XXVI

Le ciel était d'un bleu affiné surplombant avec force la cité de Capoue. Les différents quartiers étaient grandement distinctifs selon les classes sociales affirmées.

Au niveau du centre-ville, où l'on voyait depuis son balcon la vieille arène en cendre où s'était battu le grand Spartacus, se trouvaient quelques villas destinées aux patriciens les plus riches de la ville.

Une femme se tenait face au balcon, observant chaque parcelle de Capoue. Elle était grande, ses cheveux noirs s'arrêtaient juste au dessus de ses épaules, ses yeux verts qui s'illuminaient à travers les rayons du soleil lui faisaient ressembler à une dangereuses sirène, et sa peau était bronzée, montrant ce contraste fascinant entre les allèles de ses iris et sa teinte de peau.

Or ce qui lui ajoutait plus de charme qu'il en ait eu, fut sa robe au tissu très fin et fragile, où les petits motifs précis donnant ce tout, étaient des fils d'or. La robe formait un grand décolleté au niveau du dos, laissant voir la marque d'un cobra qui s'enroulait autour de lui-même, prêt à cracher son plus vil venin. Sa robe continuait de descendre, arrivant vers cette marre de soleil, où ses petits détails en or étaient douloureux à regarder.

La femme claqua des doigts et un plateau flotta vers elle, où une pipe y reposait, entourée de chanvre. Elle la prit et le plateau retourna à sa place initial.

Elle inspira un grand coup, laissa la drogue se balader dans sa gorge, avant d'en cracher une petite partie, formant des bulles mémorables. Dans l'une d'elles, il y avait le grand Ezra Aknin qui lui susurrait des mots plus que plaisants à l'oreille, alors que de son autre main, il dessinait sur son épaule des petits ronds, tout en glissant ses doigts lentement, passant de sa poitrine, jusqu'à des recoins plus humides.

En voyant ce souvenir s'ériger face à elle, la femme passa d'elle-même sa propre main vers le bas, avant de malaxer son pubis.

Son coeur battait très fort à sa parole. Mille frissons lui parcouraient la peau, tandis que son corps commençait à devenir bien plus chaud que le soleil n'aurait espéré.

Elle sentit ses lèvres bouger, et un gémissement en sortit, jusqu'à ce que des bruits martelèrent la porte.

Elle se retourna brusquement, gardant toute sa fierté, et ne montrant guère de gêne pour ce qu'elle avait fait.

Puis, lorsqu'elle ouvrit la porte, un sourire heureux et narquois se forma sur son visage.

⏤ Aknin...

⏤ Ravi de vous revoir Quarta Glabius.

⏤ Le plaisir est partagé, répondit-elle en s'écartant de la porte pour le laisser entrer.

Ils se dirigèrent tout deux vers l'atrium, les rayons du soleil baignant la fontaine centrale de la riad.

Ils s'assirent tout deux vers deux divans soyeux qui s'opposaient alors que la petite table devant eux, regorgeaient de fruits frais, une cruche en poterie grecque se trouvait non loin de deux coupes dorées.

⏤ Un peu de vin ? Proposa-t-elle.

⏤ Volontier.

Quarta se leva et lui remplit sa coupe avant de faire de même avec la sienne.

Ezra porta ses lèvres contre le verre et esquissa un sourire satisfait tandis que la boisson faisait son chemin agréable par le gosier.

⏤ Du vin de Vézelay ? Très bon choix.

⏤ C'est un village français très charmant. Beaucoup d'anciens sorciers y vivent.

⏤ Peut-être le visiterais-je un jour. Soit, je suis venu vous voir pour parler politique.

Quarta lâcha un ricanement sournois.

⏤ Voudriez-vous que je me joigne au sénat ? Ça ne va pas plaire aux gens...

⏤ Pas exactement, je l'admets. Votre oncle, Fulmen...

⏤ Oui ?

⏤ C'est un ami proche du sultan Abdülhamid II.

⏤ Très proche même. Pourquoi cela ?

⏤ Je pense que nous devons nous allier et... de manière officielle je l'entends.

⏤ De manière officielle ? Tous les sorciers de Rome et de l'empire savent que notre alliance est forte, renchérit-elle en croquant un raisin entre ses dents, même les modernistes...

⏤ En effet. Mais je ne pensais pas à cela. À votre avis ma chère, comment le peuple français s'est unifiée au XVIe siècle ? Comment le territoire s'est constitué comme on l'entend aujourd'hui ? 

Quarta resta sous silence avant de dire ceci :

⏤ Je n'ai pas vraiment de culture en ce qui concerne le monde moldu.

⏤ Je vais tout de même vous y répondre : par les mariages, et aussi par les conflits je le conçois... Si nous voulons garder une alliance et une puissance tangible entre l'empire ottoman et Rome, rien de mieux que le mariage entre deux grands dirigeants. Leur enfant héritera de tout.

