XVIII

12 septembre 1896

Licinia traversa plus d'une semaine de cours, explorant différentes matières. Elle avait envisagé de choisir l'arithmancie, attirée par les calculs et les prédilections. Cependant, la divination ne retenait pas son attention. Peu d'élèves assistaient à ces cours, réservés par le professeur Maddie Taylor aux élèves dotés du don de clairvoyance. Licinia s'orienta alors vers les runes avec le professeur Gideon Malefoy. Grâce à sa connaissance de la langue latine, le professeur lui confia un exercice consistant à traduire des runes écrites en slavon. Pour ce qui est de la métamorphose et de la défense contre les forces du mal, elle excellait sans effort apparent, utilisant sa propre magie. L'astronomie la captiva également, profitant de ces cours pour prier ses dieux et scruter le ciel à la recherche d'un signe de son père, de sa mère et de Tiberius. En revanche, l'histoire de la magie la déçut. Le professeur ne traitait guère de l'ancienne religion ni des conséquences désastreuses des ultras catholiques. Les premiers cours étaient axés sur les gobelins, et Licinia espérait que le sujet deviendrait plus intéressant au fil de l'année. En botanique, elle se débrouillait bien, les plantes utilisées dans les rituels lui étant familières et fascinantes. Et concernant les cours de magie théorique, elle en conclut que cette discipline semblait uniquement admettre de la philosophie et des déductions cartésiennes.

Le Samedi, après un déjeuner matinal rapide, elle se dirigea vers les couloirs du château, déterminée à analyser les peintures et caricatures qui ornaient les murs. Les personnages semblaient interagir entre eux, mais rien ne ressemblait au démon étrange peint sur les murs de Capoue.

Elle gravit les escaliers, où de nombreux tableaux étaient accrochés de part et d'autre des murs. Licinia atteignit un étage où les personnages semblaient plus médiévaux. Un chevalier des temps féodaux brandissait joyeusement son glaive avec intrépidité. Licinia reconnut le chevalier du Catogan. Il avait rejoint la Table Ronde après la mort d'Arthur, lorsque les moldus de Camelot avaient découvert que Merlin était un sorcier. Avant la mort du roi Arthur, il avait aboli la persécution des sorciers dans son royaume. Cependant, cela n'enlevait pas le mépris que Licinia ressentait envers ce roi historique.

⏤ Arrière jeune sorcière ! S'écria-t-il d'un air chevaleresque.

⏤ Par les Dieux... Souffla-t-elle en roulant des yeux. Ce n'est pas étonnant qu'on ait une si mauvaise image des Gryffondor en voyant cela.

⏤ Bonne ou mauvaise image, on doit être fier de notre noble et valeureuse maison ! Affirma-t-il dignement.

⏤ Bien sûr. Je suppose que vous avez connu "le grand" Merlin.

⏤ Pardi ! Mais pour sûr que je le connaissais ce grand gaillard ! Sachez qu'on avait le même âge lorsque je suis devenu chevalier de la table ronde. Il se méfiait un peu de moi au début, puisque j'étais nouveau et que le dernier chevalier qui avait rejoint la table ronde avant moi était un traitre... Mordred.

⏤ Il n'était pas en tort, le défendit-elle. Mordred était un sorcier et il est devenu chevalier à la période où la magie était prohibée à Camelot. Pour cause d'une prophétie, Merlin s'est méfié de lui et a tout fait afin que ce qui était prédit n'arrivât pas ; la mort d'Arthur sous le coup du glaive de Mordred. Or, le destin est irréversible. Une amie de Mordred - une sorcière - a tenté d'assassiner le roi Arthur afin de rendre justice pour les siens. Malgré les supplications de Mordred, il ne l'a pas écouté, et l'a exécutée. Ainsi, il est parti se rendre du côté de Morgane, lui a dévoilé la réelle identité de Merlin pour mieux détruire ce "Emrys" qui l'a tourmentait, ainsi que l'armée d'Arthur.

⏤ C'est malheureux je l'admets... Cependant, Arthur a pris soin qu'elle soit jugée et lui aurait accordé la liberté si elle s'excusait. Cette dernière a affirmé qu'elle voulait sa mort et qu'elle n'avait pas regretté sa tentative. Difficile pour un roi de se montrer indulgent après cela.

