Zackary

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Je n'en crois pas mes yeux.

Zaïna se tient là devant moi. Pourtant ce n'est pas vraiment Zaïna, même si j'ai du mal à le croire et si j'arrive, encore moins de le comprendre. Ses yeux me prouvent pourtant le contraire. Ils sont si différents, si intenses, si troublants, si...

Si Zaïna avait eu un œil vert et l'autre noisette, je m'en serais tout de même aperçu avant ce moment ? Comment j'aurais pu passer à côté de cette particularité ?

J'ai beau fixer ses magnifiques yeux qui me font face, je ne comprends pas...

— Comment est-ce possible ? soupiré-je de stupeur.

Son silence ne m'aide pas beaucoup, ni son attitude de replis, alors que je la fixe pour découvrir ce qu'elle me cache, les questions continuent d'affluer :

Porte-t-elle des lentilles pour cacher ses yeux vairons ?

Ou les met-elle juste pour aller au lycée ?

Le lycée, mais oui elle devrait être là-bas, je l'ai moi-même déposé avec la voiture de ma mère tout à l'heure.

Alors que fait-elle ici ?

Est-elle malade et c'est pour cela qu'elle est rentrée ?

Je n'ai pas le temps de lui poser la question, que Héra commence à gigoter, et à vouloir descendre de mes bras. Mais, quand je vais pour la lâcher dans l'entrée, elle saute directement dans ceux de Zaïna.

Elle la réceptionne sans rien dire, ne me regarde pas, avant de refermer la porte d'entrée, sans même un remerciement.

Elle est sérieuse ?

Je bloque la porte de mon pied juste à temps avant de la questionner sur son comportement dès plus bizarre depuis ce matin.

— Zaïna, mais qu'est-ce qui t'arrive ?

Elle ne répond pas, et fait même un pas en arrière, comme si je l'avais effrayé. Se cachant à moitié derrière sa chatte, elle essaye de se dissimuler, de se soustraire à mon regard, à ma question.

Mais où est donc passée la folle furieuse de ce matin ? Cette Zaïna-là ne me manque pas, au contraire, mais tous ces changements m'intriguent. Parce que j'ai devant moi une Zaïna timide, limite apeurée, et qui baisse constamment le regard.

Je vais finir par croire que cette nana à une double personnalité, ce n'est pas possible autrement. On ne peut pas être tout et son contraire !

À des moments, elle est cool, puis devient odieuse la seconde qui suit. Elle passe de la nana qui est sûre d'elle et sait ce qu'elle veut, à cette nana que j'ai devant les yeux, timide et qui manque d'assurance. Sans parler de ses accès de colère, de ses sautes d'humeur, et de l'agressivité dont elle peut faire preuve, comme ce matin.

Mais je ne l'avais jamais vu silencieuse, déstabilisée, et craintive, comme elle l'est à l'instant.

Je pousse doucement la porte afin de franchir le seuil. Je pénètre dans l'entrée en essayant de ne pas l'effrayer, je dois comprendre ce qu'elle me cache.

Elle me fait face sans bouger, le regard toujours baissé, comme si elle était impressionnée, et tout aussi étonnant, elle tient toujours la chatte dans ses bras.

Je peux même dire qu'elle s'y accroche.

Pourtant, tout à l'heure elle m'a bien dit, qu'elle la détestait, et là, elle la câline, la caresse et Héra ronronne.

J'ai dû louper un épisode, ce n'est pas possible. Quelque chose m'échappe... Mais quoi ? Cette nana possède deux personnalités aux antipodes l'une de l'autre. En la découvrant aussi fragile, je retrouve l'image de ma belle inconnue de la fenêtre.

Celle si timide qui se cache derrière ses rideaux, derrière ses cheveux.

Celle qui me mate, mais qui recule au moindre de mes gestes.

Celle qui m'intrigue et m'attire plus que je ne peux me l'expliquer.

Celle que je n'étais pas arrivé pas à cerner, jusqu'à maintenant, dans la façon d'être de Zaïna.

C'est elle, que je veux connaître, que je veux découvrir, et elle est enfin là devant moi comme je me l'étais imaginé, dans cette tenue si simple qui contraste, elle aussi, avec les vêtements qu'elle porte pour aller au lycée.

Elle est décontractée et amusante à la fois, avec ses têtes de lapins à chaque pied. Elle m'émeut et me chamboule, tout autant que la première fois que je l'ai vu, derrière sa vitre.

Cette naïveté, contraste tellement avec la nana sûre d'elle, que j'ai rencontrée, que c'en est déroutant.

