Je me mis dans la file et sentis un regard insistant sur moi Je rencontrai aussitôt les yeux d'Haziel, assis à la table de ses potes qui s'amusaient à lancer des boules de papiers sur les autres élèves. Il me fit un petit signe de la main discret mais sexy. J'y répondis avant de prendre une assiette et de la remplir de tout ce dont je voulais. Alors que je choisissais un dessert à mettre dans mon plateau, Thomas vu quelques minutes plutôt, se mit à côté de moi.

Je ne vis pas l'Ange se redresser sur sa chaise, l'air concentré sur nous.

- C'est un peu gênant de te demander ça, Halsey mais tu accepterais de sortir un soir avec moi ?

Il n'osait pas trop me regarder et je m'étranglai presque avec ma salive. Je réussis à rester digne, le regardant fixement.

- Tu me proposes un rencard ?

Les personnes derrière nous n'en rataient pas une miette du spectacle que nous leur offrions. Même les potes d'Haziel s'étaient calmés et regardaient notre échange.

- Heu oui

- D'accord, dis-je à mon plus grand étonnement.

Il eut l'air encore plus surpris que moi. Qu'est-ce qui m'avait pris nom de dieu ? Était-ce parce que je n'étais encore sortie avec personne et que j'avais envie de changer d'air ?

- Génial. J'ai ton numéro donc je t'enverrai les infos par message.

Il partit et je jetai mon dévolu sur une mousse au chocolat. Je rejoignis ma table et quelle fut ma surprise de voir l'Ange Démoniaque assis à la place d'Amalia. D'ailleurs, elle m'avait laissé un mot. Comme quoi elle était partie rejoindre Jacob. Je posai mes fesses sur la chaise et dégustai une pâte. Je mourrais de faim mais je ne voulais pas faire la goulue devant lui.

- Tu as accepté de sortir avec lui ? Me demanda-t-il.

- Oui.

Je pris une autre bouchée de pâte et l'enfournai, en le regardant discrètement. Il m'observait, les bras croisés sur son torse musclé.

- En fait, tu avais raison l'autre fois, commençai-je.

Il haussa un sourcil dubitatif.

- Ah oui ?

- Il craque sur moi. Donc j'ai accepté son rendez-vous pour voir ce que ça faisait de sortir avec quelqu'un. Je verrai si ça passe bien ou pas.

Je haussai les épaules comme si de rien était. Mais j'avais envie de sourire. J'étais heureuse qu'on m'ait invité.

- Tu n'es jamais sortie avec quelqu'un ? S'exclama-t-il en comprenant enfin.

Je rougis légèrement puis le fusillai du regard. Tout le monde nous regardait et c'était horriblement gênant. Haziel les mitrailla du regard et ils reprirent leur activité sans plus nous regarder une seule fois. Pourquoi m'avait-il rejoint à ma table ? Il aurait très bien pu rester à la sienne avec ses amis. Qu'allaient penser les gens ? Pour l'instant, nous étions vraiment au centre de toutes les attentions.

- Oui et non. C'était en primaire, ça ne compte pas. Parle moins fort, s'il te plaît. C'est un peu personnel.

Il sourit, dévoilant ses dents parfaitement alignées. Il avait même l'air fier que je ne sois sortie avec personne alors que j'ai dix-sept ans. Je le contemplai et je me dis qu'il a dû collectionner un nombre incalculable de filles, surtout qu'il vit depuis de bien nombreuses années. Il a dû en profiter. Bizarrement, j'en éprouvai une vive colère.

Je finis mon dessert rapidement. J'avais encore une heure de temps de midi. Il fallait que j'étudie au calme.

- Je vais à la biblio, l'avertis-je en me levant pour aller déposer mon plateau sur le chariot à roulette. On se voit tout à l'heure, en cours.

Et je filai sans lui laisser le temps de dire quelque chose. Il fallait qu'il retourne avec ses amis. Et je devais m'écarter de lui parce que je commençais à ressentir des sentiments incontrôlables.

♦♦♦

Je m'installai à une table, sortis mon cours de math pour étudier. J'avais une interro après et je ne comprenais rien à la matière. Je galérais à essayer de répondre à tous mes exercices supplémentaires. Je frottai mon front en soupirant. Il fallait que j'y arrive. Je ne pouvais pas rater ma dernière année à cause des mathématiques.

- Tu veux de l'aide ? Me demande Haziel en apparaissant devant moi.

- Oui, avouai-je en râlant presque. Je ne comprends strictement rien.

Il s'assit à côté de moi, très proche et pris un de mes bics pour me montrer. Il était doué, très doué même, je réalisai. Ça me complexa encore plus.

- Attends, je ne peux pas multiplier par 2 mais pourquoi ?

Il me regarda en souriant, alors que je rouspétai.

- C'est comme ça, c'est tout.

- Mais c'est nul !

Il allait me répondre quelque chose mais Amalia atterrit sur la chaise en face moi en compagnie de mon frère. Ils nous regardèrent avec de grands yeux, et je fixai l'Ange Démoniaque qui faisait la même chose avec moi.

- Halsey, tu vas sortir avec Thomas Sketter ? C'est la rumeur que je viens d'entendre à l'instant.

Amalia n'avait pas l'air ravie de mon rencard. Je pouvais sortir avec qui je voulais, non ?

- Qu'est-ce que tu reproches à ce pauvre garçon, Amalia ?

Depuis que je la connaissais, elle le jugeait. Que n'appréciait-elle pas chez lui ? Je trouvais que c'était un chic type. Très intelligent et gentil par dessus tout.

- Mais c'est simple ! Il est trop banal, il te faut quelqu'un hors du commun. Comme toi.

J'avalai ma salive de travers, toussai et me repris. Mon frère m'observait, scrutateur. Je sus qu'il ne lui avait rien dit sur ma vraie nature.

- Hors du commun ? Répétai-je en peinant à y croire.

- Je t'imagine avec quelqu'un d'original, mystérieux et peut-être un peu arrogant, continua-t-elle avec des étoiles dans les yeux.

J'arquai un sourcil, désabusée. Elle allait trop loin ! J'étais horriblement gênée. Je n'arrivais pas à regarder le motard à côté de moi. Parlait-elle de lui ? Je n'osais pas non plus sonder ses émotions. Que ressentait-il en ce moment ? Est-ce qu'il me regardait ? Plus loin, le petit fantôme Théo que je n'avais plus vu depuis quelques semaines, me fit signe. Il voulait qu'on parle.

Je me levai de table, tel un ressort, les prenant au dépourvu.

- J'ai quelque chose à faire. Alors...à tantôt dans l'amphithéâtre.

Je pris toutes mes affaires et m'en allai de la bibliothèque, en marchant très vite comme si j'avais le feu aux fesses. Je rejoignis le fantôme dans un des nombreux placards à balai, que regorgeait cette école.