XVI

Le célèbre château de Poudlard tant évoqué de manière utopique et dystopique, se dressait majestueusement, ses murs de pierres se reflétant contre le soleil tapant. Licinia sortit de la calèche guidée par les sombrals, prit ses affaires et suivirt une allée bétonnée qui formait un pont, les menant vers de grandes portes en bois.

Une chouette rousse hululait dans sa cage. Certes, Licinia savait pour sûr qu'elle n'avait pas besoin d'un animal de compagnie. Toutefois, les députés de Rome ne pourraient donner des soupçons à une chouette qui envoyait des lettres étant donné que ce serait le dernier moyen qu'un sorcier ancien n'userait pour communiquer - il existait des méthodes bien plus simples. Or, Licinia devait se montrer imprévisible. Quand bien même elle n'était pas effrayée de leur faire face - elle était même plutôt hâtée - elle voulait qu'un prétexte lui donnât lieu de visiter Poudlard. Les caricatures significatives sur les murs de Capoue l'intriguaient. Si une puissance bien plus haute que tout ce qu'elle avait connu circulait en ces lieux-ci, elle devait en avoir vent et s'y aventurer pour découvrir tous les aspects audacieux que la vie pourrait lui offrir.

Licinia frappa deux fois et les portent s'ouvrir sur un hall élégant où se trouvaient des escaliers en pierre avec deux statues de sangliers ailés. Du haut de ces escaliers, se tenait un grand homme, au regard charbonneux, et aux cheveux un tantinet long qui ressortait de son chapeau noir datant du XVIe siècle. Licinia le reconnut comme le directeur de Poudlard ; Phineas Nigellus Black.

⏤ Mlle Licinia Atia Decimare, l'accueillit-il alors qu'elle montait les escaliers. C'est une joie de vous rencontrer.

⏤ Le bonheur est partagé M. Black, répondit-elle doucement, alors qu'elle fut arrivée à sa hauteur.

⏤ Comme M. Juanito Daniel Lopez, vous êtes arrivée en avance. Le reste de élèves arrivera aux alentours de dix neuf heures, lui expliqua-t-il alors qu'il la guidait à travers des longs couloirs sombres éclairés à la torche. Votre nouveau camarade nous attend dans mon bureau. Nous vous passerons le choixpeau afin qu'il puisse vous classer dans les différentes maisons.

Licinia s'empêcha de lancer un regard hautain, en ayant entendu qu'elle serait répartie dans un groupe selon son caractère. Il n'était point étonnant que cette école n'arrivait guère à trouver une évolution si l'on plaçait un individu dans une case, sans prendre en compte les changements ahurissants à l'avenir.

Ils montèrent des escaliers et se trouvèrent au deuxième étage.

⏤ Nous y voici, déclara-t-il face à une gargouille en pierres. Vetus religio ducit viam ! Annonça-t-il d'une voix forte.

Licinia se retint de pouffer. Son mot de passe se traduisait comme "l'ancienne religion ouvre la voie." Elle avait presque un peu de peine envers lui. Après tout, il restait un passionné face à cette branche de magie, or, il n'en possédait pas le don.

La gargouille s'anima et fit un pas de côté puis le mur s'ouvrit, laissant l'accès à un escalier en colimaçon mobile menant à une porte en chêne munie d'un heurtoir en cuivre en forme de griffon.

Le bureau était une pièce circulaire, comportant plusieurs fenêtres, d'où émanait de l'une d'elles, au coucher du soleil, une lumière rouge éclatante dans toute la pièce.

Licinia et M. Black s'avancèrent vers une table, où attendait un jeune homme de la même tranche d'âge qu'elle.

⏤ M. Lopez, je vous présente Mlle Fausta Actus, également nouvelle dans cette école, déclara le directeur en la désignant.

Il était essentiel, que personne ne sache où se trouvait Licinia. Si un sénateur entendait la mention de son nom entre les murs du château, il la retrouverait immédiatement.

Juanito se tourna vers la nouvelle élève et admit sans grande difficulté qu'elle dégageait un certain charisme.

⏤ Mes respects, déclara-t-il en se baissant.

La concernée fronça les sourcils face à cette marque de politesse assez étrange. Voulant paraître vertueuse, elle lui répondit de la même manière.

⏤ Actus... Songea Juanito. Je n'ai jamais entendu ce nom.

Licinia aurait voulu tout lui expliquer, mais elle devait garder ce prétexte pour justifier sa présence à Poudlard. Si les autres sorciers traditionnels apprenaient qu'elle s'y était rendue pour cause d'une caricature ancienne, plus personne ne la prendrait au sérieux.

