X
16 août 1898
Des adieux quelques peu funestes, se faisaient ressentir à travers la noble maison des Decimare. Marcus avait passé dix jours à Capoue, et il devait à présent retourner à Rome pour ses fonctions en tant que nouveau consul d'Italie.
Il embrassa avec une douce passion sa femme, et étreignit sa fille, son ami Titus et Tiberius.
⏤ Nous nous reverrons à Rome, sourit-il.
En effet, Gaia et Licinia comptaient déménager à Rome pour se rapprocher de Marcus. Si elles restaient à Capoue, elles ne le verraient que très peu de fois. De plus, le collège où allait se rendre Licinia, se trouvait vers une forêt à proximité de la civilisation urbaine, qu'avait jadis emprunté César de nombreuses fois, lors du retour de ses nombreuses conquêtes.
Licinia était un tantinet attristée à l'idée de ne plus revoir Tiberius plus fréquemment, néanmoins, elle pourrait profiter de sa présence lors de sa formation magique à sa nouvelle assemblée. Elle frémissait d'impatience, à l'idée de rencontrer de nombreux druides à la haute magie. Parmi eux, elle ne connaissait seulement Anchise, et portait une grande admiration envers lui. S'ils étaient tous comme lui en terme de connaissance et de puissance, sa magie pourrait devenir légendaire suite à leurs instructions.
Titus, de son côté, semblait ennuyé par cette option. Le fait de ne plus revoir si souvent son vieil ami Marcus rentrait en jeu, toutefois, c'était plus l'absence de Gaia qui l'affecterait. Même si elle ne tomberait probablement jamais dans ses bras, il aimait la regarder parmi les oliviers. Il aimait observer sa silhouette si rayonnante et si pure. Le privilège et la satisfaction d'observer une telle oeuvre d'art étant le fruit des Dieux, le comblait. Si l'avenir le réduisait à cela, cela ne le dérangerait pas. Tant que Gaia était physiquement proche de lui, sa détermination grandissait au fond de son coeur et sa vie était enjolivée, recouvrant les évènements désastreux qu'engendrait la politique. Songer qu'elle se trouverait dans quelques semaines loins de lui, le brisait en mille morceaux. Il devait profiter des derniers moments avec elle, sinon il allait périr de tristesse.
Marcus finit par sortir de la villa.
La porte se referma et le chant des oiseaux fut pour le moment le seul bruit qui courrait.
Licinia trancha ce calme perturbant.
⏤ Mère ?
La concernée se tourna vers elle.
⏤ Pouvons-nous, avec Tiberius, se rendre à la cité et revoir nos amis qu'on a croisé aux dernières fêtes ?
⏤ Soit. J'accepte.
La femme se tourna vers Titus.
⏤ J'accepte aussi, sourit-il en faveur de son fils.
⏤ Merci, dirent-ils ravis.
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⏤ Toute cette joie m'accable ! S'exclama dans les rues de Capoue, Lucretia - une grande amie de Licinia et Tiberius.
Ils étaient quatre sorciers à se promener entre ces rues traditionnelles qui dégageait tout cet aspect antique et magique.
Le quatrième se nommait Harrius. Il était italien comme ses amis, et comptait se rendre dans le même collège qu'eux à Rome. Il était un elfe, et il avait une demeure à Capoue où il s'y rendait que rarement avec sa famille. Or, sa principale maison était dans la grande et antique cité de Rome. Car en effet, quand bien même certains d'entre eux ne possédaient pas de pouvoir magique, les elfes étaient acceptés dans le monde ancien, étant persécutés chez les des sorciers modernistes.
Lucretia exprimait à haute voix toute sa béatitude que Licinia déménageât à Rome. Ainsi, les deux jeunes femmes pourraient se voir plus fréquemment.
⏤ Imaginez un tant soit peut que ce Black arrive à vous convaincre de venir à Poudlard.
⏤ Cette simple pensée me donne la nausée, grimaça Tiberius.
⏤ Poudlard, Poudlard, Poudlard..., songea Licinia en levant la tête vers le ciel bleu, alors que ses doigts frôlaient les murs peints de la ville. Est-ce si ennuyant que cela en a l'air ? S'interrogea-t-elle.
⏤ Tu plaisantes, c'est une ignominie, cracha Lucretia.
⏤ Oui... il y a certes des saletés de modernistes, des traitres, des misérables insectes etc... Mais, c'est un lieu qui m'attire. On dit qu'il y aurait des démons enfouis depuis des siècles sous terre.
⏤ Ils n'arrangent pas leur cas, se moqua Harrius.
⏤ Oui sûrement... Marmonna-t-elle en scrutant une peinture significative sur les murs.
La tête était un taureau dément dont les yeux étaient exorbités, le bas ressemblait à celui d'un spectre en suivant une partie de son corps qui semblait flotter derrière lui. À ses côtés, se trouvait une caricature d'un vieil homme d'une longue barbe qui tenait un bâton de haute valeur. L'environnement qui les entourait était une plaine britannique, et un grand château avait été construit. L'on pourrait penser que c'était une carricature historique, relatant l'histoire du grand Merlin, chassant les plus viles démons, sauvant ainsi l'académie de sorcellerie nommée Poudlard. Or la peinture datait de l'an 185 - soit avant la construction de Poudlard, soit avant la naissance de Merlin, soit avant la tyrannie des chrétiens contres les sorciers.
Peut-être était-ce une prophétie. Peut-être que les prêtres avaient senti qu'une chose extraordinaire se produirait autour du château. Or la vérité, c'est que personne ne sait.
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Gaia salua Titus qui devait rentrer chez lui pour régler quelques affaires. Ce dernier était conjureur de sorts en faveur des sorciers anciens. Actuellement, aucun fait alarmant n'avait été signalé. Il devait juste revoir ses documents qu'il avait souscrit, et vérifier que tout rentrait dans l'ordre.
