Diane ne s'était jamais sentie aussi heureuse et malheureuse en même temps. Ces deux émotions se livraient un combat acharné et prenaient tour à tour le dessus. Si elle avait dégringolé de l'échelle sociale scolaire, le sentiment de culpabilité et de mal-être qui l'étreignait depuis bien des années avait disparu. Et elle goûtait au plaisir oublié de discuter avec franchise et discernement.

Jean se trouvait ravi d'avoir trouvé une amie et l'aidait du mieux qu'il le pouvait.

Leurs deux Anges échangeaient régulièrement des p.C, le destin des deux Clients s'étant rapproché. Un Ange pouvait toujours être aidé par un autre en cas de besoin.

Damien et Mayla avaient jusqu'alors partagé les points de Chance ensemble. Alors que Diane avait trouvé en Jean un nouvel ami, Marguerite s'était aigrie et ne ratait pas une occasion pour rabaisser sa sœur en public. Trôner au-dessus des autres lui conférait un certain pouvoir, mais aussi une solitude extrême.

Mayla s'efforçait par tous les moyens, aidée de Damien, de provoquer un scénario où les deux sœurs se réconcilieraient.

Mais par la nature même, Marguerite restait butée et accrochée à son égo.

***
Un jour de pluie, les deux sœurs rentraient de l'opéra avec leurs parents. Le chauffeur et le temps étaient maussades, les lumières de l'autoroutes filaient par la fenêtre. Le martèlement des gouttes envahissait le silence de l'habitacle pour se transformer lentement en un coton nuageux.

— Regardez, il neige ! s'exclama Diane, le visage collé à la fenêtre, rougi par le froid.

Toute la famille se retourna pour observer la magie de l'hiver, ensemble, heureuse.

Un bruit de glissement sur l'asphalte, les odeurs d'essence et de brûlé s'échappèrent de l'A37. Des hurlements macabres déchirèrent la nuit.

Le flocon fondit au contact du béton inondé de sang.