⏤ Je suis de l'ancienne religion, venant plus précisément d'Écosse, atténua-t-elle en pensant à son oncle. Êtes-vous aussi... ?

⏤ De l'ancienne religion ? Non, pouffa-t-il. J'aurai bien voulu mais l'on m'a réservé un autre destin. Je suis venu à Poudlard pour me rapprocher d'une amie et étudier des cours que je juge plus intéressants ici que dans les Asturies.

⏤ Fort bien, les coupa le directeur. Allons procéder à la répartition.

⏤ Honneur aux dames, s'écarta Juanito.

Licinia lui sourit brièvement avant de s'assoir sur un tabouret qu'avait présenté M. Black. Le directeur tenait avec précarité un vieux chapeau poussiéreux, qu'il posa sur les cheveux courts de Licinia.

⏤ Tiens donc... marmonna le vêtement. Il y a bien une vie où je n'ai point réparti un individu issu de l'ancienne religion, déclara-t-il d'une voix nostalgique. Quatre choix s'offrent à toi ma chère ; Serpentard, pour ta ruse et ta détermination, Gryffondor, pour ton audace et ta soif d'aventure, Serdaigle, pour tes analyses poussées et tes anticipations surprenantes et Poufsouffle pour ton travail acharné - quoi qu'il est moins poussé que les trois autres maisons. Où vais-je te mettre ? Ton objectif qui s'installe dans ta tête demande du travail, des connaissances, du courage et de la détermination.

Si je ressens le frisson et une puissance inattendue, je me sentirais comblée... Lui transmit-elle.

⏤ Je vois... GRYFFONDOR ! Finit-il par annoncer à haute voix.

⏤ Je te remercie, déclara-t-elle en souriant, tout en se levant du tabouret.

Phineas Black demeura déconcerté et déçu, ne comprenant pas pourquoi Licinia n'était pas allée à Serpentard - sa maison favorite. Il ne donna aucun commentaire.

Ce fut le tour de Juanito. Le jeune homme s'avança vers le choixpeau, espérant de se retrouver à Serpentard - une maison qui semblait correspondre à ses traits et qu'il appréciait fortement.

⏤ Je constate qu'il y a un nouveau nom dans l'équation... commenta le choixpeau.

En temps normal, aucun élève excepté celui qui avait le vêtement sur la tête, ne pouvait entendre ce qu'il avait à dire. Néanmoins, Licinia réussit à percer les paroles qu'il transmettait à son camarade.

⏤ Ton ambition est si brûlante que je la sens à travers moi... Je comprends désormais pourquoi tu appartiens à Serpentard...

Le choixpeau continua de parler et Licinia entendit une révélation peu jolie chez le personnage assis sur le tabouret. Elle haussa les sourcils et s'empêcha de lâcher un petit rire.

"Oh oui il est bien ambitieux celui-là..." Pensa-t-elle.

⏤ SERPENTARD ! Cria le vêtement.

Juanito esquissa un sourire satisfait, avant de se lever à son tour. Il croisa un regard assez calculateur de la part de Licinia, qui la fixait comme si elle savait tout ce que le choixpeau avait dit. Il se convainquit pour lui-même que c'était impossible, et quitta le bureau pour commencer à installer ses affaires.

Une foule d'élève descendit du Poudlard Express qui se reposait sur ses railles, dans toute cette nuit épaisse. En levant leurs cous, les individus présents dans le quais, pouvaient voir des lumières baigner les fenêtres d'un château lointain.

Un centaure du nom d'Aurelius, tint une lanterne et intima aux élèves de première année, de se rassembler autour de lui.

Tertula, Isabel et Ruby s'avancèrent vers les calèches qui roulaient toutes seules. Lorsqu'elles virent Albus parler avec son petit frère, une idée germa dans la tête de Tertula.

Elle lança des regards entendus à ses deux amies, avant de s'avancer vers le jeune homme.

⏤ Finalement, j'ai retrouvé ton livre, dit-elle en lui tendant son dû.

⏤ Merci, souffla-t-il en souriant.

⏤ Attends une seconde ! Le stoppa Isabel alors qu'il s'apprêtait à le prendre. On m'a affirmé que tu faisais des corrections désormais.

Ayant parlé un peu trop fort, les élèves qui marchaient également vers les calèches, s'avancèrent vers le petit groupe, curieux de connaitre la raison de cette agitation.

⏤ Approchez tout le monde ! Cria Isabel.

⏤ Nous allons vous apprendre qui est ce fameux Lavoisier ! Compléta Tertula d'un sourire moqueur.