⏤ Un nouveau Césarion, ricana Quarta en finissant son verre de vin. C'est vraiment très... convainquant ce que vous venez de me dire Ezra, mais-

Elle se leva brusquement et s'approcha de lui, son visage n'étant qu'à deux souffles du sien.

Elle marmonna à son oreille :

⏤ Vous faîtes uniquement cela pour le profit de la Palestine.

Un sourire amusé peignit ses lèvres.

⏤ Quelle perspicacité, déclara-t-il en rivant ses yeux noirs dans les siens. Je croyais que tu le savais déjà.

Il attrapa brusquement sa mâchoire et la serra fortement, la forçant à le regarder dans les yeux.

⏤ Tu te crois intelligente et rusée, mais... tout ce que tu révèles est d'une évidence pitoyable.

Quarta roula des yeux tout en parvenant à se dégager de son emprise. Elle arqua un sourcil et sourit également :

⏤ Mais je suis intelligente et rusée.

Et elle esquissa un clin d'œil. Puis, elle serra à son tour la mâchoire d'Ezra en rapprochant son visage du sien.

⏤ Ta motivation pour faire une alliance est pour le moins ennuyante... Le pouvoir. Qui se mariera ?

⏤ Peut-être que la réponse à cette question se trouve dans les énigmes du destin, là où l'intelligence et la ruse se rencontrent.

Le soleil était à son apogée, brillant de milles feux au sein du ciel qui surplombait Capoue. Suivi d'un centaure et d'un elfe plutôt robustes, Ezra fit son entrée dans la riche demeure d'un vieil ami, Orus se nommait-il.

Toutefois, l'individu qui l'accueillit lui et ses compagnons n'adoptait guère un visage et une aisance tel qu'il était attendu.

⏤ Acem Fulmen, sourit Ezra. Je constate que mon ami vous a prêté sa demeure.

⏤ De toute évidence, répondit ce dernier qui s'écarta de la grande porte pour laisser entrer les invités.

Fulmen les guida vers l'atrium, la fontaine provoquait une bruit tout à fait délicieux, se mêlant aux chants des oiseaux.

⏤ Je suis surpris de voir que vous ne séjourniez pas avec votre nièce.

⏤ Pour les affaires, je préfère ne pas être distrait. Ma nièce m'a parlé de vous. Elle a suggéré l'idée que vous seriez un très bon élément concernant le pouvoir, non seulement de Rome mais de l'empire.

⏤ C'est le cas.

⏤ Intéressant, songea-t-il. Je suppose qu'en échange du pouvoir colossal qu'héritera le successeur du sultan, nous vous aiderons contre l'expansion du sionisme en Palestine.

Il hocha calmement la tête.

⏤ Quelque chose me taraude néanmoins... Quel serait l'intérêt pour vous, les sorciers, d'aider le gouvernement palestinien ?

⏤ Dire que c'est pour des raisons patriotes serait mentir. Disons que c'est pour une question de stabilité dans la région. Un Moyen-Orient pacifié est bénéfique pour tous.

Acem Fulmen sembla réfléchir à ces paroles, scrutant Ezra avec un regard pénétrant.

⏤ La stabilité, c'est un objectif noble. Mais je doute que cette stabilité serait immédiate par le sang et les batailles. Soutenir un camp amène souvent à la guerre.

⏤ Bien sûr... Faire la guerre pour la paix. Le mariage entre mon frère Anéas et la sœur du sultan amène deux opportunités pour nous sorciers palestiniens et pour les moldus. Comme l'empire, la Palestine veut se moderniser par l'industrie pour se défendre. La magie pourrait permettre d'améliorer la productivité  des facteurs et pourrait même amener à créer des armes puissantes dans un temps recors, sans nécessiter autant de charbon ou d'émission de CO2. Ils auront le soutient de la magie, et nous les sorciers de ce territoire, auront plus d'influence sur la politique moldue, on se cacherait de moins en moins.

⏤ Je vois. Ces mariages seraient un moyen de sceller l'alliance de manière plus personnelle. Les liens familiaux sont souvent plus forts que les alliances politiques froides. Vous aideriez Rome et l'empire à devenir amis pour des raisons de pouvoir, et en échange ils aideront la Palestine, conte tenu de votre hostilité commune contre l'expansion du sionisme.

⏤ C'est cela. La magie, comme la politique, requiert pragmatisme et finesse.

Alors que les deux hommes continuaient à discuter des détails de l'alliance, laissant flotter l'ombre des enjeux politiques et magiques, l'atrium de la riad restait empli du doux murmure de la fontaine, symbole temporaire de la quiétude avant les tumultes à venir.

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