☆ Chapitre - 19 ☆


Zoé

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Depuis tout à l'heure, j'entends des petits bruits à l'intérieur du cagibi, ainsi qu'au dehors, sur le palier. Cette nuit sans lune apporte encore plus de pénombre au lieu et terrorise mes sens qui sont déjà en éveil.

Il faut dire, que c'est tellement calme comme endroit, que j'arrive à percevoir ma respiration et le rythme de celle-ci, ne me plaît pas. Elle est bien trop élevée, parce que je n'arrive pas à dominer ma peur.

Je tremble de froid, de peur, mais aussi d'angoisse.

Pourtant me retrouver seule, enfermée dans cette partie du grenier, n'est pas chose nouvelle. Je dois y venir à chaque fois, que ma sœur reçoit ses amis ou juste Marlon.

Ils s'amusent, ils boivent, ils fument, terminent la nuit ensemble, pendant que moi, je me morfonds dans cette pièce sale, sombre et habitée.

Ma cohabitation, ces soirs-là, n'est pas des plus simples, car j'ai peur de ces petites bêtes. Zaïna a beau se foutre de moi, j'aimerais la voir assise dans le noir, dans le froid en sachant, que les rats sont à la fête avec cette nouvelle visite.

Je hais cette odeur de poussière, de moisi, et de déjections animales mélangées, qui me provoque des haut-le-cœur, que je suis bien obligée de contrôler et de retenir.

Cette pièce a tout pour me dégoûter et pourtant c'est ici, que j'ai découvert la petite valise, que j'avais pourtant bien dissimulée, mais que Zackary a découverte quand il m'a attendu dans ma chambre.

J'y avais préservé tout ce que j'avais pu dénicher sur ma mère et sa famille. Comme cette série de photos d'elle, quand elle était jeune, de ses parents, de son frère et sa sœur, ainsi que de mon père.

Comme ils avaient l'air heureux et amoureux.

C'est ce jour-là, que j'ai compris la douleur que devait ressentir mon père de l'avoir perdue, elle, la femme de sa vie. L'amour qu'ils se portaient, était pur et véritable, et pour la première fois de ma vie, j'avais découvert le visage de ma mère...

J'avais dû attendre dix-huit ans pour cela.

Pourtant, autant mon père que ma sœur possédaient des photos d'elle, mais je n'avais pas le droit de les voir.

D'après eux, je n'en étais pas digne.

J'ai donc grandi sans son amour, sans son image, ni aucuns souvenirs pouvant me consoler de sa mort.

Alors à la vue de la première photo, j'avais caressé son visage du bout de mes doigts, j'avais suivi, un à un, des traits qui mettaient si familiers. Et pour cause, notre ressemblance était saisissante, car au-delà de la réplique exacte de nos yeux vairons, c'est la douceur de ses traits, l'apparente gentillesse ornée de son sourire, ainsi que sa silhouette fluette, qui avait fait écho en moi.

Elle était rayonnante et si belle.

Tous ces points de ressemblance avec ma mère m'avaient réchauffé le cœur, au point de me permettre de comprendre la farouche jalousie de ma sœur, ainsi que le mal-être de mon père envers moi. Cette valise était devenue, mon coffre au trésor et mon jardin secret, recelant tout ce que j'avais de plus précieux.

C'est aussi dans cette pièce, que j'avais découvert à l'abri des cartons, cette boule de poils roux, dont j'étais tombée amoureuse à l'instant où je l'avais vu.

Héra venait d'entrer dans ma vie.

Elle était plus qu'un chat. Elle était ma confidente, celle sur qui je pouvais compter, et la seule à qui j'avais parlé depuis sept ans. Cela avait été naturel et je ne voulais pas essayer de comprendre pourquoi.

C'était ainsi et voilà tout.

J'avais tout de suite compris ses miaulements, aussi distinctement, que si elle m'avait parlé, sa façon de penser aussi, quand je me posais des questions et qu'elle m'en apportait la réponse. Elle m'avait aidé de son mieux, m'apportant tout l'amour dont elle était capable, pour me consoler à chaque fois que Zaïna avait été virulente avec moi.

Son arrivée dans ma vie avait été précieuse, et m'avait permis ses derniers mois d'être un peu moins triste, un peu moins renfermée et pour je ne sais quelle raison ; j'arrivais même à me sentir un peu moins coupable de la disparition de ma mère...

Un nouveau bruit attire mon attention et je sais pertinemment à qui il appartient. Zaïna vient vérifier que je suis bien là où elle a exigé que je sois. Elle vient me rappeler les règles, mais surtout, elle vient une fois de plus me cracher son venin.