⏤ Vous risquez d'être troublés, leur prévint Isabel. Albus Dumbledore a perçu un grand secret ! "Il est impossible de faire disparaitre totalement un objet..." Commença-t-elle d'une voix pompeuse. "Certes, nous ne le voyons plus, cependant, les particules de l'objet disparu se sont répartis de part et d'autres sur l'environnement où le sort a été lancé, et à de rares moments, dans d'autres lieux où on ne s'y trouve guère. Comme l'affirme le scientifique moldu Antoine Lavoisier : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme."" Très beau discours en effet... commenta-t-elle, ce qui créa une vague de fou rire.

⏤ Vous êtes frivoles, marmonna Abelforth.

Or, contre tout attente, Albus ne sembla point offensé.

⏤ Merci de l'avoir retrouvé, déclara-t-il d'un sourire poli.

Il prit le livre et se permit de hausser les sourcils lorsqu'il avait le dos tourné à toute cette petite foule. Le fait qu'un individu reste encré dans des traditions et des théories peu expliquées, sans vouloir connaitre la vérité, et en refusant d'admettre qu'il était en tort, l'amusait.

L'ancienne députée Venus était à présent dans la ligne de mire des sénateurs qui avaient tué Marcus Decimare. Ceci était dû à sa loyauté envers cet homme, ainsi qu'à son aide lorsqu'elle avait permis à Licinia de fuir la mort.

Cette dernière se résolut de se rendre en Palestine, où elle trouverait Ezra Aknin - un ami de Marcus Decimare qui étudiait les stratègies. Aknin était un très bon allié auquel Venus pouvait avoir confiance.

Venus lui transmettrait ainsi les tensions politiques de Rome, afin qu'Aknin dû à son influence, tente un accord avec les sénateurs de Rome sans encourir à un bain de sang.

Constatant que dix neuf heures approchait, Licinia sortit de son dortoir et elle déboucha dans la salle commune de Gryffondor. Elle se situait vers un petit étage, où elle pouvait voir toute la pièce, depuis la rembarre. Tout était peint dans des tons de rouge et ce lieu dégageait une atmosphère chevaleresque. Les petites flammes qui crépitaient dans l'âtre restaient chaleureuses et confortables.

Licinia descendit des escaliers en bois, traversa la salle, et emprunta la porte de sortie. Elle arriva à se souvenir sans grande difficulté de l'emplacement de la Grande Salle. Certes, elle n'y était jamais entrée, mais le directeur lui avait montrée des grandes portes fermées - étant l'entrée.

Arrivée devant, avec son uniforme qui représentait la maison Gryffondor - étant donné que son directeur lui avait donné les affaires nécessaires - elle vit quelques élèves franchir le seuil des grandes portes qui avaient été ouvertes.

Il y avait quatre tables placées verticalement pour les élèves, une autre table réservée aux professeurs et au directeur était installée sur une estrade au fond de la pièce. Au plafond, des milliers de bougies flottaient dans les airs, éclairant la noirceur de cette salle qui ressemblait à un banquet médiévale. Il n'y avait aucun plafond et Licinia admit que les fondateurs avaient fait un travail monstre pour donner cette illusion.

En constatant que les élèves de Gryffondor étaient à une table située vers la gauche, Licinia s'y installa.

⏤ On ne t'a jamais vue ici, qui es-tu ? Lui demanda un élève.

⏤ Fausta Actus, se présenta-t-elle. Je suis nouvelle.

⏤ Bien, acquiesça-t-il. Je m'appelle Errol Visser.

⏤ Errol, cherches-tu encore à faire paraitre ta galanterie noire ? Plaisanta Albus Dumbledore en lui serrant la main, accompagné d'un certain Elphias Doge qui sourit également.

⏤ Galanterie noire... J'aime bien ce terme, déclara Licinia en souriant.

⏤ C'est grâce à moi qu'ils le connaissent par ailleurs, affirma Errol fièrement.

⏤ Tu es bien drôle, admit-elle un tantinet amusée.

La répartition des première années sous le choixpeau magique fut effectuée, et le coeur de Tertula s'illumina d'une idylle exaltante lorsqu'elle vit Juanito s'avancer vers leur table - un peu en retard étant donné qu'il eut raté la cérémonie.

⏤ Quel beau jeune homme... rêvassa Ruby.

⏤ Je le connais lui... constata Isabel en fronçant les sourcils. C'était le correspondant espagnol de Tertula il y a quatre années de cela.

⏤ Effectivement, je vois que tu as l'oeil, approuva ce dernier en souriant.