La tête sortie dehors, il eut la vile impression que les mages du soleil s'étaient acharnés sur lui. Il se précipita rapidement chez lui, et souffla lorsque l'air frais l'accueillit joyeusement.
Un peu ennuyé de devoir seulement écrire et compléter des documents, il soupira en voyant qu'il en avait pour toute l'après-midi. Sur son écritoire, regorgeait une foule de papiers qui s'élevait de façon monstrueuse pour se moquer de lui - voire l'effrayer.
La magie aurait pu l'arranger, toutefois, il devait vérifier d'un regard lucide et naturel afin de voir s'il n'y avait pas une anomalie.
Trois heures passèrent et Titus continuait son analyse rigoureuse. Rien d'étrange n'avait paru dans les dossiers, tout était dans l'ordre et il fut presque tenté de se tourner vers la magie afin qu'elle remplisse cela à l'aveugle.
Au bout du compte, il se résolut de faire une pause. Il partit de son bureau, et se posa sur le balcon où l'air semblait bien plus respirable qu'avant - étant donné que le soir arrivait. Puis, il ferma légèrement les yeux, épuisé par cette longue journée.
Titus sentit un vent quelque peu glacial chatouiller ses paupières. Il ouvrit brusquement les yeux, et se releva déconcerté. Il pensait avoir juste fermé les yeux durant quelques minutes, mais il s'était endormi et fut resté dans cette position durant au moins deux heures. Son fils était sûrement rentré à cette heure ci.
Il cligna les paupières, un peu perturbé, avant que ses yeux ne se posent sur un objet curieux - c'était une étrange bague noire.
Il la prit entre ses doigts et l'observa d'un regard critique. Une chimère était dessinée dessus, et en voyant la lettre D l'enrouler, il devina à l'instant qu'elle appartenait à son ami Marcus. Il se souvint alors que son ami devait l'enlever pour montrer à Licinia la représentation d'une chimère. Marcus l'avait reposée sur la table et avait oublié de la reprendre.
Mais alors qu'il allait se lever pour aller chez Marcus afin de lui rendre cette bague, il entendit des chuchotements très curieux et une atmosphère très noire et très vilaine qui empoisonnait la bague.
Il clôtura ses paupières et son esprit se plongea à travers cet aspect maléfique. Cette magie noire l'entraîna à travers l'histoire de cette bague.
Son aspect spirituel prit forme dans un lieu où les sorciers honnêtes n'étaient guère accoutumés de s'y trouver. Telle fut sa surprise lorsqu'il vit son vieil ami Marcus entrer dans cette auberge qui regorgeait d'hommes et de femmes publiques, avec des ivrognes plus ignobles les uns que les autres.
Marcus serra la main d'un grand sorcier à la peau mate. Ses cheveux noirs tel le ciel de minuit étaient serrés dans un chignon et une barbe soignée embrassait son menton.
⏤ Voici la somme qui vous est dû Astro, déclara-t-il en lui déposant quarante deniers dans sa main.
Titus fronça les sourcils en constatant que cet homme-ci était un tueur à gage.
⏤ Je vous remercie. Le travail sera fait M. Decimare, affirma-t-il, la détermination dans sa voix, avant de quitter l'auberge part une autre porte de sortie.
"Dans quel jeu vous êtes-vous engagé Marcus ?" Pensa-t-il alarmé.
Il suivit Astro qui déboucha dans les quartiers miteux de Rome. Il en conclut alors que ce fait s'était produit durant la longue absence de son ami.
Astro longea la rue sale et parvint au niveau des quartiers bien plus nobles. Il mit sa capuche et se fondit dans la foule, marchant tout seul parmi elle. Titus réussit à ne pas le perdre de vue, étant donné que son esprit seul se trouvait dans cette mémoire et non son corps.
Ils finirent par arriver devant un hôtel assez luxueux et Astro s'envola dans un tourbillon noir vers une fenêtre assez haute. Titus se concentra un instant, et se retrouva automatiquement à l'étage demandé. Il fut grandement étonné que ce fût la chambre d'Augustus Viperyn.
Alors, il comprit. La forme de l'assassin était dissimulée derrière les rideaux de la fenêtre ouverte. Quand Augustus finit par entrer, Astro surgit de sa cachette et le tua en lui lançant une malédiction virulente, sans lui permettre de penser quoi que ce soit. Après ce geste noble, Astro s'envola par la fenêtre dans ce même tourbillon obscur.
Augustus se tint le cou en voyant que ce dernier commençait à se fendre, ses orbites grossirent à vue d'oeil, son sang remonta dans sa gorge pour franchir ses lèvres et peindre son visage cadavérique. Puis, ce fut la mort. Mort dans son propre sang. Noyé dans cette mare tel un canard égorgé.
L'esprit de Titus sortit de cet artefact, et il se retrouva assis sur sa chaise, dans son balcon, à Capoue. Désormais, les étoiles brillaient dans le ciel. Suite à cette pesante révélation, son coeur chuta. Cet ami qu'il avait toujours aimé tel un frère n'était rien d'autre qu'un meurtrier. Il avait tué Viperyn avec barbarie et lâcheté juste pour s'assurer que la concurrence fût écartée du pouvoir, juste pour avoir ce pouvoir. L'ambition avait dévoré cet homme de l'intérieur et Titus se résolut de le réduire à néant à tout prix.
Sans en être conscient, la maladresse de Marcus qui avait causé l'oubli de sa bague, engendra l'un des plus grands chaos de l'histoire du monde magique, suite à cette simple action...
Le spectre noir sourit, émoustillé par ce qu'il allait se produire ensuite.
Nda : ça avance, ça avance...
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