Je la vois se déplacer, petits pas par petits pas vers l'escalier, comme si elle ne voulait pas que je capte son petit manège. Je m'approche d'elle les mains tendues en lui proposant :

— Donne-moi Héra, je vais la porter jusque chez toi. Ça évitera qu'elle s'enfuie à nouveau.

N'ayant aucune réponse, j'amorce mon geste pour attraper Héra provoquant chez Zaïna un mouvement de défense qui la fait reculer.

Je peux lire la panique dans ses magnifiques yeux, qui se sont agrandis, sous l'effet de la surprise.

Je n'ai pourtant rien fait de mal ?

Héra quant à elle, en a profité pour s'enfuir dans les escaliers, et voilà que Zaïna part à sa suite pour me fuir elle aussi.

Mais quelle mouche a bien pu la piquer ?

— Attends-moi ! crié-je un brin agacé par ce nouveau comportement.

Pourquoi m'évite-t-elle à ce point ?

J'ai vite fait de la rattraper en grimpant les marches deux par deux, et l'agrippe par le bras pour arrêter sa fuite. Elle se stoppe net à mon contact. Ma main sur son avant-bras ne la serre pourtant pas. Je la sens trembler de la tête aux pieds, alors qu'elle me tourne toujours le dos.

Avec le plus de douceur, dont je suis capable de faire preuve, je l'oblige à se tourner vers moi, et c'est avec stupeur, que je découvre les larmes noyant ses yeux.

— Zaïna, je ne voulais pas te faire mal, excuse-moi si...

— Zoé.

Elle me coupe la parole, pour prononcer un prénom de cette petite voix, fragile et douce, que je découvre ébahi.

Zoé...

Mais qui est Zoé ? Que vient-elle faire dans cette histoire ? C'est déjà, bien assez compliqué comme ça, sans qu'en plus, elle y ajoute quelqu'un d'autre.

Zoé ? Elle doit rejoindre une nana ou elle a une autre chatte qui s'appelle ainsi ? Non mais franchement, elle veut que je fasse quoi de cette info ? Je lui demande totalement abasourdi...

— Mais qui est Zoé ? Sois plus précise, parce que là je t'avoue, que les trois lettres de ce prénom, si beau soit-il, ne me donne aucune indication sur la personne en question. Alors, dis-moi de qui me parles-tu ? Parce que là, je suis complètement largué ! Tu t'inquiètes pour une Zoé ? C'est ça ?

La petite voix réapparaît après un effort presque surhumain, et elle murmure :

— Je suis... Zoé.

Je m'assois sur la marche, après avoir lâché le bras de cette rousse, dont je ne sais plus qui elle est.

Zaïna ? Zoé ?

Se donnerait-elle deux prénoms en fonction de la personnalité dominante du moment ?

J'avais lu un article sur le dédoublement de la personnalité, mais je n'aurais jamais cru rencontrer une nana comme ça.

Elle est comme le jour et la nuit ou les deux faces d'une même pièce.

Mais qui qu'elle soit, je ne vais pas partir sans réponses. Je dois comprendre...

Je ne vais pas lâcher l'affaire, car cette nana me plaît trop. Ça va même au-delà de ça. Dès que j'ai posé les yeux sur elle, j'ai su qu'elle était spéciale, unique et faites pour moi. Je n'arrive pas à l'expliquer, mais c'est elle que je veux. Alors même si elle est compliquée, je vais m'accrocher, car être avec elle va bien plus loin qu'une envie passagère.

— Explique-moi, je suis paumé Zaïna ou bien Zoé ou qui que tu sois d'autre, peu importe ton prénom. Je veux comprendre qui tu es réellement, ajouté-je calmement.

Elle hoche la tête avant de me répondre :

— Ok.

Puis elle reprend la montée vers son appartement, me laissant là, assis, comme un con. Elle me répond juste par un ok, et se casse. Décidément cette nana est une véritable énigme. Arrivée devant la porte restée entrouverte, elle se retourne vers moi et m'accorde un petit sourire gêné.

Serait-ce une invitation ?

Je vais considérer que c'en est une, vu qu'elle ne me dit rien, après tout. Je me lève dans un mouvement rapide, et grimpe les quelques marches qui nous séparent. Me voilà planté devant elle, la dominant d'une bonne tête.

Mes yeux plantés dans son regard magnétique, duquel je n'arrive pas à me détacher. Je reste planté en attendant la suite. Elle ne dit rien et pourtant, c'est elle qui mène la danse. Elle peut tout se permettre, parce que je sais que quoi que j'apprenne sur elle, cette nana m'est devenue essentielle.