⏤ Au moins, elle ne mentait pas, sourit Licinia. Soit, arrêtons ces nombreux discours et revenons à l'essentiel : quel était le lien entre Merlin et Poudlard ?

⏤ Quelques sorciers pensent qu'il a étudié ici dans la maison Serpentard au temps des fondateurs. Bien évidement cela est faux, ce n'est qu'une légende. Merlin naquit bien après la mort des quatre fondateurs. Bien après la mort du roi Arthur, au XIVe siècle, il eut des temps très sombres, la peste devenait plus abondante et des dérivées de cette malédiction rentraient également en jeu. Oh mais le pire, jeune sorcière, c'était les slyarkes, des créatures inhumaines, issues de mutations abjectes, voire issues des enfers pour les plus croyants d'entre nous. Elles se multipliaient d'une vitesse déconcertante et la source était indestructible. Il semblerait bien qu'un ou une sorcière ait offert toute sa magie et son âme avant de partir dans l'au delà. Les slyarkes (créatures mangeuses de chaire) terrorisaient tout Albion et même quelques territoires écossais.

Licinia eut les lèvres pendues à son histoire, passionnée par ce qu'il racontait. Ceci était bien mieux que ce que le professeur Murk lui enseignait.

⏤ Merlin, encore en vie, comme si la mort ne voulait guère le prendre, eut une idée. Il s'est réuni avec quelques mages - la plupart venant d'Albion - et ont discuté ce qu'il fallait faire. Pour régler le problème, ils ont exercés un rituel tandis que Merlin et un dragon ont enfermé cette source dévastatrice en créant une grotte autour de cette dernière, scellant la porte avec la magie de Merlin et le souffle du dragon, créant une cave maudite sous le lac noir. Bien sûr, cette cave était protégée par quatre autres caves qui étaient ses branches, renfermant des obstacles pour quiconque essayait d'y accéder.  Les forces du mal nous guettent toujours, mais nous ne connaissons à ce jour plus aucune slyarkes, nées de rien, issues d'une malédiction. Le directeur de Poudlard à cette époque, avait aidé Merlin au sujet des caves et avaient assuré de n'en tirer mot à personne. Merlin a ensuite enseigné les cours de potion et a pris le poste de directeur de la maison Serpentard, et la légende est née. Plus tard, un démon fut également enfermé dans les caves. La mère immortelle, enfermée à l'origine dans une cabane à pattes de poule, a été délivrée en manipulant l'âme d'un aventurier qui se promenait dans la forêt. Avide de malheur, elle détruisait son âme pour se nourrir elle-même. Encore en vie, Merlin a attiré cette présence à l'aide des caves maudites qui puaient l'horreur des slyarkes, cela a fonctionné et elle y est également enfermée. Si l'une des fausses caves à Poudlard, est ouverte, si sa protection est brisée, il n'y aura plus de retour en arrière. Les autres caves devront être trouvées et leur malédictions brisées. Sinon, le chaos englobera Poudlard. 

⏤ Ce fut très passionnant, en conclut Licinia avant de quitter les lieux.

Licinia avait maintenant une compréhension plus profonde de la caricature sur les murs de Capoue. L'individu qui l'avait peinte possédait un don de clairvoyance, capable de prévoir l'avenir. Ayant assimilé cette histoire, une partie d'elle-même considérait qu'elle pouvait quitter Poudlard, n'éprouvant plus le besoin de rester ici. Cependant, une autre partie d'elle-même était avide d'aventure, désireuse d'explorer ce monde magique dangereux, attirée par le frisson et le risque. En ces temps de paix, le monde magique semblait terne. Bien sûr, les sénateurs italiens la poursuivaient, mais la simple idée de les éliminer ne suscitait guère d'excitation.

Licinia comprenait que cette paix ennuyeuse qui régnait dans les environs était principalement due à cette cave maudite. Les conflits politiques étaient une chose, or les conflits démoniaques en étaient une autre.