Mais cette nuit, elle peut dire ou faire ce qu'elle veut. Je ne suis pas seule et ça fait toute la différence.

D'ailleurs elle a remarqué qu'un truc clochait dans mon attitude, mais elle a eu beau fouiller mon visage ou les recoins du cagibi avec sa lampe torche, elle n'a rien vu, heureusement.

Pour y découvrir ce que j'avais caché, il aurait fallu qu'elle pénètre dans le fond de cet antre pestilentiel.

Qu'elle frôle de son pyjama de soie vert céladon, la poussière épaisse.

Qu'elle touche de ses doigts manucurés et vernis, les cartons humides.

Qu'elle foule de ses jolies ballerines argentées, le sol en béton.

Il n'y avait donc aucune chance, pour qu'elle découvre mon précieux trésor. Et cette perspective m'avait arraché, un rictus de satisfaction, alors qu'elle avait descendu les marches en éternuant. La pauvre serait-elle allergique à la poussière ? m'étais-je fait la réflexion, certes mesquine, mais si légère en comparaison de tout ce qu'elle me faisait subir.

La porte de l'appartement vient de claquer et je sais à présent, qu'elle va me laisser tranquille. La casquette vissée sur ma tête, j'attrape le téléphone. Mes mains tremblent quelque peu, mais de savoir que Zackary m'attend impatiemment, me donne le courage d'écrire : 

— « Salut », envoyé-je.

La réponse ne se fait pas attendre.

— « Salut mon ange »

— « Je suis désolée de t'avoir fait attendre »

— « Je sais que tu prends des risques, alors ne t'excuse pas »

— « Elle vient à peine de venir pour m'informer, que je dois rester ici, jusqu'au matin »

— « Elle est sérieuse ? »

— « Elle ne veut pas que Marlon rentre avec ce froid »

— « Mais que toi tu meures de froid, ça, ce n'est pas grave ? »

Je sais qu'il est en colère, que j'accepte la situation, mais si cela me permet d'endormir la vigilance de Zaïna envers nous, alors oui je l'accepte.

— « Je ne voulais pas m'emporter, mais c'est plus fort que moi, en te sachant seule là-bas »

— « Je ne suis pas seule »

— « Qui est avec toi ? »

Je souris à sa réponse, car je savais que mon prince jaloux allait réagir à cette information.

Cette façon de communiquer est nouvelle pour moi, et pourtant si familière. M'exprimer par écrit me permet de me lâcher, de m'exprimer sans buter sur les mots, sans que ma voix ne se dérobe.

De plus, je ne suis pas sous l'emprise de son regard, qui me fascine et me déstabilise, ce qui me donne envie de le titiller un peu.

— « Deux beaux spécimens » réponds-je en gloussant et en imaginant sa tête.

— « ???? »

— « Ils sont cool en plus  »

Zackary prend un peu de temps avant de me répondre.

— « Si tu voulais me faire enrager ! Tu y es arrivée, espèce de chipie »

Je ferme les yeux en m'imaginant Zackary en train de fulminer, et je suis sûre que de la fumée doit sortir de son nez, tel un dragon.

— « Ils ne sont pas aussi beaux que toi. Ça te rassure ? »

— « Mouais ! »

Sa réaction me fait sourire, il s'emballe pour si peu... Un nouvel sms vient d'arriver, et je m'empresse de le lire :

— « J'ai rêvé ou tu viens de me dire que j'étais beau ? »

Mes joues se colorent, il a enfin capté.

— « Tu n'as pas rêvé... Mais il n'y a pas de mal à être plus beau qu'eux. Ce sont deux vieux rats ! »

— « Beurk ! C'est pire que je ne le pensais »

— « Ils ne m'embêtent pas. Ils me fixent juste »

Je n'ose pas lui dire que j'en ai peur, il pourrait se moquer de moi lui aussi. Pourtant de les savoir là, en face, leurs petits yeux rouges rivés sur moi, me donne la chair de poule. Alors je préfère parler d'eux en les tournant en dérision, ainsi, ils me font moins peur.

— « Tu es vraiment courageuse... Ou folle ! J'hésite encore » ajoute-t-il avec un bonhomme qui rigole.

— « C'est marrant ce bonhomme ! »

Zackary fait preuve de patience en m'expliquant leur signification et où les trouver sur mon téléphone. La quantité des possibles qui s'ouvrent à moi pour m'exprimer me réjouit. Celui que je préfère est l'émoticône avec les yeux en forme de cœur. Et c'est celui, que je viens d'octroyer à Zackary, car il est arrivé à me distraire de ma peur en m'amusant, et en changeant de conversation.

