☆ Chapitre - 09 ☆


Zoé

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Zackary est là devant moi.

Son aura et sa masculinité emplissent toute la pièce, tant il est grand avec une allure sportive, de ses épaules carrées à ses longues jambes, il m'impressionne. Pourtant, il n'est que douceur et gentillesse envers moi. Respectant même mon silence, et mon besoin de me taire.

Il boit avec plaisir le chocolat chaud, que je lui ai préparé, après qu'il m'est suivi jusque chez moi. Zackary n'a pas voulu lâcher l'affaire, n'a pas voulu me laisser sans comprendre, pourtant il n'était pas arrivé à ouvrir les yeux sur l'évidence.

Il ne sait plus qui est qui, de Zaïna, ou de Zoé.

Et je ne pourrais jamais oublier sa tête, ni son regard perdu, quand je lui ai susurré mon prénom.

« Zoé », avait-il répété comme pour l'imprimer ou le rendre plus réel.

Pourtant, Zackary n'arrivait pas encore a définir, à qui il pouvait attribuer ce prénom. Je l'entendais s'interroger sur sa provenance, et son incompréhension m'avait étonné. En revanche, mon prénom ne m'avait jamais paru aussi beau.

Ces trois lettres qui roulaient sur sa langue, pour se frayer un chemin, jusqu'à ses lèvres m'avaient chamboulé. Tout autant, que sa prise sur mon bras dans les escaliers, le contact de sa peau sur la mienne, déclenchant en moi des émotions et des sensations, jamais ressenties.

J'en avais tremblé, mais pas de peur ou de mal, comme il l'a sans doute cru.

Oh non, son contact était doux, sa peau électrisant la moindre cellule de mon épiderme qu'il touchait, sans se rendre compte, que c'était mon premier contact avec un homme, autre que mon père.

Là où je n'avais connu que brusquerie, Zackary venait d'y déposer sa douceur, même si cet acte n'était destiné qu'à me stopper, il était bel et bien réel. Je m'étais arrêté surprise par son geste, mais ravie par ce premier contact entre nous, autre qu'à travers nos regards.

Le sien était si intense, telle une tempête en pleine mer, teintant ce bleu si profond de reflet gris, virant à l'acier, quand le questionnement et l'incompréhension l'avaient pris, tout en me détaillant.

Zackary n'avait toujours pas compris que nous étions deux, enfin pas comme il l'a envisagé en tout cas.

Je n'étais pas Zaïna, et elle n'avait pas un dédoublement de personnalité. Non j'étais bien Zoé, j'étais bien unique, malgré notre gémellité.

Nous avions beau être en tout point similaire physiquement, je n'étais pas elle.

Petit à petit, je voyais les rouages de son raisonnement se mettre en place, ses questions s'affiner, et accepter le silence que je lui imposais. Lui laissant le temps de comprendre, d'analyser, et de définir qui j'étais.

Installés sur les tabourets hauts de la cuisine, ses yeux ancrés dans les miens, il me donne l'impression de vouloir lire en moi, pour y découvrir, ce que j'y cache depuis ma naissance.

Verra-t-il ma souffrance ?

Devinera-t-il mes fêlures ?

Acceptera-t-il ce qu'il va y découvrir ?

Mon trouble ressort sur mes joues, que je sens chauffer comme jamais, la morsure du froid que j'ai subi tout à l'heure n'est rien à côté de ce qu'il me fait ressentir. Ses yeux scrutant la moindre parcelle de mon visage. Il pourrait compter mes taches de rousseurs une à une, qu'il n'en serait pas plus précis dans sa contemplation.

Mon seul indicateur, afin de savoir ce qu'il aime, étant ses yeux pétillants, et son regard malicieux, à chaque fois qu'il le déplace sur moi. Mais quand il pose son sourire charmeur, sur sa voix rauque, ses mots me déstabilisent, autant que sa bouche qui bouge à l'unisson de sa question.

— Mais qui es-tu, belle et mystérieuse créature ?

Sa main traverse l'espace qui nous sépare, s'empare de la mienne, et à nouveau mon corps s'embrase face à ce toucher si doux, si naturel entre nous. Ses longs doigts parcourant les miens, je ne suis plus qu'un corps liquide en ébullition.

Je devrais retirer ma main, pourtant je ne le fais pas, adorant bien trop les sillons que Zackary trace sur ma peau fine et si sensible à son toucher, que c'en est hypnotisant.

Je devrais lui dire de partir, pourtant j'en suis incapable, voulant profiter jusqu'au dernier grain de sable de ce sablier qui marque ce temps émotionnellement fort.