Elle rentre chez elle, et me fait signe de la main d'en faire autant. Je ne me fais pas prier, et accède à sa demande silencieuse.

Elle joue les mystérieuses, sans prononcer un mot, sans rechercher mon contact, sans en faire des tonnes, et cela me plaît, autant que ça me déroute.

Je regarde l'appartement, il y a à peine une heure, je me trouvais au même endroit avec la même personne.

Mais tout a changé !

Que s'est-il passé en si peu de temps, pour qu'une telle mutation s'opère ?

J'ai l'impression d'avoir traversé un mur invisible, et de me retrouver dans une autre dimension. Dans un double ou une copie de cet instant de vie.

Le calme à fait place à la tempête. Le silence aux cris.

Je ne l'ai jamais vu aussi fragile, délicate, et belle.

J'observe son visage, son teint de porcelaine, ses traits sans maquillage sont si fins, si purs, que j'ai envie de les suivre du bout de mes doigts. Encore un contraste, qui me fait douter, face à ce qu'elle s'applique sur la figure normalement, quand elle sort.

Elle me tourne le dos, alors qu'elle se dirige vers la cuisine, et je ne peux m'empêcher de la mater.

De sa belle crinière rousse serpentant sur son dos pour atteindre sa chute de reins, à ses fesses moulées dans ce jean pourtant dès plus basique, à ses jambes qui ne m'ont jamais paru aussi longues et fuselées, elle me plaît.

Elle me plaît, parce qu'elle est juste, elle. Sans fards, sans superflus, sans talons...

Mon regard finit de la reluquer, et termine sa prospection, sur ces deux queues de lapins roses, qui me tirent un sourire.

J'aime, que dis-je, j'adore celle qui me fait face à présent, qui de sa main, m'indique de m'asseoir au comptoir de la cuisine, sur lequel elle a disposé deux mugs de chocolat chaud. L'odeur de cannelle vient d'emplir toute la pièce, pour mon plus grand plaisir et le sien, apparemment.

Elle me regarde par en dessous sans oser lever les yeux, et affronter mon regard ou mon jugement, et essaye de voir si son attention me fait plaisir.

Je porte le mug à ma bouche, souffle sur la mousse fumante et savoure avec bonheur ma boisson préférée.

— Il est aussi bon que celui de grandma, lui avoué-je sans bouder mon plaisir.

Elle s'assoit en face de moi, comme si ma réponse avait validé son droit de prendre place à son tour. Cette attitude me dérange, car elle me donne l'impression d'être à mon service, d'attendre mon bon vouloir, avant de pouvoir elle aussi, boire son chocolat.

Le silence qu'elle nous impose n'est pas lourd, on déguste, on se regarde, on se sourit, elle plus timidement que moi. Elle est à croquer. Ses yeux essayent de communiquer avec les miens, dans une langue jusqu'alors inconnue pour moi, et je me perds dans sa contemplation. Je n'essaye même pas de parler, les mots sont superflus.

Les questions peuvent bien attendre.

Pour l'instant, je savoure chaque seconde de mon temps passé avec elle, chaque regard plus intense que le précédent, chaque détail, que je n'aurais sans doute pas capté si j'avais dû lui parler. Comme le nombre infini de taches de rousseurs, sur ses joues rosies par l'intensité de notre échange. Ou comme cette candeur qui émane d'elle. Une qualité rare, que j'ai toujours recherchée chez une nana.

Je suis conscient de la détailler, de la mettre mal à l'aise, de la dévorer des yeux, mais je n'arrive pas à détacher mon regard d'elle. Ne sachant lequel choisir entre le pétillant de la noisette et la profondeur du vert.

Je suis comme aimanté par cette fille sincère, si pure et innocente. On dirait que le monde extérieur n'a pas eu d'emprise sur elle, qu'il ne l'a pas façonnée et qu'elle a gardé cette âme d'enfant, que l'on cache tout au fond de nous, comme une marque de faiblesse aux yeux des autres.

Mais elle, au contraire l'a brandi comme une fierté, comme une chose normale, comme un étendard de sa personnalité.

Je ne peux empêcher ses quelques mots, qui me démangent la langue depuis notre rencontre, de passer mes lèvres :

— Qui es-tu ? Belle et douce inconnue...

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😍 Bonne lecture à tous et rendez-vous sur wattpad pour échanger 😍

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🌸 Kty.Auteure 🌸