XXIV

Quelques instants suivant l'évènement quelque peu désastreux qu'avait engendré Licinia, Venus souleva son corps évanoui et disparut du pont de pierre pour apparaitre à l'orée d'une petite forêt non loin d'une vaste et profonde étendue d'eau située au sud du château, et coincé au milieu d'une vallée. En effet, contrairement à tout sorcier confondu - les anciens comme les modernistes - les qruizes pouvaient transplaner dans l'enceinte même du château.

Les nuages commençaient à se dégager du ciel et les rayons timides du soleil perçaient quelques nuages, reflétant leur lueur sur le lac ce qui lui donnait une couleur plutôt utopique.

Venus déposa Licinia sur l'herbe fraiche et s'assit à ses côtés, attendant patiemment que la jeune sorcière se réveille.

Le soleil commença à s'imposer dans ce ciel qui reprenait ses couleurs bleues, et toute cette lumière chaude et agréable chatouilla les paupières de Licinia, lui arrachant aux dernières lueurs attirantes de Morphée.

Ses yeux s'ouvrirent doucement et elle se releva calmement sans la moindre panique.

⏤ Te voilà réveillée, déclara Venus.

Licinia se tourna vers elle, esquissa un faible sourire et se leva tout en se tournant vers le château en haut de la petite vallée.

⏤ Notre absence a été bien longue, constata-t-elle calmement. On ferait mieux de retourner à Poudlard au plus vite.

La surprise piqua Venus d'une intensité plutôt inquiétante. Le fait que Licinia fasse comme si rien ne s'était produit, ne l'étonnait pas grandement puisqu'elle avait remarqué que c'était dans sa nature, ce qui restait tout de même surprenant, c'est que cette dernière comptait rester à Poudlard au lieu de retourner en Italie.

⏤ Ainsi tu prends l'option de rester au château, en conclut Venus.

⏤ C'est exact. Quoi qu'on puisse penser, cette école renferme des mystères intéressants auxquels j'y compte bien goûter, répondit-elle avec sa plus belle franchise.

⏤ Ces mystères sont sûrement trop simplistes pour des êtres tels que nous, Licinia. Cette école grouille de putains de modernistes, et ils n'ont pas besoin de toi ici. Tu dois retourner à Rome, pour régler ces tensions !

⏤ N'essayez pas de deviner ce que je veux, claqua-t-elle en la regardant froidement tel un reptile. Je me dois de connaitre ces mystères avant ma mort. Et si je meurs avec ces mystères, qu'il en soit ainsi. Mieux vaut mourir de cette manière, que d'ennui à Rome.

⏤ L'égoïsme et l'avarice te perdra.

⏤ Du moins, ce ne sera pas l'ennui, cracha Licinia.

⏤ J'espère que tu trouveras ce que tu voudras à Poudlard. Je ne vais pas te courir après. Mais si un jour, tu as besoin de mon aide, je ne serais pas présente, c'est ainsi que cela fonctionne.

⏤ Comme il vous plaira, rétorqua-t-elle avec insolence.

Venus l'ignora et transplana des lieux.

Licinia haussa les épaules, et se dirigea vers le château.

Elle croisa en chemin un groupe de centaures qui la saluèrent poliment et elle en fit de même.

Parvenue vers le grand parc qui entourait le domaine, Licinia leva la tête vers le ciel qui était à présent entièrement bleu et laissa échapper un profond soupire avant de contourner à son tour le château pour retourner à l'intérieur de celui-ci. Affirmer que c'était de la tristesse qu'elle ressentait vis-à-vis du départ de Venus serait exagéré, elle avait certes une sensation étrange à l'idée de ne plus la revoir, mais prétendre qu'elle allait lui manquer serait plutôt rabaissant pour son égo.

Continuant de ruminer dans ses pensées, elle emprunta une petite ouverture qui la dirigea vers un couloir du château, situé au même niveau de la cour du clocher.

Arrivée au niveau de la cour du clocher, Licinia entendit plusieurs groupes d'amis discuter entre eux.

⏤ Pour occuper ces vacances à l'école, allons à la bibliothèque pour réviser nos ASPICS, déclara un jeune homme de Poufsouffle.

⏤ Je ne préfère pas, répondit son ami de Serdaigle. On dit que c'est l'endroit où le nombre d'épouvantards est le plus concentré. Je ne suis guère enchanté de croiser un loup-garou sanguinaire comme la dernière fois.

⏤ Dommage. Reste ici, je vais chercher les manuels dont on aura besoin et je les apporterais ici.

⏤ Je t'en sais gré.

Cette conversation n'était guère dénuée d'intérêt pour Licinia. Si effectivement les épouvantards étaient principalement mobilisés vers cette prétendue bibliothèque, c'est que la deuxième cave maudite se trouvait non loin de ces lieux-ci.

Ignorant comment se rendre à cette bibliothèque, Licinia se contenta de suivre le jeune homme de Poufsouffle.

Ils durent monter quatre étages en empruntant les escaliers principaux, et traversèrent un couloir avant de parvenir devant cette prétendue bibliothèque.

Cette dernière n'était pas dénuée d'un certain charme. Elle était d'une immensité passionnante, avec ses nombreux étages et son plafond très haut, où pendaient des chandelles brillant de milles feux.

Plusieurs milliers d'étagères la composaient et étaient disposée en centaine de rangées.

Le bibliothécaire était un vieil homme qui avec ses petites lunettes rondes et son âge visiblement très avancé, donnait l'air d'un intellectuel, qui pensait et analysait par le biais de la démonstration et de la déduction. Sur son bureau, une petite pancarte montrait son nom : Edgar Dunn.

Licinia n'y prêta pas grandement attention et se résolut de visiter cette bibliothèque pour en découvrir les plus noirs secrets.

Elle constata rapidement que cette bibliothèque était organisée en plusieurs sections : section consacrée aux anti-sorts, section des dragons, section invisible, section juridique, section des potions, section littéraire, section philosophique...

Alors qu'elle voulut quitter les lieux, ne sentant aucune présence de ces épouvantards, une partie dissimulée de la bibliothèque attira son regard.

Des grilles encadraient des multiples étagères et étaient verrouillées sous-clé, faisant comprendre à Licinia que c'était un lieu interdit d'accès.

Elle remarqua qu'à travers ces grilles, les lieux étaient très sombres et qu'une atmosphère singulière qui ne pouvait aller en dehors de son point de vu, s'insinua dans son esprit.

Et elle sentit la douleur, l'action, la magie noire et entendit des murmures inaudibles se balader dans sa tête.

Elle clôtura ses paupières, se concentra sur toutes les sensations qui véhiculaient en elle, et vit les yeux fermés, des successions d'images passer. Des images du passé.

Il y avait Herpo l'infâme et un basilic rampant à ses côtés, la sorcière Morgane qui réduisait à elle seule une dizaine de sorciers à l'aide de sa magie, la sorcière Canidie qui exerçait des rites de magie noire, et une succession d'autre individus qui faisaient de même, la magie noire - Cornelius Sigan et son âme enfoui dans un cristal que l'on nommait dés lors un horcruxe, Nimue et ses malédictions de l'ancienne religion...

Licinia comprit alors, lorsqu'elle retrouva pleinement conscience de l'endroit où elle se trouvait. Cette partie dissimulée de la bibliothèque renfermait des secrets qui ne devaient pas être révélés, des secrets scellés sous clé.

Le soir, Licinia se promit de s'y infiltrer, ne pouvant guère exercer cela devant tous les sorciers qui étudiaient à cette bibliothèque. 

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