Je devrais fermer les yeux, pourtant je le fixe de plus belle, explorant une à une, toutes les facettes de ses iris.

Je devrais avoir peur de cet inconnu, pourtant tout en lui me donne confiance, pourtant, ce lâcher prise me terrifie au plus au point. Lui faire confiance... Lui donner sa chance... Accepter de prendre le risque de la vie... Est-ce que je dois lui permettre d'entrée dans ma vie ?

— Je suis Zoé. Je suis juste... Zoé, réponds-je, comme si cela pouvait l'aider.

« Il le sait déjà, espèce d'idiote, tu lui as déjà dit », me fais-je la réflexion. Tu crois qu'il va se contenter de ça ? Je dois essayer de lui parler ou bien de lui écrire ou bien de... Mes pensées se perdent en l'entendant prononcer mon prénom.

— Zoé, répète-t-il à son tour, en agrandissant son regard à chaque fois qu'il le redit. Zoé...

Sa main cajolant la mienne, je crois bien que le temps a suspendu les heures, les minutes, les secondes, afin de m'offrir ce moment si doux, si fusionnel, si romantique.

Ses yeux se reflètent dans les miens, et je ne sais pas ce qui bloque ses pensées. Je n'arrive pas à déchiffrer ce qui l'empêche de comprendre l'évidence. Pourtant, ces yeux qu'il admire et vénère depuis tout à l'heure, ne sont qu'à moi, rien qu'à moi. Et à cela, ma sœur ne pourra jamais rien faire contre.

Pourtant il attend mes explications. Il attend que je lui donne la solution.

Je dois lui prouver que Zaïna lui a menti. Je dois me lancer, je dois le faire pour lui, pour moi, pour sortir enfin de ma coquille.

— Zackary, tenté-je pour être sûre d'avoir toute son attention.

Ma voix aussi fine qu'un filet d'eau, je le nomme comme je le fais à chaque fois, que j'ai pu l'apercevoir à sa fenêtre. Ma timidité, le fait qu'il soit si proche, qu'il ne se détache pas de mes yeux, sont autant d'éléments qui entravent encore plus ma voix, je me demande s'il m'a même entendu.

— Tu veux bien le redire ? me surprend-il alors que sa voix trahît son trouble.

Ses yeux se teintent d'une myriade d'éclats lumineux, tandis que ses doigts font des va-et-vient imaginaires, sur mon avant-bras, envoûtant ma peau, ma pauvre résistance et les quelques défenses qu'il me reste.

J'aimerais tant me laisser aller à cette douceur jusque-là inconnue.

Accepter que Zackary puisse faire tomber une à une les murailles, que j'avais érigées tout au long de ma courte vie. À elles seules, elles m'ont protégé de l'effondrement, de l'autodestruction. Cette résilience si chèrement acquise, comment peut-il la mettre à mal, juste en me regardant, comment peut-il accomplir cette destruction, que j'ai mise tant de temps à construire ?

Comment peut-il me désarmer aussi facilement, en effleurant juste ma peau ?

Comment peut-il toucher mon cœur en ne prononçant pas un mot, en étant juste lui ?

Comment est-ce possible, que lui, Zackary y arrive, là où tous les autres ont échoué ?

Je ne m'explique pas cet état de faiblesse et de vulnérabilité, permettant au doute de s'installer en moi, tel un poison se servant de mon sang pour toucher toutes les parties de mon corps, sans en oublier ma tête et mon cœur.

Pourquoi fait-il tout ça ?

Dans quel but, veut-il me rendre aussi dépendante de son regard, de son toucher, de ses quelques mots. Je ne suis pourtant pas intéressante, et ce ne sont pas les quelques mots que j'ai pu prononcer, qui vont faire, que je vais le devenir. Je n'ai rien à offrir. Rien à proposer.

Alors pourquoi met-il autant de volonté à me connaître ?

Il ne peut pas faire ça pour...

Je me crispe à cette pensée qui vient subrepticement d'envahir ma tête. Je retire tout aussi vite ma main de la sienne, son toucher me brûle. Je me lève et me recule dans un même mouvement. Butant contre le meuble derrière moi, je me stoppe, mais mes pensées, elles, galopent à la vitesse d'un train lancé à vive allure.

Mon imagination débordante et mon manque de confiance en moi, font le reste, et la frayeur s'empare de tout mon être sans que je n'arrive à me raisonner.

Je sens les larmes montées cependant, je dois les retenir.

Je ne dois pas lui offrir ce spectacle, sous peine qu'il s'en serve contre moi, pour m'atteindre et me détruire, définitivement.

Je dois me protéger de leur perversité. De leur complot. De leur machination... 