Avant de quitter Poudlard, elle savait qu'elle devait expérimenter cette sensation d'extase qu'elle n'avait jamais eue auparavant.

Les plus viles noirceurs le mangeaient de l'intérieur tel un ouragan sauvage qui détruirait tout sur son passage. Un feu timide crépitait au sein d'une cheminée poussiéreuse, étant la seule source de lumière pour ce pauvre jeune homme tourmenté.

Ses deux mains tenait sa tête qui semblait aussi lourde que la pierre du malheureux sisyphe. Un verre coûteux et sacré rempli de fée verte, était posé sur son bureau, non loin de ses écritures encrées sur le vieux papier.

La solitude et le fait de bénéficier d'une information exaltante dont il ne pourrait jamais en jouir, le brisait à petit feu, afin de prolonger une souffrance infinie.

Le seul point néanmoins, qui lui était une consolation, c'était ces murmures. Des murmures qui en mesure du temps, lui apportaient un grand réconfort. La plupart du temps, il ignorait les significations de leurs propos singuliers, ils semblaient discuter avec eux, ne s'attardant pas sur le personnage qui se trouvait mélangé face à cela. Or, il eut des moments où il entendait des phrases incantatoires qui avaient pour but de créer quelque chose. Alors, il les notait sur son carnet et essayait de les prononcer.

Il y a quelques années - à l'âge de seize ans - il avait réussi à susciter une force suite à ces paroles. Il y a bien longtemps - à l'âge de seize ans - il avait pratiqué de la magie. Il s'était donc renseigné sur la question et suite aux nombreux ouvrages qu'il avait lu, il avait réussi à s'adonner à la conclusion suivante : la magie existait bel et bien et une école au Royaume-Unis accueillait les jeunes élèves pour les exceller dans ce domaine. C'était une occasion rêvée pour lui. Son oncle stricte et tordu qui lui forçait à apprendre la bible par coeur - à l'endroit et à l'envers - ne le tourmenterait plus s'il allait à cette école. Il avait donc écrit une lettre, et hélas, le directeur avait refusé, affirmant qu'il n'avait aucun don magique et qu'il était bien trop tard, suite à son âge trop grand. Ayant pris connaissance de l'existence d'une telle force, qui pourrait lui donner la voie à une évasion complète de sa famille virulente, et que de suite, on lui affirmât qu'il était impossible pour lui d'y entrer, il avait totalement sombré.

À présent, sur le haut de ses vingt trois ans, il ne vivait plus avec son oncle qui était mort, et rédigeait des textes hyperboliques, métaphoriques, engendrant le poème mélancolique, à l'aide de cette fée verte - essentiellement appelée absinthe.

Les murmures venaient de temps à autre pour lui apporter compagnie, sans vraiment lui adresser directement la parole.

L'encre tacha le vieux papier et son état d'âme fut retransmis à travers ce simple objet.

Ah c'est malheureux ! Comme la vie est lente et comme l'espérance est violente !
Dans cette marre si verdâtre avec cette fumée si âcre qui vous étouffe l'âme, la fée vient à moi.
Dans cette marre si verdâtre avec cette fumée si âcre qui vous étouffe l'âme, l'atténuation des pleurs dans mon esprit vient à moi.
Elle me parle, je la suis.
Et ainsi, nous marchons seuls parmi les nombreux gens, tels des spectres de la mort.
Or, arrivés à cette pièce froide et chaleureuse, je tends les mains.
Je tends les mains vers une allégresse accomplie, sous les encouragement de la fée.
Et le torrent m'emporte.
Et je me noie.
Et cette oie me mange.

Il posa sous manuscrit devant ce noble feu, avant que ce dernier ne s'embrasât.

"Non ! Malheureux !" S'écria une voix qui trônait dans sa tête.

⏤ Après toutes ces années vous m'adressez enfin la parole ? Souffla-t-il d'un air lasse.

"Depuis le début nous te parlions."

"Mais cela était de manière implicite." Compléta une autre.

"Je pense qu'il est temps, de ne plus se tapir dans l'ombre. Entrons dans cette lumière voluptueuse."

⏤ Je vous fais confiance...

Et ses yeux devinrent noirs.

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