— « On dirait une gamine au pied du sapin » se marre-t-il devant la déferlante d'émoticônes que j'emploie à chaque sms.

Pourtant s'il savait...

Zackary a dû comprendre qu'un truc clochait, vu que je n'ai pas répondu du tac au tac, cette fois-ci. La conversation entre nous est si fluide, si facile, que j'ai l'impression d'avoir toujours échangé de la sorte avec lui.

— « Mon ange, tu veux bien m'en parler ? »

— « Il n'y a rien à dire » me crispé-je en répondant.

— « Tu ne me fais pas confiance ? »

— « Si »

— « Mais ? » ajoute-t-il.

— « Je ne veux pas plomber l'ambiance »

— « Tu sais que je tiens énormément à toi Zoé, et tout ce que tu as vécu fait partie de la femme que tu es, et que... »

Un nouveau sms arrive, alors que j'étais encore en train de lire le précédent.

— « Je t'aime »

Oh mon Dieu, Zackary vient de me le redire.

Et son, « je t'aime » écrit, à encore plus d'impact sur moi et de valeur, que celui qu'il a prononcé tout à l'heure.

Les mots s'envolent mais les écrits restent.

Et de voir son, « je t'aime » écrit là, sur cet écran, sous mes yeux, me fais prendre conscience, que ce n'était pas des paroles en l'air.

Zackary m'aime.

Mon cœur bat à tout rompre, mais je dois me calmer, parce qu'il ne sait rien sur moi. Et si je venais à tout lui avouer, il pourrait me rejeter.

Zackary pourrait me désaimer.

Est-ce que je dois prendre le risque ?

— « Mon ange, je ne veux pas te forcer, tu m'en parleras le jour où tu seras prête. Je serais patient. Je saurais attendre »

Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un tel mec ? Je n'ai jamais rien fait de bien dans ma vie. Alors pourquoi ce cadeau ?

— « Zackary. Tu es si patient, si doux, et si attentionné, que je ne veux pas te décevoir. Alors pose-moi tes questions et j'essaierai d'y répondre »

— « C'est toi qui me rends comme ça. Jamais aucunes nanas ont eu cet effet sur moi »

— « Pourtant je suis si insignifiante... »

— « Tu es la plus belle personne que je n'ai jamais rencontrée. Tu es unique et précieuse »

Je relis plusieurs fois les derniers sms et je n'arrive pas à y croire. J'ai la sensation qu'il parle de quelqu'un d'autre.

— « Je n'ai rien d'unique. Je te rappelle que j'ai une jumelle »

— « Je ne risque pas de l'oublier. Mais tu n'as rien en commun avec cette cinglée »

Je sais que nous ne partageons pas grand-chose en dehors de notre physique. Mais je ne peux m'empêcher de penser que c'est de ma faute si elle aussi méchante.

— « Elle n'est pas cinglée, elle est juste malheureuse »

— « Et donc ça lui donne le droit de défouler sa haine sur toi ? »

— « Je le mérite... »

— « Ne dis pas n'importe quoi Zoé »

— « J'ai perdu ma mère »

Un long silence s'installe, et je ne sais pas si je dois attendre qu'il digère l'information, ou si je dois reprendre, ou si...

— « Je suis désolé pour toi, que tu n'aies plus ta mère. Cela fait longtemps qu'elle est morte ? »

— « Cela fera dix-neuf ans, le vingt-deux décembre »

— « Mais tu n'as que dix-huit ans, si Zaïna ne m'a pas menti sur ça aussi. Alors comment ce n'est possible ? »

— « Parce que j'ai tué ma mère en venant au monde »

— « Oh »

Le temps est comme suspendu.

Zackary sait maintenant qui je suis vraiment ; une meurtrière.

Et il réagit, comme je le craignais...






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😍 Coucou mes Loulous 😍

🎄Le compte à rebours continu : 🎄

🎅plus que 5 chapitres avant la fin de l'histoire 🎅

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Zoé est vraiment touchante, enfin c'est comme ça que je la ressens et vous ?

Leur conversation sms, nous montre une nouvelle facette de Zoé

Où elle se lâche un peu !

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Prochain chapitre, celui de Zackary.

Est-ce que l'aveu de Zoé va le faire changer d'avis sur elle ?

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😘 Bisous et à demain pour la suite 🙏

🌸 Kty. Auteure 🌸

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