Du machiavélisme dont peut faire preuve ma sœur envers moi.

— Zoé, attends, ajoute-t-il paniquer face à mon repli soudain. Parle-moi. Explique-moi. Qu'est-ce qui se passe ? J'ai fait quelque chose de mal ?

Son regard filant de l'ardoise à moi, il me la tend.

— Écris-moi et dis-moi, ce qui se trame dans cette jolie tête. S'il te plaît Zoé, me supplie-t-il, je veux arriver à comprendre.

Je prends l'ardoise et note rapidement :

— « Pourquoi me fais-tu tout ça ? ».

— Pourquoi ? répète-t-il complètement paumé.

Vigoureusement, je retourne l'ardoise vers lui afin qu'il me dise la vérité.

— « C'est Zaïna qui te l'a demandé ? »

Je peux lire l'incompréhension dans ses yeux, qui virent au bleu tempête, et je me demande si j'ai pu me tromper sur ses intentions. Si ma peur des autres n'a pas été mauvaise conseillère. Si mon manque de connaissance des relations humaines, ne m'a pas conduit à envisager un raccourci, bien trop simple.

— Attends, deux minutes ! C'est un tel bordel dans ma tête, que je ne peux pas répondre à une chose, que je ne comprends pas.

Il souffle, prends sa tête entre ses mains et tire sur ses cheveux, comme si cela pouvait l'aider, à dénouer les nœuds, qu'il s'est fait au cerveau.

— Tu dis que tu t'appelles Zoé, et je veux bien te croire, s'empresse-t-il d'ajouter en voyant poindre ma contrariété. Mais dans ce cas-là, dis-moi qui est Zaïna ?

S'il le fait exprès, il est vraiment très bon acteur. 

Alors j'essaye de me convaincre, que ses intentions sont bonnes et louables, et je me jette à l'eau, en lui révélant ce qu'on m'a interdit de dire, depuis trop longtemps maintenant :

— Ma jumelle, arrivé-je à murmurer dans un souffle libérateur.

Tous mes espoirs sont fondés sur cette révélation, qui j'espère, comblera toutes ses questions, et me permettra de répondre aux miennes, et de savoir les raisons de sa présence ici.

Plus j'analyse sa façon de réagir, et plus j'essaye de me convaincre que Zackary n'est pas juste là, parce que Zaïna le lui aurait demandé.

Qu'il ne veut pas juste se jouer de moi, me faire du mal ou me punir d'avoir désobéi à ma sœur ?

Je ne sais plus où j'en suis et Zackary non plus, si je me réfère à la tête qu'il fait. Pourtant, ce que je viens de lui révéler est simple à comprendre, non ?

Pourquoi n'arrive-t-il pas à réaliser, ce que je viens de lui dire ?

— Jumelle ? C'est bien ce que tu viens de me dire Zoé ? réclame-t-il confirmation.

Je hoche la tête, ayant peur que mes cordes vocales ne me trahissent si je venais à lui répondre de vive voix.

— Des jumelles ! C'est ça ton explication ?

Je récupère mon ardoise et écris à toute vitesse :

— « Tu m'as demandé qui était Zaïna, je t'ai répondu ».

Les larmes me montent aux yeux et résistent, pour ne pas céder et glisser le long de mes joues. Je le pensais différent des autres. J'ai été honnête avec lui. Ce que n'a jamais été Zaïna en lui disant, comme elle le dit à tous, qu'elle est fille unique, qu'elle vit seule...

Et pourtant, c'est elle qu'il a l'air de croire, et pas moi.

Elle obtient toujours ce qu'elle veut, et de tout le monde.

Alors pourquoi cela serait-il différent avec Zackary ?

Une musique retentit, lorsque commence un riff de guitare, et il me faut un laps de temps, pour comprendre que ces notes viennent du téléphone, que Zackary vient de sortir de la poche arrière de son jean.

Il lit, répond par un message et le replace dans sa poche, la mine toujours aussi fermée.

Et je sais déjà, que ce qu'il va me dire ne va pas me plaire. Je le sens, l'atmosphère a changé, la bulle que nous avions construit, a explosé en mille morceaux.

Je me referme comme une huître dans sa coquille, en croisant mes bras sur le devant de mon ventre, afin de me protéger, pour ne pas qu'il m'atteigne, pour ne pas qu'il termine son chantier de démolition.

— Je dois y aller ! m'informe-t-il sans même un regard.

Il fuit, je le sais.

Affronter la vérité, et accepter que Zaïna lui a menti, ça doit être dur pour lui. Alors je n'essaye même pas de le retenir...

La porte s'ouvre, et mon cœur se referme.

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🌸 Kty.Auteure 🌸

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