cela faisait quelques jours que j'arrivais à le clouer au sol. Si j'y arrivais, c'était parce que je m'étais entraînée comme une folle.
Je pris un couteau de ma ceinture et le lançai à un centimètre de l'oreille d'Haziel qui n'eut pas le temps de s'écarter. Il me lança un coup d'œil furieux. Je faisais exprès de le provoquer.
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