⏤ Que fais-tu ici ? Souffla Tertula éberluée.

⏤ Au niveau de l'éducation, nous avons convenu - mes parents et moi - que Poudlard était bien mieux que ma petite école, lui expliqua-t-il en s'asseyant à ses côtés.

⏤ J'ai plutôt l'impression que tu es venu pour Tertula, rectifia Ruby en souriant. C'est si romantique.

⏤ C'est plutôt absurde, répliqua Isabel d'un ton amer.

Juanito pouffa, amusé.

⏤ Pardonne-moi pour avoir blessé ton égo, Tertula, mais cela jouait plus sur l'éducation.

⏤ Je ne suis pas offensée, le rassura-t-elle en riant.

Phineas Black fit cesser les conversations d'un signe de la main, tout en s'avançant vers le pupitre, prêt à prononcer un discours de bienvenue.

⏤ Le directeur est un oncle de Tertula, donc prenez garde les première années, leur avertit Isabel en leur lançant un regard métallique.

Les concernés ne bronchèrent point et l'essentiel d'entre eux acquiesça suite à cette forme de menace.

⏤ Je voudrais souhaiter la bienvenue à tous et à toutes qui rentrent dans notre académie sacrée ; Poudlard.

"sacrée..." se répéta Licinia avec ironie.

⏤ Vous faîtes partie des chanceux qui possèdent un don magique circulant dans leurs veines.

"Va dire ça aux sangs de bourbes..." pensa Tertula avec mépris.

⏤ Et par dessus tout, vous faîtes partie des chanceux vivant en ces temps de paix qui n'ont pas été brisés durant de nombreux siècles. Au sein de notre académie, quatre maisons seront plongés dans une rivalité, favorisant la concurrence et apportant une certaine avance sur la compétition dont vous serez confrontés. Rapportez des points pour celles-ci en travaillant, et en honorant notre école. Enfreignez le règlement dont les préfets vont vous faire part, et ces points seront retirés. Je vous souhaite à tous et à toutes que votre ambition fût si grande, afin qu'elle favorisât vos capacités et votre volonté de réussir. Je vous souhaite une bonne soirée ! Clôtura-t-il en faisant apparaitre d'un coup de baguette des victuailles généreuses sur les tables.

Se présentaient dés lors des pilons de poulet, des tourtes fumantes, des soupes odorantes, de nombreuses variétés de légumes, des pommes de terre sautées, de la viande saignante, des sauces éclatantes dont les sorciers se servirent copieusement.

⏤ Qui prépare ce festin ? S'intéressa Licinia.

⏤ Les elfes de maison, lui expliqua Errol et cette dernière fronça les sourcils.

⏤ "Les elfes de maison" ? Répéta-t-elle confuse.

⏤ Oui, répondit Albus. Ils font office de serviteur dans le monde des sorciers.

⏤ C'est pathétique, siffla-t-elle en songeant à tous les elfes puissants qui étaient de grands politiciens à Rome, en Palestine, en Égypte...

⏤ En voici-un, lui indiqua Errol en voyant un petit être passer dans la Grande Salle.

Licinia fut d'autant plus surprise. Chez les modernistes, ils qualifiaient les qruizes, "d'elfes de maison" et les réduisaient à l'esclavage. Il n'était guère étonnant que les qruizes jurassent sur les modernistes en sachant cela.

⏤ Et les vrais elfes ? Questionna-t-elle en faveurs de ses nouveaux camarades. Sont-ils aussi des esclaves ?

⏤ "Les vrais elfes" restent entre eux éloignés des sorciers comme nous... Répondit Elphias.

⏤ Je sens que cette année s'annonce pour le mieux... dit Tertula en souriant. Rien ne pourrait me-

⏤ Qui est cette fille ? La coupa Ruby en regardant en direction de la table des Gryffondor.

⏤ Bonne question... dit Isabel. Je ne l'ai jamais vue auparavant.

⏤ C'est Fausta Actus, lui expliqua Juanito. C'est une sorcière de l'ancienne religion.

Le sourire étincelant de Tertula s'évanouit à l'instant. Il n'était pas question que cette sorcière l'écarte de la gloire et des mérites. Le simple fait d'avoir le don de l'ancienne religion était un leur dans cette école. Pour son plus grand bonheur, peu de sorciers de cette envergure ne s'y rendait. Elle se demandait alors pourquoi elle y allait.

Tertula en convint que quelque chose d'étrange chez cette fille, se tramait.

Le banquet fini, elle se leva avec un autre préfet et ordonnèrent aux élèves de les suivre. 

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