Chapitre X
Tante Gwenaëlle arriva pas longtemps après la petite discussion avec Haziel. Elle me sourit avec tendresse et m'enlaça en me serrant bien fort contre elle. Elle m'avait manquée. Beaucoup trop d'ailleurs. Je l'obligeai à aller se reposer et laissai ses bagages dans le salon. Elle en avait pris un bon paquet. Prévoyait-elle de rester longtemps avec moi ? Rien n'était jamais sure avec elle. Elle pouvait rapidement changer d'avis et partir en un claquement de doigt. C'était sa nature, de toute façon. On ne pouvait pas la changer.
De plus, elle était une sorcière. Elle était amenée à devoir voyager tout le temps, qu'importe ce qu'elle faisait. Mais elle avait choisi cette vie-là depuis ma naissance. Les réunions de famille, ce n'était pas son style. Elle préférait être seule. Et c'était sans doute mieux comme ça. On s'y accommodait.
Elle était surtout capable de me faire oublier des événements, m'enlever la mémoire. Elle était extrêmement puissante. Celui qui voudrait la battre, devrait être aussi entraîné et intelligent qu'elle. Impossible de me confronter à elle. Je ne pouvais même pas lire son avenir à cause de son bouclier qui la protège entièrement d'autres sources de magies. Et je savais aussi qu'elle me cachait des choses, c'était pour ça qu'elle avait placé des scellés dans son crâne. En tant que sorcière, elle avait des capacités hors-norme.
♦♦♦
Plus tard dans la soirée, elle descendit de la chambre d'ami et me rejoignit dans la cuisine, vêtue d'un jogging et d'un simple t-shirt large avec écrit " Australia". Ça devait être là-bas qu'elle était tout ce temps. Elle s'étonna de me voir cuisiner avec autant d'assurance et me posa la question.
- Ouais, maman m'a appris il y a quelques mois. Elle s'est sûrement dit qu'à dix-sept ans, on devait savoir tenir une maison toute seule et elle a bien raison, lui dis-je.
Elle hocha la tête, un peu secouée.
- Je n'aurais jamais pensé qu'elle te laisserait seule dans une ville inconnue, surtout celle-ci. Ce n'est pas la plus fréquentable malgré la taille de ce village. Tu as du entendre certaines rumeurs, ici, continua-t-elle.
J'acquiesçai.
- Qui concernaient-elles ?
Je rougissais péniblement. Je ne me voyais pas lui avouer que tout portait sur elle, ses enfants et son compagnon sur la photo. Ma confiance flétrit et se terra au fin fond de mon esprit. J'étais décidée il y a encore quelques heures à la questionner, et maintenant plus. Je mordillai ma lèvre et m'assis à la table ronde. Elle prit place aussi et me fixa, sans me quitter des yeux.
- Halsey ? Est-ce que c'était sur moi ? Demanda-t-elle d'une voix douce.
J'avais envie de me braquer mais ma langue se délit d'elle-même.
- Oui. Absolument tout. Ainsi que sur ton mari et tes enfants. J'ai fait des recherches sur eux et je n'ai pas trouvé grand chose, déclarai-je en m'enfonçant dans le dossier de la chaise. Juste une photo.
Je me sentis gênée de tout dévoiler comme ça. Elle devait avoir vécu des choses difficiles pour nous éviter, ma mère et moi. Des choses vraiment tristes, j'imaginais. Elle se retrouvait toute seule depuis des années, elle vivait seule, elle faisait tout toute seule. Ou étaient les autres ?
- Tu n'as pas eu de vision à propos de moi ? Demanda-t-elle, surprise.
Je secouai la tête de droite à gauche en pinçant les lèvres.
- Aucune, il me semble. Mais quand j'ai eu 17 ans, j'ai eu une vision. Plusieurs mêmes.
Voilà que je l'avouai tout haut. Je ne l'avais dit à personne. Ça m'avait obsédé jour et nuit pendant un mois. J'avais décidé d'oublier cette histoire et elle ne me revenait en pleine figure. Je devais faire une drôle de tête car Gwenaëlle fronçait des sourcils.
- Tu sais que tu peux tout me dire, elle intervint avant de boire une gorgée de son café glacé. Il n'y a pas de honte à avoir. Je serai toujours là pour toi. Ne t'inquiète surtout pas.
- Le problème est que je m'en souviens plus. Pendant des mois, elles m'ont hantées et maintenant, elles ont disparu de mon esprit.
Elle se pinça les lèvres. Limite, j'imaginais son cerveau fonctionné à plein régime.
- Est-ce que tu peux faire revenir un souvenir très précis de ma mémoire ? je lui demandai. C'est important. C'est sans doute un élément essentiel dans les fouilles que je fais.
Elle parut encore plus étonnée et reposa sa tasse un peu violemment sur la table et des éclaboussures apparurent sur le bois. Elle ne les essuya pas, ne sembla pas s'en préoccuper. Elle sembla choquée au mesure des secondes qui passaient.
- Tu ne te rappelles vraiment plus ce que tu as vu ? S'exclama-t-elle. Rien de rien ?
Encore une fois, je hochai la tête comme une automate. Je ne pouvais pas expliquer ce phénomène. Je n'y comprenais rien toute seule. Peut-être que tante pouvait m'aider à éclaircir les choses. C'est mieux d'avoir un œil extérieur sur toute cette histoire.
- Mais comment est-ce possible ?
Elle porta une main à son front.
- J'arrive, dit-elle rapidement avant de détaler en direction des escaliers qui grincèrent à son passage.
Elle revint quelque instant plus tard, les bras chargés d'un carton qui semblait peser mille tonnes. Elle posa la caisse sur la table en soufflant de soulagement.
- C'est lourd, sourit-elle comme réponse.
Elle sortit un cylindre, des plumes oranges et toutes sortes d'objets dont je ne comprenais pas l'utilité. Elle avait toujours son air crispé sur son visage. Elle ne se détendit que lorsque qu'elle eut finit d'installer tous les instruments.
- Allez, Halsey. Prépare-toi. Ça risque d'être un moment très fort pour toi. Tiens bon et garde la tête froide. Je pense savoir de quoi il s'agit. N'oublie pas que ce que tu vois, n'est pas définitif. Il suffit d'un petit changement pour tout bouleverser.
Je me levai de ma chaise et Gwenaëlle fit tournoyer ses mains dans les airs, gracieusement et le vent souffla autour de nous. Je me retrouvai transporter dans un autre monde en noir et blanc.
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